Recherches Africaines
Etudes guinéennes (nouv. série)
Conakry, n°s. 1-2-3-4. 1964 (janv.-déc.), pp. 3-35
Lire aussi Ray Autra
L'Institut National de Recherches et de Documentation de la République de Guinée (I.N.R.D.G.) a déjà tourné le cap de ses 20 ans sa création date de 1944 1 et l'occasion s'offre d'en rappeler les origines, la structure et d'en préciser les activités.
Ce rappel est d'autant plus nécessaire que si la gestation de l'ex-Centrifan de Guinée a été des plus laborieuses, cet organisme ayant souffert d'hostilités plus ou moins avérées comme d'une indifférence quasi-unanime, il demeure encore sous le sceau de la malédiction qui a frappé toutes les institutions créées sous le régime colonial quand bien même à contrecourant un mouvement d'opinion de plus en plus large se manifeste tant en Guinée qu'à l'étranger vis-à-vis de notre Centre National de Recherches.
Nous nous devions par ailleurs sous l'éclairage nouveau de l'indépendance de faire le point et il était plus sage, pensons-nous, d'attendre que ces ans neufs dans la vie politique, économique et sociale du pays aient marqué de leur empreinte les hommes et les choses afin qu'on puisse en juger avec plus de sérénité.
Mais qu'on ne s'y méprenne, loin de nous l'intention d'entreprendre ici un quelconque plaidoyer prodomo sua.
Là-dessus, nous sommes les premiers à reconnaître et à déplorer que l'outil que nous avons entre les mains est encore très imparfait, qu'il sort à peine de ses langes, et que nous sommes peut-être encore loin de pouvoir dire comme M. Théodore Monod dans l'avant-propos de la présentation de L'Institut Français d'Afrique Noire 1
« Le vaisseau peut enfin quiller son chantier et appareiller vers le large. A ce stade, le constructeur voit s'achever sa tâche - 0 ! heureux qui comme... c'est à l'équipage, au navigateur, au pilote à assurer la marche du navire. »
Toutefois, nous puisons ailleurs une source de réconfort: l'instrument est là, il existe. Il nous appartient de le parfaire, de l'aider à vaincre les difficultés présentes et futures. Et bien naturellement quand je dis « nous » ici, il faut entendre nous qui sommes dans la « maison » comme tous ceux qui de près ou de loin en Guinée, en Afrique et dans le monde, sont concernés par les problèmes du sous-développement dont un des aspects les plus dramatiques est précisément l'état embryonnaire de la Recherche.
Les pages qui vont suivre ne seront donc qu'une tranche de l'histoire de l'Institut National de Recherches et de Documentation, la description d'un stade de sa croissance que nos efforts de tous les jours - vous et nous - doivent tendre à dépasser. Et il est à souhaiter que les uns et les autres nous apportions dans le combat engagé notre contribution pour que l'Institut réalise son ambition : un outil au service des hommes d'Afrique, au service de l'homme tout court.
L'histoire de l'Institut National de Recherches et de Documentation se confond avec celle de la « maison-mère » l'IFAN qui lui a donné le jour, et la chronologie de la Recherche scientifique en Afrique Noire jusqu'à une période encore récente, l'avènement des « indépendances » africaines.
Après l'Algérie (1909), le Maroc, l'Indochine, Madacascar, c'est en 1931 que germe l'idée de doter l'Afrique Occidentale Française d'une institution de Recherche scientifique appelée à assurer la coordination des travaux, le moyen de les entreprendre, l'utilisation des résultats obtenus, la conservation de la documentation - tant imprimée que manuscrite - des collections, etc...
Mais déjà l'A. O. F. possédait un organisme qui avait fait ses preuves : le Comité d'Etudes Historiques et Scientifiques de l'A.O. F. créé le 10 Décembre 1915 par le Gouverneur Général Clozel dont les buts étaient de
Le Comité avait donc déjà quinze ans d'existence, publiant son Annuaire et ses Mémoires (1916-1917) devenus Bulletin du Comité d'Etudes Historiques et Scientifiques de l'A.O.F., à partir de 1918, lorque l'on songea à la création d'un organisme répondant aux préoccupations de l'heure. Dans un rapport très détaillé, (Août 1931), avant-projet de création d'un Institut d'Etudes Africaines, M. Albert Charton, Inspecteur Général de l'Enseignement, l'un des « pionniers » de l'oeuvre nous précise les objectifs poursuivis:
« C'est pour nous, une sorte de devoir intellectuel et une exigence de l'honneur colonial que d'étudier les pays que nous avons la charge d'administrer et les peuples que nous avons la tâche de protéger et d'éduquer. Il y a là, pour une part, une des justifications les plus hautes de la colonisation, qui ne saurait se définir en termes uniquement matériels et économiques... La constitution d'une science africaine est bien une exigence de notre politique coloniale. » 2
Plus loin dans le même document il définit le rôle et le caractère de cet Institut :
Dans le schéma d'organisation de M. A. Charton, l'Institut serait au départ le simple prolongement du Comité d'Etudes existant ; rattaché à l'Inspection Générale de l'Enseignement, il aurait une organisation souple dans un contact très étroit avec l'Université française.
La situation financière ne permet cependant pas de donner corps au projet qui dort dans les cartons jusqu'en 1935, sans que pour autant l'idée ait été abandonnée.
En Août 1935, un rapport de M. A. Charton présente au Gouverneur Général un projet de création d'un Institut Français d'Afrique sur les bases exposées en 1931.
Suivent d'autres rapports à l'appui d'un projet d'arrêté portant création de l'I.F.A.N. adressés au Gouverneur Général qui à son tour en saisit le Ministère des colonies (20 Janvier 1936).
Les arguments présentés reprennent ceux développés en 1931:
« J'estime que la création d'un Institut Francais d'Afrique Noire vient à son heure. C'est là une exgience de notre action coloniale elle-même, un couronnement de notre oeuvre civilisatrice, une marque nouvelle donnée au monde et aux pays du durable intérêt que nous portons à notre domaine africain.
Il est temps de faire entrer la connaissance de l'Afrique Noire d'une façon méthodique et avec la force d'une institution définitive dans la culture et la science françaises ». 3
C'est sur ces fonds baptismaux, copieusement aspergés par les eaux bourbeuses d'un colonialisine qui ne cachait nullement ses desseins assimilationnistes que nait l'Institut Français d'Afrique Noire avec la bénédiction officielle de M. Marius Moutet, Ministre des colonies, dont le nom est un tout programme, sous la forme d'une dépêche au Gouverneur Général autorisant ce dernier à prendre le texte nécessaire.
Enfin, par arrêté général n° 1945 du 19 Août 1936, l'I.F.A.N. était créé.
Une décision du 20 Août 1936 affectait au nouvel organisme l'hôtel de l'Administrateur de la Circonscription de Dakar et dépendances, connu sous le nom de Palais Vadier 4.
La direction était confiée à l'Inspecteur Général de l'Enseignement. Restait à trouver le Secrétaire Général prévu par l'article 37 du texte organique.
En attendant, était affecté au nouvel organisme pour s'occuper du musée, M. Alexandre Adandé 5, jeune commis sorti de la section Administrative de l'Ecole Normale William Ponty deux ans auparavant.
Puis M. André Villard, Archiviste Paléographe prenait en mains les Archives du Gouvernement Général
créées le 1er juillet 1913.
Le poste de Secrétaire Général fut proposé
an Professeur Marcel Griaule, Directeur de l'Ecole des Hautes
Etudes connu pour ses travaux sur les Dogons en particulier, mais
sans succès.
C'est alors qu'on fit appel à M. Théodore Monod,
Docteur ès-sciences, Assistant au Muséum National
d'Histoire Naturelle qui a présidé jusqu'en 1964
aux destinées de l'Institut Français d'Afrique Noire
dont on peut dire qu'il est son oeuvre.
