webGuinee/Bibliotheque/Histoire - politique
webAfriqa Custom Search Engine

160x600 FREE CARD with direct deposit

Get 10% Off items in our clearance section!

Free Shipping at FragranceX.com

Up to 80% Off Spring Styles for Men and Women

Shop at Datavision for great deals on computers an

ESPOW 125x125 Logo

Passion by Diamonds USA - craftsmanship since 1979

PlanetShoes.com Free Shipping & Returns.

Lugz Dyse One Sneaker

André Lewin
Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.

Paris. L'Harmattan. 2010. Volume II. 263 pages


Chapitre 21. — 15 février 1956
Sékou Touré rompt avec la CGT et crée la CGTAs


       Home      Next

Restés jusque-là parfaitement fidèles à la centrale cotmnuniste, Sékou et d'autres dirigeants syndicalistes, tel Diallo Seydou (pourtant antérieurement très lié à la FSM), ne cachent plus leur désaccord avec certaines des options politiques et doctrinales de la CGT. L'absence quasi-complète de prolétariat urbain ou industriel dans les pays d'Afrique met en cause le postulat marxiste (et pré-maoïste) suivant lequel le prolétariat est l'artne essentielle de la révolution. L'agriculture reste le principal secteur de l'économie africaine, et les travailleurs salariés passent eux-mêmes, à cause du sous-emploi industriel, une partie de l'année dans les villages.
Lors des réunions internationales, les leaders africains s'en rendent bien compte, les responsables métropolitains de la CGT les cantonnent dans des rôles secondaires. Au Congrès de la CGT en 1948, par exemple, alors qu'on discute d'une stratégie comrnune pour les futurs mouvements sociaux en France et en Afrique, Sékou Touré rappelle dans une lettre qu'il était, lui, l'élu de la classe ouvrière africaine, et non celui de la classe ouvrière française ; il se devait donc d'être fidèle à son électorat et de choisir les méthodes qui pouvaient le mieux préserver ses intérêts et son unité 32.
L'idée de détacher les syndicats africains de leurs organisations soeurs françaises, et en particulier de la CGT, fait progressivement son chemin, probablement favorisée par quelques subsides du haut-commissariat de Dakar ; car cette évolution du syndicalisme guinéen a été financièrement favorisée par les autorités. Lors de la conférence intersyndicale cégétiste de Bamako (10-21 octobre 1951), Sékou suggère la création d'un syndicalisme autonome spécifiquement africain, mais les délégués métropolitains, Maurice Carroué 33, Marcel Dufriche et Jacqueline Finale manoeuvrent avec tant d'habileté que la conférence se termine par un succès total pour la CGT et que Sékou Touré doit s'aligner sur la majorité.
Quelques mois plus tard, lors d'un comité directeur du PDG tenu le 21 janvier 1952, il affirmera qu'il avait été chargé par Houphouët de provoquer à cette conférence la rupture des syndicats africains d'avec la CGT communiste et il se prononcera lui-même en ce sens. A la fin de 1951, le bruit avait déjà couru à Conakry que Sékou aurait rencontré le Conseiller général Cahuzac, animateur de FO au Sénégal, pour négocier son départ de la CGT 34 et son entrée dans la centrale soctialiste. N'oublions pas non plus les aides reçues de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) et des deux centrales américaines AFL et CIO, dont l'anticotmnunisme est notoire (il faut faire pièce à l'assistance fournie par les partis, les syndicats et les pays communistes, directement ou par l'entremise de la Fédération Syndicale Mondiale) ; les Américains montrent beaucoup de compréhension pour les aspirations nationalistes des jeunes syndicats dans les territoires coloniaux, surtout anglophones, parfois aussi francophones 35. Fusionnées en 1955 sous le nom d'AFL/CIO, les deux centrales américaines fournissent aux syndicats d'Afrique de l'argent, de l'assistance matérielle pour leurs publications et pour leurs voyages à Genève (ils sont très écoutés à l'Organisation Internationale du Travail) ou aux Etats-Unis, et leur donnent un réel appui politique.
