La Lance. N° 159 — 5 janvier 2000
La loi de Finances de l'an 2000 a été adoptée le 30 décembre 1999. Comme d'habitude , le président de l'Assemblée Nationale, El hadj Biro Diallo, n'a pas porté de gants pour fustiger les maux dont souffre la Guinée.
Tout a débuté à 10 h 30, par la présentation du rapport final sur le projet de loi de Finances initial pour l'an 2000.
Les recettes intérieures s'élèvent à 632, 20 milliards de FG, les recettes extérieures à 422,50 milliards. Quant aux dépenses courantes, elles sont évaluées à 642,35 milliards, et les investissements à 429, 34 milliards. Les dépenses totales se chiffrent donc à 1 071, 70 milliards de nos francs. Le projet de loi a été voté par 65 députés contre 26 de la Codem se sont abstenus à cause, “de la mauvaise gestion et de la mauvaise gouvernance du régime de Conté”.
S'adressant au premier ministre Me Lamine Sidimé dans son discours de clôture, le président de l'Assemblée Nationale, a fait remarquer “que depuis que celui-ci est en fonction, son institution n'a pas été gratifiée de la déclaration de politique générale de développement du gouvernement, et que le budget de l'an 2000 se présente avec les mêmes insuffisances qui ont été déjà dénoncées par le passé”. Ainsi, selon El hadj Biro, le projet est déposé sans aucun des documents d'accompagnement légaux permettant d'opérer quelque contrôle que ce soit, sans aucun élément comparatif fiable permettant d'apprécier objectivement ni les recettes, ni les dépenses. Il ajoute que les récentes difficultés de la Guinée avec la Banque Mondiale et le FMI s'expliquent par le fait que l'exécution budgétaire laisse encore à désirer, tant dans sa partie recettes que dans celle des dépenses.
“Monsieur le ministre de l'Economie et des Finances, contrairement à ce que vous pourriez penser, nous ne faisons pas que des critiques négatives. Nous saluons les efforts louables que vous déployez avec acharnement, opiniâtreté et détermination pour réussir à infléchir la rigueur de nos partenaires de la Banque Mondiale et du FMI face à nos fréquents et importants dérapages financiers”, a-t-il insisté avant, d'indiquer :
“Si vous ne déployez pas plus d'efforts, plus de détermination dans la lutte contre les vols, les détournements, la corruption… tous les soutiens extérieurs ne seront que peine perdue”.
Quant à l'appel lancé par le ministre aux fonctionnaires pour geler leurs revendications pendant la période difficile que traverse le pays, El hadj Biro répond qu'il sera certainement bien entendu. A condition que les sacrifices ne soient pas à sens unique.
“Nous, hauts cadres de l'Etat, nous devons donner l'exemple, en revoyant à la baisse notre standing de vie”. Par ailleurs, le Président de l'Assemblée Nationale a fustigé les arrestations qu'il qualifie d'extrajudiciaires. Il cite l'arrestation de l'Administrateur du groupe de presse “L'Indépendant” ainsi que celle de Hervé Vincent Bangoura, ancien ministre, ancien ambassadeur, commis par le chef de l'Etat pour enquêter sur les détournements à “Friguia-ANAIM”. Justement sur la question, il estime que, puisque les principaux accusés dénoncent leurs ministres, la Haute Cour de Justice doit se saisir de ce dossier. Il a évoqué aussi le cas de son collègue, Alpha Condé, détenu sans jugement depuis plus d'un an, en dépit de l'immunité que lui reconnaît la loi fondamentale. Pour lui, il faut purement et simplement le libérer.
Pour terminer, El Hadj Biro Diallo a présenté, au seuil de la nouvelle année, ses voeux les meilleurs à ses collègues, aux membres du gouvernement, aux institutions de la République ainsi qu'aux représentants du corps diplomatique et des institutions internationales.
Bamba Bakary Gamalo
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