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André Lewin
Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.

Paris. L'Harmattan. 2010. Volume I. 236 pages


Chapitre 29 — 2 octobre 1958
La Guinée indépendante s'organise


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Le 2 octobre, la Guinée célèbre avec éclat son indépendance. Lorsque le président de l'Assemblée territoriale Saïfoulaye Diallo, accompagné de Sékou Touré et des ministres du Conseil de gouvernement, pénètre à 10 heures dans la salle de l'Assemblée, remplie depuis longtemps déjà par les conseillers et leurs invités, une chaleureuse ovation les accueille. Après avoir constaté que le quorum était atteint, Saïfoulaye Diallo donne la parole à Sékou Touré, lequel présente alors la démission de son gouvernement.
Saïfoulaye Diallo lit ensuite le texte de la déclaration de l'indépendance, qui est approuvée par acclamations paragraphe après paragraphe.
L'indépendance est donc forrnellement proclamée à 10h30 299 par l'Assemblée territoriale qui se transforme en Assemblée nationale constituante 300, tout en continuant à siéger dans les locaux modestes qui étaient auparavant les siens ; les soixante conseillers territoriaux deviennent députés 301 ; une commission de quinze membres est chargée de rédiger un projet de constitution. L'Assemblée donne également son adhésion de principe à la Charte des Nations Unies et invite le futur gouvernement à prendre toutes dispositions pour accréditer la nouvelle République de Guinée auprès des autres Etats et des organismes internationaux. Elle donne enfin les pleins pouvoirs au nouveau gouvernement. Bien entendu, celui-ci sera formé par Sékou Touré, dont la candidature est accueillie avec enthousiasme ; il en donne d'ailleurs une première liste, et les personnalités désignées sont très applaudies. Il se lance ensuite dans un long discours programme ; après avoir fait l'historique de la colonisation de l'AOF, il souligne que la Guinée était, grâce à son organisation interne, prête à choisir l'indépendance à l'heure où l'option lui fut offerte de transformer les liens de dépendance en liens d'amitié. Ce choix n'a pas été fait contre la France envers laquelle “aucun sentiment de haine ou de xénophobie ne nous anime”, et à laquelle, bien au contraire, la Guinée “tend loyalement la main”. Sékou Touré affirme ensuite que l'expérience guinéenne dépasse les limites du territoire national et que toutes les forces du pays doivent s'unir pour en assurer la réussite. Après avoir salué “le peuple de France et son gouvernement, grâce auxquels a pu naître aujourd'hui la République de Guinée”, il annonce sa volonté de demander l'association de la Guinée avec la France, conformément à l'article 88 de la Constitution. Pourtant, Sékou Touré ne se laisse aller à aucun triomphalisme, son air est plutôt sombre, comme s'il pressentait les difficultés à venir ; il renvoie même — en les rabrouant — des militantes venues manifester un peu trop bruyamment leur enthousiasme à la porte du bâtiment 302.
Le 4 octobre, Sékou Touré, chef du parti majoritaire et leader incontesté, présente officiellement le premier cabinet 303 en tant que président du gouvernement ; il en cumule la direction avec les portefeuilles des affaires étrangères et de la défense 304 ; mais , il est également, dès l'indépendance, considéré comme chef du nouvel Etat et président de la République 305. Autour de lui, on retrouve au gouvernement une majorité de membres du PDG, ainsi que deux Européens et deux membres du PRA (il s'agit de deux Peuls, Barry Diawadou et Abdoulaye Barry dit Barry III) ; on dit que Koumandian Keita, ancien président du BAG, adversaire irréductible, aurait refusé un poste ministériel 306.

