Edition de la Commission Culturelle du Comité Central.
Commentaire et montage : Wolibo Dukuré dit Grand-père.
Imprimerie P. Lumumba. Conakry. 1983. 85 p.
Le projet Mifergui-Nimba (Evolution)
Mifergui-Nimba est une Société d'économie mixte ayant
en vue la production de 15 000 000 t/an de minerai de fer, dans laquelle le gouvernement
guinéen détient 50% des actions et les partenaires privés
50%.
Depuis l'accession du pays à l'indépendance en 1958, la Guinée
a posé le problème de la mise en valeur des immenses dépôts
de fer à haute teneur (près de dix milliards de tonnes) des Monts
Nimba en première étape et Simandou en deuxième étape.
Dès 1969, le Gouvenement guinéen a commencé à chercher
les partenaires pour l'exploitation des gisements (1,5 milliard de tonnes) de Nimba.
Les premiers entretiens ont effectivement eu lieu à Conakry entre le Chef
de l'Etat guinéen, le Président Ahmed Sékou Touré et
une délégation
de Grangesberg, conduite par son président. Ils ont permis de concrétiser
le désir commun de créer les conditions de coopération entre
la LAMCO J.V. opérant déjà au Libéria et une Société mixte à mettre
sur pied pour l'exploitation de la partie guinéenne du Nimba, à la
frontière des trois pays : Côte d'Ivoire, Libéria et Guinée.
On a également envisagé la possibilité d'une entente pour l'utilisation
des expériences et de l'infrastructurre de LAMCO J.V. pour la promotion rapide
du projet guinéen.
Le 29 avril 1970, un protocole d'accord est signé entre le gouvernement et
les futurs partenaires d'une Société mixte dénommée Mifergui-Nimba,
dont US Steel (USA), RUDIS (Youguslavie) et COFEI (Espagne). La rédaction
du projet de Convention était confiée à l'actionnaire A, c'est-à-dire
au gouvernement guinéen. Une fois mis au point, ce projet, largement inspiré par
la convention dite de Boké adoptée en 1963, a été soumis à l'examen
des partenaires.
Un Comité de direction a été mis en place à la
réunion des partenaires tenue à Madrid les 19 et 20 septembre 1973.
Le 6 avril 1974, à Alger, il a été décidé de rencontrer
un important groupe de sidérurgistes à Rome dans les meilleurs délais.
Quoique cette rencontre et d'autres contacts qui on été pris par la
suite aient été assez décevants, le gouvernement guinéen
et certains promoteurs privés ont poursuivi leurs efforts dans toutes les
directions sans jamais se décourager, sûrs qu'ils étaient de
la valeur potentielle exceptionnelle du projet qu'ils défendaient. C'est ainsi
que le 5 avirl 1973 à Tokyo, la Convention de base fut signée par certains
partenaires B et le gouvernement. Et le 16 Juin à Conakry, les Statuts furent
signés à leur tour. Pour la première fois en Afrique, parmi
ses membres fondateurs, Mifergui-Nimba pouvait compter non seulement des représentants
d'Europe, d'Asie et d'Amérique, mais aussi trois pays africains: Lybie, Algérie
et Nigéria. C'est en février que la LAMCO Joint Venture a offert ses
services pour faire la prospection préliminaire du Nimba guinéen en
commençant par les principaux dépôts du Château, de Pierre
Richaud, Sampéré et Grands Rochers. Le gouvernement guinéen
a contribué au financement des travaux préliminaires en supportant
les dépenses locales. Ces travaux devaient se poursuivre en 1970 grâce à une
subvention appréciable des Nation Unies (PNUD). Les fonds ainsi rendus disponibles
(1 million de dollars) ont servi pour des études de préfactibilité et
la mise en évidence de la réserve minimale d'environ 300 000 000 tonnes
de minerai de haute teneur.
En résumé, les travaux d'études
de préfactibilité, avantl'ntervention de la Société Kaiser
Engineering qui a été sélectionnée pour l'étude
de factibilité, ont couvert la période 1969-1975 en quatre phases.
