Recherches africaines. Nos. 1-4, janv.-déc. 1959. p.5-17
« Le 6 Mars 1957 à ACCRA, seize hommes en tenue de bagnards esquissent le pas d'une danse endiablée. L'un d'eux s'écrie:
« Ghana, notre patrie bien-aimée, est libre pour toujours. » Devant eux, des milliers et des milliers de personnes
clament dans un enthousiasme indescriptible: Freedom, freedom ! Le drapeau rouge, jaune et vert, frappé de l'étoile noire de l'unité africaine est hissé. La République indépendante de Ghana est née. Son rang de puissance mondiale est consacré par la présence à ces cérémonies des représentants de 54 nations et de 200 journalistes venus des quatre coins du monde. La Gold Goast (Côte- de-l'Or) s'est détachée de la couronne de Sa Gracieuse Majesté britannique et s'appelle désormais Ghana. Cet Etat est le 81e membre de l'O. N. U.»
Qui aurait pu deviner à l'époque que la Guinée, un peu plus d'un an plus tard, le 28 septembre 1958, allait recouvrer son indépendance pour être le 82e Etat membre l'Organisation des Nations Unies, que le 23 Novembre 1958, la Guinée et le Ghana libérés décideraient la création des Etats-Unis d'Afrique dont ils étaient le noyau, et qu'en juillet dernier, à l'issue de la conférence historique de Saniquelli, ce noyau s'élargirait avec le Libéria ?
Ainsi cependant en avait décidé le destin, un destin béni inscrit dans la lutte des hommes.
Le territoire de la Guinée est situé dans l'hémisphère nord du continent africain. Il s'étend entre le 7e et le 120 parallèle Nord, puis entre les 8e et 15e degrés de longitude Ouest du méridien de Greenwich. Il se trouve donc tout entier dans la zone tropicale humide.
La République de Guinée est limitée :
De forme irrégulière, la Guinée forme un vaste arc de cercle qui s'étend de l'Est à l'ouest sur environ 800 km ; et du nord au sud, dans la partie est sur 550 km, dans la partie ouest sur 400 km avec au centre un étranglement de 250 km
Sa superficie est de 245.357 km2 soit 1/17 de l'ex-A.O.F.
Surnommée, la « Suisse Africaine », la Guinée est un pays à relief varié et tourmenté, aux paysages pittoresques.
Les diversités de structures, de paysages, de conditions climatiques et partant de conditions humaines permettent de distinguer quatre grandes régions.
Le sol guinéen, essentiellement primaire, est formé dans sa partie orientale par des schistes, quartzilés, et micaschistes de la région aurifère de la Haute-Guinée. Dans sa partie occidentale, le socle primitif disparaît sous des formations sédimentaires gréseuses ou schisteuses formant souvent de grands plateaux tabulaires notamment au Fouta Djallon avec des venues éruptives (dolérites du Fouta Djallon et du Kakoulima).
Le climat de la Guinée est caractérisé dans son ensemble par l'alternance de deux saisons: une saison sèche rigoureuse et une saison pluvieuse qui atteint parfois 7 mois au sud pour diminuer progressivement vers le nord.
Toutefois, la configuration du sol et la latitude y font distinguer :
La République de Guinée est peuplée de 2.665.000 habitants soit une densité de près de 11 au km2. Le tableau ci-dessous donne une répartition de la population par circonscription administrative et la poussée démographique au cours des dernières années.
