André Lewin
Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.
Paris. L'Harmattan. 2010. Volume II. 263 pages
Chapitre 20. — 2 janvier 1956
Sékou Touré élu député français
Une occasion inespérée permet au PDG de faire enfin son entrée dans la vie politique nationale. Début novembre 1955, le président du Conseil Edgar Faure dissout inopinément l'Assemblée nationale française ; des élections générales ont lieu le 2 janvier 1956. Dès l'annonce de ces élections, le PDG convoque à Mamou, les 12 et 13 novembre 1955, sa première conférence territoriale pour établir sa liste de trois candidats. Sékou Touré (23 voix sur 23), Saïfoulaye Diallo (18 voix sur 23) et Louis Lansana Béavogui (13 voix sur 23) sont désignés, soit un Malinké, un Peul et un Forestier 1. Pour éviter toute manipulation (et bien que l'administration locale fasse cette fois-ci preuve d'une réelle neutralité) 2, le PDG envoie des représentants dans les commissions de distribution des cartes d'électeurs (pour la première fois, le suffrage est vraiment universel: il y a 975.119 inscrits contre 472.837 seulement deux ans auparavant), puis des scrutateurs dans les 804 bureaux de vote.
Outre la liste PDG-RDA (qui bénéficie aussi de l'investiture de I'UDSR française), trois autres listes briguent les suffrages des électeurs :
- Ibrahima Barry dit Barry III conduit de nouveau celle de la Démocratie Socialiste de Guinée (DSG, soutenue également par la SFIO française) composée également de Chaïkou Baldé et d'El Hadj Kane
- Barry Diawadou mène celle du Bloc Africain de Guinée (BAG), appuyé par les Radicaux français 3, sur laquelle figurent également Koumandian Keita et Mamba Sano
- La liste “Union Forestière” composée de Jean-Pierre Farah Touré, Antoine Fassa Kamano et François Guilavogui.
Le 13 décembre, le jour même où débute la campagne électorale officielle, l'ensemble des candidats conclue un accord par lequel ils s'engagent à éviter tous les affrontements violents 4.
Les résultats confirment la massive implantation du PDG à travers la Guinée : plus de 61 % des suffrages, contre 26 % au BAG, et 9 % à la DSG ; 87 % des voix en Guinée Maritime, ce qui est d'autant plus remarquable que la liste ne comporte aucun Soussou, 76% des voix en Haute-Guinée où le PDG a obtenu le plein appui de notabilités civiles ou religieuses comme Karamoko Talibi Kaba ou Cheikh Fanta Mady (disparu le 8 septembre 1955), 68 % des voix en Guinée forestière et 41 % en Moyenne Guinée, région qui reste moins acquise aux thèses et aux méthodes de Sékou Touré, en dépit de la présence de Saïfoulaye Diallo et de nombreux autres cadres Peuls à ses côtés.
Au soir du scrutin, Sékou Touré et Saïfoulaye Diallo sont proclamés élus 5, cependant que Diawadou Barry, bien que battu par le PDG dans son propre fief de Dabola, garde son siège 6.
Sékou Touré et Saïfoulaye, qui attendaient les résultats à Labé, redescendent vers Conakry en une marche festive de cinq jours. Dans plusieurs localités (Siguiri, Bey la, Dubréka), des militants du PDG détenus sont libérés, dans cette dernière localité en présence de Sékou. Le 10 janvier, la plupart des élus africains (ceux du RDA et des Indépendants d'Outre-mer) se retrouvent à Abidjan pour tenter de créer un intergroupe africain, comme il en existait déjà un depuis quelques mois au Conseil de la République ; mais le poids des élus du RDA, qui désirent dominer ce groupe, empêche la constitution d'un regroupement formel. Le RDA reste donc dans la nouvelle assemblée apparenté à l'UDSR, dont Sékou Touré devient secrétaire général adjoint du groupe parlementaire 7.
