Assistant d'Ethnologie à l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN)
Paris. Librairie Orientaliste Paul Geuthner S.A. 1952. 200 p.
Nous avons déjà caractérisé, plus haut, ce type de masque comme le principal agent travesti du poro (les Kono prononcent: kplon, ou kpolon), cycle de rites d'initiation tribale ouvert par l'opération de scarification et marqué ensuite d'une réclusion plus ou moins longue (actuellement de 12 à 15 mois) dans l'enclos sacré.
Nyomou hinè gblôa n'intervient pas par contre, à en croire nos informateurs, à l'occasion de la circoncision rituelle « isolée » 1 envisagée comme la première série des rites de passage.
Il est le « père » de toute la famille de masques kono figurant sur notre tableau hiérarchique. Ici, grâce à une tendance propre aux Noirs d'appliquer sur un plan très large les termes de parenté, la notion père devra être comprise, non pas dans le sens de géniteur physiologique mais, tout simplement, comme le plus puissant, celui à qui il faut obéir.
En effet, au moins théoriquement, tous les autres nyomounga lui doivent respect et obéissance. S'ils le rencontrent accidentellement, ils doivent l'éviter et lui laisser le chemin libre afin de ne pas provoquer sa colère A plus forte raison, il sera toujours redouté par la population. Réputé « maître des poisons », on ne s'étonnera pas qu'il passe toujours pour un « diable » aussi méchant que dangereux.
Son allure est plutôt digne, ses mouvements tantôt délibérés, tantôt saccadés et même nerveux. S'appuyant sur son bâton artistiquement orné (nyomou toungo), courbé et parfois tremblant de faiblesse sénile, il dédaigne de marcher à pas rapides comme le fait volontiers son confrère noir (nyomou hinè té). Sa voix est gutturale, comme si elle sortait des profondeurs.
Comme il ne prend part qu'aux fêtes de première importance, ses sorties sont assez rares (p. ex. 1 à 2 fois par an).
En dehors de la période des initiations, le dzogo-mou le fera apparaître, sur le conseil préalable du devin consulté d'avance, p. ex. quand le village se trouvera envahi par de « mauvais esprits » trop tenaces (à savoir : qui résisteraient avec succès à l'intervention des masques moins puissants), quand le dzogo-mou même ou son apprenti-magicien tomberont gravement malades (pour les détails voir plus loin).
Considéré du point de vue symbolico-religieux, le nyomou hinè gblôa devrait être conçu comme l'élément masculin du couple spirituel du poro : il représente tout ce qui est mâle, selon les conceptions de l'indigène. C'est le Grand patriarche, plus ou moins capricieux, dominateur, un peu égoïste, vorace et cupide, mais toujours respecté, obéi sinon redouté surtout quand, à l'égal d'une bête féroce, il pousse ses cris sauvages du fond de l'enclos sacré. Cela arrive surtout lorsque lui, sa femme et ses enfants (les néophytes en réclusion) réclament leur nourriture, leur tribut journalier, durant la période d'initiation. Et il crie dans le monde qu'il a faim de la nourriture réelle et spirituelle (bien que les gens non-initiés « sentent mauvais », il désire en « goûter la chair... », c'est-à-dire : les voir se soumettre à la cérémonie initiatique), les douleurs d'accouchement dont souffre sa « femme enceinte » (les néophytes reclus étant censés se trouver dans l'état embryonnaire, « renfermés dans le ventre » de l'Esprit-Mère), ainsi que tous les éclats de sa bonne et de sa mauvaise humeurs.
Inutile d'ajouter que de telles manifestations acoustiques ne nécessitent guère de travesti ; ces cris sont simplement poussés par n'importe quel compagnon du poro assez habile, sur l'ordre d'un des chefs-initiateurs, et à n'importe quel moment du jour ou de la nuit.
Il va aussi de soi que toute application dans le cas présent de notre double distinction purement superficielle et arbitraire, du type nyomou siné (entre ses formes « rouge » et « noire »), serait absurde: car il ne peut s'agir cette fois que d'une notion purement abstraite, purement symbolique.
La détention du nyomou hinè gblôa, étant donnée la primauté hiérarchique de celui-là, sera toujours confiée au dzogo-mou même, en tant que suprême dignitaire du sacerdoce local. Cela s'explique d'ailleurs très facilement par l'« équivalence des grades ». En outre, le dzogo-mou dont ce masque est un « moyen de gouverner» de premier ordre, aura l'intérêt éminent de le tenir, à tout moment, à portée de la main. Pratiquement, le nyomou hinè gblôa sera conservé ou bien dans la case d'habitation de son maître (dzogo-mou-pèrè), ou bien dans une petite case spéciale, clôturée.