Nous sommes en 1937. Agé de 35 ans à l'époque
M. Monod s'était déjà signalé par
toute une carrière scientifique en Afrique:
M. Monod prend ses fonctions de Secrétaire Général de l'I.F.A.N. à Dakar en juillet 1938.
Depuis le temps lointain où les premiers efforts avaient été tentés pour mettre sur pied un organisme de Recherches, il s'était écoulé exactement 73 ans soit presque 3/4 de siècle ! En fait, il est bon de signaler en passant que dès 1865, Faidherbe avait créé une exposition permanente de l'Agricullure, de l'Industrie, d'Ethnologie et d'Histoire Naturelle à Saint-Louis, exposition qui fut transférée à Dakar en 1869, sous le nom de Musée de Dakar. L'effort n'ayant pu être poursuivi, une nouvelle tentative entreprise de 1919 à 1923, n'aboutit qu'à l'attribution d'un terrain à Dakar le 22 Avril 1919 pour la création d'un Parc-Musée.
Et c'est le saut dans l'espace qui nous conduit en 1931, année de l'Exposition Coloniale de Vincennes, au rapport Charton évoqué plus haut.
Voilà donc que l'Institut Français d'Afrique Noire s'installe avec un rôle défini de la façon suivante par une lettre du Gouverneur Général Brevié au Ministre des colonies:
« Il provoquera et coordonnera les études de tout ordre sur les questions intéressant l'Afrique Noire, en établira les programmes de Recherches, en conformité avec les besoins de l'A.O.F. Il assurera la liaison indispensable avec les organismes métropolitains dont l'activité scientifique s'applique à l'Afrique. Il contribuera, par ses publications et éventuellement par les enseignements qu'il pourra organiser, à la connaissance de l'Afrique dans les milieux scientifiques et dans les milieux cultivés. Par l'Ecole d'Afrique, il contribuera à l'édification d'une science africaine et entrainera l'élite intellectuelle vers les études coloniales et africaines ».
L'Institut Français d'Afrique Noire, d'abord service du Gouvernement Général de l'A.O.F,. acquiert son autonomie en 1948, puis est rattaché en 1957 à l'Université de Dakar.
Il comprenait, avant l'éclatement de la Fédération de l'A.O.F.,
Ses publications s'imposent bientôt par des études et des travaux dont on ne peut contester le sérieux:
Le Centre Fédéral de l'I.F.A.N. aujourd'hui
devenu avons-nous dit Institut de l'Université de Dakar
est divisé, par disciplines en Départements:
L'équipe de l'I.F.A.N. de Dakar, dans un numéro
spécial des Notes Africaines 6 a jeté un regard rétrospectif sur le passé de l'Institut Français d'Afrique Noire avant d'en fixer les nouvelles tâches dans le contexte d'une Afrique qui se veut « africaine ». Elle a eu le courage de reconnaitre le bien-fondé de quelque critiques et notamment « le travail en ordre dispersé en artisans » (des spécialistes de l'I.F.A.N.), « à une Recherche africaine par trop libérale, sans coordination ni plan d'ensemble et sans contrôle strict. » 7
Mais il y a autre chose sur lequel l'accent aurait dû
être mis: c'est le fait d'avoir durant vingt cinq ans écarté de la Recherche les Africains et mieux de n'avoir pu en former un seul qui soit de classe internationale comme cela s'est vu
dans les pays anglophones.
Et ce disant, je pense aux Mamadou Madéira Keita, Alexandre Adandé, Bernard Blin Dadié et tant d'autres 8 ... qui ont été « étouffés » dans une maison dont la vocation plus que toute autre était précisément de promouvoir des cadres africains mieux placés incontestablement pour mener à bien les Recherches dans certains domaines (ethnologie, sociologie etc ... ). Il est difficile de penser que le racisme n'ait pas joué là aussi... et les cas Abdoulaye Ly, Ousmane Diallo-Poréko, Cheick-Anta Diop amènent à penser que oui... sûrement.
Dans cet historique de l'I.F.A.N., cette question « d'africanisation
» des cadres n'est cependant pas passée sous silence
mais a été abordée avec ambiguité,
quand on écrit: « Il y a quelques années encore,
on proposait une africanisalion des cadres qui avait en somme
pour but de remplacer petit à petit des fonctionnaires
européens par des fonctionnaires de race noire, formés
aux mêmes systèmes et aux mêmes techniques.
» 9
Ne serait-il pas temps de penser aussi à l'africanisation
non des hommes mais des méthodes et même parfois
des techniques, fussent-elles temporairement employées
aussi par des blancs résidant en Afrique » 10
Certes, le reproche a été fait que l'africanisation
a consisté à remplacer des fonctionnaires européens
par des fonctionnaires de race noire formés aux mêmes
systèmes et aux mêmes techniques que les premiers.
Mais à qui en incombe la faute et fallait-il attendre que
de nouvelles générations soient formées à
des méthodes et techniques autres ? Et pendant ce temps
! Et de quelles méthodes et techniques s'agit-il ? L'Afrique
indépendante doit-elle balayer du coup la somme d'expériences que l'humanité a accumulées pour repartir de zéro à la Recherche de méthodes et techniques propres à elle ? N'est-ce pas du coup la négation de la science même ? Car on voit mal un chimiste parce que africain
abandonner de propos délibéré telle ou telle
technique telle ou telle méthode, scientifiquement éprouvées pour tel système qui soit purement africain, à moins d'admettre alors que les lois physiques, biologiques, etc... soient autres sous le soleil d'Afrique.
C'est à ce même propos que le Président
Ahmed Sékou Touré écrivait avec on ne peut
plus de pertinence:
« Les connaissances qui conduisent à la pratique de la chirurgie ne sont-elles pas les mêmes enseignées à Londres, Prague comme à Bordeaux? Les procédés de calcul du volume d'un corps ne sont-ils pas idenliques à New- York, Budapest ou Berlin ? Le principe d'Archimède n'est-il pas le niême en Chine et en Hollande;.,... Il n'y a pas de chimie russe et une chimie japonaise. Il y a la chimie tout court » 11.
Il se pourrait par ailleurs qu'un Africain découvre une
méthode meilleure, une technique plus appropriée;
même en ce cas, cela n'est-il pas à verser au patrimoine
commun de l'humanité ?
Ceci dit, c'est bien de l'africanisation des hommes qu'il s'agit
puisqu'aussi bien à l'heure où nous écrivons
les plus grands « spécialistes » de l'Afrique
sont hors d'Afrique : en Europe, en Amérique et ailleurs
! (tout comme la presque totalité de la documentation sur
l'Afrique et la presque totalité des chefs-d'oeuvre culturels
du continent).
Et s'il est hors de doute que des hommes de race noire nantis
du même bagage culturel que les hommes de race blanche auraient
pu se livrer dans le domaine des sciences naturelles, physiques,
mathématiques aux mêmes Recherches que celles qui
ont été faites, il faut finir par se convaincre
que même formés aux mêmes systèmes et
aux mêmes méthodes que les Blancs, ils auraient sûrement mieux fait avancer les choses dans le domaine de l'ethnologie, de la sociologic etc..., car malgré tout, il leur reste
toujours un fond qui les rend plus apte à comprendre les
hommes et les choses de leur pays.
Et c'est là, encore une fois de plus que l'Institut Français
d'Afrique Noire a manqué à sa vocation. Et, force
est de rejoindre ces lignes extraites de la présentation
du premier numéro de « Recherches Africaines »:
« La création, à la veille de la seconde guerre
mondiale, de l'Institut Français d'Afrique Noire, constitua
incontestablement un progrès sur la situation antérieure.
Mais quels que fussent le désintéressement de ses
animateurs et de bon nombre de ses chercheurs, l'I.F.A.N ne pouvait
pas ne pas refléter le contexte colonial dans lequel il
a été créé. Comme son nom l'indique,
il avait pour objet de mettre à la disposition de savants
ou chercheurs français des moyens d'études. Il se
cantonnait pratiquement dans la Recherche « africaniste »
dans les domaines spéciaux de l'Afrique, écartant
totalement certains secteurs de la Recherche pure (par exemple
les sciences physiques et mathématiques) et négligeant
aussi certains domaines où où il eût été
imprudent - face à l'administration coloniale - de s'aventurer
par exemple l'histoire, et singulièrement l'histoire contemporaine.
