Cheick Oumar Kanté
|
|
Table
Première partie — Aussi « simple » l'aller ?
- Prêts pour la Révolution ? Partez !
- A révolutions, Révolution et demie
- Dans la Révolution comme à une Grand-Messe
- C'est un dur métier que l'exil !
Deuxième partie — Plus complexe le retour ?
- Le retour impromptu
- Une Guinée de perdue dix de retrouvées !
- Exil un jour, exil toujours ?
- Et, pour la révérence !
Annexes
C'est la relation d'un départ clandestin de la Guinée “révolutionnaire” pour un exil, on ne peut plus, incertain voire périlleux. Les pérégrinations ayant conduit l'exilé au Mali, en Côte d'Ivoire, en Centrafrique et en France, c'est l'entière condition africaine qui est racontée dans une œuvre frisant l'épure. Car, il a bien fallu trente-deux ans pour finir de l'écrire et, surtout, arriver à la faire publier. Elle est “le manuscrit-personnage principal” de Trente-deux ans de rétention.
Dans ce pays, au nom fleurant bon la femme — la Guinée (Conakry) —, ce sont les enfants, d'abord, qui ont joué aux va-t-en révolutions. Leurs mamans, de fières amazones, se sont si bien mobilisées pour le triomphe desdites causes que leurs papas ont vite obtempéré, eux aussi ! La Grande Révolution, elle, a été décrétée par celui qui s'est octroyé le droit d'en être « Le Chef Suprême », « Le seul Africain à avoir dit Non à De Gaulle », un certain 28 Septembre 1958. Et la fraternité révolutionnaire internationale : russe, roumaine, tchèque, polonaise, bulgare, cubaine, chinoise … a poussé à la roue. Les farces de potaches, amplifiées par les égarements périodiques du « Grand Stratège », l'excès de zèle de ses miliciens et la fanatisation de ses militants, ont viré à la tragédie familiale et nationale …
Orphelins de la Révolution raconte ce qu'était « la perle de l'Afrique Occidentale Française » surnommée par endroits la « Suisse africaine » ou « les Vosges », la « Normandie » ou la « Savoie » et, surtout, ce qu'elle est devenue vingt ans après la mort de Sékou Touré.
Sans exotisme ni misérabilisme, le récit donne à voir, à entendre, à sentir et à ressentir sur les Guinéens. Et l'on réalise qu'il n'est pas illusoire d'espérer un sort meilleur pour un des peuples les plus chaleureux d'Afrique de l'Ouest, même si son pays a déjà tant dérivé qu'il semble s'être égaré de façon dangereuse et durable …
Avec cette fresque, Cheick Oumar Kanté, auteur de trois romans et d'un essai sur le journalisme, dévoile à cinquante-six ans les dix Guinées qu' il a retrouvées entre 1985 et 1988 puis en 1994 et en 1995, après en avoir perdu une seule en 1970. Mais ses pérégrinations l'ayant conduit au Mali, en Côte d'Ivoire, en Centrafrique et en France, c'est l'entière condition africaine qu'il relate dans toute son humanité. Figés parfois mais plus souvent animés, les tableaux sont saisissants parce qu'ils épousent le rythme irrégulier et incertain d'une interminable fuite en avant, la vraie trame du texte.