André Lewin
Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.
Paris. L'Harmattan. 2010. Volume V. 265 pages
Chapitre 60. — De 1966 à 1974
Entre Paris et Conakry, de nombreuses mais vaines tentatives de réconciliation
La rupture des relations diplomatiques entre la Guinée et la France date de novembre 1965. En dépit de ce climat dégradé et bien qu'il n'y ait plus de contacts diplomatiques directs entre Paris et Conakry 161, et en dépit des incidents qui émaillent cette époque, plusieurs tentatives de réconciliation seront tentées, soit directement, soit par le recours à des intermédiaires.
Toutes échoueront.
Le 11 mars 1966, Radio Conakry s'en prend violemment à Jacques Foccart, qui visite alors Abidjan. Un mois plus tard, en avril 1966, Conakry envisage d'interdire aux navires français d'accoster au port de Conakry 162.
En octobre 1966, Moussa Diakité, ministre du commerce extérieur et des banques, cherche à rencontrer Michel Debré, ministre français des finances, lors d'une réunion à Washington du Fonds Monétaire International, afin de parler du problème des transferts ; il lui remet une note à ce sujet, mais il n'y a aucune réponse ni réaction. De son côté, Marof Achkar, ambassadeur guinéen auprès des Nations unies, souhaite pendant la session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York rencontrer le ministre français des affaires étrangères Maurice Couve de Murville, en vue de parler d'une certaine normalisation des relations. Mais là encore, il n'y a pas de suite.
A la même époque, en octobre 1966, Jacques Foccart prévient le général de Gaulle que de nouvelles menaces pèsent sur les intérêts français en Guinée. Le général se borne à répondre :
— Je ne vois pas pourquoi vous vous obstinez à penser qu'il y a quelque chose à faire avec la Guinée tant qu'il y aura Sékou Touré : aussi longtemps que ce régime durera, il n'y a aucun espoir pour nous 163.
Un mois plus tard, le gouvernement français s'interroge sur l'importation éventuelle de 2.000 tonnes de bananes de Guinée, ce qui ne s'était pas vu, sans doute, depuis l'indépendance 164. Le général de Gaulle refuse l'autorisation.
Début 1967, Sékou Touré rappelle que "ce n'est pas nous qui avons rompu. Nous cherchons le rétablissement de nos relations amicales avec la France. Nous avons tant reçu d'elle. Toute notre culture nous vient d'elle." 165
En février 1967, deux marins pêcheurs français, MM. Tristan et Quintin, sont arrêtés au large de la Guinée, mais dans ses eaux territoriales, à bord d'un chalutier battant pavillon ivoirien en dépit de son nom breton, le Ker Isper ; le reste de l'équipage, composé surtout de Ghanéens, est suspect, car ils sont en majorité originaires du même village que Nkrumah, et on peut penser qu'ils chercheraient à l'enlever dans la villa qu'il occupe à Conakry.
Les Français risquent une condamnation à mort ; ils seront finalement libérés en septembre, en même temps que l'équipage ivoirien et ghanéen du chalutier. Ils affirment avoir été maltraités, ce que conteste l'ambassadeur d'Italie, qui leur a rendu visite peu avant leur libération 166.
C'est aussi à cette époque que Nabi Youla, ambassadeur à Bonn, se rend à Paris pour remettre à André Bettencourt un message personnel du président guinéen, très probablement destiné au général de Gaulle 167.
Il s'agit peut-être de la lettre dont il est question ci-après.
Le 12 mai 1967, Jacques Foccart rapporte :
— "Je montre une lettre de Sékou Touré, assez étonnante. Le Général la lit et me demande ce que j'en pense.
— "Évidemment, dans la forme, étant donné qu'il n'y a pas de relations diplomatiques entre nos deux pays, je ne vois pas pourquoi il vous écrit, mais sur le fond, à mon avis, aussi bien juridiquement que moralement, il a malheureusement raison en ce qui concerne nos dettes.
— Qu'en pense le Quai ?
— Le Quai, justement, doit étudier cette affaire et proposer une réponse aussi bien sur la forme que sur le fond. Mais je crois que Couve de Murville estime que, dès lors qu'il y a rupture des relations diplomatiques, il y a annulation de tout accord.
— C'est bien mon avis.
— Oui, mais c'est néanmoins un cas tout à fait spécial puisque, en réalité, ce sont les dettes de la République française vis-à-vis d'anciens combattants guinéens et que ces dettes sont payées par le gouvernement guinéen.
— En êtes-vous sûr ?
— Oui, mon Général. Les anciens combattants guinéens qui m'écrivent de temps en temps pour telle ou telle chose ne se plaignent jamais de ne pas toucher leur pension. Même si le parti prélève un pourcentage au passage, il est incontestable que ce sont des dettes qui sont réglées pour notre compte par un gouvernement avec lequel nous n'avons plus de relations diplomatiques.
Ce n'est pas très convenable, et je trouve même que c'est gênant. Ce qu'il faudrait, c'est pouvoir verser ces sommes, tout en les bloquant peut-être, pour qu'il soit bien clair que nous avons l'intention de tenir nos engagements et que, si nous ne les tenons pas, la responsabilité en incombe à Sékou Touré.
— Je veux bien, voyez cela.
— De toute façon, vous allez avoir une étude des Affaires étrangères sur la lettre de Sékou Touré. Je vous en parlerai à ce moment-là.
J'ajoute que Sékou Touré doit rencontrer le président du Liberia, William Tubman, pour parler du sort des marins ivoiriens, ghanéens et français qui ont été arrêtés en Guinée. 168
Lors du 8ème Congrès du PDG (25 septembre-2 octobre 1967), Sékou Touré réaffirme qu'il est en faveur d'une "coopération honnête et fructueuse entre la France et la Guinée", et que, s'il y a une réaction favorable à ses appels de la part du général de Gaulle, ce dernier sera "contacté". Dix jours après la fin du Congrès, le président de l'Assemblée nationale Léon Maka est envoyé en France à la tête d'une délégation ; Sékou dit qu'il l'a choisi parce qu'à son avis, Maka est responsable de la rupture avec Paris. Mais la délégation est totalement ignorée à Paris.
A la même époque, en octobre 1967, Sékou Touré écrit une lettre au
général de Gaulle, qu'il lui fait parvenir par l'intermédiaire de Jean-Daniel Richon, directeur des relations extérieures de la compagnie d'aviation UTA (Union de Transports Aériens). Le général n'y répond pas, mais demande à Jacques Foccart de faire savoir à Sékou Touré qu'il a bien reçu sa lettre 169.
C'est peu de jours après, alors que vient de se dérouler à Bamako un Sommet des chefs d'État des pays riverains du fleuve Sénégal auquel ont assisté les présidents guinéen Sékou Touré, malien Modibo Keita et sénégalais Senghor, que ce dernier se décide à écrire, non pas directement au général de Gaulle 170, mais à Jacques Foccart :
« Dakar, le 9 novembre 1967
Monsieur le Secrétaire général, En recevant ma lettre, vous aurez déjà su que la Conférence des Chefs des États riverains du Fleuve Sénégal s'est déroulée, dans d'excellentes conditions, les 6 et 7 novembre, à Bamako.