Les syndicats guinéens autres que la CGT reçoivent du matériel à partir de 1955, et de l'argent leur est versé pour faciliter la création de la CGTA ; l'aide passe par l'intermédiaire d'un organisme humanitaire américain, CARE. Sékou Touré en a-t-il reçu et profité à des fins politiques ou personnelles, autres que purement syndicales ? Le fait n'est pas établi, mais possible 36. En tous cas, Sékou connaissait bien l'un des dirigeants de l'AFL/CIO et de la CISL, Irving Brown, particulièrement actif en Afrique et qui fut l'un des premiers visiteurs à se rendre officiellement en Guinée après l'indépendance, le 24 décembre 1958 37.
A la fin de sa visite en Afrique (février-mars 1957), le vice-président américain Richard Nixon déclarait : “J'ai eu des entretiens avec les leaders syndicaux des pays que j'ai visités. J'ai été encouragé de voir que le syndicalisme libre faisait de grands progrès en Afrique et qu'il a reconnu l'importance de fournir une alternative aux syndicats dominés par les communistes. Je voudrais louer l'aide effective donnée par les syndicats des Etats-Unis en faveur des syndicats libres de ces pays”.
D'ailleurs, le gouvernement américain souhaitait encourager les sentiments anticoloniaux des Africains, même si cela devait créer des complications avec ses Alliés de l'OTAN : lors d'une conférence des ambassadeurs américains en Afrique tenue en 1959 à Lourenço Marquès (futur Maputo, au Mozambique ), Joseph Satterthwaite, secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires africaines (le poste vient d'être créé à Washington), leur conseilla de mener cette politique “à travers les contacts que l'AFL/CIO possède dans le monde du travail africain”.
Déjà sensible aux intérêts parfois contradictoires des actions syndicales en France et en Afrique, Sékou Touré fera au parlement français une autre expérience qui le convaincra davantage encore de la nécessité de fonder une centrale purement africaine : les syndicats français font par leur opposition échouer devant l'Assemblée nationale une proposition de loi émanant des députés africains et concernant le financement des prestations de sécurité sociale allouées aux travailleurs africains, mécanisme dont le patronat français prétendait qu'il risquait de réduire les prestations versées aux travailleurs français.
“Nous avons alors compris qu'il nous fallait trouver un point d'appui africain, que s'il fallait laisser aux seuls syndicats européens la lutte qui devait aboutir à l'amélioration de nos conditions de vie, nos aspirations ne se réaliseraient jamais ; d'où la nécessité de susciter la création d'une Confédération Générale des Travailleurs Africains. Mais quand nous avons fait connaître notre prise de position en France même, pour indiquer que ce n'était pas un désaveu de l'alliance entre la classe ouvrière française et la classe ouvrière africaine mais un acte nécessaire pour une responsabilité totale des syndicats d'Afrique, il y a eu des articles de presse contre nous !” 38
Lors de la réunion à Conakry, du 8 au 11 juillet 1955, du comité de coordination du RDA, le PDG met à l'ordre du jour le problème de la “désaffiliation”des centrales africaines.
La CGT et le Parti communiste chercheront à empêcher ce détachement progressif de Sékou Touré, qui est l'une de leurs “vedettes” africaines, sans nul doute la plus dynamique. L'un de leurs responsables, Marcel Dufriche, se rend à Conakry au début de 1952 pour “reprendre en mains Sékou Touré” et, devant le raidissement de l'intéressé, le traite en pleine réunion de “déviationniste droitier”.
Le 31 mai 1952, Sékou participe à Dakar à une réunion du comité de coordination des syndicats CGT de l'AOF-Togo ; les délégués de la centrale métropolitaine, Marcel Dufriche et Maurice Carroué essaient de le reprendre en mains ; Sékou louvoie, et il est “démissionné” de son poste de secrétaire général du Comité. En juillet 1952, Jean Seyne, le trésorier de la fédération CGT des travailleurs du sous-sol, remet 100.000 francs à Sékou. En octobre de la même année, un nouvel effort de conciliation est tenté par Paul Delanoue 39 et Djibo Bakary, secrétaire général du comité de coordination 40.