Dès son arrivée à Paris, Sékou Touré se présente aux services de l'Assemblée nationale, où il remplit son dossier de député français. Nom de famille: Touré; prénom: Sékou; marié sans enfants. Il donne comme date de naissance le 9 janvier 1922 (date qu'il contestait pourtant parfois devant certains interlocuteurs) et comme lieu de naissance Faranah, comme profession comptable, et pour domiciles le 7ème boulevard à Conakry et le 24 rue de Tanger à Paris (téléphone: NORD 19-83). Mais il signale également comme adresses secondaires le 6 rue Clément à Paris et le 10 Boulevard Carnot à Villemomble 8.
Son dossier contient aussi un télégramme du procureur de la République de Guinée adressé en “Priorité absolue-Extrême urgence” au Juge de paix à compétence étendue de Dabola, et demandant à ce magistrat de lui adresser (pour vérification de ses conditions d'éligibilité aux élections législatives) un extrait de casier judiciaire concernant “Touré Sékou, né le 9 avril 1922 à Faranah, de feu Touré Alpha et de Dossou” 9 ; la réponse télégraphique porte : “bulletin n° 2 : néant”, ce qui prouve que les condamnations de 1950 et de 1955 ne figurent pas à son casier 10.
Sékou Touré fait alors l'apprentissage de la vie de député; certains affirment même que Guy Mollet songea à le nommer secrétaire d'Etat dans son cabinet; d'autres Africains lui furent préférés 11. Sékou Touré et ses collègues du RDA 12 (dont il est maintenant vice-président) sont apparentés depuis quatre ans déjà au groupe parlementaire UDSR (Union Démocratique et Sociale de la Résistance), animé par François Mitterrand et dont font partie également René Pleven — qui en est le doyen — et Roland Dumas 13 ; mais il se lie aussi avec des parlementaires d'autres groupes, impressionnés par sa fougue et son incontestable talent oratoire : Gaston Defferre, Pierre Mendès-France, Jean de Lipkowski, André Bettencourt 14. Il excite parfois la curiosité de certains élus, mal informés des réalités coloniales :
« J'ai été frappé, après ma première intervention (au Palais Bourbon), d'entendre des collègues, qui s'entretenaient avec moi, s'étonner de mon bon français. Et lorsque je parlais de la Guinée, certains me demandaient s'il s'agissait de la Nouvelle-Guinée. » 15
Son élection comme “Député du Territoire de la Guinée Française” (c'est l'appellation officielle) est validée le 3 février 1956. Sékou devient membre de la commission du travail et de la sécurité sociale (le 31 janvier 1956), puis, à sa demande expresse et cela n'étonne personne, membre de la commission des territoires d'Outre-mer (le 8 juin 1956).
En 1956 et 1957, Sékou intervient onze fois devant l'Assemblée et dépose quatorze amendements, tous relatifs aux problèmes politiques, administratifs, économiques ou sociaux de l'Outre-mer. Le Journal Officiel relève également qu'il interrompt à plusieurs reprises le ministre de la France d'Outre-mer Pierre-Henri Teitgen, lorsque le 20 mars 1956, celui-ci annonce un changement total d'orientation, d'esprit et d'objectifs de la politique française pour l'Outre-mer et une renonciation à l'assimilation, préfigurant ainsi ce qui allait devenir, sous le gouvernement suivant, la Loi-cadre Defferre. A la même époque, Sékou Touré évoque discrètement l'indépendance, en extrapolant la signification du mot “émancipation”, que l'on trouve dans le texte de la Constitution de 1946 : “Qui dit émancipation parle de personnalité, d'autonomie et peut-être d'indépendance.” 16
Sur l'application à l'Outre-mer du régime des congés payés, Sékou Touré fait observer que les travailleurs d'origine européenne en Afrique bénéficient de deux mois de congés payés, — ce qui leur donne le temps de rentrer en France —, alors que “leurs collègues autochtones” n'ont droit qu'à douze jours, à peine le temps d'en passer trois ou quatre dans les villages les plus éloignés de la capitale (débat du 23 février 1956).