[Note. Voir la version personnelle de Koumandian dans L'école et la dictature. — Tierno S. Bah]

Geste de bonne volonté et d'invite symbolique vis-à-vis de Paris, Sékou Touré se rend à l'ancien Palais du gouverneur pour faire part à Jean Risterucci de la composition de son gouvernement ! Mais avant même la proclamation du nouvel État, Sékou Touré, toujours sensible aux symboles, a distribué le 1er octobre plusieurs dizaines de croix de Compagnon de l'indépendance. Vingt-deux sont décernées à titre posthume (dont Mbalia Camara et Chérif Fanta Madi); parmi les deux cents autres décorés, Sékou Touré lui-même, de fidèles compagnons comme Saïfoulaye Diallo, Louis Lansana Béavogui, Camara Damantang, Nfamara Keita, des militants membres de sa famille comme ses demi-frères Amara et Ismaël, de vieux syndicalistes comme Joseph Montlouis, des militants de choc comme Momo Jo Sylla, des cadres qui avaient joué un rôle positif éminent (comme Biro Kanté, ancien responsable de la section du PDG puis maire de Beyla, à qui Sékou devait largement son élection dans cette circonscription en 1953), des étrangers venus se mettre au service de la Guinée comme le Sénégalais Alassane Diop, d'anciens opposants ralliés comme Barry Diawadou ou Barry III, de vieux militants comme Traoré Fodé dit Kétigui (qui fut brièvement secrétaire général du PDG), de nombreuses militantes, des chauffeurs, des commerçants, des députés, des ménagères, des griots, des infirmiers, des planteurs, des ouvriers …
A travers ces listes, qui seront complétées par la suite, on constate la très grande diversité de l'origine ethnique et sociale des militants. D'ailleurs, le 28 octobre, lors d'un meeting populaire tenu au cinéma Vox, Sékou Touré salue l'intégration définitive — au sein du PDG — du parti UPG-PRA (anciens BAG et DSG), prône la nécessaire unité nationale et exhorte les cadres et militants de tous les partis à faire table rase du passé afin de se consacrer désormais à l'édification de la Nation et au service de l'Afrique.
La jeune République de Guinée a choisi son drapeau, aux couleurs de l'Afrique : rouge, jaune et vert. Elle prend comme devise : “Travail, Solidarité, Justice”. Elle adopte son hymne national, “Liberté” (Horoya) 307, une adaptation réalisée par Keita Fodéba et Jean Cellier 308 d'après l'air traditionnel “Alfa Yaya”, dont le texte en langue nationale ne sera établi que plus tard 309.
Le 13 octobre, Sékou nomme trois ambassadeurs extraordinaires sans affectation, qui doivent se rendre, du 18 octobre au 1er novembre, dans ceux des pays occidentaux et territoires africains que l'on sent hésitants quant au sort qu'il convient de réserver au nouvel Etat : Nabi Youla est désigné pour la France, Diallo Telli pour le Sénégal, le Soudan et la Mauritanie, Faraban Camara pour le Togo, le Dahomey, le Niger et la Haute-Volta. En fait, Diallo Telli sera rapidement chargé d'autres missions hors d'Afrique, notamment à Londres, à Washington et auprès des Nations-unies.
Le 10 novembre, l'assemblée adopte une constitution ; bien que les pouvoirs parlementaires ne soient pas minces, le régime nouveau est de type présidentiel ; en fait, le fonctionnement des institutions constitutionnelles est dominé par l'existence des structures du Parti. Le 15 janvier 1959, Sékou Touré devient officiellement président de la République, élu à ce poste par l'Assemblée nationale 310 ; il sera constamment réélu à ce poste, mais au suffrage universel, pour des mandats de sept ans :

Il reste par ailleurs secrétaire général du PDG, poste qu'il occupe depuis 1952 et qui lui permet d'assurer, au sommet, l'union personnelle entre le Parti et l'État, ce qui lui donne — si besoin en était — la haute main sur la vie idéologique, politique et administrative du pays et confirtne le caractère “totalitaire” de son pouvoir 311.