C'est à cette époque qu'arrive en Guinée, venant du Sénégal, un jeune fonctionnaire français du Trésor au comportement un peu étrange, Jean-Paul Alata, qui avait milité pendant plusieurs années à la SFIO et à Force Ouvrière ; travaillant toujours au Trésor 41, il militera désonnais aux côtés de Sékou Touré et l'assistera dans la création d'une centrale syndicale purement africaine ; en revanche, il ne se rapprochera du PDG que plus tard, mais il jouera dans la Guinée indépendante un rôle important et très ambiguë. Nous le retrouverons ultérieurement 42.
Impressionnée par son rôle dans le déroulement de la “grève des 72 jours”, la CGT accepte, lors d'une réunion du comité de coordination tenue à Abidjan du 12 au 15 février 1954, de lui confier de nouveau le poste de secrétaire général administratif; ses responsabilités seront toutefois partagées avec Gaye Bassirou, secrétaire général des syndicats CGT Sénégal-Mauritanie, et avec Diallo Seydou, secrétaire général du syndicat des fonctionnaires africains des PTT de Dakar, mais qui sont plutôt de son bord ; de plus, Sékou est parvenu à obtenir la relève de son poste de “permanent” de Djibo Bakary (poste qui lui avait été attribué en 1951 à Bamako). Houphouët donne son accord, lors d'une réunion tenue en février 1955 à Yamoussoukro en présence d'Ouezzin Coulibaly, pour que la séparation d'avec la CGT “se fasse à son heure”.
Afin de répondre au souhait de modération d'Houphouët, Sékou intervient à diverses reprises pour freiner des actions de la CGT, en particulier lors de plusieurs projets de grève dans les PTT, secteur dont il connaît admirablement les rouages 43. Il n'est donc pas étonnant qu'à la 5ème réunion du comité de coordination tenue à Saint-Louis du 12 au 14 mars 1955, Cissé Alioune, secrétaire général de l'intersyndicale des travailleurs africains des services publics, Camille Gris, secrétaire général des syndicats CGT de Côte-d'Ivoire, Cissoko, syndicaliste soudanais, lui reprochent son attitude modératrice ; ils sont soutenus en sous-main par Marcel Dufriche. Sékou Touré y parle de la “personnalité du syndicalisme africain”, alors que Diallo Abdoulaye combat “l'idée d'un prétendu syndicalisme africain”.
Sékou Touré parvient cependant à préserver sa position et même à marquer des points sur ses adversaires 44.
Lors d'une réunion du comité de coordination du RDA tenue à Conakry du 8 au 11 juillet 1955, Sékou est chargé de présenter le rapport syndical. Il explique pourquoi il est convaincu de la nécessité de créer un mouvement syndicaliste africain autonome. Ses conclusions créent un trouble profond parmi les délégués, dont certains (ceux du Sénégal et du Niger, qui ont d'ailleurs été exclus du parti lors de la réunion) alertent immédiatement les responsables de la CGT à Paris. Il est également désavoué par la commission exécutive des syndicats CGT de Côte-d'Ivoire, réunie le 20 septembre 1955 ; celle-ci (pourtant composée de membres liés à Houphouët) demande sa suspension, en lui reprochant d'avoir manifesté “sa volonté d'aider à la scission de la classe ouvrière africaine, prêtant la main à la réaction colonialiste”. Appuyé notanunent par le député Mamadou Konaté, Sékou Touré parcourt l'AOF pour expliquer son point de vue. La rupture est presque consommée. Marcel Dufriche lui reproche d'être “un bon syndicaliste mais qui aime trop l'argent et les femmes, et qui a trop d'ambitions politiques” et conclut que “la CGT ne compte plus sur Sékou Touré”. Pourtant, dans une ultime tentative, il proposera à Sékou, qui refusera sèchement, un poste de permanent rémunéré.
Sékou Touré (qui vient d'être élu député français) et ses proches accélèrent dans les premiers jours de 1956 le processus de création de la nouvelle centrale ; la rupture défmitive d'avec la CGT se produit le 15 février lors d'une réunion du comité de coordination des syndicats CGT d'AOF ; Sékou Touré, Bassirou Gueye et Diallo Seydou sont éliminés de la direction du comité, et remplacés par Cissé Alioune, ancien secrétaire général de l'Union Générale des Travailleurs Sénégalais, Kissi Camille-Gris (de la Côte-d'Ivoire) et Abdoulaye Diallo, vice-président de la FSM, qui dénonce “les tentatives faites pour isoler les syndicats africains du prolétariat international”.