En présentant son amendement sur le statut des coopératives, Sékou Touré dénonce le rôle des sociétés indigènes de prévoyance (SIP) 17.
Présidées par le commandant de cercle assisté des chefs de canton — tous non élus, mais nommés —, elles exigent des cotisations parfois élevées; il est difficile aux petits paysans d'obtenir des prêts pour s'acheter des charrues, alors que les sociétés emploient leurs fonds à construire des bâtiments administratifs, des routes ou d'autres ouvrages qui devraient être à la charge du budget général. Sékou demande leur remplacement par des coopératives agricoles gérées par des responsables élus, en soulignant que le paysan africain, qui peut désormais choisir son député, son conseiller territorial, son conseiller municipal, qui peut gérer sa ville ou son territoire, est toujours traité en mineur pour la gestion démocratique de sa propre maison, de sansociété de prévoyance (débat du 15 mars 1956).
Sékou Touré fait également des propositions sur l'organisation de l'état-civil et la délivrance des pièces d'identité, la mise en place d'un régime d'assurance contre les accidents du travail, ou des réformes du code du travail, préoccupations normales pour un leader syndicaliste qui garde dans ce domaine d'importantes responsabilités. D'autres amendements au contraire intéressent davantage le responsable politique soucieux de voir son Assemblée territoriale plus directement impliquée dans certaines questions : ainsi propose-t-il d'exclure de la liste des services d'Etat (et donc de transférer au Territoire) le service du Plan, celui de la répartition des produits contingentés, ainsi que le service géologique (particulièrement important pour la Guinée) 18.
Très documentés, bien argumentés, d'une grande logique, pleins de chiffres, de statistiques, de notations précises (“Savez-vous, Messieurs les Députés, qu'une seule banane de Guinée est vendue 35 francs dans les restaurants parisiens tandis que le kilogramme de bananes coûte 20 francs dans nos villes ?”, les propos de Sékou Touré contiennent aussi quelques phrases critiques qui anticipent ses actions futures contre le commerce et les commerçants privés : “Les producteurs africains sont souvent obligés de s'endetter auprès du commerce libano-syrien ou de traitants qui présentent des garanties auprès des banques et grosses maisons françaises et qui obtiennent de ces producteurs des taux d'intérêt atteignant 50% ou leur font souscrire des contrats de livraison de produits à vil prix”.
Mais les interventions de Sékou Touré ne mettent aucunement en cause les liens avec la France ; à preuve, ces phrases : “à l'échelon de la nation, le gouvernement comprend des Africains à côté d'Européens et tous président aux destinées de la République”; (…) “l'interdépendance économique doit caractériser les rapports entre les territoires de l'Union Française” ; (…) “nous sommes trop près des réalités, trop conscients de la nécessité d'un développement harmonieux de tous les territoires d'Outre-mer, pour ne pas admettre qu'un ajustement de tous les objectifs à atteindre doit se faire dans le cadre de l'Union Française, sans que pour autant soit entravée la croissance de chaque territoire” ; (…) “l'intérêt bien compris de tous nos territoires associés” ; “nous prions les représentants de l'agriculture métropolitaine de croire que nos agriculteurs sont de tout coeur avec eux”.
Toutefois il souhaite des adaptations tenant compte de la spécificité africaine : “avec de la volonté, de la bonne volonté, on peut, à l'aide de moyens simples, de méthodes à la portée des populations autochtones, donner une impulsion considérable à l'économie de territoires souvent très vastes”; (…) “nous estimons qu'il est nécessaire de repenser de nombreux problèmes, d'éviter toute transposition hâtive de méthodes métropolitaines, de profiter de l'expérience de la métropole et de nombreux autres pays pour ne pas recommencer les erreurs du passé” ; (…) “nous avons jusqu'à présent été trop obnubilés par les méthodes en vigueur dans la métropole, méthodes souvent mal adaptées et empreintes de routine”; (…) “c'est davantage vers la réforme des méthodes que vers une modification importante des objectifs à atteindre qu'il paraît nécessaire de nous acheminer”.