Inutile de dire que, dans le domaine humain, l'idéologie
coloniale avait marqué l'esprit de beaucoup de ces chercheurs
français, spécialement dans le domaine des sciences
humaines, et par là avait faussé plus ou moins profondément
leurs « perspectives ». Toutes choses qu'au demeurant
l'équipé de l'I.F.A.N. à mots plus ou moins
couverts reconnait dans le numéro cité des «
Notes Africaines ».
Si ces quelques remarques étaient à faire, elles ne sauraient toutefois cacher une autre réalité
tangible: l'importance et la valeur des travaux accumulés par l'I.F.A.N. et la formation d'une pléïade de chercheurs que nous nous réjouissons de retrouver dans les rouages de l'Université Française depuis la Sorbonne jusqu'à d'humbles laboratoires de province en passant par l'Ecole Normale Supérieure, le Muséum d'Histoire Naturelle et les chaires des facultés. On peut avoir la nostalgie que ces chercheurs n'aient pas été des Africains, mais nous pensons avoir clos ce débat car à ce niveau, ce qui importe, blancs, jaunes ou noirs, l'essentiel est qu'ils soient et qu'à l'Ecole de l'Afrique, ils ont apporté et continuent d'apporter une contribution de qualité au progrès de l'humanité. C'est à ce titre que nous ne pouvons que les saluer ici et compter sur leur concours pour une seconde étape dans la voie de la connaissance de notre Univers.
Ce tour d'horizon nous a paru nécessaire avant de présenter l'Institut National de Recherches et de Documentation, ce qui permettra de mieux en saisir la physionomie et les objectifs.
L'I.FA.N. étant créé par arrêté général du 19 Août 1936, c'est seulement sept ans plus tard que les arrêtés généraux n° 2781-IFAN du 3 Août 1943 12 et n° 4238-IFAN du 15 Décembre 1943 13 donneront une existence légale aux Centres locaux.
Le plus important de ces textes, l'arrêté du 15 Décembre 1943, précisera notamment la structure et le fonctionnement de ces centres:
Ce texte est révélateur d'une certaine conception de la Recherche dont les effets sont à déplorer.
Découlant de cette situation [il] n'a pas tardé à s'instaurer une conception strictement individualiste et artisanale de la Recherche. Et Jean Suret-Canale a pu écrire à très juste raison: 15.
« Ce centre n'était guère qu'un pied-à-terre pour des chercheurs français venant poursuivre des études personnelles en Guinée: il était conçu en fonction de leurs besoins, et non pas en fonction des besoins de la Guinée ».
Mais tournons cette page pour revenir au second texte cité plus haut, l'arrêté général n° 2781 IIFAN du 3 Août 1943 qui consacre le rattachement des services locaux Archives-Bibliothèques aux Centres locaux.
Il y est précisé très prudemment:
« Cette disposition prendra effet, pour chaque Colonie, à la date à partir de laquelle le Centre local sera en mesure de prendre en charge le dépôt en question ; cette date sera fixée à la diligence de l'Institut Français d'Afrique Noire, après entente entre le Directeur de celui-ci et le Gouverneur de la Colonie).
La précaution n'aura pas été inutile car
ce n'est que le 1er Avril 1944 que l'arrêté n°
797 A.P.11 16 du Gouverneur de la Guinée Française
crééra en fait le Centre local I.F.A.N (Centrifan)
de la Guinée à Conakry.
L'arrêté local précise les points suivants:
Le Centre local I.F.A.N. s'installera dans les bâtiments
de la presqu'île de Boulbinet au fur et à mesure
de leur évacuation par le service de Santé.
Ainsi donc jusqu'alors, le Centrifan de la Guinée n'avait
eu qu'une existence virtuelle cependant que l'affectation à
ses services de ce que l'arrêté appelle pudiqueinent
« batiments de la presqu'île de Boulbinet »
et qui ne sont autres que les locaux de l'ancien lazaret (lèproserie),
va poser de nombreux problèmes.
L'accès en est difficile: il faut passer entre les deux
cimetières (le cimetière européen et le cimetière « indigène »). On en était arrivé jusque-là, jusqu' à poursuivre le Nègre d'une haine opaque après sa mort! Et quel spectacle que ce cimetiére « indigène » où l'on assistait journellement à l'exhumation des cadavres en putréfaction pour avoir la place d'inhumer d'autres cadavres 18. On laissait, sur sa gauche l'abattoir avec ses odeurs et ses charognards pour prendre un sentier malaisé bordé de plantureux tas d'immondices et de ferraille qui conduisait au bout de la presqu'île,
véritable « finistère » a-t-on écrit,
où s'élevaient les quatre bàtiments du lazaret
dont deux sont mis à la disposition du Centrifan. M. Georges
Balandier, un de nos prédécesseurs, en donne le
tableau dans ces lignes qui se passent de commentaires 19:
« ... C'est à Conakry qu'il me fut donné d'évaluer la tragique détresse du nègre. Le Centre local de l'Institut d'Afrique que j'eus à diriger se trouvait rélegué à l'extrémité d'une presqu'île dans deux bâtiments du vieux lazaret, « en principe » désaffecté. Deux autres bâtisses, divisées en cellules servaient encore, antichambres du cimetière tout proche. Il en montait l'odeur de la pourriture humaine, face au paysage grandiose de l'Océan et des îles de Loos. C'est là que, déments, varioleux, sommeilleux et lépreux, malades grabataires, attendent, dans l'ordure et la faim, la mort. Il arrivait aux cadavres d'y pourrir, une ou deux journées, puis « une corvée» venait les enrouler dans une natte et allait les enfouir dans un coin du cimetière. C'est le lieu-dit Boulbinet, le quartier maudit où cohabitent le lazaret (euphémisme) où pourrissent les nègres (loin des yeux, pour le repos des mauvaises consciences), et l'Institut d'Afrique ; triste symbole des efforts sanitaires et scientifiqucs de notre colonisation. Pendant des années, mes prédécesseurs, moi-même, révoltés, avons combattu pour la suppression de ce Buchenwald » 20.
Le Centre occupa donc deux des bâtiments du lazaret où tant bien que mal, il emménagea. L'un des locaux fut réservé au musée et au laboratoire. Ce dernier comprenait deux salles avec quelques meubles et des étagères en ciment, une installation électrique. L'autre abrita le fonds d'archives, un embryon de bibliothèque et un lot assez important de revues françaises et coloniales
D'autres tâches matérielles s'imposaient par
ailleurs: protection de la minuscule presqu'île contre la
mer, aménagement du terrain et d'une route , création
d'un jardin botanique.
Le 14 Février 1947, soit quatre ans après l'ouverture
du Centre, M. Georges Balandier, Directeur du Centrifan 21, déplorait qu'on n'ait encore pu faire déguerpir le lazaret et fixait les objectifs à atteindre:
« Dès que nous disposerons de tous les locaux, nous songerons:
Quelques jours plus tard, le 19 Février 1947, ce dernier voeu était réalisé.
Le 3 Avril 1948, après bien des peines, les fous étaient
étaient transférés à Fotoba.
L'année 1951 est à marquer d'une pierre blanche:
c'est pour le Centre l'année de la construction et 15 millions
C.F.A. sont inscrits à cet effet au budget général.
Le plan des travaux était approuvé le 6 Aoùt
1951, la mise en adjudication fut chose faite le 14 Décembre
et le 15 janvier 1952, le premier coup de pioche était
donné.
Le bâtiment, construit au « Finistère »
même de la presqu'île de Boulbinet, abritera notamment
deux salles d'exposition, une bibliothèque avec salle de
lecture, un laboratoire, une grande salle de cartographie; un
étage entier sera réservé aux collections
botaniques, ethnographiques et zoologiques.
Un des vieux bâtiments, indépendant, complètement remis à neuf, recevra les Archives.
Comme prévu, les nouveaux bâtiments seront terminés
début 1953. Une grosse partie du matériel scientifique
et du mobilier est commandée; le nouveau Centre I.F.A.N.
offrira dès le premier trimestre 1953 des moyens efficaces
de travail.
Alors que 1953 avait été l'année de l'installation
définitive du Centre dans un bâtiment flambant neuf,
les années 1954 et 1955 ont été celles de
l'aménagement intérieur des locaux.
Le laboratoire est doté de matériel. La salle de
cartographie est aménagée.