Avant de se séparer, le comité de coordination des syndicats CGT d'AOF décide de “préparer concrètement la tenue d'une grande conférence africaine en vue de la création d'une confédération africaine du travail AOF-Togo qui aurait à déterminer ses liens avec la CGT française” ; le lieu et la date sont d'ores et déjà précisés : Cotonou en octobre 1956.
A la même époque, Le Prolétaire, organe de l'Union des Syndicats de Dakar (encore contrôlée par la centrale communiste ), écrit qu'“exécutant le complot ourdi contre la CGT pour satisfaire leurs visées personnelles, parlementaires ou autres, Bassirou Guèye, Sékou Touré et consorts mènent une campagne de mensonges et de calomnies contre les dirigeants intègres dans le but de faire avaler aux travailleurs africains la pilule de leur autonomie syndicale voilée sous la formule soi-disant : syndicalisme africain”.
La décision de création de la CGTA doit être mise en oeuvre rapidement, car Sékou Touré et Saïfoulaye Diallo veulent sans tarder rejoindre Paris pour ne pas manquer l'ouverture de la session de l'Assemblée nationale, à laquelle ils viennent d'être élus. C'est d'ailleurs dans cette ville que le 27 février 1956 Sékou fait paraître sur ce sujet Le manifeste de Paris, suivi de l'“Appel aux travailleurs africains”. Il se prononce pour des “solutions africaines aux problèmes africains”.
Un congrès tenu à Dakar les 31 mars et 1er avril 1956 met en place le secrétariat provisoire de la CGTA, avec Sékou Touré comme président, Bassirou Guèye 45 comme vice-président et Seydou Diallo comme secrétaire général. Il est décidé de tenir la réunion constitutive à Dakar en octobre. Le 8 mai, l'Union des syndicats confédérés de Guinée se prononce en faveur son ralliement à la CGTA, à l'issue d'un long débat interne et par une courte majorité (26 voix pour, 21 contre).
Du côté des autres centrales syndicales, la CATC de David Soumah suivra lors de son congrès de Ouagadougou en juillet 1956 le chemin montré par Sékou et se désaffiliera de la CFTC française; en revanche, Force Ouvrière maintiendra jusqu'en février 1958 ses liens organiques avec la centrale française correspondante. La CGTA sera brocardée dès 1956 par ses adversaires du nom de “CGT-Administration”, parce que ses partisans “bavardaient sur la personnalité africaine alors que le plan qu'ils exécutaient servilement sortait tout droit du Building Fédéral de Dakar” (siège du haut-commissariat de l'AOF) ! 46
L'année 1956 voit la CGT orthodoxe et la CGTA se mobiliser, la première pour garder ses adhérents, la seconde pour en conquérir : les statistiques de l'inspection du Travail donnent à cette date 60.000 travailleurs à la CGT, 55.000 à la CGTA, 18.500 à la CATC, 14.500 à FO et 30.000 aux syndicats autonomes (qui concernent cheminots, enseignants, médecins, etc.).
Sékou Touré multiplie interventions, articles, voyages à travers I'AOF, mais il n'arrive pas à mordre sérieusement sur l'AEF. De nombreux adhérents quittent progressivement la CGT pour rejoindre la nouvelle centrale. Chargé par la CGT, en accord avec la Fédération Syndicale Mondiale, de freiner l'évolution, Abdoulaye Diallo rencontre Sékou le 6 octobre. Les deux hommes envisagent de retarder jusqu'en décembre deux réunions prévues par les deux mouvements antagonistes à Cotonou et à Dakar. Mais le mouvement est devenu irréversible : la CGTA tient à Conakry le 26 novembre une réunion qui rencontre un réel succès. La centrale déclare rejeter le principe de la lutte des classes en raison de la similitude des conditions de vie des divers groupes sociaux africains et de l'absence de réelle différenciation de classes antagonistes 47.
Quant à la question de l'affiliation internationale, elle est remise à plus tard. Aussi la centrale communiste en vient-elle finalement à composition et se résout-elle à reporter ses efforts sur le projet d'un regroupement syndical à l'échelle de l'Afrique tout entière, tout au moins de l'Afrique sous influence française 48.
Avec la création de l'UGTAN, Sékou fera là encore échouer les plans de la CGT.