Quelques idées que l'on retrouvera dans le credo politique du futur président guinéen transparaissent également dans ses interventions.
Certaines sont des réflexions de nature politique : “La formation pratique des chefs montre qu'il faut expliquer avant de commander”, ou : “on a trop longtemps oublié que si toutes les actions qui conduisent au progrès d'une société sont dues aux hommes, elles ont été faites aussi pour ces hommes”; ou encore : “n'importe qui peut être nommé haut-commissaire ou gouverneur ; s'il plaît au président de la République ou au conseil des ministres de faire demain d'un commerçant, d'un chauffeur, un haut-commissaire ou un gouverneur, ils le peuvent légalement. Aujourd'hui, si on le veut, je peux moi-même devenir haut-commissaire”.
D'autres réflexions touchent à l'économie: “Si nous défendons les intérêts des populations agricoles, nous savons aussi qu'aucun pays producteur de matières premières agricoles n'a pu se développer rapidement sans créer les industries nécessaires” ; (…) “nos populations ont besoin de guides, vulgarisateurs agricoles, moniteurs artisanaux, instituteurs, infirmiers, ayant acquis les connaissances élémentaires leur permettant de faire progresser ceux qui les entourent, car mieux vaut savoir peu que rien”; (…) “au lieu de remplir les rayons de magasins de vente de liqueurs diverses — Rhum Saint-James ou whisky — ou d'objets d'utilité secondaire, il faut envoyer des charrues, des herses, des tracteurs, des instruments modernes de production qui seuls pourront libérer de ses fatigues le paysan africain et lui procurer plus d'argent”.
Il aborde les problèmes ethniques, tellement importants en Guinée, lors d'un débat sur Madagascar, dont un amendement (du député socialiste Alduy) au texte gouvernemental propose que le Conseil de gouvernement serait obligatoirement composé de représentants élus des diverses provinces.
A quoi Sékou Touré réplique :
— Ce principe m'effraie. Si l'Assemblée l'adoptait, elle nous donnerait la conviction qu'on ne veut pas de l'unité politique de Madagascar. Considérons les gouvernements de toutes les nations. Nous ne trouverons jamais nulle part la notion de représentation d'un territoire au sein du gouvernement. Aucun gouvernement français n'a jamais exigé que l'Alsace ou tel autre département ait obligatoirement un représentant en son sein (…) Supposons que les Malgaches (…) arrivent à mettre sur pied un seul parti politique, comment pourrait-on obliger ce parti politique, au moment d'établir la liste des candidats au Conseil de gouvernement, à tenir compte de l'origine des candidats ? Je crois qu'il ne serait pas à notre honneur de les obliger à constituer leur Conseil de gouvernement sur la base des provinces. Ils doivent être libres de composer leur Conseil de gouvernement comme ils l'entendent. Nous l'avons dit, ce conseil doit être élu démocratiquement, c'est-à-dire qu'il sera l'expression de la majorité des membres de l'Assemblée malgache. Je demande donc à M. Alduy de renoncer à son amendement, car même si un député malgache peut dire qu'il l'accepte, les Malgaches, eux, ne seront pas d'accord.
Un député lui crie alors :
— Vous n'en savez rien !
— Si, je le sais !, rétorque, toujours sûr de lui, Sékou Touré.
Et le président de l'Assemblée André Le Troquer de conclure sagement :
— Ne discutez pas sur ce que diront ou non les Malgaches ! (débat du 2 février 1957).
Sékou Touré en profite au passage pour rappeler quelques unes de ses expériences personnelles ; ainsi, dans le débat sur le statut des fonctionnaires d'Outre-mer, il répond à Gaston Defferre, ministre de la France d'Outre-mer, qui venait de lui demander :
—Voulez-vous me permettre de vous interrompre, Monsieur Sékou Touré ?
— Je vous en prie, Monsieur le ministre, (mais) je connais parfaitement le problème pour avoir dirigé trois commissions de la fonction publique en Afrique occidentale française. J'ai été le président d'une commission administrative qui m'avait chargé en 1950 d'une mission auprès du Département à Paris 19.