Si le problème des locaux revêtit des aspects dramatiques,
celui du personnel fut non moins préoccupant.
Et c'est le lieu de réparer un oubli qu'il est difficile de ne pas croire volontaire: un hommage mérité à notre ami Mamadou Madéira Keita .
En effet, dès le rattachement des Services locaux Archives-Bibliothèque au Centre local, il fut affecté seul, et resta tout seul des années durant à faire un colossal travail de tri et de classement des archives et des publications 22, à assurer les tâches administratives et matérielles. Le Centre ne disposait à l'époque outre lui que d'un planton.
La direction de l'I.F.A.N. à Conakry fut assurée
successivement par
M. Raymond Schnell, Assistant à la Sorbonne, créateur du jardin botanique (Novembre 1944-Novembre 1945)
M. Jean Joire, Principal de Collège qui s'employa de Février à Juillet 1946 à des Recherches historiques, préhistoriques et à des études démographiques.
En Novembre 1946, M. Georges Balandier, de l'Office de la Recherche Scientifique (O.R.S.C.) est nommé à la tête
du Centre et entreprend au cours de nombreuses tournées
des Recherches ethnographiques.
A son entrée en France (Août 1947), M. Jean Poujade, Président du Tribunal de Conakry prend bénévolement la direction du Centre. M. Jean Poujade est bien connu par ses travaux d'ethnologie navale, branche qu'il a véritablement créée; ses travaux ont paru dans son livre: La route des Indes 23 et dans une collection de monographies éditée chez Gauthier-Villars. Il a exploré toute la côte guinéenne où il a fait d'importantes découvertes sur la construction navale, notamment dans le Kaback.
M. Maurice Houis, ethnologue et linguiste, fut nommé Directeur adjoint, qui plus tard aura la succession.
En 1951, M. Houis part en congé et est remplacé
par M. C. R. Herniaux, géographe.
Au cours de la même année, M. Mamadou Madéira Keita, Archiviste-Bibliothécaire après bien de tribulations et de tracasseries dues à son appartenance à la section Guinéenne du R.D.A. quitte le Centrifan, pour le Dahomey. M. Damien d'Almeida assurera désormais la sous-Direction
du Centre et poursuivra le travail commencé par Madéira
(classement des archives, mise en état de la bibliothèque
et de son fichier).
Trois autres membres du personnel sont renouvelés. Ils
sont remplacés par
M. Mamadou Sall est recruté et se voit confier la Section de reliure récemment créée.
En 1954-1955 le personnel de Recherche employé au
Centre comprend toujours un seul assistant à demeure.
L'année suivante cet assistant, spécialiste en
géographie physique, cède la place à M. Marchal, qui va s'attacher à doter le centre d'un excellent laboratoire de biologie marine.
La loi-cadre survient, puis l'indépendance guinéenne qui permettent au Centrifan de prendre une totale liberté vis-à-vis de la maison-mère. Le décret n° 74 PG du 10 Novembre 1958 consacre l'évènement en donnant la dénomination actuelle au Centre, Institut National
de Recherches et de Documentation de la République de Guinée (I.N.R.D.G.).En même temps, l'Institut précédemment rattaché au Ministère de l'Education, deviendra un Département spécialisé du Secrétariat d'Etat à l'Intérieur, chargé de l'Information jusqu'en 1961 où il relèvera de la Présidence de la République.
En 1958, notre regretté Collègue Ousmane Diallo-Poréko, prématurément décédé le 5 janvier 1961, premier assistant guinéen, licencié es-lettres, sociologue, assure un court intérim et c'est la nomination de Jean Suret-Canale, qui, avec à ses côtés Nénékhaly Camara, chargé du Département Ethnologie-Archéologie-Préhistoire et moi-même
en qualité de Directeur-Adjoint, recueille l'héritage
légué par la colonisation.
Jean Suret-Canale, né en 1921 et très tôt est appelé à prendre contact avec les réalités coloniales. Et ce sont ses brillantes études secondaires couronnées de deux prix successifs au concours général qui lui en donnent l'occasion et les moyens en 1938 (Dahomey) et en 1939 (Indochine). Ensuite, après les années de résistance en France et son succès à l'agrégation, il vint en Afrique Noire où il prit une part active au mouvement politique et syndical naissants, ce qui lui valut une expulsion manu militari.
Professeur agrégé de géographie, spécialiste des pays de l'Ouest de la France et des études africaines (Université de Paris 1946), sa carrière universitaire le conduira successivement à Rennes, Brest, Dakar, Périgueux, Laval, Paris (Lycée J. B. Say), Conakry (Lycée Classique) et Kindia (Ecole Normale Supérieure), puis encore à Mantes (1963). Membre de l'Association des Géographes français, de la Société d'Histoire Moderne de France, de la Commission Historique et Archéologique de la Mayenne, il compte à son actif une oeuvre africaine de haute qualité où il fait sauter avec de puissantes dynamites tous les mythes, toutes les grossières rnystifications et autres grotesques supercheries échafaudées par les tenants du colonialisme pour légitimer et perpétuer le régime de malfaisance et de spoliations, de crimes et le viols qui était et est encore hélas le leur en Afrique. C'est d'abord son ouvrage en deux tomes: L'Afrique Noire Occidentale et Centrale, Tome 1, Géographie-Civilisation-Histoire 24, Tome II: L'Ere Coloniale (1900-1945) 25 qui est une mise au point « systématique et objective » à la lumière d'une documentation d'une richesse inouie. C'est aussi son « Histoire de l'Afrique Occidentale » en collaboration avec le jeune historien guinéen Djibril Tamsir Niane 26 dont la parution a comblé sur le plan des manuels scolaires d'histoire une lacune d'autant plus importante qu'elle est résolument axée sur la décolonisation.
C'est enfin d'innombrables articles et études publiés dans les revues les plus diverses et qui sont autant de prises de position sans équivoque contre l'impérialisme colonialiste et son succédané non moins virulent, le néo-colonialisme.
Naturellement autant de boulets jetés dans les mares pestilentielles de la colonisation-tabou vaudront à Jean Suret-Canale des haines solides et bien des désagréments. Rayé des cadres de l'Université Française pour son sublime entêtement à demeurer au service de la Guinée ce qui était une autre façon (et une bonne n'en déplaise a certains !) de servir la France véritable , Suret-Canale est contraint de quitter la Guinée, le Gouvernement du jour, menaçant de lui retirer la qualité de Français. Après cinq ans de sejour en Guinée où en donnant le meilleur de lui-même il a souvent cumulé les fonctions de Professeur et de Directeur de l'Institut National de Recherches et de Documentation, il occupe aujourd'hui rançon de sa fidélité à l'Afrique authentiquement africaine un poste de seconde zone dans la banlieue parisienne.Quant à Condetto Nénékhaly Camara, né à Beyla le 11 Septembre 1930 d'un père médecin africain, originaire de Forécariah, il a fait de brillantes études secondaires et supérieures à Dakar puis à Paris. Licencié es-lettres modernes (1957), Diplômé d'Ethnologie (1959), il accomplit deux ans de service comme Attaché de Recherches à l'Office de la Recherche Scientifique dans les Territoires d'Outre-Mer (O.R.S.T.O.M.). Au cours de ce stage, il participe à des fouilles dans la Marne (Professeur Leroi-Gourhan) et à la mission archéologique de M. le Professeur Jean-Paul Leboeuf, dans la République du Tchad.
A la proclamation de l'indépendance Guinéenne, Nénékhaly Condetto Camara rentre dans son pays. Nommé Assistant de l'Institut, il est chargé du Département d'Ethnologie-Sociologie-Archéologie-Préhistoire où il apporte une collaboration très précieuse. En 1959, il passe sa licence d'anglais. Poète et écrivain, il nous a donné un recueil Lagunes et des articles d'une haute tenue dans « Présence africaine » et « Recherches africaines ». Chercheur d'avenir, Nénékhaly Carnara est actuellement Secrétaire Général du Gouvernement.
De 1962 à 1964, la Direction de l'Institut est confiée à M. Chaïkhou Baldé, Instituteur de valeur qui a assuré la parution de nos publications « Recherches africaines » et « Mémoires de l'Institut National de Recherches et de Documentation ».