A partir de l'indépendance, la biographie de Sékou Touré se confond avec l'histoire de son pays de telle manière qu'il devient pratiquement impossible de les dissocier ; jusqu'à sa mort, en 1984, la personnalité de Sékou Touré et ses initiatives semblent modeler toute la vie de la Guinée, que l'on appelle d'ailleurs souvent “la Guinée-Sékou-Touré”. Sur le plan de l'idéologie cotnrne sur celui de l'éducation, de l'économie comme de l'organisation administrative, de la politique extérieure comme de la religion, de la vie quotidienne conmte de la justice et des droits de l'homme, rien de ce qui se passe en Guinée, ou si peu, n'échappe au Responsable Suprême de la Révolution. Celui-ci dispose d'un réseau d'informateurs et d'espions particulièrement redoutable à l'intérieur du pays, mais qui s'étend à l'étranger jusque dans les rangs des exilés et des opposants.
On peut demander si les politiques intérieure et extérieure du pays eussent été les mêmes, en particulier dans leurs excès et dans leurs à-coups, si l'attitude de ses partenaires historiques et naturels — de la France en tout premier lieu — avait été plus compréhensive vis-à-vis du nouvel Etat. Sékou Touré, en tous cas, n'eut pas trouvé dans leur position arguments ou prétextes pour tenter de justifier l'évolution radicale du régime, les violations massives des droits de l'homme, les échecs de sa politique.
La normalisation définitive des relations avec la France, intervenue en 1975, arriva sans doute trop tard pour perntettre de renverser le cours des choses tel qui s'était instauré depuis 17 années.
Avant la fin de l'année 1958, conformément aux instructions reçues 312, la majeure partie des cadres français quittent le pays, emportent les archives, les dossiers techniques, une partie du matériel, détruisent même certains équipements, comme les bâtiments militaires de Dalaba incendiés par les parachutistes français qui les occupaient. Des témoins parlent de fils téléphoniques arrachés, d'ampoules de vaccin écrasées 313. Le directeur français des Douanes emporte tous ses documents et fait charger sur un cargo les vedettes de son service. Le procureur de la République de Conakry expédie à Dakar tous les dossiers du greffe.
De son côté, le 8 octobre, le gouvernement guinéen a remis à la disposition de la France 26 administrateurs dont il se méfie. Le 21 novembre, le commandant militaire français en Guinée, le colonel Farret, quitte Conakry.
Début décembre, il ne reste plus en Guinée, autour du cabinet de Risterucci, que les services de la Mission d'Aménagement Régional de la Guinée (MARG) dirigés par Paul Masson, les services de sécurité aérienne et maritime, les organes de la zone franc, ainsi que les détachements de liquidation de l'armée et de la gendarmerie. Les projets d'investissements sont stoppés net, à l'exception de l'usine d'alumine de Fria et du chemin de fer qui relie ce site minier et industriel au port de Conakry 314 ; ces installations seront inaugurées en avril 1960 315. Les transactions commerciales se ralentissent très vite, les transferts financiers s'interrompent progressivement. Les marchandises guinéennes sont refoulées dans certains ports français et quelques cargaisons destinées à la Guinée sont déroutées. La communauté des Français s'inquiète et beaucoup de ses membres préparent leur départ définitif.
Cependant, venus de France ou d'autres pays, notamment des territoires voisins, nombre d'intellectuels progressistes viennent se mettre d'enthousiasme à la disposition du jeune État 316. Beaucoup d'étudiants guinéens interrompent leurs études et rentrent au pays ; des adversaires politiques du PDG font amende honorable et se mettent au service du nouveau régime.
Dénué de ressources et dépourvu de moyens, le gouvernement lance “l'investissement humain” (qui avait déjà été envisagé par le Conseil de gouvernement avant 1958) et obtient que de nombreux travailleurs volontaires s'emploient gratuitement sur les chantiers les plus urgents.
Cette ferveur persiste pendant les premières années, mais faiblit à mesure que les difficultés se multiplient : les fournitures manquent, les pièces de rechange n'arrivent plus, l'entretien du matériel est défaillant, les biens de consommation se font plus rares, le départ progressif des Européens fait sentir ses effets sur l'emploi, la production et le commerce, les équipements soviétiques sont mal connus et mal adaptés aux besoins du pays et les premiers experts des pays de l'Est ont du mal à se faire comprendre des Guinéens et à comprendre la Guinée.