De même, négligeant totalement le fait qu'il a été révoqué depuis plus de cinq ans, il affmne dans le débat sur les services techniques financiers des territoires :
— Vous savez bien que le Trésor, qui applique directement les instructions du ministre des finances, a d'autres tâches que la perception des taxes ; je suis moi-même agent du Trésor et je ne veux pas entrer dans le détail du fonctionnement de ce service.
Lors du débat sur les décrets d'application de la Loi-cadre, au début de 1957, Sékou intervient à propos du rattachement — ou du non rattachement — de certains services d'Etat aux nouveaux Conseils de gouvernement des territoires, en l'occurrence, du service des PTT qu'il connaît bien, et où il soutient Senghor, qui se plaint :
— Monsieur le ministre de la France d'Outre-mer, notre courrier parlementaire est très souvent ouvert. Les lettres n'arrivent pas toujours, même quand elles sont recommandées. J'ai eu l'occasion d'en fournir des preuves irréfutables à M Comut-Gentille quand il était haut-commissaire de la République en AOF. Remarquez que, dans le fond, ce n'est pas très grave, car, sachant que nos lettres peuvent être ouvertes, nous ne disons que ce que nous voulons bien dire !
Le 15 mars 1956, il intervient dans le débat agricole et fait un brillant exposé sur la situation des paysans africains et les problèmes des produits agricoles des colonies ; son discours, fréquemment interrompu par des approbations, se termine, rapporte le Journal Officiel, par des “applaudissements à gauche, au centre, à droite et à l'extrême droite”, ce qui est exceptionnel pour un jeune député qui ne s'est encore pratiquement jamais fait entendre devant l'Assemblée. Alors que Sékou redescend de la tribune, Paul Reynaud, ancien président du Conseil, impressionné, demande, à son voisin, Gaston Defferre, ministre de la France d'Outre-mer :
— Mais quel est donc cet extraordinaire orateur ?
A quoi le ministre, qui n'est pourtant pas du même groupe politique que Sékou, répondra :
— C'est Monsieur Sékou Touré, député de la Guinée, dont vous entendrez certainement parler souvent encore. 20
Les ressources financières de Sékou se sont nettement améliorées. Depuis sa révocation de l'administration en 1951, il n'avait plus de rentrées régulières; sans doute la CGT lui alloue-t-elle des subsides (du moins tant qu'il n'aura pas rompu avec elle) et, en dépit de leurs divergences croissantes, Houphouët-Boigny lui envoie-t-il de l'argent sur sa cassette personnelle, contribuant notamment à ses frais de séjour en France. Après 1953, il a aussi perçu une aide financière de l'administration coloniale, sur les fonds secrets du haut-commissaire Cornut-Gentille, mais cet argent semble avoir surtout servi à renforcer le Parti. On sait qu'il a également reçu des fonds du syndicat américain AFL-CIO, désireux de faciliter son éloignement du Parti communiste français et de la CGT. Ainsi que l'a écrit Georges Chaffard, “Sékou a coûté cher, notamment lorsqu'on a voulu le persuader d'opérer la scission de la CGT d'AOF pour créer une centrale autonome. On ne peut même pas dire que son ralliement au ‘système’ ait été rentable. Car au lieu de s'enrichir personnellement, et donc de se compromettre, le Guinéen a utilisé les enveloppes de fonds secrets à développer l'organisation de son Parti.” 21 Sékou avait d'ailleurs écrit à son propre propos : “ceux qui croient pouvoir m'acheter ou me vendre ne me connaissent pas.” 22
Quoiqu'il en soit, après son élection à Beyla en 1953 et surtout après son élection à l'Assemblée nationale en 1956, Sékou dispose de revenus plus que confortables : dès janvier 1956, il perçoit chaque mois en tant que député français 226.507 anciens francs de l'époque (soit 113.000 Francs CFA), qui seront progressivement portés à 361.999 francs en août 1958, peu avant qu'il cesse d'être parlementaire à Paris 23.
