Williams Sassine
Le Zéhéros n'es pas n'importe qui
Paris. Présence Africaine, 1985. 219 p.
Chapitre 17
Je me réveillai à sept heures, la tête un peu vide. J'allai m'asperger le visage avec un seau d'eau. Tout le monde dormait encore. Comme je ne savais que faire, j'allumai une cigarette et essayai de me rappeler la veille pour mon BAM, le fameux bilan arithmétique et moral. J'étais à Conakry en bonne santé, j'avais mis un baume sur le coeur de mon cousin, même si nous avions terminé la soirée en titubant et pleurant sur les disparus : des points positifs.
Les points négatifs : le prêtre que j'avais abandonné sur le tapis roulant, le coup du gros avion qui ne viendrait jamais, la tension des uns et des autres que je n'avais pas prévue et la faiblesse de mes moyens. Qu'à cela ne tienne, je n'étais pas n'importe qui.
J'entrepris de faire le tour de la propriéte du Cousin Laye. C'était incontestablement grand. Une maison énorme avec des ouvertures partout. En fait il y avait plus de fenêtres et de portes que de murs. Laye devait m'expliquer plus tard que c'était à cause des murs qui coûtent trop chers.
— Tu vois, il n'y avait pas de ciment, heureusement le bois ne se fabrique pas, on en trouve partout. Le prési avait trop de soucis.
8 heures. Toujours personne. Laye m'avait pourtant assuré qu'il travaillait en journée continue à partir de 7 heures 30 à ENTA, l'usine de tabacs et cigarettes. Je sortis de la cour et jetai un coup d'oeil alentour. Pour tout le quartier apparemment le soleil ne s'était pas encore levé. A moins que tout le monde n'eût déménagé dans la nuit. Ou bien était-ce jour de repos ? Je devais souvent me poser les mêmes questions au cours du séjour. Enfin quelqu'un sortit, c'était Mori.
— Va faire ta toilette rapidement, espèce de vaurien, le grondai-je. Tu oublies que nous représentons les Guinéens de l'extérieur. Qu'est-ce qu'ils vont penser si on nous voit dormir jusqu'à midi ?
— Mais papa, les autres sont encore couchés.
— Ce n'est pas ton problème. Dépêche-toi pour avoir l'air réveillé depuis longtemps.
La maison ne commença à s'animer qu'une heure plus tard. Les gosses qui ne nous avaient pas encore vus nous sautèrent dessus. Ce fut le petit Yaya qui présenta ses soeurs et frères et leur annonça qu'un gros avion plein de cadeaux arrivait. J'étais le tonton d'Amérique. Djènè nous servit des tasses de quinquéliba bouillant avec des morceaux de pain à casser au marteau.
— Il est peut-être temps que tu ailles au boulot, Laye.
— Il n'en est pas question. Tu es là et on reste ensemble.
— On va te foutre à la porte !
— Tant mieux. Avec ce que je gagne ! Quatre mille sylis, ça fait à peine 8 000 francs cfa.
J'eus envie de lui demander comment il avait fait pour sa maison et comment il faisait tous les jours pour Djènè et pour ses six gosses. Même en ne buvant que du quinquéliba. La veille, dans le bar, j'avais dépensé une fortune : 3 000 syllis, soit 6 000 francs cfa. Mais je lui dis que je voulais revoir Conakry. Et j'ai revu Conakry.
Entre les taxis qu'on poussait et ceux qu'on tirait, nous finîmes par en trouver un qu'on ne poussait ni ne tirait. C'était une voiture de l'ambassade de Chine dont le chauffeur commençait à faire des heures supplémentaires à 9 heures et demie. J'aurais voulu que le grand Michel, Albertine et tous les compatriotes là-bas me voient à l'arrière de cette Mercedès noire allemande battant fanion chinois. Je jetai un coup d'oeil au cousin. Il ne ressemblait pas à n'importe qui. Il avait la tête sur sa main droite, le reste du corps appuyé négligemment sur la portière gauche. Il pensait probablement, comme font tous nos grands ambassadeurs quand ils ont un drapeau girouette devant eux, et sa pensée, je la voyais, elle allait à gauche, à droite et revenait. Un travailleur de l'entreprise des tabacs et allumettes guinéens pouvait bien représenter la république de Chine. A quoi tiennent les choses !