Ici, la situation juridique est loin d'être clairement établie: nous serions, pour certaines raisons, enclin à y voir une véritable propriété personnelle inattaquable du dehors, mais tous les notables kono (et les dzogo-blà mêmes) nous ont parlé avec insistance d'une propriété collective confiée.
Ce cas présente d'ailleurs d'autres particularités dont la plus frappante est que le nyomou hinè gblôa, échappant par ce fait à la règle générale, cohabitera chez son dzogo-mou, avec sa compagne nyomou néa.
Dans un même village, il peut y en avoir plusieurs couples, et leur nombre coïncidera alors avec celui des dzogo-blà locaux. Nous en avons ainsi compté jusqu'à cinq dans les chef-lieux des cantons, et davantage dans les villages à l'Est du Zié où la coutume atteste généralement un relâchement notable. Et c'est, en principe, le plus ancien (par perpétuation du prototype donné) qui sera reconnu comme « le plus puissant », même s'il se trouve détenu par un dzogo-mou moins qualifié 2.
Comme on s'en doute, la détention (et nous rappelons que le couple des deux masques demeurera toujours inséparable) passe du père à celui de ses fils qui a été jugé le mieux doué pour les opérations magiques. Au fait, une aptitude spéciale ou une « prédisposition » sera toujours posée comme condition sine qua non. Si aucun des descendants directs (le fils de la femme principale du dzogo-mou n'étant nullement privilégié à l'égard de ses demi-frères) ne remplissait les conditions exigées, le successeur sera choisi parmi les neveux, et ce choix tombera de préférence sur un des fils de la sur aînée du dzogo-mou.
Le port du masque mâle appartient cependant au dzogo-mou apprenti; seule, la nyomou néa pourra être aussi portée par un autre jeune homme, spécialement entraîné, de la famille (cantons Vépo et Saouro). Le dzogo-mou ne se chargera jamais de pareille besogne, et nous voyons là un autre corollaire de nos déductions précédentes sur la désagrégation évolutive de ses fonctions primitives. D'autre part, il nous semble que la tendance détention --> propriété se trouve ainsi bien mise en évidence.
Fig. 4. Nyomou kirila. Porteur de masque revêtant sa jupe de fibre de raphia. |
Fig. 5. Le Kara d'un nyomu sinè rouge |
A sa sortie, le nyomou hiné gblôa, porte, à la main un kéngo, arme très redoutée, qui est un double (ou triple) crochet en cuivre emmanché dans une poignée en bois, ou simplement un javelot du type ordinaire. Dans le Vépo, il se contente d'un nînguè wo, chasse-mouches confectionné au moyen
d'une queue de vache.
En outre, comme il est vieux, il a besoin de s'appuyer sur un bâton orné, appelé nyomou loungo.
Un homme initié, kplôno (au pluriel: kplôno-niki ou kplôno-ni), est constamment associé au masque : il aide son porteur à s'habiller, il précède le masque lorsqu'il sort, il interprète ses paroles et perçoit les cadeaux que lui offrent les villageois. En remplissant ces fonctions, il prend le rôle de nyomou lâhébo-mou.
S'y joint encore un petit groupe de jeunes gens initiés n'ayant aucun rôle spécial à assumer.
Il va sans dire que le nyomou sera en outre toujours accompagné d'une bande de musiciens.
Le nyomou hinè gblôa fera normalement ses sorties revêtu de son costume d'apparat ; et dans ce cas, il pourra être vu de tous.
Pourtant la personnalité civile de son porteur ne devra, à aucun prix, être connue du public non-initié. Pour cette raison, le nyomou koulo-mou fera souvent semblant de partir en voyage, la veille de la sortie prévue, afin de s'assurer que personne parmi les profanes ne soupçonne son identité avec l'être masqué 4 De la sorte, l'« Homme travesti en Démon » se verra réduit à un simple mécanisme qui prêtera la vie au support inanimé. Psychologiquement, nous assistons ici à une complète identification des éléments physiques et mystiques: l'Homme représentant l'Esprit et l'Esprit même ne font plus qu'un, au moment de la cérémonie. La situation du nyomou koulo-mou durant l'exécution du geste rituel dépasse la notion d'anonymat : il est, en effet, virtuellement inexistant. Il en résulte, logiquement, plusieurs obligations de grande rigueur qui lui sont imposées ; vis-à-vis du monde profane. Et c'est ainsi que, dans sa vie civile, il ne doit jamais se déclarer porteur du masque en présence des non-initiés, sous peine de se voir sévèrement puni. Pendant ses sorties, quand il se meut avec vivacité, il ne doit jamais montrer ses pieds au public. Et si le cas se produit, les femmes s'écrient : « Voilà un homme ! », et elles s'enfuient, prises de terreur panique. Le dzogo-mou renvoie alors immédiatement le masque fautif dans le gbéa sou, convoque tous les dzogo-blà du village, et inflige au porteur du masque une très forte amende consistant en une somme d'argent assez élevée et un buf. La victime sera sacrifiée le même jour (ou à l'aube du lendemain) et mangée en commun par les dignitaires locaux du poro. Le malheureux nyomou koulo-mou sera ensuite pardonné et doté d'un charme spécial (amulette) qui devra éviter désormais pareil incident.