Au fur et à mesure que d'autres fonctions (maire de Conakry, membre du Grand Conseil de l'AOF, vice-président du Conseil de gouvernement de Guinée) viennent s'y ajouter, il bénéficie finalement d'une somme mensuelle de 650.000 francs CFA, sans compter voiture, villa, domestiques, “fournis gratuitement par l'Etat colonial pour nous corrompre et forger une bourgeoisie bureaucratique”, selon sa propre formule — mais il en profite, pleinement.
Certes, il doit aussi rembourser diverses dettes anciennes, car quelques créanciers (y compris le fisc) menacent de saisir partiellement son indemnité parlementaire. C'est ainsi que le 21 février 1956, le trésorier de l'Assemblée nationale écrit à Sékou Touré pour l'informer de ce qu'il est saisi d'une opposition sur son indemnité parlementaire par le Receveur-percepteur du 6ème arrondissement de Paris — 2ème division —, rue Madame, en raison d'une dette fiscale de 358.888 francs dont il serait redevable; il se propose d'opérer sur son traitement une retenue mensuelle de 82.075 francs. Sékou Touré dans sa réponse indique qu'il ne voit pas de quelle imposition il s'agit et que tout ceci ne le concerne en rien 24.
Sékou s'est installé à Paris : il habite d'abord l'Hôtel Lutetia, proche de Saint-Germain-des-Prés. C'est à deux pas du night-club “La Rose Rouge”, ouvert peu de temps auparavant rue de Rennes par le Sénégalais Samba Wane, déjà propriétaire et animateur du célèbre établissement “Black and White”, en attendant de fonder rue La Boétie son non moins fameux et toujours actuel “Keur Samba”. Toujours aussi amateur de danses européennes et de rythmes africains, Sékou Touré fréquentera régulièrement ces établissements 25. Pour déjeuner ou dîner, il choisit plutôt des restaurants français ; habillé à l'européenne, très élégant, il invite généreusement ; on remarque qu'il ne boit pas une goutte d'alcool.
Il réside ensuite au 29 avenue Mac Mahon chez Houphouët-Boigny, puis au 24 rue de Tanger, et enfin, plus durablement, au 54 rue de la Verrerie, dans un bel immeuble où Keita Fodéba possède un studio, derrière l'Hôtel-de-Ville (on y trouve aujourd'hui la “Galerie de France” 26.
Sékou multiplie les occasions de rencontrer ses compatriotes habitant la France, en particulier les étudiants 27 : il s'adresse à eux lors de réunions tenues par exemple à la Maison de l'Afrique, une annexe de la Cité universitaire située 68 boulevard Poniatowski, près de la Porte Dorée, dans le 12ème arrondissement 28 ; c'est là que viennent l'écouter les plus militants, en général adhérents de la FEANF (Fédération des Etudiants d'Afrique Noire en France), officiellement créée en décembre 1950 29, et dont l'un des vice-présidents est depuis 1956 un étudiant en médecine guinéen, Charles Diané, un futur opposant (il en deviendra le président en 1958). Beaucoup d'entre eux trouvent cependant le jeune leader guinéen trop temporisateur, pas assez engagé encore en faveur de l'indépendance des colonies et de l'unité africaine.
Pendant ses séjours en France, il rencontre nombre d'hommes politiques français et africains, mais ne néglige pas les relations amicales privées. C'est ainsi qu'il retrouve l'ancien commandant des forces aériennes françaises en AOF, le général Bouvard, et surtout sa femme, l'étrange, intelligente et séduisante Hélène, slave d'origine (elle était née Anikeefl), profondément éprise de l'Afrique et spécialement de la Guinée ; avec son mari, elle a plusieurs fois séjourné à Labé au moment où l'armée de l'air française y modernisait l'aéroport ; c'est elle qui, en femme de goût, a conseillé ceux qui ont construit et décoré la grande case qui deviendra, après l'indépendance, la “Villa Syli” de Labé. Le couple a déjà eu plusieurs fois l'occasion de rencontrer Sékou en Guinée.