Dès la nuit du 28 septembre, Sékou Touré fait venir auprès de lui Keita Noumandian, alors capitaine dans l'armée française, et qui a regagné en 1956 la Guinée, où il était chargé de l'instruction prémilitaire des élèves des lycées et collèges ; il lui demande d'organiser une armée nationale, et le nomme secrétaire général, puis très rapidement commandant et chef d'état-major général interannes 317.
Le 1er novembre 1958 se met en place un embryon d'armée nationale, constitué au départ autour des militaires guinéens servant dans l'armée française qui rompent leur contrat pour se mettre au service de la Guinée 318. Elle s'installe dans les camps laissés par la France 319. Les premières unités furent constituées à Kindia sous le commandement des Adjudants Toya Condé (futur général et chef d'état-major dans les années 80), Tounkara Aboubacar et Mamadou Oularé. Les Français avaient laissé disponible une partie des camps militaires, deux dans la capitale et plusieurs dans les régions (Kindia, Kankan et Nzérékoré), pratiquement vidés de leur contenu et de leur équipement, et bien entendu avaient emporté toutes leurs arrnes, lors de leur départ définitif fixé au 1er novembre. Dans les accords signés en 1959 avec Paris, il est stipulé que ceux des militaires d'origine guinéenne qui n'avaient pas encore le nombre d'annuités nécessaires pour avoir droit à la retraite, pourraient rester sous uniforme français pendant les deux ou trois ans indispensables, mais ne combattraient pas en Algérie, seraient affectés dans des bases en Afrique de l'Ouest, et pourraient revenir en Guinée au terme de leur temps ; c'est ainsi que des soldats guinéens basés dans un camp à Nzérékoré, en Guinée forestière, furent transférés à Bouaké en Côte d'Ivoire ; mais lorsque le délai nécessaire fut écoulé pour nombre d'entre eux, Sékou Touré fut réticent à les accueillir car il craignait qu'ils n'aient été endoctrinés par les autorités ivoiriennes (le début des années 60 connut plusieurs périodes de tension entre Houphouët-Boigny et Sékou) ; en fait, pas mal de ces anciens militaires guinéens restèrent en Côte d'Ivoire et rejoignirent effectivement l'opposition à Sékou Touré (il est vrai que celui-ci accueillait à la même époque des mouvements hostiles à Houphouët). Il y eut de sanglantes révoltes d'anciens combattants à Guéckédou en avril 1959 ; certains parlent même de 700 morts lors de la répression. La formation de la nouvelle armée s'avère ' 1 d'emblée lente et difficile. C'est pourquoi, dès octobre 1959, le gouvernement lance une campagne de recrutement au niveau des lycées et écoles normales, qui n'aura pas beaucoup de succès au sein de la jeunesse guinéenne.
Avant l'indépendance, six pays entretenaient des consulats à Conakry 320. Dans le courant de l'année 1959, plusieurs ambassades s'installent tant bien que mal dans la capitale guinéenne, en attendant la construction de leurs futures chancelleries diplomatiques : les Chinois dans l'immeuble des assurances “L'Urbaine et La Vie” [Erratum. Lire Urbaine & La Seine — T.S. Bah] , les Soviétiques dans l'immeuble du Libanais Hassid, les Tchèques dans la cité des douanes au Kilomètre 3,5…

Notes
299. Voici le texte de l'invitation, ronéotypée, qui a été envoyée aux personnalités et cadres conviés :

« Les membres de l'Assemblée territoriale de la Guinée Française vous prient de bien vouloir honorer de votre présence l'ouverture de leur session extraordinaire le jeudi 2 octobre 1958 à 10 heures. »

Le texte de la proclamation de l'indépendance figure en annexe.
