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André Lewin
Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.

Paris. L'Harmattan. 2010. Volume I. 236 pages


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Chapitre 40
12 janvier 1960 — Sékou Touré accueille Golda Meir



Israël est l'un des premiers pays à reconnaître la Guinée indépendante. Il est vrai que certains membres du gouvernement travailliste alors au pouvoir en Israël avaient rencontré Sékou Touré lors de réunions syndicales internationales. C'était le cas en particulier de Golda Meir elle-même ; celle-ci, ministre des Affaires étrangères à cette époque, avait sans nul doute poussé à cette rapide reconnaissance.
C'est en tous cas le 10 octobre 1958 qu'un télégramme signé du président du Conseil israélien et adressé à Sékou Touré annonce à celui-ci la reconnaissance de son pays par Israël, tout en exprimant une certaine inquiétude sur le plan juridique par rapport à la France. Le 17, Sékou Touré répond en remerciant mais précise qu'“aucune considération juridique ne limite désormais souveraineté république de Guinée par rapport à France, dont services ont cessé toute existence légale dans notre État depuis 30 septembre. STOP. Tout obstacle à reconnaissance république Guinée étant de ce fait inexistant, vous renouvelle souhait mon gouvernement établir relations diplomatiques normales avec votre pays sur base droit international.”
Golda Meir réagit le 6 novembre par un câble qui précise que “le gouvernement d'Israël espère pouvoir entamer dans un avenir rapproché des pourparlers avec le gouvernement de Guinée au sujet d'un échange de missions diplomatiques entre nos deux pays.”
Peu après, Ehud Avriel, ambassadeur d'Israël au Ghana 268, se rend à Conakry, rencontre Sékou Touré et annonce qu'Israël ouvrira prochainement une ambassade. Sékou donne son accord avec satisfaction. Mais de son côté, la Guinée n'a jamais ouvert d'ambassade en Israël 269.
L'ambassade d'Israël au Ghana est dès le début décembre saisie d'une série de demandes guinéennes : participation de la Guinée à la Black Star Line (compagnie mixte israélo-ghanéenne de navigation maritime), envoi à Conakry d'un expert en diamant, formation professionnelle dans les domaines des syndicats ouvriers et de la production agricole 270.
Peu après, toujours en décembre 1958, la Guinée demande à Israël d'accueillir des jeunes Guinéens dans des kibboutz, afin d'étudier une expérience qui semble intéressante pour un pays neuf qui cherche sa voie de développement. Dans le courant de l'année 1959, ce sont dix stagiaires guinéens qui séjournent pendant neuf mois en Israël, où ils se travaillent dans des centres gérés par l'Histadrout (Fédération générale du travail) au milieu d'environ 200 jeunes venus de Birmanie, d'Inde, d'Éthiopie et du Ghana.
Fin février 1959, seize membres de la Gadna, organisation paramilitaire de la jeunesse israélienne, recevant une formation à la fois agricole et militaire, et naguère liée à la Haganah, sont invités à se rendre en Guinée pour y exposer leurs techniques de travail et de formation. Israël a également envoyé plusieurs ingénieurs agronomes qui travaillent dans divers régions guinéennes, ainsi que dix professeurs capables d'enseigner en français (et qui arrivent pour participer à la rentrée scolaire de 1959).
Un contrat est signé en avril 1959 entre Israël et la Guinée pour la constitution d'une société mixte qui s'occupera notamment de construction de routes, d'adduction d'eau, et de divers travaux publics. 60% des actions seront propriété du gouvernement guinéen, 40% d'une société israélienne, Solem Bone. Par ailleurs, une entreprise israélienne (au capital limité au départ à 40.000 dollars) reçoit l'un des quatre permis d'exploitation diamantifère qui remplacent désormais les douze permis précédents 271.