Ils ont coûté environ,4 500 000 dollars US. Parallèlement, LKAB
(Suède) a montré dans les conclusions d'un rapport technicoéconomique
que le minerai du Nimba sous forme d'agglomérés (sinter, pellets)
présentait
d'excellentes propriétés métallurgiques ; les pellets pour la
réduction directe en particulier se sont révélés de qualité exceptionnelle.
Les partenaires ont, entre-temps, commencé à faire confiance à la
future Société Mifergui. Et en marge de l'étude LKAB, une infrastructure
d'accueil comprenant deux cités avec adduction d'eau, une centrale diesel
avec distribution d'énergie électrique ainsi qu'une base technique
ont été achevées en 1976. La réalisation de l'étude
de factibilité définitive confiée à KAISER pour un montant
total de 12 359 088 dollars US, entièrement financés par les partenaires
B, comportait des études et travaux sur le site de la future mine, à Oakland, à Londres
(chemin de fer), New York (port), Stockholm (infrastructure au Libéria).
Quelques résultats de l'étude Kaiser
Pour le gisement du
Pierre Richaud, les résultant suivants on été obtenus :
Résultats quantitatifs
Réserves géologiques totales
de minerai de haute teneur : 458 millions/T Réserves prouvées en
minerai de haute teneur dans la zone d'exploitation proposée (avec 66,7%
de teneur moyenne) : 350 millions/T -
Résultats qualitatifs
Ils ont été
fournis par les
analyses chimiques sur un échantillon
de 45 tonnes :
Composants | Teneur |
---|---|
Fe | 67,6 % |
SiO2 | 1,2 % |
Al2O3 | 0,72% |
PF | 0,93% |
P | 0,029% |
Les résultats ci-dessus se passent de tout commentaire.
Données essentielles de l'étude Kaiser révisée :
Désignation | Montant US $ |
---|---|
Coût total du projet (niveau-des prix de 1978) | 5 578 83 000 |
Répartition du coût total | |
Infrastructure en Guinée | 137 112 000 |
Infrastructure au Libéria | 222 876 000 |
Mine | 197 895 000 |
Total | 557 883 000 |
C'est le coût technique auquel il faut ajouter les intérêts intercalaires, l'indexation (10% par an) et les fonds de roulement. Le calcul a donné finalement un coût total supposé pour la construction dans la période 1981 à 1984 :
Coût total (1984) | US $995 229 000 |
---|---|
Taux de rentabilité des investissements | 6,87% |
Taux de rentabilité des fonds propres | 13,73% |
Montant des fonds propres | $250 000 000 |
Dès le 14 juillet 1973 à Monrovia, les Gouvernements guinéen et libérien ont signé un accord de transit permettant à la Société Mixte Mifergui-Nimba de transporter, à travers le Libéria et hors du Libéria, du minerai de fer et des produits connexes ainsi que le matériel et l'équipement et autres fournitures et installations nécessaires à la mise en valeur des Monts Nimba en Guinée. Cet accord, signé quatre mois à peine après l'approbation de la Convention de base créant la Societé Mixte Mifergui-Nimba, témoigne de la qualité des relations d'amitié solide entre les deux pays voisins. En 1976, Mifergui-Nimba et Lamco Joint Venture (LJV) ont conclu un accord fixant les principes de base d'un contrat de transport, de manutention, de stockage et de chargement du minerai guinéen au port du Buchanan. 1. Le transport du minerai de Mifergui parchemin de fer de la frontière duLibéria jusqu'à Buchanan (seulement 17 km séparent la mine de la frontière). 2. Le stockage de ce minerai à Buchanan en des stocks séparés des stocks des partenaires de LJV. Les capacités des stocks de minerai de Mifergui seront à déterminer par les Parties. 3. La reprise du minerai du lieu de stockage, son pesage, l'échantillonnage et la détermination de son degré d'humidité et son chargement à bord de navires dans le port de Buchanan. 4. Le planning des navires destinés à recevoir le minerai des partenaires de LJV ainsi que les navires de commerce au port de Buchanan 5. L'entretien, la réparation et le remplacement des installations comme définis à la clause de l'accord de base. Il faut noter que les négociations avec LJV ont commencé pratiquement en 1970. Après de laborieuses et délicates discussions qui n'ont cependant pas entamé la volonté d'aboutir des parties intéressées, un accord a été signé à Paris entre Mifergui-Nimba et LJV, à la date du28 mars 1981. Il fixe le coût à payer à LJV en contrepartie de ses services et comprend les trois éléments suivants :
C'était là une étape décisive dans la voie de la réalisation du Projet.