Depuis le 2 Janvier 1965, l'auteur de ces lignes a pris la succession.
Mais le problème de personnel qualifié reste crucial.
Et c'est avec bonheur qu'en 1960, l'Institut s'est assuré
la collaboration de Mme Isnard née Fanny-Lalande, licencié
es-lettres et titulaire du Diplôme de bibliothécaire,
ce qui a permis de réaliser un énorme travail de
remise en ordre avec l'aide de MM. Sabin Koné (1960) et
Mamadi Condé (1961).
Le musée est tenu depuis 1950 par M. Sampil Mamadou,
Commis expéditionnaire, qui a accompli un louable travail
de classement et d'identification d'objets et d'établissement
de fiches muséographiques.
MM. Marius Sinkhoun, Aide-Laborantin (1955), Soriba Soumah (1962), El-Hadj Ibrahima Touré (1964) ont été affectés aux Archives.
Le 21 Février 1961, M. Daba Keita est nommé surveillant général de la Station scientifique et de la Réserve Nationale Intégrale du Mont Nimba.
Des musées régionaux sont créés dans différents centres et confiés à des agents recrutés sur place: MM.
Les services de Comptabilité 27 sont gérés depuis 1960 par M. Abdourahmane Fofana.
Le Secrétariat est assuré par Mmes
L'entretien du Jardin Botanique est à la charge de M. Joseph Kamara, Contremaître des Services de l'Agriculture (1950), aidé de jardiniers.
Pour remédier au manque de personnel scientifique, l'Institut
fait appel à l'extérieur et s'est dès à
présent assuré la collaboration de nombre de savants
et instituts étrangers. La porte demeure ouverte, dans
le cadre d'accords bilatéraux de coopération scientifique
comme dans celui de l'UNESCO. 28
En 1961, le décret n° 193 PRG du 6 juin 29, créait
un Conseil supérieur de la Recherche scientifique et technique composé
Chaque année, un décret du Président de la République désigne le président du Conseil Supérieur de la Recherche scientifique qui sera assisté du Directeur de l'Institut National de Recherche et de Documentation.
Le Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique et Technique est un organisme consultatif. Il donne des avis sur les questions qui lui sont soumises par le Gouvernement. Il peut formuler des suggestions sur toutes questions relatives au développement de la Recherche scientifique et technique et à sa coordination.
Le Conseil Supérieur se réunit au moins deux
fois par an sur convocation de son président et toutes
les fois que le gouvernement le juge utile.
Dès 1960, avec le démarrage du plan triennal,
il fut décidé d'édifier un bâtiment
adéquat pour remplacer nos installations actuelles vétustes
(en ce qui concerne les Archives) et trop exiguës ( Bibliothèque
et autres Départements spécialisés: Ethnologie,
Histoire, Géographie, Musée, Photo, etc ... ). Un
crédit de 53.000.000 de francs fut mis à la disposition de l'Institut et des plans établis. Cependant, après les premiers coups de pioche, on se rendit compte que l'emplacement, pour des raisons techniques, ne convenait pas. Un nouveau terrain fut alors attribué et de nouvelles études entreprises
30.
Elles aboutirent à un second projet évalué
à 80.000.000 de francs puis à un troisième
dont le coût s'élève à 102.000.000
de francs.
Début Mars 1965, une autre parcelle était mise
à la disposition de l'Institut et le Mercredi 3 Mars, à
16 heures, M. René Maheu, Directeur Général
de l'UNESCO, de passage à Conakry, procédait à
la pose de la première pierre de l'immeuble dans le Parc
de Camayenne.
La cérémonie, placée sous l'égide
du Chef de l'Etat, le Président Ahmed Sékou Touré,
représenté par le Secrétaire d'Etat à
la Présidence chargé de l'Information, du Tourisme
et de l'Institut, M. Nabi Youla, s'est déroulée
en présence d'une importante délégation du
Parti Démocratique de Guinée et du Gouvernement
conduite par le Dr. Saïdou Conté, Ministre de l'Education
Nationale. Etaient également présent: MM. Michel
Doo Kingue, Chef de la Division Afrique de l'UNESCO, le Directeur
de l'Institut National de Recherches et de Documentation entouré
de ses proches collaborateurs, les membres du Corps Diplomatique
et Consulaire et plusieurs personnalités de la capitale
guinéenne.
L'Institut aura ainsi un magnifique cadre qui s'insère
dans la Cité Universitaire comprenant d'ores et déjà
l'Institut Polytechnique, les Lycées Classique et Technique,
les Ecoles Nationales de la Santé. Les chercheurs, les
professeurs, les élèves et étudiants auront
de ce fait à leur disposition le jardin botanique déjà existant un parc zoologique avec des échantillons de la faune guinéenne (pachydermes, sauriens, fauves, etc ... )
des laboratoires une bibliothèque et un centre de documentation.
L'Institut est également appelée à hériter
du village guinéen dont la mise en chantier est envisagée
dans le cadre du plan septennal, et pour lequel un crédit
de 130.000.000 de francs a été inscrit au budget
du plan. Ce village que l'on devra au Festival de l'Art Africain
et de la Culture qui aura lieu courant 1966 à Conakry permettra
aux visiteurs de trouver en pleine capitale les habitations reconstituées avec le plus grand souci d'authenticité des différentes populations guinéennes, chaque case abritant un petit musée renfermant à côté des objets ethnographiques, le mobilier, les ustensiles et les outils usuels.
Le public aura aussi sous les yeux dans ce village des artisans
au travail: potiers, cordonniers, tisserands, forgerons, bijoutiers,
tailleurs de bois, sculpteurs, graveurs, etc... et pourra se procurer
sur place les objets qu'ils auront fabriqués ainsi devant
lui.
Et sera enfin réalisé l'un des objectifs de l'Institut formulé dans l'arrêté du 15 Décembre 1943, (article 7): l'organisation d'une section des arts (africains) chargée de l'inventaire artistique de la Guinée et du recensement des artistes, section qui encouragera au respect des styles locaux authentiques et à la reproduction des meilleurs modèles.
L'Institut National de Recherches et de Documentation groupe les Départements et Services suivants:
I. - SECTIONS SCIENTIFIQUESMais il ne dispose pas de personnel spécialisé. Toutefois, ces diverses installations et collections scientifiques sont à la disposition des chercheurs bénévoles et reçoivent des savants et professeurs étrangers dont les travaux sont publiés par les soins de l'Institut.
Ce Laboratoire doté d'un matériel suffisant de
verrerie et d'appareils divers (loupe binoculaire, étuve,
balance de précision, pHmètre) peut permettre à
des chercheurs de disciplines diverses de se livrer à des
investigations poussées dans des conditions convenables.
A cela, il faut ajouter les collections de poissons, mollusques,
crustacés qui peuvent d'ores et déjà donner
lieu à publication de catalogues.
Situé dans la concession même de l'Institut,
le jardin botanique a été créé et
organisé par M. Raymond Schnell, botaniste, de Novembre
1944 à un Novembre 1945. L'insuffisance de personnel n'a
pas permis à un botaniste de le revoir. Néanmoins,
il a été jusqu'ici l'objet de l'attention constante
des directeurs successifs qui, selon les principes établis
par M. Schnell, se sont efforcés d'y introduire la plus
grande variété d'espèces. La spoliation d'une
partie de la concession en 1950, au profit du Service de l'Elévage,
le manque de moyens pour effectuer des travaux de protection contre
la mer qui mord sans cesse dans la terre ferme, ont empêché
son extension souhaitée.
Le jardin réunit actuellement une centaine de spécimens
de diverses plantes tropicales. Il peut servir de terrain d'essai
pour étudier la résistance à la proximite
de la mer de certaines espèces végétales.
La chaîne du Mont Nimba qui culmine à 1752m est
située à l'intersection des frontières du
Libéria, de la Côté d'Ivoire et de la Guinée.
C'est, après le Loma (2 000 m) en Sierra-Léone le
point le plus élevé de l'Afrique de l'Ouest.
Placée à un véritable carrefour climatique,
par 8° de longitude Est et 6°, de latitude Nord, elle
présente dans tous les domaines une originalité
remarquable avec ses forêts équatoriales denses,
ses savanes particulièrement florissantes, ses prairies
d'altitude luxuriantes et aussi une faune exceptionnellement variée
de vertébrés et d'invertébrés dont
des espèces rarissimes dans le monde.
