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Guinée Française
Géopolitique — Economie — Sociologie


Maurice Houis

Ancien Directeur de l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN) en Guinée

La Guinée Française

Editions Maritimes et Coloniales. 1953. 95 p.


Le pays

La géographie.

La basse-Guinée.

La basse-Guinée est constituée par la plaine côtière. Large de 50 à 90 km., elle s'aplanit au Sud-Est en formations alluviales et se resserre au Nord-Ouest, tandis qu'elle s'enfonce au centre vers la dépression axiale du Fouta-Dialon. Elle est traversée par des fleuves sinueux, aux cours lents, la marée se faisant sentir jusqu'à 40 km. de profondeur dans les deltas. Citons

La côte est bordée le plus souvent de mangrove mais on rencontre quelques belles plages de sable fin comme celles de Sobané et de Koundindé, de part et d'autre du cap Verga. Elle n'est pas absolument stable. Il n'est pas rare que des arbres aient leurs racines dénudées par les flots, conséquence d'un ennoyage récent (R. Schnell).
Le littoral est soumis au courant de Guinée, prolongeant celui des Canaries qui coule de l'Ouest à l'Est, et à un contre-courant suivant une direction Sud-Nord, au large du Libéria et de la Sierra Leone. L'intense déversement des rivières fait que la salure est faible et que l'eau, toujours trouble, prend une teinte jaunâtre pendant l'hivernage. Aussi un alluvionnement important de vase fine prolonge la plaine et soutient la mangrove, recouvrant la cuirasse latéritique qui plonge sous la mer.
Les marées sur la côte guinéenne atteignent aux équinoxes 4 ou 5 m. Elles sont donc plus fortes que la moyenne des marées de la côte occidentale (1 m. à 1 m. 60). La température de l'eau est sensiblement la même que celle de l'air, dont les écarts sont minimes, sauf dans les baies abritées et peu profondes.
Géologiquement la plaine est composée d'un substratum de granite et de gneiss sur lequel une érosion intense a déposé des formations détritiques latérisées sur de grandes étendues. Parallèlement à la côte court une ligne de hautes falaises abruptes coupées de failles verticales, formées pour la plupart de grès siliceux. La route côtière les longe de Dubréka à Boffa ; celle du Benna, allant de Forékaria à Kindia, passe en deçà. De cet ensemble émerge à 50 km. au Nord-Est de Konakry l'originalité du Kakoulima, massif éruptif de même nature que la presqu'île du Kaloum. Au Sud-Est le mont Kofiou domine les formations sédimentaires. Au Nord du village du même nom, les falaises changent brusquement de direction, et s'orientent Nord-Sud, limitant la vallée de la Kolenté (Grande Scarcie) qui s'étend sur plus de 20 km. de largeur. L'archipel des îles de Los prolonge la presqu'île du Kaloum, en face de l'île de Tombo où s'élève Konakry ; de nature éruptive, il affecte la forme de deux pinces de crabe, l'île Kassa et l'île Tamara encerclant la petite île verdoyante de Roume. La bauxite est actuellement extraite des importante gisements de Kassa. Les anses multiples de ces îles et leurs plages de sable fin sont protégées par un relief accidenté dont la végétation vient mourir en bordure de mer.
La climatologie de la côte est dominée par des pluies abondantes. Les moyennes calculées sur une dizaine d'années donnent les chiffres suivants :

Le mont Kakoulima, qui domine de 1.000 m. la plaine triangulaire du Kaloum, joue un rôle important en arrêtant les précipitations. La température ne subit pas de gros écarts et oscille entre 23° et 32°, les minima se manifestant pendant l'hivernage, surtout en juillet et août. La côte est donc une région très humide, intertropicale, dotée de deux saisons nettement marquées une saison sèche et une' saison des pluies. L'hivernage dure de juin à novembre, débutant et finissant par de fortes tornades; les précipitations les plus fortes vont du 15 juillet au 15 septembre.

Carte Physique de la Guinee Francaise

La moyenne-Guinée.