Dès son élection comme député, Sékou Touré se présente chez les Bouvard. Il y sera ensuite invité régulièrement, il y cherchera refuge aux heures de doute, il y apprendra insensiblement les bonnes manières d'un foyer français élégant et mondain. Parfois, Sékou Touré surgissait chez les Bouvard aux heures les plus indues, que le général soit présent ou non. Ses relations personnelles avec Hélène Bouvard resteront toujours ambiguës. Son charme, son intelligence, son mysticisme et même ses intuitions divinatoires ont indiscutablement opéré sur Sékou, dont la personnalité et le charisme ne la laisseront pas indifférente en retour.
La concierge des Bouvard, qui voyait régulièrement Sékou passer devant sa loge, affirma avec conviction, au lendemain du “Non” au référendum du 28 septembre :
— Pourtant, ce jeune homme paraissait être quelqu'un de si bien !
Remarque intéressante : car justement les paranoïaques, selon l'éminent psychanalyste français Jacques Lacan, “ont l'estime de leur concierge” 30.
Un quart de siècle plus tard, Hélène Bouvard reparaîtra inopinément dans la vie de Sékou Touré 31.
Premier chargé d'affaires de France en Guinée de janvier à juin 1959, Francis Huré relate dans son rapport de fin de mission qu'à la question de savoir quel bénéfice Sékou Touré avait tiré de son expérience de parlementaire français, celui-ci avait répondu : “Aucun”. Sans doute la question lui fut-elle posée à un moment où le leader guinéen était mal disposé ; l'auteur peut en effet témoigner de ce qu'à maintes reprises, Sékou Touré a évoqué, devant lui ou devant d'autres visiteurs français, souvent anciens parlementaires, les deux années qu'il avait passées au Palais Bourbon, rapportant des anecdotes, rappelant certains scrutins importants ou quelques débats intéressants, se souvenant de nombreux collègues métropolitains, parlant des amis qu'il s'y était faits, faisant état justement de la riche expérience qu'il y avait acquise comme orateur et comme représentant du peuple, etc.… Sans même aborder la sphère de la vie personnelle d'un jeune député africain à Paris.
L'indiscutable art oratoire de Sékou Touré a certainement pu s'affiner et s'affirmer dans l'enceinte du Palais-Bourbon, où il y avait de véritables débats, mieux que dans les instances du Parti (Bureau Politique National et Comité Central) ou les meetings monocordes de la Révolution guinéenne.
S'il ne supportait que difficilement la contradiction frontale ou la mise en cause des grands principes qu'étaient pour lui l'indépendance, la dignité, la Révolution, l'unité africaine, Sékou Touré admettait facilement la discussion et le débat, et pouvait passer des heures à argumenter pour tenter de convaincre. Il lui arrivait même — l'auteur peut en témoigner pour en avoir été le témoin à plusieurs reprises, par exemple au cours de conseils des ministres auxquels il avait été convié — de modifier son point de vue, de revenir sur une décision qu'il avait prise et d'admettre des erreurs qu'il avait commises ou laissé commettre.
Pour tout ceci, son expérience de parlementaire français, pour brève qu'elle ait été, n'a certainement pas été vaine.
Notes
1. Dans son ouvrage Political parties in French-speaking Africa (Oxford, Clarendon Press, 1964), Ruth S. Morgenthau indique que le PDG avait offert à Ibrahima Barry dit Barry III de le présenter sur sa liste, et que ce n'est qu'après son refus que Saifoulaye Diallo avait été sélectionné. Il était évidemment important pour le PDG d'avoir un Peul très représentatif parmi ses candidats, de manière à augmenter ses chances de suffrages dans le Fouta. En fait, la famille de Saifoulaye Diallo appuya Diawadou Barry et le BAG. Lorsque je l'ai rencontrée à Boston au début des années 2000, Ruth Morgenthau me l'a confirmé.