300. La composition de cette nouvelle assemblée, ainsi que celle du Bureau, figure en annexes 3 et 4 (on remarquera qu'il n'y a pas une seule femme).
301. Robert Bailhache, l'un des quatre élus PDG-RDA de Nzérékoré à l'ancienne Assemblée territoriale, démissionne le 9 octobre, officiellement parce qu'il n'y a pas d'accord entre les gouvernements français et guinéen et parce qu'il lui paraît impossible de cumuler ses fonctions de député guinéen et d'avocat au barreau de la Cour d'appel de Dakar. En fait, Robert Bailhache commence à craindre une dérive totalitaire du régime, en particulier avec la relative diminution d'influence des anciens militants au bénéfice d'ambitieux nouveaux venus qui n'ont pas les mêmes titres (plusieurs conversations de Robert Bailhache avec l'auteur en 1999 et 2000). Le Bureau Politique du parti l'autorise par courrier du 10 octobre à cesser “provisoirement” ses activités politiques en Guinée et le remercie “pour les services que tu as rendus à la cause africaine dans les rangs du PDG.” Le 4 décembre, Saifoulaye Diallo, président de l'Assemblée nationale, lui annonce que la Loi n° 5/AN/58 du 1er décembre 1958 permet de le considérer comme démissionnaire “afm de vous permettre de poursuivre plus aisément dans la Communauté la lutte pour notre idéal commun, l'Indépendance nationale et l'Unité africaine.” Comme député de Nzérékoré, Robert Bailhache est donc remplacé dans la nouvelle Assemblée, de même que Sékou Touré et tous les ministres du nouveau gouvernement qui étaient des élus de l'Assemblée territoriale. A son retour à Dakar, Robert Bailhache, tout en restant avocat, devient en 1959 le conseiller économique du président du Conseil du Sénégal Mamadou Dia. Robert Bailhache est décédé le 6 août 2002.
302. La description de cette séance doit beaucoup à l'article “Naissance de la République de Guinée”, écrit par le Père de Benoist et paru dans Afrique Nouvelle du 3 octobre 1959.
303. La composition complète du gouvernement figure en Annexe 2.
304. Il abandonnera la défense lors de la nomination à ce poste de Keita Fodéba en mars 1960, et les affaires étrangères en 1961, lorsque Louis Lansana Béavogui y sera nommé. Enfin, en juin 1972, lorsque le poste de Premier ministre sera créé pour son fidèle compagnon Béavogui, il ne conservera que les fonctions de président de la République, et bien entendu, l'essentiel du pouvoir au sein du gouvernement et du Parti-État qu'est devenu le PDG.
305. Un numéro spécial de janvier-février 1959, visiblement inspiré (et partiellement financé) par le nouveau gouvernement, Afrique Magazine (établi à Casablanca, mais diffusé surtout en France), le présente comme “Premier Président de la République de Guinée”.
306. Le nom de Camara Faraban est donné sur certaines listes, mais il sera l'un des trois ambassadeurs nommés le 13 octobre 1958, avec Diallo Telli et Nabi Youla. S'il a été membre du gouvernement, ce ne peut avoir été que pour quelques jours. En revanche, il est certain que ne figure sur aucune liste gouvernementale le nom de Jammes Soumah, qui mènera campagne contre Sékou Touré à partir de la France dans les années 70, et dont une motion présentée au Congrès du parti socialiste à Nantes fut en 1977 à l'origine de la violente campagne de Sékou Touré contre François Mitterrand et le parti socialiste français ; Jammes Soumah affirmera avoir été secrétaire d'État aux affaires sociales dans l'un des premiers gouvernements guinéens.
