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Presse écrite

L'Indépendant Plus

11 mars 1999


Détournement : Les malheurs de Friguia

A ce jour, la société Friguia traverse la période la plus difficile, depuis son implantation comme première usine [d'alumine] en terre africaine à Fria. A l'origine de cette situation du reste déplorable, le passage de nombre de prédateurs à la tête de la société. A titre d'exemple, le précédent secrétaire général de ladite société qui vient d'être radié des effectifs de Friguia. On lui reproche le détournement d'un montant de 1 milliard 700 millions de Francs Guinéens. Dans la crise qui frappe Friguia apparaît également en filigrane la difficile cohabitation des membres du collège syndical nouvellement installé.

A Fria actuellement, ce qui défraie la chronique, c'est le détournement d'environ 4 milliards de nos francs au préjudice de la société Friguia et la radiation de M. Ly Bocar.

Le moins qu'on puisse dire est que la situation actuelle de Friguia était prévisible, depuis le lendemain de la « grande crise » qu'a traversée cette entreprise en 1997. A cette occasion, ce qu'on appelle ici "les affairistes", montés aux commandes, n'ont fait qu'enfoncer Friguia. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que les partenaires composés de

ont plié bagage en octobre dernier, qualifiant de catastrophique le bilan financier présenté lors du conseil d'administration de la société à Paris en juin 1998. Ce départ prématuré des partenaires a d'autant plus traumatisé Friguia que les premiers repreneurs qui s'étaient fait annoncer ont finalement désisté face à l'ampleur de ces malversations.

Faut-il rappeller que notre journal n'a pas cessé à l'époque, de tirer sur la sonnette d'alarme ?

Selon nos sources, plus de 4 milliards de nos francs se sont miraculeusement volatilisés des caisses de Friguia, au cours de l'exercice budgétaire 1997-98. Nombre de hauts cadres de Friguia et de l'administration auraient trempé dans cette affaire, comme le cas précis de M. Ly Bocar, ex-secrétaire général de Friguia, très loin du pays en ce moment pour un « stage de formation », récemment licencié et recherché par la police. Sur les 4 milliards Fg, on lui reproche le détournement de 1 milliard 700 millions Fg. La différence est mise à la charge de ses complices qui, pour le moment ne sont pas encore cités. Peut-être pour ne pas brouiller la piste des enquêtes en cours.

Pour en arriver là, il a fallu le passage des missions spéciales de Price et France-Fiduciaire Afrique (FFA) sur les comptes de Friguia de janvier à décembre 1998. Pour opérer ces malversations, de faux chèques auraient été émis par M. Ly et des membres du syndicat de redressement judiciaire, pour faire des retraits de numéraires au nom de la société Friguia.

A cela, faut-il ajouter

De toutes les façons, depuis plus de trois mois, le torchon brûlait entre le directeur général de Friguia, M. Léonard Jacob et le département de l'Energie et des Ressources naturelles. Le premier ne cessait d'exprimer sa déception face au long silence du ministre malgré les multiples lettres qu'il lui a adressées pour dénoncer ces détournements. M. Jacob avait-il compris plus tôt que tout le monde que c'est le fait d'avoir occulté cette affaire qui a précipité le départ des anciens partenaires, le découragement des repreneurs annoncés ? Voire ! Dans tous les cas de figure, la chute vertigineuse du prix de l'alumine par rapport à son coût de production rendra encore plus fragile la société Friguia. C'est pour toutes ces raisons que le Directeur général a récemment procédé à une profonde restructuration de l'ensemble des services de la société Friguia. A la différence des autres restructurations, Léonard Jacob a supprimé le poste de secrétaire général, précédemment occupé par M Ly Bocar et créé une direction administrative. Le nouveau promu au poste de directeur administratif est le docteur Ousmane Camara. Quoi qu'il en soit, le nouveau directeur administratif devra tirer des leçons de la situation actuelle pour privilégier les intérêts de Friguia et de l'Etat guinéen.

Par ailleurs, il faut rappeler que c'est sur un véritable fond de crise que le collège syndicale de la société Friguia fut renouvelé le 21 janvier. Ce qui explique la défaite de M. Touré Mamadouba — qui pourtant protestait énergiquement contre les grèves inutiles, la corruption et le pillage des ressources de Friguia durant son mandat — face à son concurrent Seydouba Sylla de l'Onlsg. Le premier, qui represente la Cntg, sera quand même élu sixième titulaire parmi les nouveaux délégués syndicaux. Depuis, tout n'est pas rose dans ce collège syndical. Après la résolution du problème de détournement, l'on devra se pencher sur cette difficile cohabitation des nouveaux délégués. La relance effective des activités et la prospérité de l'entreprise en dépendent.


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