Jeune Afrique
No 1213, 4 Avril 1984
Ahmed Sékou Touré est décédé lundi 26 mars 1984, à Cleveland aux USA... A Conakry, les Guinéens ne l'ont appris qu'à la mi-journée du mardi 27 mars. Peu d'entre eux savaient, au demeurant, que leur "Presi" avait quitté la Guinée trois jours plus auparavant.
Samedi 24 mars, dans le palais provisoire qu'il habitait en attendant que soit terminé celui offert par l'Arabie saoudite et le Maroc le président A. Sékou Touré a été subitement terrassé par une attaque que l'on dit alors cardiaque. Il avait deja connu des crises du même genre dans ses moments de grande émotion ou de grande colère. Il s'en était toujours relevé...
Cette fois pourtant, à 62 ans, le grand Sily ... reste inanimé. Les proches ne s'y trompent pas. Et secrètement, alertent les chefs d'Etat amis : Houphouet, l'aîné ivoirien, Hassan II le Marocain...,
Fahd d'Arabie saoudite, principal soutien financier de la Guinée musulmane. Le roi Fahd va tout faire pour sauver El Hadj Sékou Touré. En premier lieu, avec son avion personel. Puis avec ses amitiés américaines.
Dans la nuit de samedi à dimanche, l'avion aux armes d'Arabie emmène le chef d'Etat guinéen aux Etats Unis, à Cleveland, Ohio, plus exactement, où opèrent des sommités en matière de traitement des maladies cardio-vasculaires. Le lendemain, après de vaines tentatives pour « réveiller » un homme quasi-mourant, les chirurgiens décident d'intervenir. Sékou Touré meurt pendant l'opération.
Il est 15 heures, ce lundi 26 mars, à Cleveland, 22 heures à Conakry. Sékou n'a même pas pu parler avec son demi-frère Ismael Touré, venu en catastrophe de Paris...
Froid comme un cadavre, l'acte de décès est déjà un enterrement... Monsieur Sékou Touré, atteint d'une distension étendue de l'aorte, est mort...
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