Physionomie actuelle de Mifergui-Nimba | ||
---|---|---|
Actionnaires | Participation Totale (%) | Tonnage Minerais souscrits |
RPR Guinée | 50,00 |
|
Nigéria | 16,20 |
4 360 000 |
Libye | 8,70 |
2 610 000 |
Sonarem (Algérie) | 6,09 |
1 827 000 |
Mifergui-Japan | 1,83 |
549 000 |
MKS (Yougoslavie) | 3,48 |
1 044 000 |
INI (Espagne) | 3,48 |
1 044 000 |
Mineralimport (Roumanie) | 2,17 |
65 1000 |
SOLMER (France) | 1,74 |
522 000 |
USINOR (France) | 1,74 |
522 000 |
US Steel (USA) | 4,35 |
1 305 000 |
Libéria | 0,22 |
66 000 |
Total | 15 000 000 |
Participation US Steel
De 1973 à 1981, le capital social est passé de 2.000.000 à 40.000.000
dollars US, par augmentations successives décidées en Conseil d'Administration.
Ce chiffre a été porté à 45 976 400 dollars US en 1981.
Il est temps de souligner que depuis 1976, la Banque Mondiale (BIRD) suivait de
près l'évolution du Proj, et Mifergui et n'a jamais cessé d'encourager
les sidérurgistes à y participer. Répondant au voeu de la
BIRD et en accord avec le gouvernement guinéen, après un accueil
particulièrement
attentif réservé au Président
Ahmed Sékou Touré à Pittsburg, lors de sa visite officielle aux Etats
Unis en août 1979, une délégation de US Steel a eu des entretiens à Conakry
avec le Ministère des Mines et la Direction de Mifergui dès le mois
de novembre 1980. Les discussions entre les représentants de US Steel, le
Gouvernement guinéen et le syndicat des Actionnaires B devaient s'accélérer
et finalement aboutir à la satisfaction des parties en présence le
23 avril 1982 à Paris, à la signature des accords d'ingénierie
et de gestion liant Mifergui et deux filiales de US Steel : la CGMI et la UEC.
Les accords du 23 avril à Paris marquent en fait l'engagement de US Steel
dans le projet Mifergui avec une participation de 5 % des actions-totales, ses
filiales devant assumer les fonctions d'ingénierie pendant la construction
et de gestion pendant les premières années d'exploitation.
Si le projet Mifergui présente des chances réelles de réalisation
dans un délai normal pour un projet minier de cette envergure, cela résulte
du fait que ce projet possède des atouts exceptionnels sur le marché mondial
:
S'y ajoute la stabilité reconnue au régime guinéen, même par ses pires adversaires depuis l'indépendance en 1958 jusqu'au 9 mai 1982, où le Peuple de Guinée vient de plébisciter son Leader Ahmed Sékou Touré pour un quatrième septennat à la Présidence de la République Populaire Révolutionnaire de Guinée.
Financement
Un Comité de Financement du Projet Mifergui-Nimba vient d'être crée le 18 mai 1982. Il comprend quatre membres dont l'actionnaire A.
Sa première tâche a été immédiatement fixée. Elle consistait en une mission à
effectuer dès le 19 mai :
Au nom du gouvernement du pays hôte, cette première mission est conduite par Ismael Touré, Ministre des Mines et de la Géologie de la République Populaire Révolutionnaire de Guinée.
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