Circonscriptions | Superficie (1000 km2) | 1954 | 1957 | 1959 | ||||
Nombre de villages/hameaux | Population (1000 hb.) | Nombre d'agglomérations | Population (1000 hb.) | Nombre d'agglomérations | Population (1000 hb.) | Densité | ||
Beyla | 17,5 | 246 | 140,3 | 250 | 139,3 | 351 | 132,6 | 7,57 |
Boffa | 6,0 | 797 | 64,7 | 92 | 61,6 | 92 | 61,6 2 | 10,26 |
Boké | 11,1 | 767 | 77,7 | 77 | 79,6 | 77 | 79,6 | 73,36 |
Conakry | 0,3 | 30 | 46,9 | 38 | 52,2 | | 78,3 | 261 |
Dabola | 6,0 | 182 | 28,3 | 70 | 28,5 | 43 | 32,4 | 54 |
Dalaba | 5,7 | 536 | 84,1 | 71 | 93,2 | 77 | 101,7 | 17,84 |
Dinguiraye | 11,0 | 246 | 48,5 | 121 | 48,2 | 125 | 50 | 4,54 |
Dubréka | 5,7 | 437 | 69,0 | 113 | 69,8 | 113 | 69,8 2 | 42,24 |
Faranah | 12,4 | 214 | 50,0 | 214 | 68,2 | 226 | 74,1 | 5,97 |
Forecariah | 4,3 | 702 | 63,3 | 76 | 67,8 | 79 | 64,3 | 15,65 |
Gaoual | 11,5 | 492 | 65,2 | 56 | 69,2 | 63 | 71,8 | 6,21 |
Guéckédou | 4,2 | 480 | 101,7 | 483 | 105,1 | 481 | 118,9 | 28,30 |
Kankan | 27,5 | 289 | 141,8 | 299 | 142,9 | 371 | 157,7 | 50,73 |
Kindia | 8,8 | 1111 | 90,4 | 247 | 90,9 | 247 | 90,92 2 | 40,32 |
Kissidougou | 8,9 | 536 | 99,1 | 529 | 98,7 | 541 | 121,5 | 13,65 |
Kouroussa | 16,4 | 149 | 80,2 | 152 | 81,9 | 183 | 81,0 | 4,93 |
Labé | 7,7 | 1975 | 242,3 | 137 | 240,7 | 137 | 257,1 | 33,38 |
Macenta | 8,7 | 340 | 109,1 | 341 | 108,1 | 339 | 110,0 | 12,75 |
Mali | 8,8 | 561 | 108,2 | 71 | 105,1 | 72 | 122,0 | 13,87 |
Mamou | 6,2 | 1058 | 90,4 | 53 | 80,4 | 53 | 80,4 2 | 120,09 |
N'Zérékoré | 10,2 | 327 | 174,5 | 327 | 174,9 | 331 | 210,0 | 20,58 |
Pita | 4,0 | 1403 | 117,7 | 110 | 126,1 | 109 | 123,2 | 30,80 |
Siguiri | 23,4 | 135 | 138,9 | 136 | 153,2 | 136 | 153,2 2 | 6,53 |
Télimélé | 8,1 | 797 | 97,9 | 74 | 104,9 | 80 | 110,2 | 13,60 |
Tougué | 6,0 | 408 | 63,1 | 29 | 67,1 | 29 | 67,1 2 | 110,18 |
Youkounkoun | 5,5 | 269 | 44,5 1 | 28 | 44,6 | 28 | 44,6 2 | 8,10 |
Ensemble de la population | 245,9 1 | 2435,8 | 2502,2 | 2665,0 | 10,83 |
La Basse-Guinée est aujourd'hui le domaine des quatre groupes :
Les trois premiers sont peu nombreux et plus ou moins autochtones; par contre, le grand groupe Soussou serait d'origine soudanaise, descendu le long des rivières jusqu'à la côte.
Le grand groupe Foulah, branche aujourd'hui sédentaire des Peulhs, est lui, allé dans les montagnes du Fouta-Djallon, où il se livre surtout à l'élevage du bétail.
Toujours en Moyenne-Guinée, à la frontière du Sénégal, le groupe vigoureux des Coniaguis, Bassaris et Badiaranké a su conserver sa civilisation originale.
Les Malinkés de la zone pré-soudanaise de la Haute-Guinée, constituent une portion du grand groupe Mandingue. Ils s'adonnent à l'agriculture et au commerce.
Enfin, la région forestière abrite un ensemble de populations :
Le 2 octobre 1958, réunie en séance extraordinaire, l'Assemblée Territoriale de la Guinée Française faisait la déclaration suivante:
« Prenant acte de la déclaration solennelle du Général de Gaulle, Président du Conseil du Gouvernement de la République Française devant le pays le 25 août 1958, déclaration dont la teneur suit:
« Cette Communauté la France la propose; personne n'est tenu d'y adhérer. On a parlé d'indépendance; je dis ici plus encore qu'ailleurs, que l'indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut la prendre le 28 septembre en disant non à la proposition qui lui est faite, et dans ce cas je garantis que la Métropole n'y fera pas obstacle. Elle en tirera bien sûr des conséquences, mais d'obstacle elle n'en fera pas, et votre territoire pourra comme il le voudra et dans les conditions qu'il voudra, suivre la route qu'il voudra. »
Considérant que le préambule de la Constitution de la République Française stipule:
Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'Homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1948. En vertu de ces principes et de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d'outre-mer qui manifestent la volonté d'y adhérer, des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratiques.