— Ici c'est ça, de l'autre côté c'est ça, et plus loin c'est encore ça, disait-il pendant que nous pénétrions dans la ville.
Je jouais au ministre chinois et lui à l'ambassadeur désabusé. C'est vrai, il n'y avait que des « ça ». Rien n'avait changé : un voyage de plus de vingt ans en arrière.
Bizarrement cela me rassura en me rajeunissant. Je devais avoir la même impression tout le long de ma traversée du sud au nord entre Conakry et Kankan. « Dixinn », « Coleah », le lycée de Donka, l'hôpital de Donka, le Camp Boiro, le cimetière musulman où il paraît que sékou n'est pas enterré, « le Pont de la Honte où on a pendu Barry 3 et les
autres, et voici le fameux palais du peuple construit par les Chinois, tu n'as pas laissé ça, n'est-ce pas cousin, c'est ici que le responsable suprême bavardait avec son peuple et tu reconnais “tombo” toujours face à la mer, c'est ici qu'on venait chier et on y chie toujours.
— On ne perd pas les bonnes habitudes, dis-je.
— Ne crois pas que je veuille critiquer l'ancien régime de la Guinée. Ce serait trop facile puisqu'il n'est plus. Tu viens d'arriver, tu auras envie d'insulter souvent le PDG, mais devant ses pires détracteurs, n'oublie jamais qu'il a laissé le pays dans l'état où il l'a trouvé.
Qu'avais-je à répondre à cela ? Le grand mMichel, mon maître à penser, aurait dit que tant qu'on était au point zéro rien n'était perdu. En somme, si la Guinée n'avait pas bougé il fallait s'en réjouir. Tout était à l'image de cette commande de chaussures italiennes annoncées par le prési. A force d'attendre, les Guinéens avaient pris l'habitude de se chausser dans les vieux pneus et cela était devenu la mode « En Attendant ».
— Mes frères, je suis obligé de vous laisser, nous prévint le chauffeur. Un Chinois pourrait me voir.
On n'était pas à Pékin, mais je ne dis rien. Je lui donnai de l'argent et il fit marche arrière. Probablement en quête d'autres clients. La coopération avec la Chine se porte
bien.
— Les Chinois, ce sont des gens bien, m'assura le cousin. Ils ne font que travailler. Ils ne baisent jamais.
Il y avait de quoi faire rougir les coopérants Russes et Arabes.
— La discipline, c'est bon, lui dis-je.
Le pédégé avait bien discipliné les Guinéens.
— Et en plus nous, nous avions le droit de tirer le coup.
— Le plaisir du pauvre.
Nous marchions dans ce bain de vapeur propre aux villes côtières quand le soleil se lève après une nuit arrosée. Je ne regardais ni à gauche, ni à droite. Tout était à sa place. On avait chassé les Blancs et les Libanais, heureusement qu'ils avaient oublié d'emporter leurs biens immobiliers.
— On s'arrête pour boire un pot ?
Nous étions en face de l'Avenue Bar. Dix mètres nous en séparaient et surtout un flot de véhicules antédiluviens aussi important que le fleuve de vélos toujours en crue à Ouaga. Quinze minutes après, nous étions dans le bar. Le comptoir était celui de mes années de lycéen. Laye donna des accolades à quelqu'un qu'il me présenta ensuite comme un brillant professeur. Il s'appelait Condé, dit « 2 fois 2 ». Il
enseignait les maths.
Je commandai trois bières.
— Moi, je continue au whisky, dit 2 fois 2.
On nous apporta de l'eau.
— On a demandé deux bières et un whisky.