Sur le plan diplomatique, l'agrément du premier ambassadeur d'Israël, Shlomo Hillel 272 tarde en raison de pressions des pays arabes. Finalement, il arrive le 5 août 1959 à Conakry, accompagné seulement d'un unique collaborateur et d'une secrétaire. La présentation de ses lettres de créance, le lendemain 6 août, est particulièrement peu cérémonieuse, et l'entretien entre l'ambassadeur et le président guinéen n'est pas très cordial 273. Il est vrai que le président du Conseil marocain Abdallah Ibrahim se trouve à Conakry au même moment, ce qui pour certains constitue une explication. En août 1959, Tel Aviv annonce que Sékou Touré se rendra en visite officielle en Israël. Sans doute Hillel en a-t-il évoqué l'éventualité lorsqu'il a présenté ses lettres de créances. Mais il n'y a aucune confirmation du côté guinéen. Quelques mois plus tard, en novembre 1959, Shimon Pérès, alors directeur général au ministère israélien de la défense (il sera élu député le mois suivant et sera nommé vice ministre de la défense 274) , est de passage à Conakry ; il aurait invité Sékou Touré à se rendre en Israël au nom du président Yitzhak Ben Zvi et du Premier ministre David Ben Gourion. Cette invitation est renouvelée officiellement quelques mois plus tard, après la visite africaine de Golda Meir 275. Mais Conakry préfère démentir 276.
Le 5 novembre, Sékou Touré s'adresse pour la première fois à l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. Les Israéliens remarquent qu'il évoque dans son discours le sort des réfugiés palestiniens. Dix jours plus tard, le leader guinéen se trouve à Bonn pour une visite en République fédérale d'Allemagne. A sa demande, l'ambassadeur d'Israël, initialement convié par le protocole fédéral aux cérémonies d'accueil et aux réceptions officielles, est décommandé au dernier moment 277.
A la même époque, en novembre 1959, une délégation du syndicat israélien Histadrout visite la Guinée et expose à certains responsables locaux le système de gestion de l'économie israélienne, qui suscite un réel intérêt chez ses interlocuteurs.
A la fin de décembre 1959, c'est une mission commerciale israélienne qui séjourne en Guinée. Un accord commercial est signé, portant sur 1,5 million de dollars d'échanges. Sékou Touré donne aussi son accord à la création d'une société d'économie mixte guinéo-israélienne de travaux publics, avec 60% de crédits locaux, à l'instar de ce qui s'est fait au Ghana, mais le dossier reste bloqué au ministère des Travaux Publics, sur le bureau d'Ismaël Touré.
Au tout début de 1960, Golda Meir, alors ministre des Affaires étrangères, effectue une tournée africaine 278. Son voyage se termine par la Guinée : elle séjourne à Conakry du 12 au 14 janvier 1960.
Sékou Touré la reçoit avec beaucoup d'égards. Plus tard, il dira: “Et on sait qu'en 1960, le Premier ministre d'Israël 279, à l'époque Madame Golda Meir, est venue à Conakry pour nous rendre une visite Nous avions des rapports personnels avec elle, avant l'indépendance, en tant que syndicaliste. Elle était syndicaliste comme nous.” 280
Golda Meir semble avoir été moins séduite par la personnalité de Sékou Touré, s'il faut en croire son livre My Life, écrit il est vrai après que la Guinée eût rompu les relations diplomatiques avec Israël, premier pays africain à le faire en 1967 — plusieurs autres le feront seulement après la guerre du Kippour en 1973.
Sans doute sous le coup de cette déception, Golda Meir affirme que sa première rencontre avec Sékou, au début de 1960, “… ne fut pas un succès éclatant. Ce fut l'un des leaders africains avec lequel je ne parvins pas à développer une relation personnelle, bien que j'aie été fortement impressionnée par ses capacités intellectuelles.
Comme Nkrumah et comme, dans une moindre mesure, Nyerere, Sékou Touré était davantage préoccupé par le statut international de son pays que par son bien-être. Bien que très radicalement de gauche, il ne paraissait pas avoir de véritables concepts sociaux, et en conséquence, nous avions peu de choses à lui offrir — bien que nous ayons fourni de l'aide à la Guinée et il y a à Conakry une belle école de formation professionnelle que nous avons aidé à faire naître. Mais en fait la Guinée n'a jamais été très amicale vis-à-vis d'Israël et quand, lors de la guerre des six jours, elle rompit ses relations avec nous — seul pays africain à le faire à cette date — je ne fus pas particulièrement surprise.
