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Presse écrite
La Lance

N° 110 du 27 janvier 1999


Seul un congrès peut sauver le PUP

La Guinée, indépendante par bulletin de vote et proclamée République le 2 octobre 1958, a été dotée d'une constitution républicaine. Mais très tôt, à la faveur de l'inexpérience, du taux d'analphabétisme trop élevé et de la mauvaise foi, au nom du PDG, fut phagocyté l'Etat, et avec lui, l'Etat de droit.

Le militant fut éduqué à l'Ecole de la Démagogie, alors que le citoyen ex-sujet colonial, sans vertu républicaine, ne reçut en conséquence, aucune éducation civique. Ce fut l'aboutissement d'une double trahison: la trahison du parti d'une part et en même temps, la trahison de l'Etat. Ainsi le Parti se substitua à l'Etat pour devenir à la fois gestionnaire et contrôleur des affaires législatives étatiques et judiciaires. La trahison nationale était déjà effectivement consommée.

La Guinée ne peut se construire autour d'une ethnie, d'une classe ou d'un sexe. Encore moins en dehors. La Guinée est une et indivisible, et les responsabilités de son destin, partagées.

D'étapes en étapes à pas mesurées, dans la longue trajectoire du redressement, les institutions républicaines sont mises en place après 36 ans d'indépendance. Mais, de contradictions en contradictions et parallèlement, les inconditionnels du parti-Etat ont repris l'arène politique et administrative.

Le PUP est en train d'être trahi comme a été trahi le PDG-RDA. Au nom du parti, pour des causes injustes, les institutions républicaines sont bafouées et le peuple livré à la merci des mauvais citoyens et agents de l'Exécutif.

Il ne faut pas défendre pour défendre. Mais défendre pour être défendu et sauvé à travers le peuple. Le PUP, en tant que parti majoritaire, ne méritait plus d'être fiché « supporter de tortionnaires » et ennemi des institutions républicaines. Voilà ce à quoi s'impliquait l'intervention du Secrétaire Général du PUP au nom de son BPN. La faute commise est politiquement grave et mérite la convocation d'un congrès extraordinaire. Les sections du PUP devraient réagir et réclamer ce congrès. Le congrès de la vérité et de la responsabilité du parti pour son avenir heureux d'être à l'avant-garde de la démocratie multipartite.

Hélas, par démagogie, opportunisme et haine subjective, le parti est sali et même le chef de l'Exécutif, puisqu'on défend à son nom une cause injuste. Il est ainsi passé pour un complice de la torture, malgré les disculpations par Sama Panival d'abord et par Biro Diallo ensuite.

Que Dieu nous sauve de certaines amitiés, surtout celles des sots. Le président de l'Assemblée Nationale n'a fait que son devoir, à savoir, ne pas se taire en complice sur des dénonciations graves de telles envergures. Surtout que, tout en disculpant le chef de l'Etat et son gouvernement, le Procureur de la Cour de Sûreté avait déjà impliqué les tortionnaires sans les arrêter.

Le chef du Législatif a abondé dans le même sens sous forme de rappel à l'ordre constitutionnel. L'unité et le Progrès ne se gèrent pas de cette fa&cccedil;on. De Biro et Somparé qui est pour Lansana Conté ? Qui est pour le progrès et l'Unité du Peuple (PUP)? Le parti ne doit pas être au service d'un homme, mais c'est l'homme forgé à son image qui doit être au service de son idéal. Militants et dirigeants à tous les échelons doivent se conformer à cette discipline, à sa philosophie.

Le parti est une cristallisation d'idées fortes de la nation, pour son développement socio-politique économique et culturel auquel on adhère librement. Il doit rester impersonnel.

C'est la motivation démocratique qui a fait triompher le PDG-RDA. Certes il y a 40 ans que le peuple de Guinée aspire à la Démocratie pour s'autogéré. Mais les opportunistes et les démagogues l'ont toujours contrariée.

Il est donc temps de tirer les leçons du passé pour ne pas subir le tort infligé aux idéaux du vrai PDG-RDA. Les gestionnaires de ce parti transformé en parti-Etat, devraient répondre de leur forfaiture devant l'histoire qui les a déjà condamnés. Leurs victimes doivent êtres réhabilitées, parce que l'histoire leur a donné raison eu égard à l'échec de la Révolution.

Ah. O. Barry