307. Sur proposition du ministre Alassane Diop, le quotidien Liberté prendra ce même nom en 1960. Bangoura Karim est alors directeur général de l'information. Georgette Suret-Canale, épouse du professeur Jean Suret-Canale, venue en Guinée avec ce dernier en mars 1959, et journaliste de profession, travaillera dans l'équipe du journal, et utilisera ses liens (et ceux de son mari) avec le Parti communiste français, pour faire venir un linotypiste et une presse pour l'impression du journal, avant que ne soit installée l'imprimerie Patrice Lumumba, construite et équipée par les Allemands de l'Est et inaugurée par Sékou Touré le 2 octobre 1961.
308. Venu en Guinée avant l'indépendance comme professeur de musique, après trois années passées à Saint-Louis, Jean Cellier — par ailleurs vénérable d'une loge maçonnique de Conakry et mari de la directrice du lycée de jeunes filles — a choisi de rester en Guinée après 1958 et sera plus tard le président de l'Amicale des enseignants français de Guinée.
Contrairement à son épouse, qui quittera la Guinée après la rupture des relations diplomatiques en novembre 1965, il restera encore plusieurs années à Conakry, qu'il ne quittera qu'après l'arrestation en 1969 de son ami Keita Fodéba. Il est décédé le 11 mai 1995 (conversation téléphonique avec son ex-épouse Rolande, devenue Madame Vichet-Vibert après leur divorce, 16 septembre 2002).
309. D'après M. Sano, “De la mélodie populaire Alpha Yaya à l'hymne national Liberté”, Recherches Africaines, 2-3 (1963). Il s'agit d'un air traditionnel intitulé “Alfa Yaya”, déjà retravaillé peu auparavant par Djély Mamadou Kandé, arrangé et mis en paroles par le griot et ministre Keita Fodéba et Jean Cellier. Ce chant avait été créé lors d'une conférence de tous les notables de Guinée convoquée en 1904 à Conakry par le gouverneur Frezouls ; Alfa Yaya Diallo en était l'un des hôtes de marque ; le salut qui fut alors improvisé en son honneur, inspiré d'une vieille mélodie populaire mandingue, par un griot venu de Kissidougou, Korofo Moussa, devint très vite populaire. Bien entendu, les paroles actuelles de l'hymne national guinéen n'ont plus rien de commun avec les termes utilisés naguère en l'honneur d'Alfa Yaya Diallo.
310. En fait, dès le premier télégramme adressé à Paris le 2 octobre, Sékou Touré s'instaure déjà “Président de la République de Guinée”, ce qu'il ne deviendra officiellement que trois mois et demi plus tard. Comme il cumule cette fonction avec celle de chef du gouvernement jusqu'à la création du poste de Premier ministre et la nomination à ce poste de Béavogui en juin 1972, Sékou Touré sera souvent indifféremment présenté comme président de la République ou comme chef du gouvernement. En décembre 1974, la constitution sera amendée afin de permettre à Sékou de briguer un nouveau mandat ; les dispositions antérieures en limitaient le nombre à deux. Le 15 mai 1982, dans sa réponse aux voeux des corps constitués, Sékou Touré se prononcera contre le mandat à vie, que certains préconisaient.
311. Sékou Touré sera nommé, lors du VIIIème Congrès du PDG, en septembre 1967, “Responsable Suprême de la Révolution” (titre parfois simplifié en “RSR”). En outre, il sera de plus en plus fréquemment qualifié de “Camarade Stratège” après les événements de novembre 1970.
312. Deux mois après le référendum, Biros, secrétaire général du haut-commissaire de l'AOF et donc principal adjoint de Messmer, ordonne le transfert vers Dakar du reste des archives politiques, diplomatiques, militaires, personnelles, hypothécaires, ainsi que de l'état-civil européen et des minutes des jugements civils. Théoriquement, le dernier déménagement des archives a lieu le 5 décembre 1958. Toutes ces instructions ne sont cependant pas intégralement respectées. Ainsi, “l'état-civil de ma ville natale Kindia était à sa place en 1959. La propagande veut que la France ait fait le vide. Je suis rentré en Guinée le 5 décembre 1958, venant de France. La situation n'y était pas aussi catastrophique.” (lettre de Sylvain Soriba Camara à l'auteur en date du 14 octobre 1984 ).