Quand les cérémonies d'initiation sont en cours, il se peut que l'« Esprit du Poro » vienne annoncer la mort rituelle d'un des jeunes gens se trouvant en réclusion dans la forêt sacrée.
Si un des initiés, ayant une malchance continue auprès des femmes, a sollicité, en lui promettant une offrande importante, I'appui du nyomou hinè gbloa (les cas normaux relevant plutôt de la compétence de son confrère noir), ce dernier viendra, en cas de conclusion du mariage 5, réclamer sa récompense à la maison même de l'intéressé ; et l'on pourrait énumérer bien d'autres exemples encore. Lorsque le dzogo-mou le juge utile, le masque sortira accompagné de son épouse nyomou néa dont nous parlerons plus loin.
Dans des circonstances données, le nyomou hinè gblôa interviendra sans son déguisement habituel.
Dans ce cas le cortège des initiés sera composé:
dont il sera question plus en détail dans le chapitre suivant.
La veille de la sortie, le dzogo-mou, dans sa case, demande au masque son avis en jetant au hasard quatre moitiés de kola. La réponse est positive, si les quatre moitiés tombent par terre sur leur côté convexe (aussi répète-t-on le geste jusqu'à complète satisfaction). Ensuite, deux moitiés en sont mâchées par le dzogo-mou, et les autres par le nyomou koulo-mou. La salive est ensuite crachée sur le front du masque interrogé, qui est posé sur une natte 12.
Le jour même de la sortie, les compagnons du masque se réunissent au hinè gbéa sou 13 qui est un espace circulaire bien débroussaillé, avec un grand arbre sacré au milieu; le gbéa sou des hommes se trouve non loin du village (au côté opposé de celui des femmes, néa gbéa sou), bien caché dans un bosquet épais dont le sentier d'accès est barré par une frange en feuilles de palmier (kpanga, cette expression étant cependant réservée plutôt à la palissade d'entrée du poro, et kpanga nda, à l'espace où se déroulent les cérémonies accessibles à tous). C'est là le lieu de rassemblement des initiés ; c'est là que les sacrifices de chiens (qui ne doivent jamais être immolés au village) ont lieu. De là, un héraut est envoyé au village pour prévenir les non-initiés de la prochaine sortie du masque.
Quand tout le monde est caché, et dès que toutes les portes sont fermées, le groupe des initiés se rend au domicile du dzogo-mou, ainsi que le porteur du masque, assisté de ses amis.
Très souvent, juste avant la sortie, le porteur du masque prend un repas assez copieux, boit du vin de palme, et croque une noix de kola dont il crachera la mâchée orangée dans la cavité buccale du masque 14.
Au cours d'une sortie prolongée, le nyomou koulo-mou fatigué s'assied de temps en temps, à l'ombre, pour se reposer et pour boire du vin de palme dans une calebasse ou dans un « canari » au moyen d'une tige de maïs passée à travers l'ouverture buccale.
Ensuite, le nyomou, suivi de son interprète, de son cortège et de ses musiciens (qui se taisent pour le moment) se rendra dans le gbéa sou.
Le héraut, à haute voix, invite alors les habitants à sortir de leurs cases pour recevoir le nyomou qui ne tardera pas à apparaître dans toute sa splendeur, venant de la forêt.
Ce schéma sera cependant souvent simplifié, surtout dans les cantons Vépo et Saourou, de la façon suivante : tandis que commence la musique au village, le masque s'habille dans la case du dzogo-mou, et il en sortira sans autre avertissement, sans même passer par le gbéa sou. En pareil cas, les habitants du village ne sont pas obligés de se cacher.
Les poisons, argument probant de la magie indigène, sont naturellement appelés à renforcer les pouvoirs du dzogo-mou et, éventuellement, à le débarrasser de ses concurrents. Il agit, bien entendu, « au nom de son nyomou » ; et c'est d'ailleurs à ce dernier que les résultats de pareilles interventions seront attribués.
Il existe de nombreuses « méthodes » d'empoisonnement, et la puissance de tel dzogo-mou se mesure à leur efficacité 15.
A part des procédés purement magiques (p. ex. une brindille, enduite de poison, qu'on laisse tomber par terre dans la case de l'adversaire, lui causera une hernie lorsqu'il marchera dessus, et ainsi de suite), il en existe d'autres, plus susceptibles de produire un effet réel, immédiat ou retardé.