Considérant que l'article premier de ladite Constitution dispose que:
« La République et les territoires d'outre-mer qui, par un acte de libre détermination, adoptent la présente Constitution, instituent une communauté ».
Considérant qu'en conséquence, le vote négatif au Référendum du 28 septembre 1958 de la part d'un territoire d'outre-mer consacre l'indépendance de ce territoire vis-à-vis de la République Française.
Considérant le résultat du Référendum du 28 septembre 1958:
1.136.324 « non » contre 56.941 « oui ».
Constate que cette majorité de voix négatives place le territoire de la Guinée hors de la République française en vertu d'une part, de la Constitution Française, et, d'autre part, des déclarations du Président du Conseil du Gouvernement de la République, le général de Gaulle.
Proclame solennellement l'Indépendance Nationale de la Guinée et l'érection de l'Assemblée Territoriale présente en Assemblée Nationale Constituante Souveraine dont les membres prennent le titre de Députés.
Décide d'attribuer à ce nouvel Etat indépendant le nom de République de Guinée
Proclame l'adhésion de la République de Guinée aux principes inscrits dans la Charte des Nations Unies (O.N. U.).
Invite le Gouvernement de la République de Guinée à prendre toutes dispositions pour accréditer la République de Guinée auprès des autres Nations et de l'Organisation des Nations Unies.
Donne les pleins pouvoirs au Gouvernement de la République de Guinée pour administrer et gérer les intérêts nationaux, prendre toutes mesures utiles, engager et conclure toutes négociations dans l'intérêt de la Nation. »
Ainsi était tournée une page d'histoire.
Votée par l'Assemblée Nationale le 10 novembre 1958, la loi constitutionnelle de la République de Guinée était promulguée par ordonnance le 12 novembre, soit 40 jours après la solennelle proclamation de l'Indépendance Nationale que l'on vient de lire.
Cette constitution s'est inspirée de la dynamique révolutionnaire et des principes essentiels qui ont défini durant 12 années de durs combats anti-colonialistes l'action du Parti National Guinéen, le Parti Démocratique de Guinée, la Section de Guinée du Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A.).
La Guinée est une République démocratique, laïque et sociale où tout doit servir, libérer l'homme, sauvegarder sa dignité.
L'emblème national est le rouge, le jaune et le vert disposés verticalement et d'égales dimensions.
Mais, ces trois couleurs sont aussi les couleurs du drapeau de l'Etat indépendant du Ghana avec une étoile, les couleurs de l'Union des Etats indépendants de l'Afrique dont les fondements ont été jetés au cours de la conférence historique de Saniquelli avec le Ghana, le Libéria et la République de Guinée.
La devise de la République est: Travail, Justice, Solidarité;
L'hymne national est « Liberté ».
La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce en toute matière par des députés à l'Assemblée Nationale, élus au suffrage universel égal, direct et secret, ou par la voie du référendum.
Le Parlement est constitué par une Assemblée Nationale unique dont les membres au nombre de 60 sont élus sur une liste nationale pour 5 ans.
L'Assemblée Nationale vote seule la loi dont le domaine est illimité. Elle règle les comptes de la nation. Un état de dépenses lui est présenté à la fin de chaque semestre pour le semestre précédent. Les comptes définitifs de l'année précédente sont examinée au cours de la session d'octobre et approuvés par une loi.
Le Président de la République est le chef de l'Etat. Il est le chef des Armées. Tout citoyen éligible et âgé au moins de trente cinq ans peut être élu Président de la République. L'élection se fait au suffrage universel à la majorité absolue au premier tour ou à la majorité relative au second tour. Le Président est élu pour 7 ans. Il est assisté d'un Cabinet comprenant :
Des organes locaux du pouvoir d'Etat fonctionnent qui s'inspirent d'un souci de démocratisation, comme de celui de mettre l'administré en contact le plus étroit possible avec l'Administration.