Non pas que je pense que l'attitude d'un État envers Israël soit inévitablement un test du calibre du dirigeant de cet État, mais c'était un fait que plus un leader africain se préoccupait lui-même du progrès de sa nation plutôt que de jouer des jeux entre les blocs de puissances, plus cet État souhaitait notre aide et mieux nous nous entendions.”
Du 11 au 15 avril 1960 se tient à Conakry la deuxième conférence de l'Organisation de solidarité afro-asiatique. Comme tous les autres membres du corps diplomatique accrédité en Guinée, Hillel reçoit de la part du ministère guinéen des affaires étrangères une invitation à assister à la session en tant qu'observateur, et à participer aux réceptions officielles données à cette occasion. Mais alors qu'il se trouve déjà dans la salle, il est prié par Ismaël Touré, membre du Bureau Politique National, de quitter la conférence. Ce dernier ne se laisse pas convaincre par l'argument de Hillel qui lui montre l'invitation qu'il a reçue des organisateurs de la réunion.
L'ambassadeur, en rendant compte de l'incident à ses autorités, estime que la venue d'une délégation palestinienne venue de Gaza avec l'aide des Egyptiens, compte beaucoup dans cette décision. Parallèlement, la conférence vote une résolution condamnant Israël comme “base impérialiste” et demandant le retour des réfugiés palestiniens. Alpha Diallo, secrétaire général des affaires étrangères, chez qui Hillel est allé protester, affirme tout d'abord que la Guinée n'est pour rien dans ce qui relève du fonctionnement d'une conférence internationale, et qu'il s'agit peut-être d'une mesure nécessaire pour assurer la sécurité de l'ambassadeur ; finalement, il demande de lui adresser une note. Hillel réplique qu'il préfère rencontrer le président.
Sur instructions de son gouvernement, Hillel demande à être reçu par Sékou Touré afin de lui transmettre un message de Golda Meir exprimant l'espoir qu'en raison des bonnes relations existant entre les deux pays et des usages internationaux, le leader guinéen voudra bien faire prendre par son gouvernement les mesures appropriées pour corriger l'insulte grave infligée au représentant. Sékou Touré le reçoit le 15 avril, pour un entretien difficile, et reconnaît que les délégations des pays arabes avaient de leur côté menacé de quitter la conférence si le représentant d'Israël s'y trouvait. A la note que Hillel remet au président au sujet de cette affaire, le ministère des Affaires étrangères répond une nouvelle fois, une semaine plus tard, que cet incident ne concerne pas la Guinée, mais les organisateurs de cette conférence de solidarité afro-asiatique 281.
Le 10 octobre 1960, Sékou Touré rencontre de nouveau Golda Meir à New York, en marge de sa visite aux Nations Unies 282 ; il la retrouvera dans les mêmes circonstances le 9 octobre 1962, où elle prend la parole immédiatement après lui à l'Assemblée générale de l'ONU et commence en se référant à son intervention : “Ceux d'entre nous qui ont entendu l'allocution du président de la Guinée ne pourront plus jamais dire qu'ils n'ont pas entendu exposer ici les problèmes aigus qui se posent au monde nouveau. Que nous soyons d'accord ou non sur tout ce qui a été dit, je crois que nous reconnaissons tous que, dans l'intérêt du monde entier, un grand nombre de ces problèmes qui deviennent de plus en plus aigus devraient être résolus de la manière la plus rapide et la plus constructive.”
Le 11 octobre 1960, Ben Gourion écrit au général de Gaulle :

“L'Occident libre ne pourra perdurer et influencer qu'à deux conditions : s'il sait préserver et renforcer son unité ; s'il sait agir en commun et coopérer avec les peuples d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique, tout en comprenant leur mentalité et leurs besoins. Cuba et la Guinée doivent servir de grave avertissement au monde libre.”