Notes
32. Discours du 6 décembre 1982, colloque de Conakry sur l'histoire du mouvement syndical africain. Autre témoignage, celui de Raymonde Jonvaux : “En ce début des années 50, il — Sékou — me disait : “Quand Renault se met en grève, on nous appelle à la grève... mais la réciproque n'est pas vraie.” (lettre du 20 août 199S à l'auteur).
33. Maurice Carroué (né en 1906), membre de la commission exécutive de la CGT (1945-1967) et secrétaire général de la fédération CGT de l'agriculture ( 1945-1971 ), conseiller de l'Union française (1947-1952).
34. En fait, l'attitude de Sékou Touré à Bamako sera assez ambiguë ; le 26 octobre 1951, le chef des services de police du Soudan écrit au directeur des services de sécurité de l'AOF à Dakar : “Il apparaît de plus en plus nettement que ceux qui escomptaient voir les Unions régionales d'AOF secouer l'emprise de la CGT en sont pour leurs frais. Non seulement l'éclatement souhaité ne s'est pas produit, mais encore l'action de la CGT en sort renforcée. L'attitude de Sékou Touré, en qui étaient placés certains espoirs, doit, à la lumière de la conférence, dissiper toute équivoque.” Sékou Touré, chargé de présenter un rapport à la conférence, y participe activement, évoque peut-être en coulisses un détachement de la CGT, mais finalement son opposition ouverte se borne à contester publiquement le mandat donné à Abdoulaye Diallo d'assurer la liaison entre les deux comités de coordination d'AOF et d'AEF. Lors du vote de la motion sur l'organisation, 136 délégués se prononcèrent pour, seuls Sékou et un autre délégué votent contre.
35. Dans son Bulletin d'information du 1er juin 1960, on peut lire: “En tant qu'organisation mondiale, la CISL a lutté la main dans la main avec ses organisations africaines affiliées, contre le colonialisme, la discrimination raciale et contre toute fonne d'exploitation et d'oppression.” Selon certaines rumeurs, une relation féminine aurait facilité la nouvelle orientation de Sékou, une ressortissante belge, Jeannine Hirtzel, chef du pool dactylographique de la CISL, qu'il a rencontrée lors d'une réunion à Accra (sans doute en janvier 1957 lorsqu'il se rend au Ghana pour inciter les syndicats des colonies britanniques à se joindre à l'UGTAN) et dont il semble avoir très amoureux, puisqu'il a même été question de mariage entre eux. Il l'aurait retrouvée quelques semaines plus tard à Bruxelles à l'occasion d'une prise de contact avec des émissaires américains, puis en juillet à Tunis lors une réunion de la CISL (mais les archives ne gardent pas trace de ces deux derniers déplacements). Selon d'autres sources, Jeanine Hirtzel, qui a quitté la CISL le 1er septembre 1958, aurait été également en contact avec des “traitants” soviétiques. La CISL créera en 1962 à Abidjan un centre de fonnation pour les cadres syndicalistes francophones.
36. Tom Mboya., jeune leader syndicaliste du Kenya, fondateur de la Kenyan Federation of Labour et futur ministre de la planification, qui participa en 1958 à la 1ère Conférence des Peuples africains à Accra et fut assassiné en 1969 à Nairobi, aurait reçu en 1957 56.000 dollars de l'AFL/CIO.