La moyenne-Guinée est en d'autres termes le Fouta-Dialon, massif montagneux qui représente 80.000 km2, soit presque deux fois la Suisse. Mali est à la même latitude que Pondichéry (Inde) et que la baie de Nha-Trang (Indochine) avec ses vapeurs équatoriales 1.
Le Fouta n'est qu'une partie, mais la plus originale, de la barrière relevée qui borde la plate-forme africaine le long du golfe de Guinée. Cette région montagneuse, plissée et rabotée depuis le Précambrien, opposa aux mouvements extérieurs — tels les plissements hercyniens — une résistance massive et presque inexpugnable. Les vents et les flots d'une mer peu profonde amassèrent depuis les époques cambriennes et ordoviciennes d'épais bancs de sable. Mais, soit par un contre-coup des plissements de l'ère tertiaire, soit par un effondrement du vieux continent, ce massif s'est disloqué, disjoint des étendues septentrionales et hissé à plus de 1.500 m. Le soulèvement le plus violent est en direction du Sud-Est. Aussi l'ensemble est-il dissymétrique et s'oriente-t-il en pente douce vers le Nord-Ouest, domaine des pénéplaines soulevées à quelques centaines de mètres seulement. Au centre, le Fouta conserve sa couverture de grès, ses pitons de dolérite, ses formes de ruines. Il est traversé par une grande dépression médiane, hérissée de hauteurs isolées avec au Sud le massif du Yorougal ; le Firikisso la suit à peu près dans son cours supérieur et la voie ferrée l'emprunte dès qu'elle quitte la plaine côtière.
Le Fouta est donc compartimenté en régions naturelles qui, au cours de l'histoire, se sont individualisées en provinces ou diiwe (sing. diiwal).
Les hauts plateaux du centre : Dalaba, Pita-Labé, Mali, Timbi 3 avec leurs falaises puissantes d'où tombent des chutes d'eau et que traversent des vallées encaissées (cañon de la Kakrima). C'est le Fouta classique, à la base du genre de vie des Peuls 1 ; les gros villages se fixent sur la montagne (fello , plur. pelle), les pâturages sur les plateaux (doŋol, plur. doŋe) dans les vallées profondes (aynde plur. aydhe) les bêtes descendent en saison sèche et les serviteurs se livrent à la culture. Ces plateaux sont surpeuplés (Cercles de Labé densité 16 ; de Pita : 15).
Le plateau oriental, où s'inscrivent les noms historiques de la guerre sainte : Timbo, Fougoumba, Koïn, Porédaka. On atteint le Soudan par les vallées du Bafing et de la Téné. L'altitude est en moyenne de 750 m., le relief monotone. L'économie foula — basée sur la montagne, le plateau et la vallée — y est beaucoup moins nette. La population a une densité moindre (Cercle de Mamou : 8).
Les marches du Fouta, dont le promontoire de Mali (mont Loura) domine au Nord de plus de 1.500 m. la région de la Gambie par laquelle on arrive au Sénégal et au Soudan ; à l'Ouest s'étendent les bas-plateaux de Youkounkoun et de Kadé qui se continuent par ceux de Gaoual et Télimélé. Le pays est humide, les vallées sont couvertes de cultures : Cogon, Tominé, Fatala. Dans la province du Kébou, on retrouve les Foula ancestraux. Dans les marches du Sud, où coulent les vallées du Konkouré et de la Kolenté, dans le Benna, entre Forékaria et Kindia, on rencontre les mêmes nomades foula, mais cette fois plus ou moins sous la dominance du Sosso qui possède la terre.
Le Fouta-Dialon est le pays des Peuls, celui où ils se sont avancés le plus près du golfe. Il compte environ 870.000 Peuls, mais un tiers d'entre eux comprend des serviteurs d'origine étrangère. Chaque noble a son carré, le gallé. La vie est groupée soit dans les grands centres autour d'une mosquée (misiide), soit dans des répliques de ces misiide, les foulasso, où chaque concession est entourée de haies vives (hoggo). Les villages des serviteurs sont dans les vallées où ils cultivent les lougans pour les nobles. La principale richesse des Peuls, à laquelle s'adjoint d'ailleurs une signification morale, réside dans les troupeaux de bovidés. Il y a quelque chose d'intouchable chez les vaches que seuls les hommes (??) peuvent traire et qui sont la marque d'un patrimoine jalousement conservé.

La haute-Guinée.