De 1959 à la rupture de 1967, quatre ambassadeurs d'Israël se succèdent à Conakry 283. Un nombre assez important de projets de coopération israélienne voient le jour, notamment dans le domaine agricole et dans celui de la formation professionnelle. Après juin 1967, c'est l'interruption de la coopération officielle, mais des organismes notoirement liés à Israël continuent à travailler en Guinée. Ainsi, en août 1968, la Guinée fait appel à l'ORT (Organisation Reconstruction Travail), proche d'Israël, pour la formation de cadres à Boké. Avant la guerre des six jours, Sékou Touré déconseille à Nasser d'entreprendre quoi que ce soit contre Israël, mais une fois les opérations militaires lancées, il soutiendra le Rais égyptien. Bien entendu, en non-aligné fidèle à la ligne du Mouvement, Sékou Touré respecte les décisions prises par les pays arabes et l'OUA vis-à-vis d'Israël, par exemple en rompant dès juin 1967 les relations diplomatiques avec Israël — tout premier pays africain à le faire : 27 autres pays africains attendront la guerre du Kippour en 1973 pour le faire. L'ambassadeur Nahum Gershon quitte Conakry en juillet 1967. Une ambassade de l'OLP s'installe à Conakry et un camp d'entraînement est ouvert un peu en dehors de la capitale.
Mais Sékou Touré continue à manifester de l'intérêt pour Israël, et rappelle, dans une interview à Jeune Afrique en 1970, que certains sionistes avaient songé au Fouta-Djalon pour y installer un “foyer national juif” 284. Lorsque du 2 au 5 novembre 1971 a lieu la visite des Sages africains au Moyen-Orient et en particulier en Israël, il ne la désapprouve pas ; cette mission était dirigée par le président Senghor du Sénégal et comprenait les présidents Ahidjo du Cameroun, Gowon du Nigeria et Mobutu du Zaïre. Lorsque le président Sadate se rend à Jérusalem en 1977, il se garde de le critiquer. Il approuve le processus de paix engagé à Camp David. Lorsque Mobutu décide en mai 1982 de rétablir les relations du Zaïre avec Israël, il le soutient.
Et lorsqu'il se rend en France en septembre 1982, il demande — à titre privé — à l'auteur, qui pourtant n'est plus ambassadeur en Guinée, d'essayer de lui ménager un contact avec les autorités israéliennes. L'auteur utilise l'entremise de l'ambassade d'Israël à Paris. Le gouvernement israélien choisit d'envoyer à Paris l'ancien ambassadeur Shlomo Hillel, qui rencontre Sékou Touré à sa résidence de l'hôtel Marigny, en face de l'Élysée. Le moment est délicat ; le massacre de Sabra et Chatila au Liban vient de se produire, et Sékou Touré dit à Hillel, qu'il a retrouvé avec beaucoup de plaisir, que “le gouvernement Begin ne facilite pas la tâche de ses amis”. Mais les deux hommes conviennent de ne pas rompre le contact et de travailler dans l'optique d'un rétablissement ultérieur des relations diplomatiques.
Sékou Touré a également invité Hillel à venir en Guinée. Il s'y rend au tout début de mars 1983, accompagné de Avi Primor, directeur des affaires africaines au ministère israélien des affaires étrangères, et propose que le ministre guinéen des Affaires étrangères (à l'époque Abdoulaye Touré) visite officiellement Israël. Sékou Touré décide de demander à son ambassadeur à Paris, Aboubacar Somparé, de maintenir les contacts avec Israël.
L'auteur est convaincu que Sékou Touré s'apprêtait à renouer avec Israël au cours des mois suivants, en espérant en particulier pouvoir jouer un rôle positif sur le différend israélo-palestinien, compte tenu de ses bonnes relations avec Yasser Arafat, compte tenu aussi de ses positions au sein du Comité Al-Qods (à propos de Jérusalem) ainsi que de sa vice-présidence de l'Organisation de la Conférence islamique 285. Il semble qu'il ait songé qu'un tel rétablissement des relations diplomatiques avec Israël pourrait utilement intervenir au lendemain du Sommet de l'OUA qu'il pensait réunir à Conakry en 1984. Mais sa mort en mars de cette année-là l'aura empêché d'aller au bout de son intention.