37. Les liens d'Irving Brown avec la CIA ont été dénoncés dans un article de Drew Pearson paru dans le New York Post du 24 février 1967, affirmant que Brown “dépensait l'argent de la CIA en Afrique”. Cette implication d'Irving Brown a été confirtnée à l'auteur par le leader syndicaliste et ancien ministre tunisien en exil, Ahmed Ben Salah, lors d'un entretien à Vienne en décembre 1992. La note n° 16091/IV du SDECE datée du 12 février 1959 donne la traduction d'une partie du compte-rendu du voyage en Afrique d'Irving Brown : “Sékou Touré est l'homme qui monte. Quoique imprégné de marxisme, il n'est pas dans la main des Russes. Mais il risque de l'être un jour si les Français et les Américains persistent à ne pas faire preuve de plus de perspicacité. Il est inadmissible que le général de Gaulle l'ait traité comme un petit garçon, car avec lui, la France avait à jouer une carte plus sûre que celle de Houphouët-Boigny ou de Senghor.” (Archives privées Foccart, carton 203).
38. Déclaration lors du Colloque sur L'Histoire du Mouvement syndical africain tenu le 6 décembre 1982 à Conakry.
39. Paul Delanoue (1908-1983), instituteur, secrétaire permanent de la Fédération (française) de l'éducation nationale, membre de la FSM, depuis 1949 secrétaire général de la Fédération internationale des syndicats d'enseignants, il se consacra à l'organisation de syndicats d'enseignants dans les colonies d'Afrique.
40. Le directeur de la sflreté de Guinée, Maurice Espitalier, note dans son rapport hebdomadaire (29 septembre/5 octobre 1952) que “la CGT — et elle a entièrement raison — se rend compte que perdre Sékou Touré à l'heure actuelle, ce serait freiner le mouvement cégétiste dans toute l'A OF et la couler entièrement en Guinée.”
41. Il est notamment chargé de suivre le budget du territoire, tâche qui deviendra plus importante encore sous la Loi-cadre, car ce sera l'un des instruments de la politique de Sékou Touré à cette époque (témoignage de Claude Enouf à l'auteur, 2 août 2004). Claude Enoug, un Franco-pondichérien appartenant aux cadres du Trésor, a été affecté de 1955 à 1957 à la paierie de Conakry où il était chargé du recouvrement des recettes, notamment douanières, et des taxes locales d'eau et d'électricité. Son oncle Yves Perrier, également franco-pondichérien, était administrateur de la FOM ; il a été en poste à Conakry de 1955 à 1958, d'abord aux affaires économiques, puis aux affaires politiques, et a été l'un des derniers à quitter la Guinée après l'indépendance. Il avait en quelque sorte la pratique de la fin de la souveraineté française : avant d'arriver à Conakry, il avait été chargé d'organiser les élections qui avaient donné l'autonomie à Mahé, l'un des cinq comptoirs français de l'Inde, puis il avait été chargé en 1948 à Pondichéry des affaires politiques de ces comptoirs, jusqu'à leur cession à l'Inde en octobre 1954.
42. Voir le chapitre 76 sur Alata. Affecté à Saint-Louis au lendemain de la guerre, Alata milite dans les rangs de la SFIO et de Force Ouvrière ; il est Commissaire aux Jeunesses de la Section SFIO de Saint-Louis du Sénégal et membre de la Commission Exécutive Fédérale de la SFIO Sénégal-Mauritanie. Mais on trouve aussi son nom sur la liste des Saint-Louisiens adhérents actifs de la formation gaulliste RPF (Rassemblement du Peuple Français) dans les années 1947/48 !