C'est au professeur Auguste Chevalier que l'on doit au début
de ce siècle, la découverte de l'intérêt
biologique de cette région privilégiée d'où
le Cavally prend sa Source et qui joue un rôle éminemment
important en tant que régulateur climatique et hydrologique
de la zone concernée couvrant 18.000 hectates environ dont
les 2/3 en territoire guinéen.
Il apparut ainsi nécessaire d'assurer la sauvegarde de
ce patrimoine irremplaçable contre toutes sortes de déprédations.
Les démarches entreprises en ce sens sous l'impulsion des
professeurs Roger Heim, Directeur du Muséum d'Histoire
Naturelle à Paris, Théodore Monod, Directeur de
l'Institut Français d'Afrique Noire devaient aboutir au
décret du 5 juillet 1944 31 promulgué en A.O.F. par l'arrêté général n° 2241 A.P.
du 9 Août 1944 mettant en réserve naturelle intégrale
la partie de la chaîne du Mont Nimba située en Guinée
et en Côte d'Ivoire.
La réserve constituée en domaine intangible sous
le régime de la Convention Internationale de Londres de
1933 32 était placée sous le contrôle scientifique du Muséum d'Histoire Naturelle représenté en Afrique Occidentale Française par l'I.F.A.N.
De 1944 à 1946, ce contrôlé fut exercé
par le Centrifan de Guiné 33 et de 1946 à 1958, la gestion releva du Centrifan de Côte d'Ivoire 34.
La règlementation découlant de l'application de la Convention de Londres, objet de l'arrêté général n° 6907 SET du 16 Août 1956 35, y est d'une rigueur exceptionnelle:
Depuis l'indépendance guinéenne en 1958, les règles de rigueur ont été observées et le gardiennage, le bornage et la surveillance ont été organisées grâce aux efforts consentis par la République de Guinée et aussi grâce à la solidarité internationale qui s'est manifesté par l'intermédiaire de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature sous la forme d'une subvention de 15.000 francs suisses.
L'I.F.A.N. (en la personne du Directeur du Centre de Côte
d'Ivoire) a installé en 1946 une station en bordure de
la Réserve Intégrale Naturelle, station connue sous
le nom de base IFAN N°1, NIMBA dont le rôle est double et qui comprend d'une part une installation centrale pour le contrôle de la réserve, d'autre part un campement laboratoire à l'usage des chercheurs qui, venus des organismes scientifiques et des pays les plus divers, participent depuis lors à son inventaire scientifique.
Les installations matérielles couvrent 600 mètres
carrés et comportent:
Un personnel spécialisé assure la surveillance et
l'entretien de l'ensemble et effectue péridiquement les
relevés pluviométriques.
La conservation du milieu biologique et naturel ainsi réalisée,
les conditions de travail mises à la disposition des chercheurs,
ont permis la poursuite et la publication de nombreux et importants
travaux de géographie, géologie, botanique, zoologie,
climatologie, etc... qui représentent à l'heure
actuelle des centaines de références, non compris
les travaux en cours de publication.
Le Nimba a conquis ainsi une renommée mondiale et cela
mérite qu'on s'attarde quelque peu sur l'apport considérable
qu'il a apporté à la connnaissance de la nature.
C'est en 1942 après le passage du célèbre
botaniste, le Professeur Auguste Chevalier, qu'eurent lieu les
premières prospections de la montagne et de la région
environnante. La mission scientifique envoyée sur le terrain
placée sous l'égide de l'I.F.A.N. et organisée
par la Ligue Maritime et Coloniale comprenait
En 1946 (d'Aoùt à Octobre), M. Lamotte nanti d'une
bourse de l'I.F.A.N. revint et se consacra plus spécialement
à l'étude des batraciens (du crapaud vivipare Nectophrynoides
notamment) et à celle des fourmis et des termites. En même
temps étaient mises au point les techniques de récoltes
quantitatives, essayées déjà en 1942 et qui
devaient être utilisées intensément au cours
des missions à venir.
A la même époque, MM. P.L. Dekeyser et A. Villiers,
zoologistes de l'I.F.A.N. de Dakar faisaient un séjour
de trois semaines à N'Zoo collectant sur le versant occidental
de la montagne des animaux de tous les groupes.
De juillet à Décembre 1591, une nouvelle mission
organisée par l'I.F.A.N., permettait à MM. M. Lamotte
et R. Roy de compléter les récoltes de 1942 et d'apporter
de nombreuses données sur la densité des diverses
espèces animales habitant les milieux herbacés de
la Réserve et plus spécialement la prairie d'altitude.
Et l'on put ainsi préciser les limites de répartition
de nombreuses espèces orophiles et la localisation des
divers endémiques. Outre, des chasses à la lumière
conduisirent à la constitution d'importantes collections
d'insectes divers, lépidoptères notamment.
Une excursion organisée à l'occasion du Vème
Congrès International des Africanistes de l'Ouest tenu
à Abidjan en 1953 donna la possibilité d'effectuer
des récoltes en prairie d'altitude, alors au plus fort
de la saison sèche.
En 1954, en collaborateur de M. Lamotte, M.V. Vilter, séjourna de Mars à Octobre pour collecter des crapauds Necitophrynoides et compléter les observations déjà faites sur cette curieuse espèce.
Deux entomologistes de l'Office de la Recherche Scientifique des
Territoires d'Outre-Mer (O.R.S.T.O.M.) MM. J. G. Pointel et P. Réal vinrent en Mars 1955 faire des récoltes à
la case-laboratoire de Ziéla et notamment des chasses importantes
à la lumière ultra-violette.
En Août et Septembre 19-56, puis de janvier à juin
1957 nous retrouvons M. M. Lamotte et deux jeunes collaborateurs
étudiants à Lille, MM. J. L. Amiet et P. Vanderplaetsen à pied d'oeuvre pour des prospections quantitatives du peuplement des milieux herbacés d'altitude, prolongeant en saison sèche et en saison de tornades les recherches
faites en 1951 durant les mois de pluie. En même temps eurent
lieu d'importantes récoltes de petits mammifères
(rongeurs et insectivores notamment), de batraciens et, grâce
à l'installation de chasse aux rayons ultra-violets mise
en place par M. J. L. Tournier, d'insectes divers.
De Décembre 1958 à l'évrier 1959, pour compléter
les recherches dans le secteur forestier du Sud-Est de la Réserve,
demeuré plus négligé que les milieux herbacés,
MM. R. Roy, M. Condamin et B. Faye, entomologistes de l'I.F.A.N.,
effectuèrent des ramassages dans toute la région
située entre Tiapleu et Yéalé.
En 1959 également, M. et Mme Vogeli collectaient sur la crête du Sud du Mont Jacques Ricbard-Molard, en territoire ivoirien, plusieurs centaines de Nectopyrinoides vivants destinés à l'expérimentation, ainsi que divers petits mammifères, reptiles et batraciens.
A ces diverses missions scientifiques, il convient d'ajouter
les ramassages de reptiles et petits mammifères effectués
depuis 1946 autour de la base I.F.A.N. de Ziéla sous la
direction de M. J.L. Tournier et aussi les ramassages systématiques
de Nectopyrinoides opérés toujours par le Directeur
du Centrifan de Côte d'Ivoire.
Le bilan de toutes ces récoltes est impressionnant: plus
de 200.000 spécimens appartenant aux divers goupes zoologiques qui ont été préparés soit au Muséum d'Histoire Naturelle à Paris, soit au Laboratoire de l'Ecole Normale Supérieure de Paris soit à l'I.F.A.N. de
Dakar pour être ensuite distribués aux spécialistes.
Un des aspects aberrants de ce problème, c'est que la Guinée
a été oubliée dans ce partage et ne dispose,
à notre connaissance, du moindre échantillon des
collections récoltées sur son territoire national.
Ceci dit en passant.
Depuis l'indépendance guinéenne, on a pu déjà constater que la station de Mont Nimba à continué à accueillir les chercheurs étrangers.