Le régime de la 2ème République de Guinée, contrairement à la plupart des autres pays d'Afrique 286, n'a pas cru devoir suivre la voie ainsi tracée par Sékou Touré.
Quelques rencontres avec des diplomates israéliens, établis par l'intermédiaire d'Aboubacar Somparé, ont bien eu lieu entre le Premier ministre Diarra Traoré et le ministre des affaires étrangères Facinet Touré, de passage à Paris en juin 1984, quelques semaines après la prise de pouvoir par les militaires en avril, et une mission militaire israélienne s'est rendue sur place en janvier 1985, mais ces contacts n'ont pas eu de suite officielle 287. On invoque parfois pour expliquer cette situation des désaccords au sein de l'équipe dirigeante guinéenne, ou des facteurs religieux islamiques, ou même des pressions adverses de la France ; rien ne permet de le confirmer.
Près de quarante ans après la rupture des relations intervenue en 1967, et alors qu'Israël a fait à plusieurs reprises des avances précises (en particulier depuis son ambassade au Sénégal, où l'auteur a été témoin des démarches effectuées successivement par les ambassadeurs Arie Avidor et Doron Grassmann), Conakry continue à faire la sourde oreille, se privant ainsi d'une coopération précieuse et d'une possibilité intéressante d'influence (en dehors des formations officieuses en matière de sécurité, signalées antérieurement en note).

Notes
268. Il est ambassadeur à Accra de 1957 à 1960, et sera ensuite ambassadeur au Congo (Léopoldville) en 1960 et 1961. 269.
269. Après la rupture des relations diplomatiques en 1967, Conakry envoyait parfois des émissaires officieux souvent hommes d'affaires qui en profitaient pour signer des contrats de fournitures ou d'équipement; l'un d'entre eux était Mory Sinkoun Kaba, apparenté à l'épouse du président Sékou Touré.

[Remarque. Il s'agit du fils aîné du vieux Sinkou Kaba, administrateur retraité, ancienc ministre, et patriache de la lignée Kaba de Kankan. Il fut le tuteur d'Andrée Kourouma et le parrain du mariage de celle-ci avec Sékou Touré. C'est lui qui reprocha et prédit au général Noumandian Keita, chef d'état-major inter-armes, son élimination inéluctable en ces termes:
«Vous auriez dû improviser un coup d'Etat, l'arrêter, (i.e. Sékou Touré). Vous avez eu tort, bien tort. Maintenant il vous tuera tous ! Il n'épargnera aucun de vous. »
Lire La vérité du ministre…Tierno S. Bah]

La pratique s'est maintenue pendant la 2ème République ; en particulier, un certain nombre de Guinéens ont suivi en Israël des stages en matière de sécurité.
270. Télégramme diplomatique n° 377/379 du 10 décembre 1958 de Tel Aviv, signé de l'ambassadeur Gilbert, qui précise que Golda Meir, par qui il a été convoqué, souhaite ne rien faire (ni signer d'accord, ni laisser l'ambassadeur israélien à Accra se rendre rapidement à Conakry où il a été invité “à titre personnel” par Sékou Touré) sans avoir l'avis ou l'approbation de Paris. (Archives du Quai d'Orsay, GU-7-4- Israël)
271. Selon une note de conversation avec M. David Ramin, secrétaire de l'ambassade d'Israël à Accra, établie en mars 1959 par l'ambassade de France au Ghana (Archives Quai d'Orsay, GU-7-4 Israël). M. Ramin précise que les éléments préparatoires de la mission diplomatique israélienne en Guinée sont arrivés à Conakry ; elle comprendrait des officiers armés.