Ainsi la République de Guinée est divisée en 26 régions administrées par des commandants de région tandis que 106 postes administratifs ont été créés.
Les 4.123 villages gèrent leurs intérêts propres par le truchement de Conseils de villages élus.
Il est incontestable que la suppression de la chefferie de canton dont l'utilisation par le pouvoir colonial avait totalement dégradé le rôle traditionnel, constitue une réforme des plus révolutionnaires parmi tant d'autres.
L'agriculture est, sans aucun doute la pierre angulaire de l'économie guinéenne, favorisée qu'elle est par la diversité des sols, du climat et du relief, toutes choses qui permettent une grande variété de cultures.
Les cultures vivrières les plus importantes sont celles du fonio, du mil et surtout du riz qui constitue la base de l'alimentation guinéenne. Des cultures traditionnelles : maïs, patates, manioc, arachides et divers légumes (tomates, oignons, gombo, gingembre, sésame, piment) viennent compléter l'alimentation.
De tous ces produits, c'est le riz qui est appelé au plus brillant avenir. Il est cultivé sous deux formes : riz de montagne ou de culture sèche (200.000 tonnes), le plus répandu, surtout en Guinée forestière. Mais sa culture sur brûlis, de faible rendement, provoque rapidement la dégradation des sols. Aussi est-il devenu nécessaire de développer la culture du riz de plaine et de marais (119.500 tonnes) en terre inondée. Pour ce, un dispositif expérimental a été mis en place en Haute-Guinée pour utiliser les vallées inondées du Niger et de ses affluents. Il porte sur 15.000 ha avec 3 bases et 3 stations de traitement mécanique (Siguiri, Kankan, Kouroussa) et une Station de Recherches (Kankan). On peut espérer dans cette région une mise en valeur de 25 à 30.000 ha.
La zone côtière est encore plus favorable et les estimations portent sur 40.000 ha lorsqu'aura été résolu le problème d'envahissement des terres par l'eau salée et créé un système de drainage. Des travaux sont en cours dans le cercle de Boffa (station de Recherches du Koba) et dans l'île de Kaback.
Voici quelques chiffres concernant les produits vivriers en 1957 :
Ils méritent une mention. Parmi les principaux il convient de citer les amandes de palme (20.542 tonnes en 1957), d'une valeur de 500.443.000 francs C.F.A., et la noix de cola, dans la zone littorale et la région forestière.
Parmi les cultures d'exportation, la banane détient le record de la progression:
Année | Tonnes |
1917 | 200 |
1928 | 5.000 |
1947 | 26.000 |
1951 | 54.000 |
1957 | 73.000 |
1959 | 80.000 |
La culture de l'ananas prospère dans les régions de Benty, Forécariah, Dubréka et Kindia et la production pourra vraisemblablement doubler dans quelques années. L'exportation de fruits frais a été en 1957 de 2.235.300 kg représentant une valeur de 77.424.000 francs C.F.A. et celle des conserves (jus, tranches, etc.), 1,247.800 kg d'une valeur de 102.942.000 francs C.F.A.
Quant au café, sa production particulièrement appréciée pour sa qualité et sa présentation se cantonne en région forestière (Guéckédou, Macenta, N'Zérékoré, Kissidougou) et se développe rapidement. En fait, cette culture qui n'atteignait que 2 à 300 tonnes avant la guerre, produisait 2.937 tonnes en 1951 et 10.200 tonnes en 1957.
Il est à signaler que le café est devenu depuis trois ans déjà, la première production en valeur de la Guinée : alors que les exportations de bananes s'élevaient en 1957 à 1.057.900 millions de francs, celle du café atteignait 1.443,8 millions de francs. La production doit atteindre dans les années à venir 20.000 tonnes.
Parmi les autres produits agricoles, il convient de citer le tabac dont les plantations de Beyla et de Kissidougou, entreprises en 1940, produisent d'excellents Maryland et Kentucky, le quinquina et le thé, le cocotier dans la zone littorale, l'arachide dans la région de Gaoual, Youkounkoun et en Haute-Guinée, le ricin au Foutah, l'hévéa, d'introduction récente dans la région forestière, où l'on étudie également les possibilités de vulgarisation de plantes anti-lépreuses et d'aleurites pour la fabrication d'huiles siccatives.