A ceux déjà cités, il convient d'ajouter:
La mission de M. Pierre Aguesse, expert de l'UNESCO (Août 1961-Février 1962) axée sur la botanique, la zoologie et la climatologie qui va permettre à l'Institut National
de Recherches et de Documentation de réunir sa première
collection de spécimens récoltés sur le Mont
Nimba. 37
Pour en revenir aux travaux entrepris à la station, les abondantes récoltes effectuées ont permis une étude très sérieuse de nombreux groupes zoologiques, ce qui donne une bonne idée de la faune du Nimba. C'est le cas notamment des diverses classes de Vertébrés. Il est apparu que le nombre des espèces y était particulièrement élevé. On connaît ainsi du Nimba
La faune des invertébrés n'est pas moins riche bien que son étude n'est pas toujours aussi avancée que celle des Vertébrés. Dans la forêt tropicale, le monde des Oligochètes, des Myriapodes, des Araignées, des Insectes est d'une variété considérable et les prospections faites autour du Nimba, bien qu'elles aient apporté des centaines d'espèces nouvelles, sont loin d'en épuiser les richesses. Aussi peut-on s'attendre à de nouvelles découvertes dans ce domaine.
Les milieux herbacés de plaine, activement prospectés, gardent aujourd'hui moins de secrets: ils sont plus faciles à étudier, et leur peuplement animal est aussi moins riche. Quant aux milieux herbacés d'altitude, qui font l'originalité du Nimba, ont peut penser que leur faune est maintenant bien connue. Certes, ces milieux se montrent-ils assez pauvres en espèces, mais ces espèces sont, pour la plupart, particulières à cette zone d'altitude et beaucoup constituent des endéiniques.
Dans son ensemble le Mont Nimba apparaît ainsi comme la région d'Afrique Occidentale à la fois la plus riche et de beaucoup la plus prospectée au point de vue zoologique.
Touchant le domaine de la géographie et de la géologie, force nous est de revenir quelque peu en arrière pour rappeler que l'esquisse géographique de la chaîne de Nimba fut mise en route en Août 1943 par MM. Maxime Lamotte et Jean-Charles Leclerc s'appuyant sur des données recueillies de Février à juin 1942 au cours de la mission évoquée tout à l'heure, organisée avec le concours de la Ligue Maritime et Coloniale. MM. Raymond Schnell, botaniste, A. Obermuller, géologue du Service des Mines de l'A.O.F. et Roland Portères, Chef du service de l'Agriculture en Haute-Guinée et Directeur des Stations agricoles de Sérédou et du Tonkoui participaient également à cette mission.
Des difficultés surgirent qui ne permirent pas la mise au point des travaux jusqu'en 1946 où deux nouvelles missions réunissaient de nouveau à pied d'oeuvre. MM. Lamotte et J.-Ch. Leclerc, mais pour une dizaine de jours seulement. C'est un mois plus tard que Jean-Charles Leclerc fut mortellement foudroyé à Kissidougou sans avoir pu écrire une ligne de l'étude projetée.
En 1948, Jacques Richard-Molard, Chef de la Section géographique de l'I.F.A.N. de Dakar prenait la succession et se chargeait en particulier de rédiger le chapitre du travail relatif au climat que s'était réservé J.-Ch. Leclerc tout en assurant sa collaboration aux titres consacrés
aux problèmes morphologiques. Peu après devant l'importance accrue que les documents accumulés semblaient donner aux études, M. Roland Portères devenu professeur d'Agronomie Tropicale au Muséum d'Histoire Naturelle à Paris prenait en charge l'étude de la végétation
et acceptait de collaborer aux chapitres sur le Climat et les
Sols.
En 1950, une nouvelle mission était décidée,
qui devait se pencher sur l'étude des cuirasses ferrugineuses
et latéritiques de l'Ouest-Africain et tout naturellement
devait revoir au passage quelques aspects des problèmes
du Mont Nimba avant d'en achever l'exposé. Cette mission
comprenant outre MM. M. Lamotte, J. Richard-Molard, G. Rougerie, géographe attaché au Centre I.F.A.N. d'Abidjan.
R. Roy, zoologiste de l'Ecole Normale Supérieure de Paris,
arrivait sur le terrain dans le courant de juillet 1951. Huit
jours plus tard, le 29 juillet 1951 plus exactement, au cours
d'une reconnaissance géologique Jacques Richard-Molard
fit une chute mortelle et repose aujourd'hui au pied du Nimba dont un des pics porte son nom.
M. G. Rougerie accepta de se joindre à l'équipe
pour mener à son terme l'ensemble de travaux.
Un complément de prospection fut effectué après
la tragique disparition de Jacques Richard-Molard, puis en Octobre
1951 au retour d'une mission d'études dans la chaîne
du Simandou.
En Décembre 1953, quelques points de détails furent
revus sur le terrain, à la faveur de l'excursion organisée
par l'I.F.A.N., lors du Ve congrès International des Africanistes
de l'Ouest.
L'ensemble de ces travaux a fait l'objet en 1955 d'un des Mémoires
de l'Institut d'Afrique Noire.
C'est dire que le Nimba a encore une fois de plus conquis dans
divers domaines une réputation internationale et a pris
place dans l'histoire de la science. Et les cinq importants volumes
déjà parus des Mémoires de l'I.F.A.N. de
Dakar sur la Réserve Intégrale Naturelle en témoignent éloquemment. Ce sont:
N° 22 Végétation et Flore de la Région Montagneuse du Nimba (Afrique Occidentale Française). Thèse de doctorat ès-sciences de M. Raymond Schnell, Professeur à la Faculté de Sciences de Paris, 1952, 604 p., 12 fig., 24 pl. h. t.
N° 40 La Réserve Naturelle Intégrale du Mont Nimba, fascicule 11, 1954, 402 p., fig., 1 pl. h. t.: 32 articles de zoologie sur les Odonates, Planipennes, Trichoptères, Plécoptères, Dictyoptères, Orthoptères, Chélentoptères, Dermaptères, Coléoptères, Lépidoptères, Hétéroptères et Reptiles
.
Deux articles de W. D. Hincks:
- le premier consacré à des Dermaptères récoltés par M. Lamotte de Février à juin 1942;
- Le deuxième consacré à neuf autres espèces récoltés soit par M. Lamotte en 1942, soit par MM. M. Lamotte et R. Roy de Juillet à Décembre 1951;
- et un appendice de MM. M. Lamotte et R. Roy (texte en français).
A cette abondante documentation donc rassemblée dans
les Memoires de l'IFAN de Dakar dont nous venons de donner un
dépouillement complet, il reste à étudier
les collections récoltées par M. Pierre Aguesse
39, Expert de l'UNESCO, et dont M.A. Villiers a commencé
l'identification en 1963 40, l'I.F.A.N. de Dakar, annonçant
un autre numéro de ses Mémoires sur les résultats
des Recherches écologiques poursuivies sur le Nimba depuis
vingt ans.
Nous donnons plus loin avons-nous déjà dit un inventaire
du millier ds spéciiiiens recueillis par M. Aguesse.
Mais malgré tout, il s'en faut de beaucoup pour que tous les groupes d'animaux du Mont Nimba soient entièrement étudiés. C'est ainsi que
restent sans identifications.
Parmi les Myriapodes, l'étude des Diplopodes est à
peine commencée.
Même dans les groupes bien connus dans l'ensemble, certaines
familles de certaines tribus restent encore inétudiées:
c'est le cas des
Latiocampides et de nombreux autres Hétérocères
parmi les Lépidoptères
des Elatérides, de certains Chrysomélides et Scarabéides
parmi les Coléoptères.
Enfin dans le domaine des Collemboles, des Acariens, des Nématodes du sol tout reste à à faire.
C'est autant d'appels à la solidarité internationale
que nous lançons du même coup pour achever l'inventaire
faunistique et floristique de la Réserve du Mont Nimba,
comme pour approfondir la connaissance sur l'écologie,
la biogéographie, le milieu physique (géomorphologie,
etc ... ), de cette zone privilégiée entre toutes
afin que l'ensemble des matériaux que nous réunirons
permettent à nos successeurs d'aboutir à des conclusions
tangibles sur le complexe biologique qui ne cessera de nous préoccuper.