M. Doudou Thiam, Ministre d'État chargé des Affaires étrangères, vous exposera, dans le détail, les travaux de cette Conférence, ainsi que les entretiens bilatéraux que j'ai eus avec chacun de mes trois collègues.
Je voudrais ici vous parler des relations franco-guinéennes.
Aux Français, ministres ou diplomates, qui me demandaient le sens et la portée des déclarations de Monsieur Sékou Touré, j'ai toujours répondu, invariablement :
— Je crois qu'il est sincère, mais je ne pourrai pas vous dire grand-chose avant de l'avoir vu.
J'ai donc vu le Président Sékou Touré au cours d'entretiens bilatéraux. Je lui ai demandé le sens et la portée de ses déclarations publiques sur la reprise de la coopération franco-guinéenne. Selon son habitude, il m'a parlé sur un ton très direct. Il a expliqué les raisons de ses déclarations par deux faits. C'est, d'une part, que ses amis — les États francophones d'Afrique noire, l'Algérie, la RAU, Cuba — ne cessent de lui dire que son attitude envers la France les gêne et qu'elle n'est pas raisonnable. C'est, d'autre part, que si la Guinée, sur les plans politique et économique, n'a pas besoin de la France, elle a grand besoin d'elle sur le plan de l'assistance technique, singulièrement en matière d'enseignement.
A quoi j'ai repris :
— Qu'avez-vous fait dans le sens de la coopération franco-guinéenne ?
Il m'a alors répondu à peu près ceci :
— Le 4 octobre, si j'ai bonne mémoire, j'ai écrit trois lettres : l'une au Général de Gaulle, la seconde à M. Pompidou, la troisième à M. Couve de Murville. J'ai confié les trois lettres à M. Richon, de l'UTA. La presse française n'a pas manqué de relever que je n'avais pas suivi la voie diplomatique. C'est pourquoi deux semaines après, j'adressai une seconde lettre au Général de Gaulle par la voie diplomatique normale : par l'Ambassadeur d'Italie à Conakry, qui représente les intérêts français.
Comme vous le devinez, je ne me suis pas contenté de ces explications.
Je lui ai fait remarquer qu'à mon avis, c'était beaucoup plus, peut-être, un problème de forme que de fond. Que, bien sûr, le Général de Gaulle, ce n'était pas Senghor, qu'il avait été sensible aux attaques contre la France, mais que la plus grande difficulté me semblait résider dans le peu d'assurance qu'avait la France que le Président Sékou Touré ne reprendrait pas périodiquement ses attaques publiques. A quoi, le Président Sékou Touré s'est engagé solennellement, au cas où il aurait un différend avec la France, à ne pas porter l'affaire sur la place publique, mais à écrire au Général de Gaulle par la voie diplomatique.
Je crois que le problème n'est pas de sincérité. Le Président Sékou Touré est un homme franc et direct : il est, incontestablement, sincère. Mais il y a son tempérament cyclothymique.
Évidemment, on ne peut pas assurer qu'il ne fera plus d'éclat. J'ai l'impression, pourtant, et cette impression est partagée par M. Modibo Keita qui le connaît mieux que moi, qu'il est à un tournant de sa vie. Il a fait un examen de conscience, il est conscient des erreurs qu'il a commises, et il se demande, maintenant, comment faire pour ne plus les commettre. Bien sûr, je n'ai pas de conseil à donner à la France.
Mais, si vous voulez avoir mon sentiment, c'est qu'une reprise progressive non seulement des relations diplomatiques, mais de la coopération franco-guinéenne nous aiderait grandement, nous les États francophones d'Afrique noire, dans notre effort d'organisation de l'Unité africaine, et, surtout, de la Francophonie.
En vous remerciant de l'accueil que vous aurez réservé à ma lettre, je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire général, l'assurance de ma haute considération.
Léopold Sédar Senghor
P.S. : M. Thiam doit se rendre, d'abord, en Côte d'Ivoire. C'est pourquoi je confie cette lettre à l'Ambassade de France.A Monsieur Jacques Foccart, Secrétaire général pour la Communauté.
Palais de l'Élysée. Paris »
De Gaulle est certainement informé de ce courrier par Jacques Foccart, car, le 21 novembre, au cours d'une réception donnée au Palais de l'Élysée en l'honneur de l'éphémère président du Dahomey [Bénin], le colonel Christophe Soglo, il parle de la "grande entreprise commune à la France et aux jeunes États africains et malgache qui lui sont librement associés", et il poursuit :
— "Il parait même que le dirigeant de celui des pays membres de notre ancienne Union qui avait, voici neuf ans, pris le chemin opposé, moyennant des concours venus des quatre points cardinaux, souhaiterait aujourd'hui retrouver la France."
Au cours de la même réception, le général de Gaulle dit à l'ambassadeur du Sénégal en France, André Guillabert :
— "Je reçois de nombreuses lettres de mon ami Sékou Touré. Si j'étais certain de sa bonne foi, je renouerais, mais il faut d'abord qu'il se mette bien avec ses voisins."
Finalement, rien ne se passe. Jean Thibault, chroniqueur de Dakar Presse, écrit dans ce quotidien le 4 décembre 1967 :
— "Même si Sékou Touré veut sincèrement se rapprocher de Paris, il
faudra du temps pour rétablir des relations franco-guinéennes normales. Quinze jours après l'allusion faite par le général de Gaulle au désir exprimé par M Sékou Touré d'un rapprochement avec la France, aucune réaction officielle ou officieuse n'a été enregistrée à Conakry. Il y a sans doute à cela plusieurs raisons dont les deux principales sont, à mon sens, celles-ci :
- Le président Sékou Touré était en tournée préélectorale à l'intérieur du pays au moment où le général a parlé
- On veut éviter à Conakry — où de toute évidence on manque d'exégètes de la parole gaullienne — des déclarations qui pourraient être mal interprétées et compliquer un problème très délicat.
C'est qu'en effet les choses ne sont pas simples. Côté guinéen, il semble que la volonté de rapprochement avec la France du président Sékou Touré soit sincère. Malgré la foi en sa "révolution" du chef guinéen, il lui apparaît que les conséquences de sa politique deviennent trop fatigantes pour le pays qui manque des choses essentielles et s'est installé dans une (mauvaise) économie de subsistance ; de plus les "aides" étrangères ont beaucoup déçu, qu'elles viennent de l'Est ou de l'Ouest. Le militant moyen du parti unique, lui aussi, désire un rapprochement avec la France qui, à l'heure actuelle, paraît seule capable d'aider la Guinée à sortir de son impasse. On cherche à Conakry, dans les conversations privées, à faire oublier le passé ; on murmure même que dans l'affaire du complot qui a amené la rupture totale avec la France, la Guinée a été abusée et trompée par la CfA ; on fait valoir l'absurdité qu'il y a dans un pays où le français est resté langue bien vivante, à le voir enseigné par des professeurs tchèques ou yougoslaves.