On nous donna deux pastis et une bière.
— Il le fait exprès ou quoi, le type ? commençai-je.
— Monsieur Camara, ne nous énervons pas, me dit 2
fois 2. C'est un prototype du nouveau guinéen que Sékou
avait promis de fabriquer. Il faut aller doucement. Il n'est pas bête, notre frère Saïdou. Alors Saïdou, écoute bien : une bière.
Quand le frère Saïdou rapporta la bière après avoir rendu celle que nous avions, 2 fois 2 en redemanda une seconde. Ensuite seulement il eut droit à son whisky.
— Comment on fait pour les verres, 2 fois 2 ?
— C'est trop compliqué, mon frère, même pour moi. Buvez directement au goulot.
Après le départ du mutant de Sékou, je regardai de plus près 2 fois 2. Il s'était penché sur son verre, le tenant dans ses deux mains, et le porta ainsi à sa bouche. J'ai toujours eu un petit attrait pour les profs de math, ces gens qui ne vivent que pour résoudre les problèmes des autres.Sékou
— Ton cousin vient d'arriver, n'est-ce pas, Laye, dit-il en redéposant son verre. Il y a de plus en plus de Guinéens qui reviennent. C'est une bonne chose, s'ils n'ont pas la prétention de prendre nos places. Parce que beaucoup d'entre vous s'imaginent que nous sommes des cons, nous qui sommes restés pendant que vous preniez la fuite. Il n'est pas question que nous vous laissions nos places. Demandez à Laye pourquoi. Laye qui m'a arrêté en 71 dans un hôtel pendant que je bandais pour une ivoirienne. Tu es venu avec deux lascars, et vous m'avez livré pour espionnage. J'ai fait quatre années au Camp Boiro.
Ça devenait gênant. Je voulus intervenir mais 2 fois 2 m'arrêta d'une main.
— Monsieur Camara, ce ne sont pas les quatre années que je regrette mais la petite ivoirienne que j'avais commencé à aimer, que j'aurais certainement épousée. Le jour où Sékou est parti embrasser le vieil Houphouët, j'ai pleuré. C'est dur dur la vie, monsieur Camara. Je n'en veux à personne. Tout le monde sait qui est qui dans ce pays. Si on ne buvait pas pour oublier, il nous faudrait un procès de Nuremberg.
Je fis signe à saïdou d'approcher.
— Un autre whisky pour mon frère.
— Et une bière pour moi, compléta le cousin.
— Saïdou, d'abord un whisky, précisa 2 fois 2. On verra après. Il ne faut jamais commander deux trucs à la fois à une création du pédégé.
— Tu parles comme ça parce que Sékou est mort, dit le cousin. Lui il avait le pantalon bien accroché. Quoi que tu
dises, c'était vraiment un homme. Il s'était non seulement imposé en Guinée mais au monde entier. A l'époque il fallait que je t'arrête.
— Tu n'as arrêté qu'une ombre, Laye.
— Le PDG n'aurait jamais pu installer son régime en plein désert.
J'avais lancé ça pour détendre l'atmosphère. Mais j'avais oublié qu'il y avait une injustice. Le whisky était servi, et non la bière. J'appelai l'abruti. Il nous regardait de derrière l'antique comptoir, les oreilles dressées en éventail comme un éléphant. Il devait se demander à qui rapporter nos propos. Les nouvelles autorités avaient souvent dit à la population : « Nous ne voulons plus voir ces vauriens qui surveillent leurs voisins ou leurs amis, désormais l'heure est au travail. » Apparemment l'appel n'était pas encore parvenu au zombie. Il disparut par une porte derrière son comptoir. Laye nous dit qu'on pouvait tout aussi bien aller en face. Je payai et 2 fois 2 essaya tant bien que mal de nous suivre.
— Je ne parviendrai jamais de l'autre côté, nous confia-t-il d'un ton de martyr. La plupart de ces gens n'ont pas de permis ; ils conduisent mieux d'ailleurs que ceux qui en possèdent. Allez les amis, abandonnez-moi et bonne chance.