La haute-Guinée se rapproche des confins méridionaux du Soudan. C'est un pays essentiellement plat. Il est composé de dépôts de sédiments métamorphosés emplissant, au-dessus du substratum cristallin, une vaste fosse limitée par la subdivision de Dinguiraye (collines de la rive droite du Bafing) par les Cercles de Dabola, de Kouroussa (au Sud) de Beyla et d'Odienné. L'aspect est donc celui d'une plaine latéritique dont de légères ondulations et des pitons de roche ignée rompent la monotonie
Le climat n'y est pas encore continental, mais l'amplitude saisonnale va de 18° à 40°. La végétation est rabougrie pendant la saison sèche et prend l'aspect d'un désert ravagé par le feu. La savane permet les cultures vivrières ordinaires : le mil, le sésame en terrain humide, l'arachide sur les sols sablonneux, le riz dans les bassins d'inondation.
Les vallées sont largement ouvertes et les cultures se développent sur leurs rives. Mais la sécheresse appauvrit les rivières au pont de découvrir de février à juin de lumineuses plages de sable. Par contre elles débordent pendant l'hivernage. Ainsi le Niger inonde sa vallée sur plusieurs kilomètres et sous plusieurs mètres d'eau. Le Tinkisso s'enfuit du massif granitique du Dafila, près de Macenta et rejoint lui aussi le Niger près de Diélibakoro. Le Fié, le Sankarani, moins important, sont bordés de rizières et de villages d'orpailleurs.
Le Niger — vestige peut-être de cette immense mer que fut le Sahara — mérite une mention spéciale. Kouroussa est le point de départ du premier bief qui, par Siguiri, se développe sur 400 km. jusqu'à Bamako. De fin mai à fin janvier, les bateaux calants 0,80 m. peuvent y circuler, mais la navigation est impossible dès le début d'avril. La voie ferrée traverse le Niger à Kouroussa et atteint Kankan, métropole de la haute-Guinée, sur le Milo. Un pont majestueux le franchit, inauguré en 1950 ; il ouvre la route sur la forêt par Beyla.
La densité de la population est faible : 4,6 dans le Cercle de Kouroussa. Celui de Siguiri a une population de 50 à 100.000 habitants dont l'occupation essentielle est l'exploitation des placers d'or disséminés le long des fleuves et des marigots.

La Guinée forestière.

En descendant de la haute-Guinée en direction du Sud par les vallées du Milo ou du Niandan, vers 9° 30' de latitude Nord, l'aspect du pays change rapidement.
Cette région, malgré sa situation en apparence reculée derrière les deux enclaves côtières étrangères du Libéria et de la Sierra Leone, jouit d'un climat maritime variant autour de 30°. Les rivières descendent, directement vers l'Atlantique : Moa, Loffa, Diani. Les pluies s'échelonnent, sur toute l'année, aussi la végétation y est-elle exubérante. On exploitait naguère le caoutchouc du landolphia. Les indigènes récoltent dans les clairières les amandes de palme et les noix de cola. L'absence de voies navigables rend le transport du bois presque impraticable. Economiquement, cette région se tourne de plus en plus vers le Libéria qui lui offre un port, Monrovia, à proximité. Un certain trafic routier débouche sur Kankan.
Le sol, formé de granite accompagné de gneiss redressés, doit être riche en minerais. L'altitude s'élève peu à peu jusqu'à 1,763 m. dans la chaîne des monts Nimba, point culminant de l'Afrique occidentale.
L'aire de la forêt dense a varié au cours du quaternaire suivant les climats successifs. Les affinités de la flore et de la faune entre la forêt, éburnéo-guinéenne et la forêt gabonaise témoignent en faveur d'une continuité. La forêt s'est jadis étendue vers le Nord et l'Ouest, ainsi que le prouvent de nos jours des îlots forestiers reliques (R. Schnell).

La géologie.

La Guinée Française est caractérisée dans ses régions montagneuses par un relief tabulaire sur lequel les mouvements hercyniens n'ont eu qu'une faible action. Le socle précambrien a subi un métamorphisme intense et, de plus, a été violemment plissé par les mouvements huroniens 3.

Le Précambrien.