Afin de satisfaire aux besoins antipalustres de l'Afrique Occidentale, une station de culture de quinquina fut créée à Sérédou, près de Macenta, en 1914. Les perspectives de développement permettent d'augurer une production annuelle de 320 tonnes d'écorce d'une teneur minimum de 6,5% en sulfate de quinine, soit 20 à 22 tonnes de sels de quinine évalués à 80.000.000 francs par an, les sels de quinine étant cédés au prix faible de 1 franc les 25 cg, soit 4.000 francs le kg.
L'élevage constitue une activité et une ressource importantes pour la Guinée. Le Cheptel est évalué comme suit :
Bovins | 1.364.000 |
Ovins, caprins | 700.000 |
Anes, chevaux | 2.500 |
Porcins | 7.000 |
L'élevage guinéen a ainsi la particularité d'être axé sur les bovins et se concentre, pour les 2/3 dans la Moyenne Guinée (Fouta-Djallon) et la Haute-Guinée. Les boeufs de boucherie peuvent atteindre 400 kg. Le rendement en viande est excellent et dépasse souvent 50%.
On estime qu'en 1957 261.000 animaux (boeufs, moutons, chèvres, porcs)
représentant une valeur de 1 milliard 500 millions de francs C. F. A. ont été abattus. Sur ce total, 47.775 animaux (chiffres contrôlés) d'une valeur de 405 millions de francs l'ont été dans les centres urbains. Corollaire de ces abattages, 405 tonnes de peaux de boeufs ont été exportées en 1957 toujours, représentant 45.456.000 francs C.F.A.
Afin de permettre une commercialisation rationnelle du cheptel guinéen, l'installation d'un abattoir industriel et la création d'une chaîne de froid ont fait l'objet d'études approfondies.
La pêche est pratiquée dans les fleuves de la Haute-Guinée et le long des quelques 300 km de côte du territoire.
La pêche en mer est appelée à un grand avenir car devant les côtes de Guinée s'étend un vaste plateau continental qui est une des zones les plus poissonneuses des côtes de l'Afrique Occidentale avec une faune ichtyologique comportant en abondance d'excellentes espèces: soles, limandes, turbots, capitaines, dix-fils, daurades, thons, etc.
A côté de la pêche artisanale traditionnelle, s'est développée depuis quelques années une pêche semi-industrielle pratiquée par une flottille de chalutiers. Le développement de cette activité qui s'est traduit par 1.077 tonnes de poissons pêchés en 1954, 1.797 tonnes en 1955, 2.740 tonnes en 1956, 7.000 tonnes en 1957, a amené le gouvernement à décider la création d'une saurisserie pilote laquelle traitera 4 tonnes de poissons frais par jour (fumage) et pourra stocker en chambre froide 20 tonnes de poisson frais.
Une usine de conserves de poissons est également prévue à Conakry, usine qui traiterait principalement le thon.
Au terme de ce tour d'horizon rapide sur l'économie guinéenne, il est bon de savoir que les produits de l'agriculture et de l'élevage représentent un revenu annuel de près de 15 milliards de francs C.F.A. A quelques exceptions près (culture bananière en particulier), cette richesse est due au travail des paysans répartis dans les 4.000 et quelques villages de la République de Guinée.
La constitution géologique de la Guinée ne semblait pas favorable à l'existence de riches gisements minéraux. L'or seul y était connu, le diamant étant de découverte récente. Mais le phénomène de latérisation (décomposition des roches et concentration de certains oxydes) a provoqué la formation d'importants gisements de minerai de fer et de bauxite.
Le gisement de fer le plus important du moins exploité recouvre toute la presqu'île du Kaloum. La teneur en fer de ce minerai, provenant de la décomposition latéritique d'une masse de dunite, dépasse 50%.
Les exportations ont été en 1953 de 352.155 tonnes d'une valeur de 465.400.000 francs C.F.A., en 1957, 1.019.441 tonnes, d'une valeur de 773.300.000 francs C.F.A. La cadence d'exploitation actuelle prévue de 1.200.000 tonnes par an, pourra atteindre 3 millions de tonnes et durer des siècles.
D'autres gisements existent en Basse-Guinée (Koumbia, Doumbiagui, Cap Verga), vers Boké, Télimélé et Yomboéili (circonscription de Forécariah).