Certes, des inquiétudes se sont manifestées et se
manifestent encore quant au sort de la Réserve Intégrale
du Mont Nimba.
Nous ressentons tout le poids de ces inquiétudes devant
cette « richesse irremplaçable pour l'Afrique et
pour toute l'humanité », comme l'écrivait
si bien notre ami Jean Suret-Canale.
Et une image nous vient à l'esprit: celle de cette jeune
femme qui se retrouve un pilon entre les mains devant un mortier
au fond duquel est assis son magnifique bébé. La
maman a soulevé le pilon pour l'abattre sur son enfant
combien beau qui lui sourit de toutes ses petites dents blanches...
Le problème du Mont Nimba est à cette dimension
et il est permis d'espèrer grandement, et chaque jour
nous renforce dans cette conviction que sera sauvegardé
ce joyau de la nature assurément le plus bel élément
du patrimoine biologique Ouest-Africain.
(A suivre)
Mamadou Traoré Ray Autra Notes
1. Notes Africaines, Dakar, N° 90 Avril 1961. p. 33.
2. Notes Africaines, déjà cité, p. 33. Souligné
par moi, M.T. Ray Autra.
3. Op. cité, p. 36
4. Vadier, ancien Gouverneur de la Guinée Française.
5. Actuel Ministre de la Justice du Gouvernement de la République
du Dahomey (devenu le Bénin)
6. N° 90 Avril 1961, déjà cité.
7. Op. cité, p. 43. Souligné par moi, M.T. Ray Autra
8. For heureusement l'Afrique indépendante a su « récupérer » ces laisser-pour compte de la
colonisation pour les hisser au niveau des hautes responsabilités
dans leurs pays, les deux premiers étant aujourd'hui Ministres
et le 3ème représentant permanent de la Côte
d'Ivoire auprès de l'UNESCO, est auteur de livres qui ont
eu les faveurs de la presse mondiale.
9. Op. cité, p. 48. Souligné par moi, M.T. Ray Autra
10. Op. cité, p. 43. Souligné dans le texte
11. Discours enregistré du président Sékou Touré adressé aux membres du Congrès des
hommes de culture noire, réunis à Rome le 29 Mars
1959 in L'Action politique du PDG en faveur de l'émancipation
de la jeunesse guinéenne, p. 168. Souligné par moi,
M.T. Ray Autra.
12. J.O.A.O.F. du 25 Septembre 1943, N°2076, p. 716
13. J.O.A.O.F. du 1er Janvier 1944, N°2091, pp. 5-6
14. Les Archives conservent à ce propos des correspondances édifiantes sur les moyens clochesmerlesques employés notamment par un des Gouverneurs de la Guinée pour entraver l'activité du Centrifan. (J. Suret-Canale in Note au Secrétaire d'Etat à l'Information, 1959)
15. Rapport annuel sur le fonctionnement de l'I.N.R.D., 1961.
16. Journal Officiel de la Guinée Française (J.O.G.F.), N° 1062, 15 Avril 1944, p. 79
17. Cabinet du Gouverneur
18. Le transfert du cimetière « indigène » à Camayenne est due à une action vigoureuse de la Section Guinéenne du Rassemblement Démocratique Africain.
19. « Erreurs noires », article paru dans le N° 3 de Présence Africaine, pp. 391-444.
20. L'Auteur de ces lignes a aussi travaillé quelque temps, lorsqu'il fut affecté à l'I.F.A.N. en 1943, dans
ce triste voisinage avec son ami Mamadou Madeira Kéita, vétéran du Centrifan qui vécut des années dans cette promiscuité.
21. Ce qu'est l'I.F.A.N. et ce que doit être son Centre de Guinée, article paru dans la Guinée Française, Bulletin quotidien d'information du Gouvernement de la Guinée, N° 3004, du 22 Février 1947.
22. Mamadou Madeira Keita, aujourd'hui Ministre de la justice du Gouvernement de la République du Mali, était à l'époque comptable des Travaux Publics détaché à l'I.F.A.N. Il avait suivi avec les Alexandre Adande, Bernard Blin Dadié... un stage d'archiviste avec M. André
Villard, Archiviste-Paléographe de haute valeur qui avait
prodigué à ses élèves un enseignement
de qualité faisant fi de la doctrine colonialiste qui voulait
que l'on dosât l'instruction destinée aux «
indigènes » ... M. M. Keita passera ensuite dans
le cadre des Agents techniques de l'IFAN et si one voulut jamais
lui confier la direction du Centre on préféra
chercher des fonctionnaires « blancs » étrangers
à l'Institut , il en a été incontestablement
l'âme pendant les années héroiques. Non seulement
il accomplit cette écrasante tâche de tri et de classement
des archives et publications, on lui doit de les avoir sauvés.
Il est bon de rappeler à ce sujet que Madeira eut en 1943
la charge de tranférer les archives à Kouroussa
et c'est lui-même qui prépara un trai entier de documents
qu'il devait un ou deux ans plus tard faire réintégrer
au Centre IFAN à Conakry.
23. Payot, 1946.
24. Editions Sociales. Paris, 1ère édition 1958, 2ème édition, 1961. Compte-remdu de Mamadou Traoré
Ray Autra in Recherches Africaines, N° 3 Juil-Sept.
1960, pp. 77-79.
25. Editions Sociales, Paris, 1964. Thèse de Doctorat présentée
en 1964 à l'Université de Moscou.
26. Ministère de l'Education Nationale, Conakry, 1 ère
édition. Présence Africaine, Paris, 1961.
27. L'Institut, sous le contrôle du Ministère de
tutelle, a géré jusqu'en 1964 les crédits
mis à sa disposition.
28. Plusieurs de ces accords bilatéraux sont actuellement
en cours d'exécution.
29. Journal Officiel de la République de Guinée,
N° 13, 1er Juillet 1961, p. 173.
30. Rapport du Directeur de l'Institut à M. le Président
de la République en date du 10 Février 1965.
31. J.O.A.O.F., N° 2124 du 19 Août 1944, p. 582
32. Convention relative à la conservation de la Faune et de la Flore à l'Etat Naturel dite « Convention
de Londres » (8 Novembre 1933).
Cette Convention définit à l'alinéa 2 de
son article II le sens des mots « Réserve Naturelle
Intégrale »:
L'expression « réserve naturelle intégrale
» désigne une aire placée sous le contrôle
public et sur toute l'étendue de laquelle aucune espèce
de chasse ou de pêche, toute exploitation forestière,
agricole ou minière, toutes fouilles ou prospections, sondages,
terrassements ou constructions, tous travaux tendant à
modifier l'aspect du terrain ou de la végétation,
tout acte de nature à nuire ou à apporter des perturbations
à la faune et à la flore, toute introduction d'espèces
zoologiques ou botaniques, soit indigènes, soit importées,
sauvages ou domestiques, seront strictement interdites; où
il sera défendu de pénétrer, de circuler
ou de camper sans autorisation spéciale écrites
des autorités compétentes, et dans laquelle les
Recherches scientifiques ne pourront êtres effectuées
qu'avec la permission des autorités ».
Et ajoute l'article 3:
33. Arrêté général N° 2699 du 28
Septembre 1944, J.O.A.O.F N° 2131 du 7 Octobre 1944, p. 710
34. Arrêté général N° 2648/IFAN
du 24 Juin 1946, J.O.A.O.F N° 2233 du 6 Juillet 1946, p. 870
35. J.O.A.O.F., N° 2823 du 25 Août 1956, pp. 1525-1526
36. Professeur Agrégé de Lyon, qui devait mourir
accidentellement en 1946, à Kissidougou au cours d'une
nouvelle mission scientifique.
37. Voir les détails de cette mission au paragraphe Missions et Visites.
38. Il s'agit là de spécimens zoologiques collectés
par M. Maxime Lamotte de Février à Juil 1942, auxquels
ont été joints ceux de M. A. Villiers en Septembre
1946 pour les Pseudoscorpions, les coléoptères Cerambycidae,
Hyménoptères Formicidae, Hemiptères héteroptères
terrestres.
39. déjà cité.
40. in Mémoires de l'Institut Français d'Afrique
Noire, N°66, fascicule V, pp. 479-565.
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