Ce sont des matériaux métamorphiques qui constituent le vieux socle précambrien : gneiss, micashistes, schistes, quartzites, auxquels s'ajoutent des injections de granite d'âge variable. Sur cet ensemble repose en discordance la série de couverture du socle primaire.
En Guinée, la majorité des affleurements sont précambriens.
Il ressort des travaux de Goloubinow et d'Obermuller que l'Archéen ne peut être observé et défini et qu'il doit exister seulement sous forme d'enclaves dans les granites qui l'ont digéré, et dont les plus récents sont contemporains des plissements huroniens.
Au terme communément admis pour désigner le niveau supérieur du Précambrien, à savoir l'Algonkien, les auteurs préfèrent celui de Birrimien 4 qui s'applique à un niveau de « schistes et quartzites redressés ». Cet ensemble est accompagné de roches éruptives. Il a été violemment plissé et érodé et les affleurements visibles suivent souvent des pendages presque verticaux. Les granites qui ont précédé ou accompagné les plissements huroniens sont d'un type banal à biotite et amphibole.,
La direction des plissements huroniens semble se dessiner sur la carte. Les observations, qui se complètent, « montrent des virgations curieuses et l'existence d'un centre, d'un coeur, qui parait se trouver au sud du Fouta-Dialon et en Sierra Leone. Au Sud de la Sierra Leone, on sent déjà les plissements huroniens s'incurver très franchement vers l'Ouest » (R. Furon). On a donné à ce «noyau solide » le nom de « bouclier guinéen ».

Le Primaire de Guinée.

Le Primaire, reposant en discordance sur le Précambrien, est essentiellement constitué de plateaux gréseux dont les strates subhorizontales recouvrent toute la Guinée du Nord et de l'Ouest, depuis les bords de l'Atlantique jusqu'au plateau manding du Soudan. Ils constituent le haut relief du Fouta-Dialon qui atteint 1.515 m. aux environs de Mali.
On y décèle plusieurs niveaux. Le premier correspond à une transgression marine anté-ordovicienne, les suivants à des grès inférieurs ordoviciens, à des schistes à graptolithes du Gothlandien et à des grès supérieurs dévoniens. Cet ensemble est traversé de coulées ou de sills doléritiques dont les derniers sont postérieurs au Carbonifère du Sahara.
Intermédiaires entre le socle précambrien et le Primaire, un dépôt continental post-huronien ou un conglomérat de base apparaissent sporadiquement.

  1. Continental post-huronien. C'est un dépôt continental de conglomérats et de grès feldspathiques, contemporain ou postérieur aux mouvements huroniens mais antérieur à la première transgression marine, cambrienne ou ordovicienne selon les lieux. Il repose en discordance sur le Birrimien. Des dépôts analogues ont été signalés au Soudan (schistes et dolomies) et ailleurs en Afrique occidentale. Il a été observé par H. de Chételat en Guinée, dans la vallée de la Tominé aux environs de Gaoual, dans celle de la Santa, au pied de la falaise située au Nord-Est e Tabouna.
  2. Série marine anté-ordovicienne. Au-dessous des « grès horizontaux », débutant par un conglomérat de base, il existe une série sédimentaire de 300 m. d'épaisseur, visible au mont Souti près de Souguéta. Elle est formée de grès grossiers, feldspathiques ou non, de schistes et de roches siliceuses noires qui se détaillent en plaquettes. Cette série se complique de venues doléritiques qui la déforment parfois.
    M. Furon ne pense pas devoir rattacher cette série au continental post-huronien. En effet si les grès feldspathiques peuvent être continentaux, il n'en est rien des 200 m. de grès et de schistes, accompagnés parfois de calcaire. Dans les schistes siliceux noirs, on trouve des traces d'organismes, notamment de radiolarites.
    L'auteur susnommé assimile cette série à la première transgression marine du Cambrien sans pouvoir dire encore si elle est séparée (de l'Ordovicien par une discordance.
  3. Ordovicien. Les grands plateaux de grès horizontaux débutent par un conglomérat de base à galets de quartz hyalins. Dans la vallée de la Santa, il repose en discordance sur les schistes et quartzites redressés du Birrimien et, dans la région du mont Souti, sur les dolérites. Il est visible aussi dans la vallée de la Kilissi. Hubert Henry l'a signalé au pied des grès ordoviciens du plateau du Badyar. Au-dessus s'élève toute la série des grès siliceux. Ne seraient-ils pas, en partie, cambriens ? Il n'y aurait pas lieu de le croire puisque les grès ordoviciens du Soudan, du Sahara et de Mauritanie reposent sur un socle cambrien de nature lithologique très différente : schistes et dolomies avec niveaux siliceux à radiolaires. « L'aspect même des grès de Guinée, en tous points semblables à ceux des autres régions que j'ai pu visiter moi-même, implique une mer peu profonde, avec des courants et des apports continentaux » (R. Furon). Il n'est pas rare de rencontrer des ripple-marks et des grès dont les stratifications sont entrecroisées.
  4. Gothlandien à graptolithes. Cet étage, supérieur aux grès horizontaux, a été découvert en 1918 par Sinclair, à une dizaine de kilomètres à l'Ouest de Télimélé. Les graptolithes sont dans une couche de 8 m. de schistes noirs pyriteux. D'autres gisements ont été déterminés dans l'Ouest par de Chételat. M. Furon a trouvé dans les collections du laboratoire de géologie du Muséum, un échantillon de grès très fin originaire de Guémé-Saint-Jean, à l'embouchure du Rio Nunez, sur la rive droite. Il contient une valve centrale de brachiopode de l'espèce Clarkeia antisiensis, espèce déjà découverte en Amérique du Sud. En plus du grand intérêt paléogéographique qu'offre cette découverte, il faut y voir la preuve, vu sa présence à un niveau proche de celui de la mer, d'un affaissement des couches du Gothlandien à la base d'un synclinal parallèle à l'Atlantique et dont le fond serait un peu au large.
  5. Dévonien. Il est visible dans les assises gréseuses au-dessus du niveau précédent. M. Furon le signale en 1933, et de Chételat en 1939 y découvre deux sites fossilifères, l'un au Sud-Ouest de Télimélé, l'autre, au Sud-Est du précédent, dans la falaise de Fofokouré. Les mouvements hercyniens. — Les mouvements hercyniciens n'ont pas affecté brutalement la Guinée, car le vieux socle précambrien était suffisamment rigide de plus aucune fosse géosynclinale ne se trouve à proximité. « Toutefois les mouvements qui se sont manifestés avec violence dans la zone méditerranéenne, se sont manifestés dans l'Ouest africain par des ondulations à grand rayon de courbure » (H. Furon). Il ne semble pas qu'elles aient suivi les directions tectoniques créées par les plissements huroniens. « Alors que les plissements huroniens affectent une direction générale Nord-Sud, les plissements hercyniens sont ici, dans leur ensemble, dirigées Nord-Est-Sud-Ouest, formant quelques anticlinaux et quelques synclinaux entre le Sud marocain et la dorsale cristalline du Cameroun. » Toutefois d'autres directions se manifestent, tendant à mettre en évidence une série de cuvettes.
    Les hauts reliefs du Fouta-Dialon, étrangers directement aux ondulations hercyniennes, sont plutôt en rapport avec une série de cassures parallèles à la côte et dont les dénivellations ont favorisé les venues doléritiques.

