Paris: Présence africaine, 1961. 436 p.
Allocution prononcée par notre camarade Sékou Touré, Président du Conseil de Gouvernement, à la première séance de l'Assemblée Nationale de Guinée.
Conakry, le 2 Octobre, 1958, à 10 heures 15.
Monsieur le Président,
Messieurs les Conseillers,
Le Conseil de Gouvernement de la Guinée a convoqué en session extraordinaire votre Assemblée en raison la situation nouvelle créée dans le pays à la suite référendum du 28 septembre 1958.
La Constitution qui vient d'être ratifiée par une majorité du corps électoral de l'ancienne Union Française a été, par le peuple de Guinée, rejetée.
Conformément aux dispositions de cette même Constitution et aux déclarations faites à Conakry, le 25 août dernier, par le général de Gaulle, Chef du Gouvernement français, le résultat du référendum en Guinée place le Territoire en dehors de l'ensemble français.
La Guinée, qui cesse de ce fait d'être française membre de la République française, dispose de sa pleine souveraineté, en accédant, comme l'ont délibérément décidé ses populations, par son vote, à l'indépendance nationale.
Notre Gouvernement, issu de la Loi-Cadre, exerçait des pouvoirs qui lui étaient délégués par le Chef du Territoire de la Guinée, dépositaire lui-même des pouvoirs de la République française.
La souveraineté de l'Etat français sur la Guinée ayant cessé de s'exercer depuis le mardi 30 septembre 19 à minuit, le Conseil de Gouvernement ne pouvait continuer à fonctionner.
En conséquence, tout en remerciant l'Assemblée Territoriale de la confiance qu'elle a bien voulu placer lui, le Conseil de Gouvernement me charge de remettre entre les mains des élus du peuple de Guinée, le mandat dont il a été investi depuis le 12 mai 1957 et qu'il accompli Jusqu'ici avec la confiance unanime de votre Assemblée.
Note
Dans ce document historique Sékou Touré démissionne pour la première et dernière fois. En effet, parvenu à la tête du gouvernement et du nouvel Etat, il s'y maintiendra envers et contre tous. Après avoir réprimé dans le sang le faux Complot Ibrahima Diallo (1960), Keita Fodéba et lui instaurèrent dans le Camp Camayenne de la Garde républicaine, la prison politique où seront torturées et assassinées des milliers de prisonniers, victimes de sa politique de revanche et de haine. En 1970, Sékou Touré corrigea physiquement sa femme, qui lui suggérait de quitter le pouvoir. Seule la mort inopinée l'en séparera le 26 mars 1984.
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