Je fis une petite prière et plongeai derrière Laye dans la circulation. Un vélocycliste me bouscula dans le dos pendant qu'une grosse machine le happait. Je me cognai contre une portière, fus repoussé par le propriétaire et me
retrouvai au point de départ. Laye était encore vivant, aplati entre une Moscovitch et une Renault 12. Ça pétaradait, klaxonnait, criait, riait, se saluait et s'injuriait avec de petits sifflements dans l'air.
Quand je retrouvai Laye, il souriait et me montra du doigt 2 fois 2 qui faisait des signes d'adieu.
— S'il ne buvait pas autant, il aurait pu passer comme nous, me dit-il.
— C'est vrai, l'alcool n'est pas bon pour les réflexes. Alors où est ce fameux bar de l'autre côté ? Tout ce sport me donne soif, cousin.
— Tu me suis, m'ordonna-t-il.
Quelqu'un gueulait sous un pneu. Il voulait peut-être se faire remarquer. Il y a partout des mauvaises langues. Je n'écoutais que le cousin.
— Tu vois, Camara, le problème de ce prof de math, c'est qu'il ne croit pas au bon Dieu comme la plupart de nos intellectuels. Mais tant qu'il n'est pas dit que vous devez mourir, vous ne pouvez pas mourir. N'est-ce pas ?
On arrivait. Il se tut. Ce n'était pas facile de parler en sautillant au-dessus de toutes les flaques d'eau qui jalonnaient le chemin du salut. Dans l'Oasis il y avait plus de bruit que de lumière. Je m'assis sur quelque chose et d'immenses bras me serrèrent. J'étais prêt à hurler quand
le cousin me rassura :
— C'est Marguerite, une ex-détenue au Camp Boiro, libérée par les militaires. Elle est toujours dans la police routière, me confia le cousin.
Il parlait, parlait, et moi je luttais pour défaire l'étau. Je dus la mordre, à ma grande honte. Elle rit.
— Ton cousin me chatouille, dit-elle à l'adresse de Laye.
Enfin elle me lâcha. Le pédégé était vraiment fort pour avoir pu arrêter une mammifère de cette importance.
— Comment faites-vous pour vous reconnaître dans cette obscurité, demandai-je pour me donner une contenance.
— On est libres maintenant, me chuchota à l'oreille Marguerite.
Son haleine aurait pu descendre un escadron de mouches.
Je ne voyais pas le rapport avec ma question. Ils devaient se comprendre à demi-mots, l'ex-bourreau et l'ex-victime.
— Tu m'avais promis une tournée le mois passé, Marguerite.
Elle rit. Si on peut appeler ça un rire, entre le hurlement d'une sirène et le rugissement d'un lion.
— Buvez à ma santé, Laye. J'arrive.
— Tu crois qu'elle va revenir et payer ? demandai-je dès que je la sentis loin.
— Ce n'est pas elle qui paiera mais le premier taximan qui lui tombera sous la main. Ces gens ne sont jamais en règle.
Les bonnes habitudes ne se perdaient pas. Au temps de Sékou déjà, les chauffeurs et autres commerçants représentaient la première fonction publique du pays.
Une ombre fragile se dessinait à l'entrée.
— Qui est-ce ? demandai-je.
— Un Libanais. Si tu veux, un Guinéen puisqu'il est né et a grandi ici. Il parle le soussou mieux qu'un Moriyanais. Mais le problème de ces gens, c'est qu'ils ne veulent se marier qu'entre eux. Tu veux que je te le présente ? Hé, Grégory !
Je me demande comment font les gens qui ont vécu sous le pédégé pour voir à travers l'obscurité. Il nous repéra très facilement et j'entendis un bruit de bouteille sur la table.
— On va fêter ça, Laye. Qu'est-ce que tu deviens depuis qu'on a fermé le Camp Boiro ? Putain, ce que j'avais peur de toi ! On va fêter ça. J'ai une bouteille de whisky.