272. . Shlomo Hillel s'était signalé en 1951 en organisant secrètement la sortie d'Irak d'une partie de la communauté juive de ce pays, notamment les enfants. Il sera ultérieurement député travailliste à la Knesset, qu'il présidera. Il sera également candidat du parti travailliste à la présidence d'Israël. Lorsque l'auteur sera prié par Sékou Touré de lui ménager un contact avec un émissaire israélien lors de son voyage à Paris en septembre 1982, c'est Shlomo Hillel qui sera choisi par le gouvernement israélien, comme on le verra. Shlomo Hillel est décédé en 2000.
273. Lettre de Shlomo Hillel à l'auteur en date du 8 août 1995 et conversation avec l'auteur à Jérusalem le 12 octobre 1999.
274. 274. Par la suite, Shimon Pérès sera plusieurs fois ministre (dont ministre des affaires étrangères), vice-Premier ministre, Premier ministre et finalement, en juin 2007, Président de l'État d'Israël. En 1994, suite aux accords d'Oslo, il recevra le prix Nobel de la paix pour son rôle dans le processus de paix, en même temps qu'Itzhak Rabin et Yasser Arafat. Dans les années 90 et 2000, l'auteur a eu plusieurs entretiens avec Shimon Pérès à New York, à Tel Aviv et à Paris, qui ont notamment porté sur son passage à Conakry.
275. Télégramme diplomatique du 1er février 1960 adressé à l'ambassade d'Israël en Guinée, signé de Jacob Tsur, faisant fonction de directeur général des affaires politiques au ministère israélien des affaires étrangères (archives de l'État d'Israël, dossier 130.09/2353/1)
276. Plusieurs leaders africains visitent Israël à cette époque : Modibo Keita en 1958 (avant même l'indépendance du Mali et avant qu'il n'en soit le président), Tombalbaye du Tchad en 1959 (également avant l'indépendance de son pays), l'abbé Fulbert Youlou du CongoBrazzaville en août 1960 (premier Africain à effectuer une visite comme chef d'Etat). La liste des chefs d'État et de gouvernement d'Afrique ayant visité Israël avant la rupture des relations en 1967 figure en annexe.
277. Dans un télégramme du 1er décembre 1959, le chargé d'affaires Siraud se demande si ces vexations vis-à-vis des Israéliens ont été dictées par la perspective de la visite officielle au Maroc, dernière étape de ce déplacement (Archives Foccart, fonds privé, carton 213.d.598 ; et Fonds du Secrétariat général pour la Communauté et les affaires africaines et malgaches, carton 131).
278. Golda Meir avait déjà visité l' Afrique noire en 1957 et en mars 1958, et il est possible qu'elle se soit arrêtée à Conakry ; elle a noté qu'il y avait chez Sékou beaucoup de livres communistes et marxistes, mais elle le connaissait déjà, l'ayant, rencontré lors de réunions syndicales internationales. Sa visite de 1959/60 a commencé au Cameroun (elle assiste le 1er janvier 1960 aux célébrations de l'indépendance à Yaoundé), se poursuit au Liberia (qu'elle avait déjà visité; elle assiste cette fois-ci à l'intronisation du président Tubman pour son cinquième mandat de quatre ans), au Ghana (pays avec lequel Israël a établi des relations diplomatiques dès son indépendance et où elle avait déjà fait une visite antérieurement) et en Guinée. En outre, elle profite d'escales techniques au Togo, en Côte d'Ivoire et en Sierra Leone, pour avoir des entretiens avec les leaders de ces pays, dont certains ne sont pas encore indépendants. Sur le chemin du retour, elle s'arrête à Paris, où elle a un entretien avec son homologue Maurice Couve de Murville. Golda Meir commence par faire un exposé sur son voyage en Afrique et nul doute que la Guinée a été un sujet de discussion (notamment sous l'angle de l'influence soviétique en Afrique). Il en sera de même lors de la visite en France de Shimon Pérès en février 1960, et des entretiens entre le Premier ministre Ben Gourion et le général de Gaulle les 14 et 17 juin 1960.
279 . En fait, comme nous l'avons déjà vu, Golda Meir était à l'époque ministre des Affaires étrangères et non encore Premier ministre, poste auquel elle a accédé le 17 mars 1969.