Intérêt et sentimentalisme se mêlent donc pour appuyer la tentative de rapprochement avec l'ancienne métropole. Mais il y a aussi des opposants, quelques "durs" assez efficaces, groupés, semble-t-il, autour de M. Tibou Tounkara, secrétaire d'État à l'Information, progressiste de tendance prochinoise. Ces gens, certes, entendent bien sauvegarder ce qu'ils considèrent comme l'acquis de leur "révolution", mais ils craignent sans doute aussi de se voir résolument évincés dans le cas d'un retour de la Guinée vers le monde occidental — français en particulier.
Pendant ce temps, les États africains voisins ont déployé une grande offensive diplomatique pour hâter ce retour à une situation plus normale de la Guinée. Le président Tubman du Liberia, un "vieux sage" de l'Afrique capitaliste, est allé en Guinée; il s'est entretenu longtemps avec M. Sékou Touré, qu'il a suivi dans sa tournée à l'intérieur, et a eu à son égard de très bonnes paroles. Les présidents Senghor du Sénégal, et Moktar Ould Daddah de Mauritanie s'emploient activement à faciliter le rapprochement : ils ont une certaine audience à Paris et à Abidjan, car il faut compter aussi avec la Côte d'Ivoire : le président Houphouët-Boigny, qui fut le plus malmené par les intempérances verbales guinéennes, n'a pas fait connaître son sentiment sur la question. Il est probable qu'il attend et regarde avec un certain amusement toute cette agitation. Si l'on ajoute à cela la complexité des problèmes économiques que poserait le retour de la Guinée dans la zone franc ou même simplement une réorganisation, avec l'aide française, de l'économie guinéenne, on comprendra que ce ne peut être qu'après un long, lent, patient et méthodique cheminement, qu'on peut espérer voir aboutir la tentative amorcée par le gouvernement de Conakry.
Le cas du Mali — pays dont l'économie, pour faible qu'elle soit n'a jamais été désorganisée comme celle de la Guinée — constitue un précédent propre à faire comprendre les difficultés du rapprochement franco-guinéen."
Le 5 décembre 1967, Sékou Touré écrit depuis Kindia au président Senghor. Sur les relations avec la France et avec la Côte d'Ivoire, il s'exprime ainsi :
"C'est avec un réel réconfort que Nous venons de prendre connaissance, mes amis Elhadj Saïfoulaye Diallo, Ministre d'État, Lansana Béavogui, Ministre des Affaires étrangères, et Moi-Même, des résultats (il veut sans doute dire : efforts. NDLA) fort encourageants que Vous venez d'entreprendre en vue du rétablissement des relations amicales et confiantes entre la Guinée d'une part, la France et la Côte d'Ivoire d'autre part. Nous percevons le bien-fondé des conseils de patience que Vous nous avez donnés dans cette correspondance, et notre comportement sur ce problème tendra à ne compromettre aucune chance qui s'offrira à Nous.
Comme Vous le savez, notre résolution de tout mettre en oeuvre pour normaliser nos rapports avec le Gouvernement français et éventuellement avec le Gouvernement ivoirien est strictement fondée sur la nécessité de favoriser non seulement le développement de notre commune entreprise qui s'attache au fonctionnement régulier du Comité inter-États, mais aussi de promouvoir une coopération solide et durable entre la France et la Guinée dans tous les domaines où leurs Gouvernements pourraient se fixer des objectifs communs.
Nous comprenons la lenteur qui sanctionne actuellement la position française à l'égard de notre appel fait devant l'opinion internationale ainsi que par la voie diplomatique normale. En effet certains milieux français croient toujours qu'une nouvelle politique guinéenne est déterminée par une détérioration soit de la situation politique locale, soit d'une crise économique dont la solution ne viendrait que de l'aide ou de la coopération avec la France.
Nous Vous affirmons, Cher Frère, que rien de tout cela n'est conforme à la vérité historique. D'ailleurs il n'est pas de notre intention de subordonner l'affermissement de nos rapports de coopération avec la France à une quelconque aide économique, ni à un quelconque appui politique de portée intérieure. Et c'est pourquoi nous estimons que nous devons conserver l'offensive de l'amitié jusqu'à arriver à convaincre le Gouvernement français du caractère sincère de notre appel.(…)"
Des contacts discrets se poursuivent sans doute en coulisses pour tenter de ménager des ouvertures. Mais tous échouent les uns après les autres. Dans une lettre manuscrite du 5 mars 1968 adressée à Camara Balla 171, Sékou Touré fait allusion à des lettres d'un haut responsable militaire français, le général Méric 172, et poursuit :
"Nous avons utilisé tous les moyens politiques et diplomatiques compatibles avec la dignité nationale. Le gouvernement français semble obéir à des considérations certainement subjectives en ce qui concerne ses rapports avec notre équipe dirigeante. Que faire encore de plus ? Je pense que la sagesse, inséparable de l'efficacité, commande que nous patientions jusqu'à ce que l'esprit de coopération franco-guinéenne soit mûr en France.
Je ne désapprouve pas les initiatives des nôtres ayant des relations amicales parmi les cadres français. Bien au contraire, cette action me semble plus indiquée actuellement, car sur le plan officiel, de notre côté tout est épuisé sans même qu'il subsiste le moindre espoir de bonne compréhension."
C'est également à la même époque qu'André Bettencourt, nommé secrétaire d'État aux affaires étrangères, se vit rappeler à l'ordre par l'Élysée pour avoir répondu aimablement à Sékou Touré, qui lui avait adressé quelques uns de ses livres. L'auteur, à cette époque conseiller technique du ministre français, avait été chargé par ce dernier de préparer une réponse :
"J'ai compulsé le dossier avant de rédiger un texte qui rappelait leurs rapports amicaux et les visites de Bettencourt en Guinée. André Bettencourt avait ensuite rajouté quelques mots manuscrits pour expliquer que "dans les circonstances présentes" (le général de Gaulle était alors président de la République), il ne pouvait entretenir de relations plus suivies, mais qu'il espérait qu'un jour, les choses évolueraient et qu'ils auraient l'occasion de se revoir. La lettre devait être acheminée à Conakry par la valise diplomatique italienne, puisque c'était l'Italie qui représentait les intérêts de la France en Guinée pendant la rupture,· elle devait donc transiter par l'ambassade de France à Rome ; cette correspondance n y passa pas inaperçue. Quelle ne fut pas la surprise de Bettencourt — et la mienne — de voir revenir ce courrier avec une note fort sèche de l'Élysée priant le Secrétaire d'État de ne pas correspondre avec un ennemi de la France !" 173
Il était clair que la Guinée de Sékou Touré faisait toujours partie du domaine ultra-réservé auquel la présidence de la République était particulièrement sensible, et que toutes les tentatives faites pour dénouer ou contourner la crise resteraient alors vouées à l'échec.
Pourtant, deux années auparavant, le général de Gaulle n'avait pas réagi de la même manière négative. Ainsi que le raconte Jacques Foccart :
Je remets au Général les trois livres envoyés par Sékou Touré avec une très belle et très élogieuse dédicace, que je n'ai pas conservée et c'est dommage, car elle était très étonnante, dithyrambique. Le Général a trouvé que vraiment c'était un personnage bien curieux: "
— Il faut que je réponde à ce message.
