webGuinée
Presse écrite


Bocar Ly répond à M. Facinet Fofana !

La Lance. N° 156 — 15 décembre 1999


Sur le Web, nous avons reçu ce texte signé M. Bocar Ly (incarcéré à la Maison Centrale de Conakry)… et libellé en ces termes: « Prière de recevoir un complément d'information sur le scandale minier en Guinée depuis cinq ans à publier dans votre journal, si possible urgemment. Afin que la vérité triomphe. A la veille de l'an 2000. Nous comptons sur votre compréhension. »

A. Baisse des revenus de l'Etat
On ne peut constater que, comme par une pure coïncidence, il y a eu unebaisse régulière des revenus de l'Etat en provenance du secteur minier. On peut tenter quelques explications des causes de cette chute:

  1. Deux mois après sa nomination, M. le ministre des mines se rend à Pittsburgh, USA, en octobre 1994 où il signe une révision du régime fiscal de la CBG entraînant ainsi une perte de revenus se chiffrant à 12,5 millions de dollars par an soit 12,5x4=50,0 millions de dollars équivalents à 75 milliards FG sur les 4 dernières années au détriment de l'Etat.
  2. En février 1995, cinq mois après sa nomination, il signe avec les partenaires de FRIGUIA un nouveau protocole fiscal supprimant 15 millions de dollars de revenus à l'Etat par an soit 15x4=60 millions de dollars équivalents à 90 milliards de FG sur les 4 dernières années.
  3. En juin 1995, l'ANAIM naît des cendres de l'OFAB. En fait, l'ANAIM est l'exemple le plus parlant de l'imagination brouillonne de M. Facinet Fofana. Pour le comprendre, il suffit de rappeler que c'est en octobre 1992 que la Guinée a épongé sa dette auprès de la Banque Mondiale. Prêt contracté par notre pays pour la réalisation des infrastructures de CBG. Aux termes de ce remboursement l'utilisation de ces infrastructures par la CBG devrait faire l'objet du paiement d'un loyer de 6,5 millions de dollars par an au profit du trésor public. C'est en ce moment que naît l'ANAIM pour capter ce montant qui échappe de ce fait au trésor public soit 6,5x4= 26 millions de dollars équivalents à 39 milliards de FG sur les 4 dernières années. L'objet visé par M. Fofana était de procéder à des aménagements d'infrastructures minières dans les sites d'accueil comme l'indique le nom ANAIM. La question qui se pose dès lors est de savoir quels aménagements, dans quelles régions minières cette ANAIM a t-elle été exécutée ?
    En dehors d'exorbitants frais de mission, de futiles frais d'études, d'honoraires d'avocats, et de consultants de tout acabit, de rénovations de salles de conférences et de bureaux, d'acquisitions de mobiliers fictifs, d'achats de véhicules aux destinations suspectes, d'effets contenus dans des containers etc. nous n'avons pas connaissance d'une quelconque réalisation d'infrastructures minières.
    Mais puisque M. Facinet Fofana reconnaît que le président nous a donné les moyens (par l'ANAIM s'entend) de nous mettre en condition de travail pour faire la promotion de ses services (voir La Lance n° 153 du 24 novembre 1999), nous comprenons que l'ANAIM a été dénaturée par M. le ministre. Pour preuve, il clarifie plus loin dans le numéro de La Lance cité plus haut: « quand je fais des opérations pour le compte de l'Etat, je ne le dis pas à Monsieur Koly Kourouma, je n'ai pas de compte à lui rendre, c'est lui qui me rend des comptes. » De cette déclaration il apparaît clairement que: M. Koly nommé par décret Directeur Général de l'ANAIM, donc Ordonnateur des dépenses, n'avait aucune mainmise sur le fonctionnement de cette agence quand on sait que des dépenses sont exécutées sur les comptes de l'ANAIM, et que M. Koly n'a pas à connaître. De ce qui précède, M. Facinet Fofana est donc un Trésorier de l'Etat qui ne dit pas son nom.
    On comprend dès lors pourquoi les bailleurs de Fonds (Banque Mondiale et FMI) se sont toujours opposés à la création de l'ANAIM. Et pour cause! nous ne sommes pas loin de suspecter M. Facinet Fofana d'avoir précipité un audit partiel de l'ANAIM pour servir de porte coupe feu derrière laquelle il s'abrite.