Ils se donnèrent l'accolade. J'en avais les larmes aux yeux. Que faut-il faire quand les agneaux sont plus nombreux que les loups ? En France à la libération, on se faisait lyncher parce qu'on était un peu plus blond qu'Hitler.
J'étais fier tout d'un coup d'être Guinéen. Tout était donc possible à nouveau, malgré les récriminations de 2 fois 2.
— Grégory vient de décrocher un contrat intéressant. Il doit représenter bientôt les intérêts d'une importante société américaine de jus de fruits. Depuis deux mois il fête ça.
— Au whisky ? Vous n'avez pas peur de la concurrence ? demandai-je à Grégory.
— On est libres désormais, mon frère, dit-il en avançant la bouteille.
Je me servis pour ne pas essayer de comprendre. Laye me suivit.
— Tant pis pour mon diabète, me confia-t-il.
— Et puis j'ai plein de filles, annonça Grégory. Elles
veulent toutes travailler dans ma future usine. Je vous invite.
Je demandai l'heure. Personne ne me répondit.
— Alors on y va ? nous lança d'un air de défi Grégory.
C'est à cet instant que fit son entrée Blacky, la terreur des
femmes qui cherchent des histoires, le don juan des femmes qui veulent l'aventure. J'avais déjà entendu parler
de lui. Il traînait sa réputation comme un hernieux sa hernie. Au Niger il avait violé une femme de policier, en
Sierra Léone il avait escroqué une vieille policière, au Sénégal il avait détourné la fille d'un magistrat. En somme il avait été recherché par Interpol avant qu'il n'ait eu le génie de venir se faire oublier sous l'aile protectrice du pédégé.
J'entendis un long glouglou. Etait-ce Laye ou Grégory ? Un autre long glouglou. Cette fois-ci, pas de problème. C'étaient Grégory et Laye. Je les imitai. Il faisait chaud, sombre, assourdissant, ma tête commençait à faire des va-et-vient, mais pourquoi un Guinéen de l'extérieur boirait-il moins que l'ex-guinéen made-in-pédégé ?
Blaky nous rejoignit. Son parfum était encore plus mortel que l'haleine de Marguerite. Laye me le présenta. Il travaillait à présent au service de l'émigration.
— Et les affaires ? lui demanda Grégory.
— Tu ne peux pas savoir la quantité de visas de sortie
que nous devons délivrer chaque jour. Heureusement que nous trions.
Visas de sortie ? Trier ? Un vocabulaire de l'ancien régime.
— On est libres, maintenant, de toute façon, laissa tomber Grégory.
— Toi ça va ! dit Blacky. Si tu veux critiquer le PDG, tu l'annonces clairement. Parce que lui, c'était un homme, un
vrai. Moi je l'admire. Il est parti de rien et bien avant sa mort il traitait d'égal à égal avec les plus grands de ce monde. Presque tous ceux qui lui jettent la pierre aujourd'hui mangeaient dans sa main avant-hier et le pleuraient hier. Il y en a qui ont écrit des bouquins sur leurs misères dans notre fameux Camp Boiro, mais quand ils avaient leurs privilèges, par qui juraient-ils ?
— Blacky, tu arrêtes un peu ton discours ? dit Laye. Nous ne sommes pas dans un meeting.
— Bon, faites-moi un peu de place. Je bois rapidement un pot et je retourne au bureau.
On se passa et repassa la bouteille de whisky. Quelle heure était-il ? Je me souviens seulement de la lourde et soudaine présence de Marguerite au rire gaillard et triomphant près de moi.
— Je suis tombée sur un ancien milicien devenu taximan. A boire !
— Vive Sékou ! hoquetai-je. A présent c'est à l'autre moitié de la population de faire travailler les ex-miliciens.
Marguerite prit ma tête sous son bras. Je m'évanouis, ou plutôt je m'endormis.