— Mon Général, vous ne pouvez pas y répondre puisque nous n'avons pas de relations diplomatiques.
— Alors, comment a-t-il fait pour que ces livres me parviennent ?
— Il les a remis à l'ambassadeur d'Italie, qui représente les intérêts de la France, et cela nous est arrivé par Rome et le Quai d'Orsay.
— Bon, il faut faire savoir par la même voie que j'ai bien reçu ses livres et que j'ai été très sensible à l'attention." 174
Au sénateur noir américain Brooke, du Massachusetts, qui visite la Guinée du 14 au 17 janvier 1968, Sékou Touré déclare :
— "Quand les Français seront de retour, je dormirai les deux yeux ouverts."
Mais quelques jours plus tard, le 20 janvier 1968, il donne une interview à Radio Luxembourg et rappelle :
— "L'appel à la coopération est toujours valable à l'égard de la France et de la Grande-Bretagne, et de tous les États existant dans le monde. Nous donnons tout le temps à la France, même s'il le faut un siècle, pour réfléchir."
En juin 1968, Sékou Touré déclare que la France n'est pas le pays le mieux placé pour aider la Guinée, et qu'il préférerait si nécessaire solliciter la Grande Bretagne ; mais à l'occasion des fêtes du 10ème anniversaire de l'indépendance, il réclamera à Paris un certain nombre de reliques ayant appartenu à l'Almamy Samory Touré et à Alfa Yaya Diallo, devenus "héros nationaux guinéens". Sans réponse.
Le 28 septembre 1968, pour le 10ème anniversaire du référendum, Sékou Touré déclare qu'il devient superflu de faire le procès de la colonisation ; et que si la France acceptait de restituer des objets symboliques (comme le sabre et le boubou de Samory, le Coran de Samory, des objets ayant appartenu à Alfa Yaya Diallo), ce serait considéré par la Guinée "comme un signe de bonne volonté encourageant." 175
En octobre 1968 a lieu un match de football entre l'équipe de France et l'équipe guinéenne ; il s'agit des huitièmes de finales des Jeux olympiques de Mexico 176. C'est la France qui gagne par 3 à 1.
Du 9 au 11 janvier 1969, lors d'une réunion du Conseil National de la Révolution Sékou Touré rappelle le "grand danger de l'impérialisme qui menace presque tous les États africains", et poursuit : "La France
continue de se taire … Vous oubliez, Français, que vous devez à la Guinée plus de sept milliards de francs CFA". 177
Un mois plus tard, il dénonce à la radio guinéenne l'"indifférence totale" du gouvernement français. "Tant que le régime guinéen vivra, le général de Gaulle ne répondra pas. Il a cela dans la tête. En conséquence, je suis contre le gaullisme qui veut s'emparer de la liberté guinéenne" 178.
Le 4 février 1969, Radio Conakry annonce le début d'une campagne de démystification du gaullisme ; cette campagne s'arrêtera après la démission du général de Gaulle, en avril.
Le 2 février, au cours d'un meeting populaire, Sékou Touré avait vivement dénoncé le soutien de la France au Biafra (qui date de 1966).
Le 28 avril 1969, Radio Conakry se félicite du départ du général de Gaulle, qui a fait savoir qu'il quittait ses fonctions à la suite de l'échec de son référendum à propos notamment de la réforme du Sénat. Quelques jours plus tard, Alain Poher, président du Sénat, qui assure de, par la Constitution de 1946, l'intérim de la présidence, met fin aux fonctions de Jacques Foccart, ce qui ne peut que ravir Sékou Touré.
Le 30 novembre, il critique les interventions françaises au Tchad contre la rébellion toubou à la demande du président Tombalbaye, une "entreprise de reconquête coloniale".
Lorsque Georges Pompidou devient président, en juin 1969, il garde à ses côtés Jacques Foccart, mais nomme secrétaire général de la présidence de la République Michel Jobert, qui a travaillé à Dakar au Haut-Commissariat de l'AOF et qui connaît bien Sékou Touré.
Après l'élection présidentielle, Sékou Touré et Georges Pompidou échangent des télégrammes. Aux félicitations de Sékou Touré, le nouveau président français répond :
"J'ai été très sensible aux termes du message de félicitations que vous m'avez adressé en votre nom personnel comme au nom du peuple et du gouvernement guinéens. C'est très sincèrement que je vous en remercie. " 179
C'est le premier échange entre les chefs d'État des deux pays depuis bien des années.
A Jeune Afrique, Sékou Touré déclare le 30 juin 1969 : "la nouvelle conjoncture favorise la coopération amicale entre le peuple français et le peuple guinéen."
Début 1970, Edmond Michelet, ministre des affaires culturelles, récompense l'éminent artiste guinéen Sory Kandia Kouyaté en lui décernant le Grand Prix 1970 du Disque étranger. Sékou Touré remercie le ministre des affaires étrangères, Maurice Schumann 180. Et début février, Edmond Michelet est invité "fraternellement" par le peuple et le gouvernement guinéens à assister au festival de culture africaine qui se tient à Conakry du 9 au 25 mars 1970. Michelet répond qu'il ne peut accepter cette invitation en raison d'engagements antérieurs, mais que le gouvernement français déléguera sur place deux diplomates du Quai d'Orsay.
Début 1970 encore, Paris délivre des visas à deux ministres guinéens,
Nfamara Keita et Lameny Condé, qui viennent assister au congrès du Parti communiste français 181.
A l'occasion de leur venue, ils obtiennent le principe du déblocage de 40% des sommes dues à la Guinée au titre des pensions des anciens combattants guinéens, gelées à la Banque de France depuis 1965, et signent le 13 février, un accord sur les pensions.
Peu après, un télégramme du Quai d'Orsay précise la position de Paris :
"Depuis un an, le Président Sékou Touré a fait diverses ouvertures en vue d'une reprise de relations normales entre son pays et la France. Pour sérieux qu'aient été nos griefs contre l'homme d'État guinéen, il n'aurait été ni équitable ni politiquement opportun de tenir in défi ni ment à l'écart un pays avec lequel nous avons entretenu, dans le passé, des relations étroites et qui continue à rester fidèle à la langue et à la culture françaises.
Aussi avons-nous décidé de reprendre contact avec les Guinéens dans une première étape limitée au domaine technique; c'est ainsi que des conversations entre les banques centrales ont permis de commencer à apurer le contentieux financier, notamment en matière de pensions ; d'autre part, deux fonctionnaires français se rendront, début mars, à Conakry pour assister à l'ouverture de la quinzaine culturelle; enfin, la Foire de Marseille invitera la Guinée à participer à sa prochaine manifestation à la fin du mois de septembre.
Sans doute ne s'agit-il, pour le moment, que de mesures d'ordre technique et de portée limitée ; mais celles-ci pourraient conduire à la reprise, dans un délai raisonnable, de contacts à l'échelon politique et à une normalisation progressive de nos rapports avec Conakry". 182
Début mars, ce sont donc Francis Roux, diplomate notamment chargé des affaires guinéennes à la Direction d'Afrique, et Pierre Pluchon, membre de la section de coordination de la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques, qui se rendent en mission à Conakry.