B. Des rêves et programmes de restructurations

Des rêves
Prenant ses rêves pour des réalités, M. Facinet Fofana a démontré ses qualités de trompeur doublés de manipulateur. De quoi s'agit -il ? M. Fofana a tenté d'hypnotiser le peuple par ses projets mirifiques et bidons qui n'ont jamais vu le jour, ce sont:

  1. Le grotesque projet intégré Diandian :
    Il s'agit de trois mines de bauxite, deux usines d'alumines accompagnées de leurs infrastructures avec trois partenaires différents, dont les Emirats Arabes Unis auraient à eux seuls financés plus de 2 milliards de dollars. La deuxième folie de ce projet c'est la réalisation d'une Usine d'Aluminium de 150 000 tonnes par an dont le coût est aussi extravagant. La troisième partie de ce projet est le complexe Souapiti à Kaleta de 800 mégawatts de capacité dont le coût avoisine les 2 milliards de dollars.
  2. Le fameux Transguinéen: Il s'agit de la réalisation d'un chemin de fer reliant les cités guinéennes à la région forestière. Le coût est estimé à 4 milliards de dollars. (Constants).
  3. Le projet Rio à Tinto: Il s'agit de l'exploitation des gisements de fer du Simandou. Le coût est estimé à 2,8 milliards de dollars.
  4. Le projet Mifergui Nimba: Il s'agit de l'exploitation des mines de fer de Nimba, coût estimé à 500 millions de dollars.

A ce stade on peut chiffrer que le besoin de financement de ses rêves avoisineraient 13 milliards de dollars. Pour un ordre de grandeur, ce montant représente 6 fois le PIB de la Guinée en GNF constants. Qui est fou?
Faut -il préciser pour rêves qu'ils soient, ces projets coûtent au pays des frais d'études bidons, des voyages inutiles et fantaisistes, d'honoraires d'avocats et consultants farfelus pour des résultats destinés à être classés dans les meubles financés par l'ANAIM. L'urgence d'un Audit se justifie au niveau des coûts de mise en oeuvre pour ces projets incertains.
Non content de ses tromperies, M. Fofana, comme un enfant qui aime casser ses jouets, s'est acharné à démolir les seuls outils de production qui marchaient à son arrivée à la tête du ministère des mines par des restructurations fantaisistes. Mais contrairement à l'enfant qui aime casser ses jouets à son seul détriment, les actes de M. Facinet Fofana l'ont été au détriment des 7 millions de Guinéens et de leurs partenaires à leurs corps défendant.
Comment cela s'est -il opéré ?

FRIGUIA
Après avoir gratifié les partenaires de FRIALCO d'un abandon important de la fiscalité au motif d'une attraction des investisseurs, en vue de la rénovation de l'usine et de l'extension de sa capacité de production, M. Facinet Fofana n'a obtenu ni la rénovation, ni l'extension. Cette situation n'a pas empêché M. le ministre, après avoir privé l'Etat de 15 millions de dollars de revenus fiscaux d'y engloutir en pure perte 3 millions de dollars prélevés à l'ANAIM pour des frais d'études payés à un groupe de consultant hongrois appelé TASKFORCE avec la signature de KAISER.
Finalement, on se retrouve avec FRIGUIA déserté par son traditionnel partenaire, FRIALCO, qui, délié d'un engagement financier de plus de 300 millions de dollars, s'empresse de quitter le navire en cédant sa participation de 51% pour 1 dollar symbolique assortie de garanties en béton que M. Facinet Fofana seul signe au nom de FRIGUIA (il en est le président), et de la République de Guinée en tant que Ministre.
Nous reviendrons sur les conditions rocambolesques de ce fameux contrat de cession.
Quant au sort actuel de FRIGUIA, c'est une Société louée à une Société bidon (une boîte à lettre) ACG (Alumina Company of Guinea) qui s'offre les services de Reynolds pour la gestion de FRIGUIA.
Coût de la location 500 mille dollars par an pendant vingt cinq ans soit 12,5 millions de revenus pendant 25 ans contre 15 millions par an de fiscalité que l'Etat tirait de FRIGUIA. Quelle performance ?
Face à une telle situation, le scandale FRIGUIA est-il celui dont on se gargarise?

Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG)
La CBG est une entreprise qui n'avait pas besoin des dons d'ingénieries financières de Monsieur Fofana, mais comme il est allergique à tout ce qui marche, la bombe ambulante qu'il est ne pouvait épargner la CBG. En effet, M. le ministre s'est engagé dans une hypothétique restructuration en créant ce qu'il a appelé le Comité des Propriétaires. L'objectif initialement visé par cette restructuration était de privatiser ni plus, ni moins les 49% de l'Etat guinéen dans la CBG avec le concours de la banque d'affaires Warburg Dillon Read.
Comme toujours, l'objectif initial n'a pas été atteint. La seule innovation est un petit contrat de gestion à ALCOA (nouveau propriétaire de Reynolds par ailleurs) dont la seule particularité a été l'affaiblissement de la présence guinéenne dans la gestion de la CBG.

Nous parlerons prochainement des catastrophes chez

Date: Fri, 10 Dec 1999 21:49:06 -0000
Bocar Ly, ex-Secrétaire Général de Friguia
bailaly@mirinet.net.gn


Facebook logo Twitter logo LinkedIn Logo