43. Ainsi, pour répondre notamment au souhait de modération d'Houphouet-Boigny et rester fidèle à la ligne alors défendue par le RDA, il intervient efficacement par exemple pour mettre un tenne à la grève des PTT à Dakar en octobre 1954, désamorcer en novembre la grève générale de 24 heures décidée pour la Guinée par la conférence intersyndicale de Conakry du 3 au 5 septembre 1954, limiter dans ses effets la grève de 48 heures lancée en Guinée les 10 et Il janvier 1955.
44. Cissé Alioune et Thiam Iba représentent les unions de Dakar Camara Latyr et Samb Khaly le Sénégal-Mauritanie, Sékou Touré et Camara Bengaly la Guinée, Traoré Seyba et Sala Sissoko le Soudan, Gris Gamille et Chérif Mamery la Côte-d'Ivoire, Bakary Djibo et Issaka Samy le Niger, Awuté Félix et Giffa Benjamin le Togo, Ngom Ousmane et Ba Abdoulaye la fédération autonome des cheminots. Le Dahomey s'est excusé et la Haute-Volta est absente du fait de difficultés internes.
45. Au cours d'une réunion syndicale tenue à Dakar en février 1956, Bassirou Gaye, pourtant proche de Sékou, demanda à ce dernier d'arrêter son discours, les syndicalistes sénégalais n'étant alors pas favorables à un syndicat africain unique (renseignements de la Sûreté de Dakar, 21 février 1956).
46. Selon les renseignements de la Sûreté de Dakar, 31 juillet 1956.
47. Lors dune conférence du PDG à Labé, Sékou Touré emploiera la formule : “Il ne faut pas confondre lutte des classes et lutte des places”.
48. En dépit de cette rupture, la Guinée indépendante et Sékou Touré lui-même conserveront des liens étroits avec la CGT (échange de délégations réciproques lors de congrès de la CGT et de la future CNTG) et le Parti communiste (le PDG sera toujours présent lors des congrès du PCF). De nombreux intellectuels communistes français conserveront l'habitude de venir régulièrement rendre visite à Sékou (l'universitaire Jean Suret-Canale, Robert Lambotte, journaliste au quotidien communiste L'Humanité, etc ... ). Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, accompagné d'une importante délégation (dans laquelle figure également René Duhamel, secrétaire aux relations internationales, ancien secrétaire de la Fédération nationale des travailleurs des PTT), passera trois jours en Guinée au début de septembre 1974 (dans le cadre d'un long périple en Afrique, mais c'est en Guinée que leur séjour sera le plus long) et visitera Fria, Boké et Kindia. Faute d'obtenir la libération de tous les détenus français (qu'il avait demandée, notamment pour ceux dont la santé pouvait être dégradée) et l'amélioration des conditions de détention au Camp Boiro, Georges Séguy obtiendra la libération de Marcel Ropert, un syndicaliste français (employé de la multinationale pétrolière américaine TEXACO !), emprisonné depuis 1971 et condamné aux travaux forcés à perpétuité.

       Home      Next

1 FREE Audiobook RISK-FREE from Audible


[ Home | Etat | Pays | Société | Bibliothèque | IGRD | Search | BlogGuinée ]


Contact :info@webguine.site
webGuinée, Camp Boiro Memorial, webAfriqa © 1997-2013 Afriq Access & Tierno S. Bah. All rights reserved.
Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.