Le 4 avril, lors des cérémonies du 10ème anniversaire de l'indépendance du Sénégal, les délégations française et guinéenne ont des entretiens à Dakar. Le président Senghor les reçoit séparément.
Le 14 avril 1970, l'hebdomadaire Jeune Afrique publie une interview de Sékou Touré (également publiée le 7 avril par le quotidien Dakar Matin à l'occasion du 10ème anniversaire de l'indépendance du Sénégal) ; le leader guinéen y déclare :
"Je ne peux pas rendre le général de Gaulle responsable de ce qui s'est passé. J'ai beaucoup de considérations pour l'homme. Je ne partage pas ses points de vue sur l'Afrique, mais je le considère comme un personnage qui s'est engagé avec une conception précise dans le sens historique français … Ce qui s'est passé en Guinée est imputable à un état d'esprit, l'état d'esprit néo-colonialiste qui a prévalu dans certains milieux français qui tenaient de Gaulle prisonnier. Il faut donc une reconversion totale des esprits … Que la France sache que dès aujourd'hui, si elle veut coopérer avec la Guinée, la Guinée est également disponible … Nous ne coopérons pas pour tendre la main … Je pense qu'une France consciente a besoin de la Guinée comme la Guinée a besoin de la France."
Le 17 avril 1970, Radio Conakry diffuse le message du ministre français des affaires étrangères Maurice Schumann à Kassory Bangoura, secrétaire d'État guinéen aux affaires étrangères :
"Tout ce qui serait de nature à favoriser une meilleure compréhension entre la France et la Guinée trouvera auprès du gouvernement français l'accueil le plus réceptif"
Quant au Festival auquel Michelet avait été invité, Maurice Schumann le qualifie de "nouveau témoignage de la communauté des patrimoines spirituel et culturel franco-guinéens".
Interrogé à ce propos à Ouagadougou où il se trouve en visite, Jacques Foccart declare :
— "Je ne peux que m'en réjouir." 183
Le 14 mai 1970, pour le 23ème anniversaire du PDG, Sékou Touré déclare :
"Les données du problème sont simples… Une solution satisfaisante existe pour les deux peuples … Que la France comprenne qu'en dehors de la détermination guinéenne de ne plus jamais se laisser subjuguer par quiconque, le peuple de Guinée n'a que de l'amitié pour le peuple français … Que la France comprenne que le gouvernement de la République de Guinée est convaincu qu'une coopération loyale entre la France et la Guinée ne peut être que bénéfique pour les deux pays." 184
Courant 1970, d'autres contacts sont établis par l'entremise de Gérard Decoster, administrateur de la société FRIA désigné par Pechiney 185. Ainsi, le 10 juin, Maurice Schumann écrit à Sékou Touré pour lui dire qu'il serait "heureux de recevoir à Paris le 25 juin le membre du gouvernement guinéen que vous aurez bien voulu désigner à cet effet," et c'est Decoster qui est chargé de remettre cette lettre 186.
Du 24 septembre au 5 octobre 1970, la Guinée participe à la Foire de Marseille (pour la 1ère fois depuis 1964), et Sékou Camara, ministre du commerce extérieur, s'entretient dans cette ville avec diverses personnalités françaises. Avant de quitter la cité phocéenne pour Paris, le ministre guinéen exprime sa gratitude pour l'accueil qui lui a été réservé et poursuit :
"La coopération avec les pays étrangers est indispensable pour la mise en valeur de nos richesses minières. Parmi ces pays, il est évident aujourd'hui pour les Guinéens que la France y participe. Nous serions les plus heureux si la France pouvait être présente le plus largement possible. Il est anormal que la France soit partie moins prenante dans l'exploitation de ces richesses qu'elle a permis de déceler". 187
De leur côté, Maurice Chabas, président de la Chambre de commerce et
d'industrie de Marseille, et Francis Leenhardt, président de la Foire de Marseille, expriment également le voeu de voir se développer les échanges. Francis Leenhardt souhaite que les "lianes poussent à nouveau entre les deux pays."
La délégation guinéenne se rend ensuite à Paris, pour des entretiens avec des membres du cabinet du secrétaire d'État aux affaires étrangères (c'est alors Jean de Lipkowski, qui est passé à Conakry en 1962, alors qu'il était député et rapporteur pour les questions concernant l'Afrique) et les services du ministère des finances.
Début octobre 1970, Sékou Touré répond à un envoyé de l'Agence sénégalaise de presse, présent à Conakry pour les cérémonies commémoratives de l'indépendance guinéenne :
"D'aucuns pensent qu'il s'agit ou s'agissait de la personne du général de Gaulle ou de Sékou Touré. Non, ils 'agit des rapports entre deux entités : la France et la Guinée. Il s'agit donc de problèmes impersonnels. La Guinée a souhaité avoir avec la France des rapports les plus confiants, elle a toujours souhaité la coopération avec la France sans réserve, c'est-à-dire dans tous les domaines et dans toutes les directions, mais elle est convaincue qu'il existe en France des courants de pensées qui continuent à croire que sans l'aide française, la Guinée ne saurait faire la démonstration de sa capacité à se diriger et à résoudre ses problèmes, bien que nous soyons déjà à la douzième année de notre indépendance, bien qu'aucun pays étranger ne puisse affirmer être intervenu dans l'ordre d'un centime pour assurer l'équilibre du budget de la Guinée, bien que ce budget soit toujours en mouvement de croissance d'une année à une autre.
Enfin, malgré toutes les réalisations et toutes les preuves de la capacité de notre peuple à résoudre ses problèmes, en France on interpréterait chaque appel que nous lançons en direction du Gouvernement français comme un appel au secours. Et c'est pourquoi nous disons, quant à nous, que nous sommes prêts à coopérer avec la France dans l'esprit de l'égalité absolue, dans l'esprit de la fraternité, de la coopération au bénéfice des deux pays, mais en aucun cas pour quelque raison que ce soit, la Guinée ne saurait avoir des rapports de subordination avec la France.
Cela étant exclu, nous sommes toujours disposés sur la base de l'égalité à discuter avec le Gouvernement français et à décider de tout programme de coopération au bénéfice des deux pays".
Le 16 octobre 1970 intervient l'arraisonnement dans les eaux territoriales guinéennes d'un chalutier français, le "Douce Payse". Conakry fait part de la découverte à bord d'un "puissant émetteur-récepteur portatif et d'un radar de navigation à longue portée".
L'équipage est accusé de tentative de subversion, le peuple guinéen est invité par les autorités "à frapper fort les ennemis, dont le colonialisme français ." 188
Le 9 novembre pourtant, les inculpés sont libérés. C'est également le jour où meurt le général de Gaulle.
Pierre Carreau, sous-directeur aux affaires africaines et malgaches au ministère des affaires étrangères, conduit à Conakry une délégation de trois fonctionnaires du Quai d'Orsay. Arrivés le 2 novembre, Sékou Touré les reçoit le 4 novembre pendant deux heures, en présence d'Ismaël Touré et de Saïfoulaye Diallo, et la délégation repart le 7. Apparemment, tout s'est bien passé, et le processus de normalisation paraît enfin enclenché.