Dans la circonscription de Beyla, les monts du Simandougou recèlent un minerai, en au moins aussi grosse quantité que dans le Kaloum, beaucoup plus riche puisque révélant des pourcentages de 60 à 68% de métal.
Par ailleurs dans le massif du Mont Nimba, on a décelé des indices de minerai de fer à haute teneur, en prolongement de ceux examinés au Libéria, dans des formations analogues à celles du massif du Simandougou qui toutefois semble être et de loin beaucoup plus riche.
La République de Guinée a l'un des gisements de bauxite les plus importants du monde. On en a trouvé en effet sur les contreforts sud et sud-ouest du Foutah-Djallon, près de Boké à Fria, à Kindia, dans les régions de Dabola et Tougué et plus au nord sur les confins de la Guinée et du Soudan.
L'exploitation des seuls gisements actuellement exploités des îles de Loos a porté sur 375.706 tonnes en 1953 (463.400.000 de francs C.F.A.) et 375.364 tonnes en 1957 et peut être considérablement augmentée.
La réalisation du combinat industriel de Fria qui, grâce à l'aménagement du Konkouré et de son potentiel évalué à 12 milliards de kWh par an d'énergie électrique, permettra de traiter sur place initialement plus de 1.500.000 tonnes de bauxite par ail. Et lorsque les gisements de Fria et de Boké seront exploités, lorsque leurs usines d'alumine tourneront et lorsque les industries connexes qu'elles feront naître seront en pleine production, la République de Guinée deviendra le premier pays industriel de l'Afrique Noire.
Il va de soi que cette industrialisation est essentiellement liée à la production d'énergie électrique. Mais disons que ces dernières années ont vu le développement spectaculaire de cette production qui entre 1953 et 1957 a presque triplé, passant de 6.430.000 kWh à 17.660.000 kWh.
Le potentiel total atteint 63 milliards 200.000.000 de kWh pour les bassins du Konkouré, de la Fatala, du Cogon, de la Kolenté, du Tominé, de la Gambie, du Bafing et du Haut Niger.
Les exportations de la Guinée pour 1957 s'élèvent à 1 million 511 mille 490 tonnes d'une valeur de 5 milliards 120 millions 581 mille francs C.F.A. dans lesquelles les produits agricoles entrent pour 7,25% en tonnage et 68,65% en valeur.
Principaux produits exportés.
Produits agricoles :
Ces trois produits groupant ainsi plus de la moitié de la valeur des exportations.
Produits miniers
Ces trois produits groupent ainsi plus du quart de la valeur des exportations.
Viennent ensuite :
Il est à noter que ces chiffres ne portent que sur les exportations par le port de Conakry et qu'un important trafic a lieu pax voie terrestre entre la Guinée et le Sénégal, le Soudan, la République de Libéria et la Sierra Léone. Par exemple en 1957, 712 tonnes (base coque) d'arachides et 1.205 tonnes décortiquées d'une valeur de 36 millions 620 mille francs C.F.A. Ont été expédiées sur Dakar par voie terrestre contre seulement 29.200 tonnes (base coque) d'une valeur de 341.000 francs transitées par le port de Conakry.
Encore une fois, ces chiffres sont éloquents pour confirmer l'importance que joue le paysan dans le commerce extérieur et en général dans l'économie actuelle de la Guinée.
L'implantation à Fria et à Boké de grands ensembles industriels et les perspectives qu'ils font entrevoir d'une évolution industrielle du territoire, ne peuvent faire oublier le rôle primordial du paysan dans l'économie guinéenne, rôle qu'il doit nécessairement continuer à jouer dans l'avenir pour éviter tout déséquilibre lourd de conséquences. .
Et s'explique que, parallèlement à l'industrialisation intensive amorcée, le gouvernement de la jeune République, dans les perspectives d'un développement harmonieux de l'économie nationale, s'est penché sur le problème de la modernisation et de l'intensification de la production rurale qui vise en même temps et par dessus tout à la libération de plus de 90% des populations guinéennes.
Notes
1. D'après les travaux du Service Géographique de l'A.O.F. (1956) la superficie du territoire de la Guinée est estimée à 245.857 kilomètres carrés.
2. Population de 1957.
3. Renseignements incomplets.
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