Les dolérites.

Les dolérites ou diabases, roches éruptives grenues, ont une importance en Guinée Française. De structure ophitique, elles ont une teinte sombre allant du gris-vert au vert foncé. On les rencontre sur 600 km. de longueur depuis le Kakoulima jusqu'au plateau manding, à toutes les altitudes, « à la cote 50 et 60, dans le lit de la Kolenté, à 1,100 m. au mont Gangan, à 1,450 m. au sommet du mont Linsan, etc... » Elles se trouvent en coulées ou en sills avec une épaisseur de 200 m. (Sougueta). Du lit de la Gambie supérieure (cote 360) au poste de Mali, on compte douze bancs de dolérite intercalés dans des grès quartiziteux. De fait, elles apparaissent dans n'importe quel terrain.

Disons, en conclusion, que toutes les observations sont encore trop dispersées pour permettre d'écrire l'histoire géologique de la Guinée Française. Le sol guinéen, essentiellement primaire, ne semble pas dépasser le Dévonien. Le relief est plissé, raboté au point que le socle ancien, au-dessus des grès primaires, remonte par endroit à 1.500 m. La pauvreté des traces fossiles rend difficiles les évaluations. Toutefois, les graptolithes du Gothlandien ont une valeur inestimable.

Notes
1. Cf. bibliographie : Richard-Molard.
2 Altitude moyenne : 1.000 in. ; point culminant mont Tinka (1.400 m.) dans le massif de Dalaba.
3 Nous ne pouvons mieux présenter la géologie de la Guinée qu'en nous reportant au texte de M. R. Furon paru dans les publications du Bureau d'études géologiques et minières coloniales (1943) et aux publications de la Direction des Mines et de la Géologie de l'A. O. F., notamment à la Carte géologique de l'A. 0. F. publiée en 1939 par P. Legoux (Bull. Mines A. O. F., 1939) et à la révision de cette carte par L. Marnier (1952).
4. Du nom de la rivière Birrim en Gold Coast.


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Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.