280. Discours du 10 juin 1977, portant sur les relations du régime guinéen avec le Parti socialiste français. On trouvera en annexe ce passage relatif à l'attitude d'Israël.
281. Télégrammes diplomatiques de Shlomo Hillel en date des 13, 15 et 22 avril 1960, Archives de l'État d'Israël, dossier 130.09/2353/3.
282. Ces deux rencontres en 1960 ont incité l'auteur à se demander si Conakry n'a pas été utilisé (ou envisagé) comme aéroport de transit pour ramener en mai 1960 Adolf Eichmann d'Argentine en Israël. L'ancien responsable nazi a été enlevé à Buenos-Aires par un commando du Mossad conduit par Rafi Eitan (qui sera élu en avril 2006 à la Knesset au sein du nouveau Parti des Retraités) ; il résidait en Argentine sous le nom de Ricardo Klemente, nom consigné sur un document de voyage délivré le 1er juin 1950 par la délégation à Gènes du Comité international de la Croix Rouge, ce qui lui a permis de quitter par bateau l'Italie pour l'Argentine, où il est arrivé le 14 juillet 1950 (son titre d'admission sur le territoire précise : “documentation déficiente”). Le 25 juin 1960, le Conseil de sécurité condamne Israël pour la violation de la souveraineté de l'Argentine ; le gouvernement israélien présente des excuses à Buenos Aires. Mais rien n'avait filtré jusqu'ici sur le pays par lequel l'avion avait transité. La Guinée, le Liberia, le Ghana étaient des possibilités, ainsi que le Sénégal (mais celui-ci n'avait pas encore formellement accédé à l'indépendance). Finalement, l'auteur a appris récemment que c'est bien par Dakar que l'avion d'El Al piloté par Zvi Tohar a transité.
283. Shlomo Hillel (6 août 1959-17 mars 1961), Hagay Dikan (8 mai 1961-13 janvier 1963), Michael Ravid (26 février 1963-2 février 1965) et Nahum Gers hon (15 mars 1965-18 juillet 1967).
284. L'auteur n'est pas parvenu à établir l'origine de cette affirmation. L'on sait que Herzl, ou après lui les partisans d'une assise territoriale pour les Juifs, avaient songé, en dehors évidemment de la Palestine, à l'Ouganda, à Madagascar, à l'Australie, à l'Argentine…
285. Il y fait une nette allusion dans ce passage de son discours du 10 juin 1977, cité partiellement en annexe. “Devant l'attitude de respect constant que les autorités d'Israël ont eue à l'endroit de la Révolution guinéenne, nous nous devons de déclarer publiquement et solennellement que nous sommes totalement disponibles et même désireux de rechercher avec tous ceux qui s'en préoccupent, une solution juste et durable au malheureux conflit opposant les pays arabes à Israël. Ce faisant, nous nous acquitterions d'un devoir de solidarité à l'égard des Peuples arabes et de compréhension à l'égard d'Israël en tant que Peuple…”
286. Avant 1967 ou 1973, Israël entretenait des relations diplomatiques avec 33 pays africains, et possédait 27 ambassades sur le continent. A l'exception de trois d'entre eux (Lesotho, Malawi et Swaziland, sans parler bien entendu de l'Afrique du Sud), ceux-ci ont en 1967 ou pour la majorité d'entre eux en 1973 rompu leurs relations officielles avec Israël. Depuis lors, Israël a actuellement des relations diplomatiques avec plus de 40 pays africains, et certains pays arabes (Mauritanie, Égypte) ; elle a ouvert onze ambassades, cependant que douze pays africains ont ouvert des ambassades en Israël. La Guinée, le Mali et le Tchad sont les trois pays qui avaient des relations diplomatiques, et ne les ont pas rétablies.
287. C'est ce qu'affirme Avi Primor lors d'un entretien du 23 décembre 1986. (Politique Africaine; “L'Afrique Noire et Israël : inversion d'une dynamique diplomatique”; 1988, no 30).

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