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Presse écrite


Friguia. On perd tout !

Le Lynx. N° 370 - 26 avril 1999


Friguia est devenu une affaire de silence. Quand le fric remonte à la surface, l'alumine disparaît. Il ne reste plus que le train pour siffler … trois fois.

Côté détournement, on ne craindrait plus que les retournements des vestes. Heureusement que le pays est cachotier. A telle enseigne qu'aucune grosse légume n'est au courant. Elles vont certainement ignorer jusqu'au dernier remboursement. La Guinée, c'est un pays de paix, non ? La bénédiction couvrira tous ceux qui auront couvert quelque chose susceptible de mener à quelqu'un d'autre dans le processus.

Pour l'instant, nous traînons notre boulet. C'est ce que nous a offert notre scandale géologique. Ce scandale est si vaste qu'on nous a vendu notre Friguia à un franc symbolique. Nous l'avons acheté à ce franc symbolique sans dire aux gens que notre franc symbolique n'était qu'une petite pièce d'une vaste symphonie dans laquelle nous entrons complètement aphones.

Heureusement d'ailleurs. Sinon comment allons nous raconter à ces mêmes gens qu'avec notre franc symbolique, nous n'avons racheté que des millions de dollars de dettes que nous devons rembourser au plus vite? Etant désormais les seuls actionnaires de Friguia, nous devons rembourser tout seuls. C'est la victoire en chantant, même si notre symphonie est incomplète.

Si vous soufflez maux à notre trésor public, chargé de régler les dettes de Friguia, il se mettra certainement à danser. Que faire alors?

D'abord et surtout trouver de toute urgence quelque 5 millions de dollars pour renflouer les caisses de Friguia afin de permettre à notre société chérie de continuer son existence paisible. Sinon…

Il ne faut pas dire la suite. Si Friguia ferme, c'est tout Fria qui s'effondre. De Sabendé au dernier village de Banguigni, tout le monde respire par l'usine. Enlevez le poumon, vous verrez si le coeur y sera.

Alors, il faut se battre pour revendre notre franc symbolique et ses dettes à quelqu'un d'autre. Mais, où le trouver? Il paraît que nous sommes en passe de manquer de crédits, dans tous les sens du terme.

Sinon, comment voulez-vous qu'on puisse nous rouler à ce point?

L'échec n'a pas été annoncé dans nos tentatives de revendre Friguia. Mais Reynolds que nous avions voulu courtiser un peu, ne nous a pas encore montré la beauté de sa signature au bas de l'accord. Alors, avec toute notre fierté, nous sommes suspendus entre ciel et terre. Pour le moment nous vendons la tonne d'alumine à 137 dollars. Il paraît qu'il en faut un peu plus pour couvrir les dépenses de production et les amortissements.
Quelques petits malins ont déjà usé de leur calculette pour prétendre qu'en 1999, Friguia ne perdra pas moins de 13 millions de dollars. Puisqu'actuellement la vache laitière de la boîte à alumine n'est pas l'alumine, mais le trésor public, on pourrait appeler cela opération fierté et plongeon. Ce n'est même pas un problème de détournement ou de remboursement. Si nous ne sortons pas la tête, c'est toute une préfecture qui nous suivra très bientôt dans notre fier plongeon.

D.S.


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