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Presse écrite

L'Indépendant


Facinet Fofana
ministre des Ressources naturelles et de l'énergie

« Les engagements n'ont pas été respectés par les partenaires »

Depuis quelques années, l'usine d'alumine de Friguia traverse d'énormes difficultés, suite à la chute continuelle des cours de la bauxite et de ses dérivés (alumine, aluminium). Les partenaires étrangers dont Péchiney (le plus gros d'entre eux) se sont retirés et aujourd'hui l'Etat guinéen se retrouve devant une situation difficile qu'il faut pourtant résoudre. Nous avons rencontré le ministre des Ressources naturelles et de l'énergie, M. Facinet Fofana, qui nous a donné des explications sur cette affaire qui préoccupe les Guinéens. Entretien.

L'indépendant Plus : Actuellement une situation de crise règne à Friguia. Quelles en sont les causes ?

Facinet Fofana : La société Friguia traverse actuellement une situation difficile due à des facteurs internes et externes.
Comme facteurs internes, il y a les coûts élevés de production. Malgré les efforts engagés depuis 1998 dans le cadre de la réduction des coûts, ces derniers restent encore au-dessus du Lme, qui est la référence de base pour la fixation du prix de l'alumine sur le marché international. Et puis, tous les industriels du secteur de l'aluminium s'accordent à reconnaître que les effectifs de la société Friguia sont élevés par rapport à son niveau de production qui est de 600 000T/an. A cela s'ajoutent les facteurs externes qui sont : la baisse des cours mondiaux de l'aluminium, le prix de la tonne d'alumine qui était de 250 $ a chuté jusqu'à 145 $. Et selon certains analystes, les cours pourraient descendre jusqu'à 135 $ la tonne en 1999. Ce prix est nettement inférieur aux coûts de production de Friguia.

M.le ministre, est-ce pour ces raisons que les partenaires étrangers se sont retirés ?

Le départ des partenaires de Frialco découle d'un différend qui remonte à 1993. Suite à une crise dans le secteur de l'aluminium pendant la période, deux des quatre partenaires regroupés dans le consortium Frialco ont décidé de quitter Friguia. Au terme des négociations entre les parties, le gouvernement a accepté de renoncer à la quasi-totalité des taxes douanières et à la taxe spéciale. Seule la redevance minière (royaltie) a été maintenue à raison 0,5 $/T de bauxite transformée en alumine. Les partenaires de leur côté avaient pris des engagements de procéder à des investissements pour consolider la capacité de production et faire des efforts pour baisser les coûts de production. Non seulement les engagements n'ont pas été tenus par les partenaires, mais Péchiney qui assurait l'assistance technique n'a jamais accepté de réduire son coût qui dépassait 7 $/T contre 4 $/T coût moyen international.En 1997, la situation financière de la société était devenue catastrophique, au même moment les partenaires ont renvoyé le directeur général expatrié, supprimé toutes les lignes de crédit, bloqué les approvisionnements, mettant ainsi Friguia en cessation de paiement. Le 22 décembre 1997, un accord fut signé entre les parties pour dénouer la situation de crise, dans le même document il a été décidé de négocier la transformation de la société mixte en société anonyme, les engagements contractuels étant maintenus. Après plusieurs mois de négociations laborieuses d'une équipe paritaire mise en place conjointement, les projets de convention et de nouveaux statuts ont été élaborés et paraphés par toutes les parties. L'ensemble des textes a été soumis au conseil d'administration de juin 1998, qui les adopta comme document de travail. Au cours de cette restructuration, Frialco qui n'était pas capable d'assumer certaines de ses obligations parmi lesquelles la libération de fonds propres en vue d'une augmentation du capital pour faire face aux besoins d'investissements, a soumis à la Guinée l'offre de cession de ses actions. A l'issue de l'accord intervenu entre les deux parties en octobre 1998, Frialco s'est retiré de la société.

Après leur retraite oà en est la situation M. Fofana ?

Depuis le départ des partenaires de Frialco, les actions de la société Friguia sont détenues à 100% par l'Etat. Le processus de privatisation dont l'organisation avait été confiée à la banque d'affaires Warburg Dillon Read n'a pas abouti en raison du marché de l'aluminium actuellement très mauvais, en effet les prix de l'aluminium et de l'alumine ont atteint le niveau le plus bas depuis 10 ans.

Quelles sont donc aujourd'hui, en termes chiffrés les charges supportées par l'Etat ?

Depuis le départ des actionnaires privés, la gestion de la société est confiée à une équipe de direction professionnelle.
Des cadres de réputation internationale ainsi que certains cadres guinéens font partie de cette équipe. La société se gère comme entreprise industrielle, selon les règles en la matière.
L'assistance technique est assurée par une équipe conjointe Alcan (ancien Frialco) et Kaisers Engeneers.

Comment s'effectue l'écoulement de l'alumine de Friguia sur le marché ? Qui sont les principaux clients de la Guinée ?

Pour l'écoulement de l'alumine, la direction générale a procédé à un appel d'offres au terme duquel il a signé des contrats avec quatre clients parmi lesquels deux anciens de Frialco (Pechiney et Hydro).

On dit, M. le ministre, que Friguia est très endettée. A combien s'élève le total de la dette consolidée et que fera l'Etat Guinéen pour résoudre ce problème ?

L'endettement de Friguia est occasionnée par les problèmes soulevés plus haut. La situation difficile de la trésorerie fait que la société éprouve des difficultés de paiement des dettes vis à vis de la Bei et de l'Iafd. Je peux vous dire qu'à ce jour, l'Etat n'a aucune implication directe dans le remboursement des dettes. Son intervention se situe au niveau des bailleurs de fonds en vue de créer des facilités de réechelonement de paiements. Cependant, l'Etat a l'obligation de s'assurer de la continuité de l'opération qui permettra le paiement des dettes.

Des rumeurs circulent sur un détournement colossal à Friguia. Qu'en est-il réellement Excellence ?

Friguia était et reste gérée comme une société anonyme. A ce titre au cours du conseil d'administration de juin 1998, il a été demandé au commissaire aux comptes, Price Waterhouse, de clarifier les comptes 1997 en vue de leur approbation. Pendant ce processus qui se poursuit, il a été constaté quelques anomalies de gestion. Les montants et les détails ne seront connus que lorsque les auditeurs auront achevé leur travail et que le conseil d'administration se sera réuni.

Propos recueillis par Aladji Cellou


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