313. A la mi-janvier 1959, alors qu'il vient d'être élu président de la République, Sékou quitte la résidence qu'il occupait comme maire de Conakry et s'installe officiellement dans l'ancien Palais du gouverneur. Les délégués au congrès constitutif de l'UGTAN qui vient de commencer et auxquels il fait les honneurs de sa nouvelle demeure officielle, aperçoivent Madame Andrée aidée de femmes de ménage balayer et enlever des monceaux de vaisselle et de verres cassés ; il s'agit de la vaisselle d'apparat du Palais du gouverneur, frappée aux armes de la France d'Outre-mer, et qui a été volontairement brisée au moment où Risterucci a quitté Conakry (témoignage à l'auteur d'Amath Dansokho, leader du PAI, à l'époque également l'un des dirigeants de la Fédération des Étudiants d'Afrique Noire — FEANF —, Dakar, 12 mai 1998). Madame Andrée confirme le fait, mais estime que ce n'est certainement pas Risterucci qui en a donné l'ordre ; selon elle, c'était le fait de subalternes qui croyaient bien faire (conversation avec l'auteur à Dakar, 20 juillet 1998).
314. “C'est pour tenir la parole de la France”, dira le général de Gaulle (selon le témoignage de Jacques Larrue, alors fonctionnaire de la MARG, ultérieurement cadre de Pechiney, dans La France d'outre-mer (1930-1960), Paris, Karthala, 2004, p. 328. Le fait qu'outre Pechiney, plusieurs autres sociétés occidentales, ainsi que la Banque mondiale, soient financièrement engagées dans ce projet n'est probablement pas non plus pour rien dans le respect de l'engagement français.
315. La première tonne d'alumine calcinée sort des fours de Fria le 23 mars 1960. Le 4 mai, Sékou Touré assiste au port de Conakry au premier chargement d'alumine provenant de Fria. Deux cargos pavoisés aux couleurs guinéennes ont chargé chacun 6.000 tonnes d'alumine ; le “Spidola” se dirige vers le port de Mosjoen en Norvège; le “Paul Héroult” (de la compagnie Pechiney-Ugine-Cofimer) appareille vers le Cameroun (Revue de l'aluminium, n°276, mai 1960).
316. Voir l'Annexe 6.
317. Il gardera cette fonction jusqu'à son arrestation dans le cadre de la répression des “agents de la Vème colonne” après 1970. Il sera condamné à mort et exécuté en juillet 1971.
318. Sékou autorise par des décrets de 1959 et de 1960 le port des décorations françaises.
319. Camp Mangin (devenu Camp Samory Touré, Quartier Général), Camp Brosset (devenu Camp Alpha Yaya Diallo), camp de Kankan (devenu camp Soundiata Keita), Camp de Kindia (devenu camp Kémé Bourema), Camp de Nzérékoré (devenu camp Béhanzin) et Camp Markala de Labé (devenu camp El Hadj Oumar Tall). Le camp de Conakry, ultérieurement nommé "Camp Boiro", où furent internés, interrogés et torturés plusieurs milliers de prisonniers politiques guinéens et étrangers, était également une caserne de la garde républicaine (ce qu'elle est redevenue après 1984) ; la prison y a été construite en 1962, et les installations techniques (servant avant tout aux interrogatoires et aux tortures) mises en place à la même époque par des spécialistes tchécoslovaques et allemands de l'Est.

[Erratum. L'installation qu'A. Lewin désigne camp de Conakry, s'appellait Camp Camayenne avant de devenir le Camp Boiro. C'est une caserne para-militaire construite et utilisée par la Garde républicaine. Lire Colonel Kaba 41 Camara. — Tierno S. Bah]

320. La Belgique (M. de Pontbriand), la Grande-Bretagne et le Liberia (Paterson Zochonis), la Grèce (M. Jean Tambros), les Pays-Bas (M. Soulis) et la Suisse (M. Albrecht).

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