En voici quelques exemples classiques:
Nous avons vu que nyomou hinè gblôa est le nom générique assignant au masque sa place définie dans la hiérarchie des masques kono. En d'autres termes, il porte sur toute une catégorie de masques. C'est le nom que comprendra chaque Kono, initié ou non, car il ne peut s'agir que d'un type parfaitement déterminé, à savoir :
Aucune langue secrète n'intervient ici.
Mais à part cela, chacun des masques de cette catégorie a un nom (ou plutôt un surnom) personnel qui définit, parfois non sans humour, ses caractères particuliers. Ainsi, on appelle le nyomou hinè gblôa du village de Gbéké (canton de Lola) : Nyomou-Kpo, le Maître-des-Cérémonies, ou, plus intimement : Ouôkol, le Pillard (qui inflige des amendes excessives) ; celui de Gbakoré porte le nom Nangama qui veut dire l'Obstiné, Têtu. A Ouyakoré (dans le même canton), un des nyomounga rouges qui n'aime pas beaucoup se déplacer, prend le nom de Téboklo, Je-ne-bouge-jamais, tandis que l'autre s'appelle Tambla, le Méchant.
Notes
1. Cf. notre article, Aspects modernes de la circoncision rituelle et de l'initiation ouest-africaines, dans Notes Africaines, no 49, 1951, pp. 4-11.
2. Ce principe ne cadrant pas naturellement avec la logique éthique
en vigueur, n'est pas sans provoquer chez nous quelques doutes, mais nos informateurs
du Vépo (et
c'est là la faiblesse de cette information trop localisée) étaient
affirmatifs sur ce point.
3. Dans les descriptions que nous donnons dans le présent ouvrage, nous n'avons pas la moindre prétention à une « classification stylistique », conçue, par certains historiens d'art africain, sous forme parfois trop rigide ou trop arbitraire. Nous nous proposons simplement de dessiner ici des « portraits du type », fidèles autant que possible, afin d'évoquer tout d'abord aux yeux du lecteur une image vivante de la réalité.
4. Par la même occasion, nos interlocuteurs ont admis, sans se rendre compte de la portée étiologique véritable du fait, la nécessité, pour le porteur du masque, d'apparaître le lendemain en l'état pur, à savoir : ne pas toucher à la femme durant la nuit précédente. Cependant nous pensons qu'il nous est permis, après réflexion, de conclure ici à une dégénérescence, actuellement de plus en plus accusée,
de cette prohibition rituelle.
5. Et l'organisation du poro aura toujours assez d'influence pour en assurer la conclusion.
6. Après avoir barré le courant d'eau, on creuse la tombe au fond du marigot et, quand le cadavre y est une fois enseveli, on enlève
le barrage.
7. Nos informateurs ont expliqué ce fait à leur façon, en présumant que « le diable se trouve certainement embarrassé pour ne pas avoir pu empêcher la Mort de son maître ; honteux et désavoué il n'aura pas de cadeaux à toucher ». Inutile d'indiquer qu'un délai
est toujours indispensable pour la transmission des pouvoirs magiques sur le nouveau dzogo-mou et
que le public ne doit pas s'apercevoir d'un certain « vide » intervenu pendant cette période de quatre jours, nombre correspondant d'ailleurs au chiffre magique masculin de ce « cycle de civilisation ».
(Baumann, Thurnwald).
8. Cependant Nonlo Nyinamou, l'un de nos informateurs
de Bakoré, affirme qu'il pourrait s'agir en pareil cas aussi bien de la nyomou néa (évidemment « non habillée ».)
9. Les foyers kono étant placés au milieu
de la case d'habitation.
10. Il est vrai cependant que chaque fois que ces cérémonies ont lieu, plusieurs jeunes gens, pris de peur ou pour d'autres raisons, s'enfuient à l'étranger (au Libéria, moins souvent en Côte
d'Ivoire).
11. De pareils cas se produisent, rarement il est vrai, de nos jours encore.
12. La même offrande des kolas mâchées
sera faite au masque par le dzogo-mou (sans qu'une sortie ait lieu le lendemain)
(a) lorsqu'il l'a vu dans ses rêves, ou (b) lorsqu'il prépare son départ
pour un long voyage.
13. Le mot hinè ou sinè étant aussi parfois prononcé : hinâ.
14. Si bien que les vieux masques ont la « bouche » tout recouverte d'une épaisse couche de cette matière.
15. Nous avons connu, dans un grand village, un vieux dzogo-mou très vénéré et redouté du fait qu'il était censé avoir mis à mort,
par des moyens magiques, six ou sept de ses adversaires (nous rapportons, bien
entendu, le fait sans aucune garantie de notre part).
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