A l'occasion du décès le 9 novembre du général de Gaulle, Sékou Touré rend public le message suivant :
"Malgré les vicissitudes de l'histoire, le Peuple de Guinée apprécie hautement l'oeuvre gigantesque accomplie par le général de Gaulle pour la libération de la France, à la grandeur et au développement de laquelle il s'est à juste titre et jalousement consacré corps et âme. "189
Louis Lansana Béavogui, ministre chargé du domaine économique, assiste le 12 novembre aux obsèques de de Gaulle à Notre-Dame. La délégation qu'il dirige quitte Paris le soir même. A son arrivée dans la capitale française, il déclare :
"Nous venons exprimer nos condoléances émues au peuple et au gouvernement français pour la mort de celui que nous considérons comme le plus grand homme d'État français du siècle.
Nous gardons, en Guinée, la plus réelle considération pour l'ancien président de la République française."
Et à son départ, il complète :
"Nous devons dire toute notre admiration pour les manifestations grandioses auxquelles nous avons assisté. Nous nous félicitons de la considération dont le gouvernement français nous a entourés, et nous tenons à dire que les contacts que nous avons eus avec différentes personnalités du gouvernement au cours de notre bref séjour ont été empreints de cordialité. "
Il est d'autant plus surprenant qu'à Conakry, on affirme plus tard que la délégation guinéenne n'a pas été bien traitée à Paris 190 ; il est vrai que dix jours après les obsèques du général de Gaulle, le 22 novembre 1970 (de plus, c'est le jour anniversaire du général, ce que Sékou ne manquera pas de relever comme circonstance aggravante ou comme explication de date !), a lieu la tentative de débarquement de militaires portugais et d'exilés guinéens sur les plages de Conakry, opération immédiatement qualifiée d'“agression”. Il n'est plus question, pendant de longs mois, ni de réconciliation ni de normalisation 191. Bien au contraire, la France est mise en cause, et un certain nombre de Français sont incarcérés ; la plupart d'entre eux ne seront libérés qu'en 1975.
Du 3 au 13 février 1971, le président français Georges Pompidou effectue une visite en Afrique, et se rend en Mauritanie, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Cameroun et au Gabon. Le 8, à Abidjan, il rencontre également les chefs d'État des pays membres de l'Entente : les présidents Hamani Diori du Niger, Hubert Maga du Dahomey-Bénin, Sangoulé Lamizana de la Haute-Volta [Burkina-Faso], et Gnassingbé Eyadéma du Togo.
Le 5 mars 1971, Saïfoulaye Diallo, ministre d'État guinéen aux affaires extérieures, écrit à Maurice Schumann, ministre français des affaires étrangères, en portant un certain nombre d'accusations contre la France. Le président Georges Pompidou, à qui cette lettre a été transmise, l'annote :
— "Je n'ai pas survolé la Guinée" (lors de ce récent déplacement), et à propos de l'affirmation selon laquelle il aurait rencontré des exilés guinéens, ou reçu une lettre de leur part 192". Il ajoute : "C'est une farce. Rechercher le numéro du "Monde" auquel il est fait allusion et le cas échéant, exiger un rectificatif."
En novembre 1971, lors du 25ème anniversaire de l'UNESCO où il représente la Guinée, l'ambassadeur Seydou Keita déclare :
— "Tous nos ennuis avec la France proviennent de la clique Foccart. Tant que Foccart gardera son influence sur le gouvernement français, la normalisation des relations franco-guinéennes ne sera pas possible." 193
A la même époque, accordant une interview à Simon Malley, envoyé
spécial de la publication (plutôt progressiste) Afrique-Asie, Sékou Touré déclare à propos des perspectives de normalisation des rapports entre Conakry et Paris :
— "A un moment donné, le gouvernement français avait voulu traiter honorablement avec le gouvernement guinéen, en admettant la réalité révolutionnaire guinéenne comme une donnée désormais irréversible et en se proposant de conclure avec notre gouvernement tous les accords compatibles avec les intérêts de la France et de la Guinée ainsi réconciliées. Mais il s'est trouvé deux chefs d'État africains et toujours le fameux Foccart pour convaincre à nouveau le gouvernement français de la possibilité de succès d'un coup d'État. Et comme je l'ai déjà dit, le frère Pompidou attend. Il attendra indéfiniment. Quand le soleil commencera à se lever à l'Ouest et non à l'Est, alors la Guinée sera incluse dans le carcan néocolonial… "
Et, dénonçant l'attitude des opposants guinéens en exil, Sékou Touré ajoute :
— "Nous nous en prenons moins à ces Guinéens égarés, sans conscience historique, sans valeur sociale, à ces apatrides, en un mot, qu'au groupe impérialiste qui les utilise cyniquement contre le peuple qui les a engendrés. Ces Guinéens sont des infirmes qui constituent la catégorie
sociale la plus indigne qui soit. C'est pourquoi le seul prix qu'on puisse leur accorder est le mépris du Peuple révolutionnaire de Guinée, qu'ils essaient de bafouer dans sa dignité, dans leurs vaines tentatives de réhabiliter ce qui ne saurait être réhabilité : la colonisation de la France que nous avons subie durant soixante années…"
A la fin de l'année 1972, alors que François Mitterrand s'est rendu peu auparavant à Conakry pour exprimer à Sékou Touré sa solidarité à l'occasion du deuxième anniversaire du débarquement de novembre 1970, Georges Pompidou est en ce même mois de novembre en visite officielle au Togo et en Haute-Volta (futur Burkina Faso); interrogé par l'hebdomadaire Marchés Tropicaux 194, il déclare au sujet des relations entre la France et la Guinée que le gouvernement français avait naguère été induit en erreur par ses informateurs et que le développement du différend résultait d'un "manque d'informations" de l'administration française avant même l'indépendance de la Guinée ; il ajoute qu'il s'agit d'un "malentendu qui s'arrangera".
Le 4 septembre 1973, quelques jours avant que ne soient accueillis en Guinée Fidel Castro ainsi que les présidents ou premiers ministres de
Guinée équatoriale, de Jamaïque, de Trinidad-et-Tobago et de Guyana (après la conférence des pays non-alignés à Alger), au cours d'un meeting du PDG, Sékou Touré déclare :
— "Chaque fois que nous déclarons sans hésiter que nous sommes pour la coopération avec la France dans la dignité et sur la base de l'égalité, ce langage n'est jamais entendu en France, parce que
l'on estime là-bas que l'on doit employer un autre langage, celui de la force …
Il ajoute que deux gouvernements voisins de la Guinée ont entrepris des démarches à Paris pour empêcher une normalisation et demander au contraire de les aider à agir contre le régime de Sékou Touré. "Le pauvre Pompidou croit à cela ; avant lui, de Gaulle croyait à cela. Il a été enterré avec ses rêves." Il accuse également l'hebdomadaire Jeune Afrique de recevoir des fonds de Jacques Foccart.
Sékou Touré reprend ses accusations le 7 septembre 1973 à Radio Conakry, en annonçant l'arrestation de 59 opposants guinéens formés selon lui en Côte d'Ivoire et infiltrés en Guinée. La radio précise que l'un d'entre eux était un tueur à gages qui devait assassiner le président le 20 octobre à l'aide d'un "appareil photo équipé d'un pistolet silencieux", et que des attaques devaient être lancées le même jour à partir de la frontière ivoirienne. Il a invité les patriotes à "descendre les dirigeants africains traîtres", mentionne les noms de Senghor et d'Houphouët, et ajoute à l'intention des "patriotes" : "qu'ils n'hésitent pas, car ils iront au paradis." 195. Avant de conclure, le président guinéen présente à la foule une délégation palestinienne et le délégué apostolique en Afrique de l'Ouest, Mgr Giovanni Mariani, avec qui il dit avoir eu des entretiens importants.
Il y a du vrai dans l'affirmation que "deux gouvernements voisins de la Guinée ont entrepris des démarches à Paris pour déstabiliser la Guinée."
Selon le dernier tome du Journal de l'Élysée de Jacques Foccart 196, Senghor et Houphouët se mettent à cette époque d'accord pour tenter d'éliminer Sékou Touré, éventuellement en utilisant les éléments militaires du PAIGC qui sont présents à Conakry et dans les zones frontalières de la Guinée avec la Guinée portugaise, ou par d'autres moyens. Senghor, mandaté par Houphouët, en parle à Georges Pompidou lors d'une visite à Paris.
Dans son compte-rendu de la journée du 1er février 1974, Foccart rapporte les propos du président français, déjà très malade (il mourra deux mois plus tard) :
— "Senghor m'a parlé, comme vous me l'aviez annoncé, du problème de la Guinée. Il faisait d'ailleurs cette démarche en son nom et en celui du président Houphouët. Personnellement, il ne semble pas y tenir particulièrement. Je lui ai répondu, comme prévu, que je ne voulais en aucun cas que la France soit mêlée à cette affaire de Guinée. Cela était l'essentiel de notre entretien. Ma réponse a été catégorique …"
D'ailleurs, peu de temps après, début mars 1974, dans l'une de ses dernières décisions de politique étrangère (il décédera le 2 avril), Georges Pompidou donnera à Michel Jobert, son ministre des affaires étrangères, et à Jacques Foccart son accord pour que l'ancien ministre André Bettencourt accepte l'invitation à se rendre en Guinée que Sékou Touré lui avait fait parvenir par l'intermédiaire de l'auteur. 197
Cette même année 1974, Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, effectue une visite de trois jours en Guinée, où il se rend dans plusieurs
régions. Lors d'un meeting à Conakry, le 12 septembre, il déclare :
— "Si le gouvernement français avait conscience des réalités et des intérêts bien compris de notre peuple, il ferait le pas nécessaire pour rétablir des
relations normales entre nos deux pays."
Il obtient la libération d'un des détenus français du Camp Boiro, Marcel Ropert 198.
Mais sans qu'il le sache, la négociation est déjà engagée. Cette fois-ci,
elle aboutira.
Notes
161. Rappelons que c'est l'Italie qui représente, de 1965 à 1975, les intérêts français en Guinée. Les visites en Guinée de diplomates français relatées dans ce chapitre se font donc en dehors de toute relation diplomatique bilatérale.
162. Marchés Tropicaux, 30 avril 1966.
163. Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle. Journal de l'Élysée 1, 1965-1967, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997.
164. L'affaire remonte jusqu'au général de Gaulle, qui dit à Foccart :
— Tout cela, c'est du copinage, ce sont vos copains de Guinée qui le demandent…
— Mon Général, absolument pas. Parce que ces malheureux sont restés en Guinée, ils ne peuvent pas transférer un seul centime.
Tout le produit de cette importation serait bloqué ici et ne serait pas transféré en Guinée ; il permettrait aux expéditeurs d'avoir un peu de francs.
— Oui, je sais bien : il y a ce pauvre Allégret. (ce planteur français a présidé avant l'indépendance la section guinéenne du parti gaulliste RPR NDLA)
— Non, mon Général, jamais Allégret ne m'a demandé quoi que ce soit ni n'a fait aucune intervention. Il est bien évident que, pour lui, cela arrangerait beaucoup les choses. Alors vous ne voulez vraiment pas ?
— Je n'ai pas dit que je ne voulais pas, je trouve cela ridicule. En plus vis-à-vis des Antilles, cela ferait mauvais effet : on a déjà du mal à placer leurs bananes.
— Non, mon Général, puisqu'il y a eu ces cyclones qui font que la production antillaise est en baisse en ce moment, et l'affaire de Guinée n'est qu'une affaire ponctuelle.
— On dit toujours cela et, après, on se sert du précédent pour continuer.
— Alors, c'est non ?
— Mais enfin, je ne vous dis pas non !
— Je donne donc une réponse positive ?
— Eh bien ! si vous voulez."
Mais il semble que finalement, le Quai d'Orsay n'ait pas autorisé les services du ministère des Finances à laisser faire cette importation. (Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle. Journal de l'Élysée 1, 1965-1967, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997).
165. Propos rapportés par Le Monde du 3 février 1967
166. Rapporté par Le Monde le 1er et puis le 28 septembre 1967.
167. André Bettencourt, secrétaire d'État aux transports, devait peu après être nommé secrétaire d'État aux affaires étrangères. Nabi Youla allait le 31 mars 1967 quitter son poste en Allemagne fédérale et se réfugier à Paris, refusant d'être nommé à Belgrade comme l'avait décidé Sékou Touré ; de là, il s'installera au Zaïre, sera condamné à mort par contumace en 1969, et ne reviendra à Conakry qu'au début des années 90, pour devenir pendant quelques années conseiller du président Lansana Conté. (entretien de Nabi Youla avec l'auteur, Conakry, 26 avril 2008).
168. Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle. Journal de l'Élysée 1, 1965-1967, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997.
169. Un peu plus tard, le 15 novembre 1965, le Général s'inquiétera de savoir pourquoi UTA dessert toujours la Guinée. "Je parle ensuite de la lettre de Francis Fabre (président de la compagnie aérienne), sur laquelle le Général avait porté des annotations vengeresses :
— Pourquoi avons-nous obligé l'UTA à continuer son service en Guinée ?
Je lui explique qu'on ne l'avait pas obligée :
— Mais une compagnie de classe internationale a des obligations, et il est tout à fait normal que l'UTA ait continué sa desserte de Conakry.
— En tout cas, nous n'y pouvons rien.
— Si, nous pouvons quelque chose, car nous devons environ dix milliards anciens à la Guinée.
— Jamais de la vie ! A quel titre ?
— Au titre des retraites et des pensions des anciens combattants. Si je vous le dis, c'est que je me suis informé. Nous devons des milliards, et la totalité de ce que les Guinéens doivent, sur des dettes reconnues, bien entendu, à l'UTA et à Pechiney se monte à cinq milliards. Alors, je crois que le Quai d'Orsay et le ministère des Finances seraient d'accord, sans parler du fond du problème, pour envisager, par l'intermédiaire de l'Italie, une négociation limitée pour le remboursement de ces dettes.
Le Général reste extrêmement évasif, ne prenant pas position." (Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle, Journal de l'Élysée 1, 1965-1967, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997).
Jean-Daniel Richon, encore en fonctions lorsque l'auteur négociait en Guinée, puis lorsqu'il y a été ambassadeur, lui a parlé à maintes reprises de ses efforts pour tenter de renouer les contacts entre Paris et Conakry.
170. Senghor avait déjà écrit directement à de Gaulle, le 28 juillet 1959, pour suggérer que le général invite Sékou Touré à s'arrêter à Paris sur le chemin de New York et de Washington. Sans résultat.
171. Lettre manuscrite de Sékou Touré à Balla Camara, l'un des plus brillants cadres guinéens, ancien élève de l'Ecole Nationale de la France d'Outre-mer, ancien secrétaire général du gouvernement guinéen, ancien ministre du commerce et gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée. Un an après cette correspondance amicale — elle commence par "mon cher Balla" et se termine par "Bien fraternellement" — Camara Balla est arrêté dans le cadre du "complot des militaires" et sera fusillé en janvier 1971. Cette lettre a été remise à l'auteur par sa veuve, Madame Camara Balla. La lettre en question a fait l'objet d'une analyse graphologique, contenue dans le volume annexe.
172. Le général d'infanterie Édouard Méric, Saint-Cyrien, était alors à la retraite depuis près de dix ans. Il n'avait jamais servi en Afrique noire, mais il était lié d'amitié avec le président mauritanien Moktar Ould Daddah, qui le faisait venir régulièrement à Nouakchott ; il est possible que ce soit par ce biais qu'il se soit intéressé au problème guinéen.
173. Extraits des souvenirs de l'auteur, consignés dans une interview recueillie quelques jours après la mort de Sékou Touré par Jeune Afrique sous le titre "Sékou tel que je l'ai connu …", in La Guinée après Sékou Touré, Éd. Jeune Afrique Plus, Paris, 1984 (90 p. et annexes). Le texte complet des mémoires d'André Bettencourt à ce propos figure en annexe au présent chapitre.
174. Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle, Journal de l'Élysée 1, 1965-1967, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997).
175. Le Monde, 3 octobre 1968.
176. La Guinée participait cette année-là pour la première fois à des Jeux olympiques.
177. Marchés Tropicaux, 18 janvier 1969.
178. Marchés Tropicaux, 8 février 1969.
179. Marchés Tropicaux, 5 juillet 1969.
180. Radio Conakry, 8 mars 1970.
181. En janvier 1967, trois personnalités guinéennes étaient de même venues à Paris pour assister au Congrès du Parti communiste. Lorsque le général de Gaulle l'avait appris, il était devenu furieux :
— Comment cela se fait-il ? J'avais pourtant donné des instructions.
— Oui, mais les Italiens disent que, l'ambassadeur étant absent de Conakry, le chargé d'affaires a délivré des visas sans faire attention. Bref, j'ai eu beaucoup de mal à empêcher l'expulsion de ces Guinéens. (Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle, Journal de l'Élysée 1, 1965-1967, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1997).
182. Télégramme circulaire du Quai d'Orsay, 25 février 1970.
183. Marchés Tropicaux, 9 mai 1970.
184. Marchés Tropicaux, 23 mai 1970.
185. Gérard Decoster, qui dirigera ultérieurement les activités de Pechiney en Grèce, avait épousé une Guinéenne, Kesso Bah, fille de l'Almamy de Mamou (le couple s'est par la suite séparé). En dépit de ces efforts pour la réconciliation, encouragé personnellement par Sékou Touré, il sera néanmoins mis en cause par certaines des dépositions de la “5ème colonne” en 1971.
[Erratum — Il est erroné de donner le nom de famille Bah à la fille de l'Almami Ibrahima Sori Daara II (Alfaya). Il s'agit en fait des Barry Seeediyaaɓe, la famille régnante de Timbo, capitale du Fuuta-Jalon théocratique (1725-1897). — T.S. Bah]
186. L'auteur n'a pas été en mesure d'identifier ce ministre, ni d'établir si une telle rencontre a effectivement eu lieu.
187. Marchés Tropicaux, 10 octobre 1970.
188. Marchés Tropicaux, 24 octobre 1970.
189. Le Monde, 12 novembre 1970.
190. Chef de cabinet du ministre André Bettencourt qui a assuré d'octobre 1970 à janvier 1971 l'intérim du ministre des affaires culturelles (Edmond Michelet étant décédé en octobre, Jacques Duhamel sera nommé en janvier suivant), l'auteur a participé à la préparation des obsèques solennelles du général de Gaulle à Notre-Dame de Paris (responsabilité qui incombait aux affaires culturelles en liaison avec l'archevêché de Paris), ainsi qu'à la réception qui a réuni le même jour dans les salons du Quai d'Orsay les nombreuses personnalités étrangères venues à Paris à cette occasion. Il n'a pas, à l'époque, prêté une attention particulière à la délégation guinéenne, mais il sait fort bien qu'elle n'a fait l'objet d'aucun ostracisme ni d'aucune vexation particulière.
191. Voir le chapitre 65 sur la tentative de débarquement du 22 novembre 1970.
192. Le Monde du 3 mars 1974 (donc paru deux jours avant la lettre du ministre guinéen) écrit que des opposants guinéens lui ont à Abidjan remis un message à propos de la Guinée. Il est possible qu'un tel message ait été donné à l'un des membres de la suite présidentielle, mais cela ne signifie en rien que le président en ait eu connaissance.
193. Marchés Tropicaux, 13 novembre 1971. Marchés Tropicaux du 13 juillet 1973 rappelle que lors d'un entretien publié en 1963 dans Afrique-Asie, Sékou Touré avait déclaré : "Je crains (que toute reprise des relations avec la France) ne soit possible tant que la République française nous apparaîtra comme la République Foccart, c'est-à-dire un instrument de combat contre le Peuple guinéen." Mais les déclarations mettant en cause Jacques Foccart sont fréquentes dans la bouche de Sékou Touré ; aussi, la réconciliation finale entre les deux hommes n'en est-elle que plus étonnante (voir le chapitre 88 qui y est consacré).
194. Marchés Tropicaux, 8 décembre 1972 (sans doute au cours d'un point de presse pendant le voyage officiel au Togo). Jeune Afrique (9 décembre 1972) reproduit les mêmes propos : "La Guinée, c'est un malentendu qui résulte d'un manque d'informations avant la naissance du nouvel État".
195. Propos cités par l'AFP et l'agence Reuter.
196. La fin du gaullisme (1973-1974), (Tome 5), entretiens avec Philippe Gaillard, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 2001. Voir notamment pages 528/529.
197. Ouvrage cité ; page 567.
198. Marchés Tropicaux, 20 septembre 1974. A la date du voyage de Georges Séguy, l'auteur était déjà engagé dans les négociations pour la normalisation avec la France, et il s'était rendu à Conakry en juillet en compagnie d'André Bettencourt. Par ailleurs, la normalisation avec la
République fédérale d'Allemagne était intervenue en juillet.