[Note. Parmi les trois candidats du PDG, seuls Sékou Touré et Saifoulaye Diallo seront élus députés, le troisième siège ayant été remporté par Barry Diawadou. Lire note 7 ci-dessous et Johnston “The Mamou deviation”. — Tierno S. Bah]
2. Selon Emile Biasini, directeur de cabinet du gouverneur Bonfils, chargé de veiller à la “neutralité” de l'administration dans le processus électoral, “cette neutralité ne pouvait passer pour être neutre, puisqu'elle consistait à priver les chefs traditionnels d'un appui qui semblait à tous de droit. Il aurait fallu que la manoeuvre puisse se dérouler sur un long exercice de démocratie. Maintenu à l'excès d'un côté, le balancier libéré est allé à l'excès de l'autre.” (lettre d'Emile Biasini à l'auteur, 1995).
3. Niankoyé Samoe, candidat sur cette liste, meurt dans un accident de voiture à la veille du scrutin.
4. Sékou Touré donne une signification politique aux emblèmes et sigles des partis concurrents du PDG. Les 3 flèches de la DSG sont décochées sur les travailleurs ; la daba (instrument aratoire pour creuser le sol) de l'Union forestière signifie le retour aux corvées ; BAG se traduit par “Bataillon des Aliénés de Guinée”… Le gouverneur Charles-Henri Bonfils écrit que “pour simplistes qu'ils paraissent, de tels slogans ont eu une grande portée sur l'ignorance des campagnards.”
5. Tout à son succès électoral, le Parti ne dépose pas de plainte à propos d'éventuels trucages. Dans un entretien avec Jacques Soustelle tenu le 18 décembre 1980, Sékou Touré affirme cependant à son interlocuteur : “En fait, nous avions conquis les trois sièges, mais il y a eu un peu de trucage au détriment de notre camarade Béavogui.” A Sékou Touré qui lui raconte ensuite les péripéties qui ont précédé et suivi immédiatement l'indépendance de la Guinée, Jacques Soustelle répond : “A l'époque, j'occupais un poste gouvernemental, mais je n'ai pas su tout ce que vous venez de dire.”
6. Le gouvemeur Bonfils écrit le 6 janvier 1956 au gouverneur général de l'AOF : “Mes pronostics se sont avérés faux d'une manière qui dépasse la marge normale d'erreurs dans des prévisions de ce genre.… Ceux des commandants de cercle le sont aussi et dans des proportions identiques sinon supérieures.” Il avait le 23 décembre précédent pronostiqué l'élection de deux candidats du BAG et d'un RDA. (Archives de l'ex-AOF).
7. La nouvelle Assemblée compte :
Députés | Territoire & Affiliation |
Elus du RDA | |
Houphouët-Boigny | Côte-d'Ivoire |
Ouezzin Coulibaly | |
Sékou Touré | Guinée |
Saifoulaye Diallo | |
Jean-Félix Tchicaya | Moyen-Congo |
Hamani Diori | Niger |
Georges Condat | |
Barema Bocoum | Soudan |
Modibo Keita | |
Gabriel Lisette | Tchad |
Elus Indépendants d'Outre-mer (IOM) | |
Douda Manga Bell | Cameroun |
Hubert Maga | Dahomey |
Jean Aubame | Gabon |
Boni Nazi | Haute-Volta |
Léopold Sédar Senghor | Sénégal |
Mamadou Dia | |
Nicolas Grunitzky | Togo |
Elus Socialistes | |
Jules Ninine | Cameroun |
André-Maris Mbida | |
Fily Dabo Cissoko | Soudan |
Hamadoun Dicko | |
Elus “Autres” | |
Sourou Migan Apithy | Dahomey, Indépendants et Paysans d'Action Sociale IPAS |
Diawadou Barry | Guinée, Républicains et Radicaux-socialistes (RRS) |
Joseph Conombo | Haute-Volta, Non inscrit |
Henri Guissou | |
Gérard Ouedraogo | Haute-Volta, Républicains sociaux |
Sidi El Mokhtar | Mauritanie, Non inscrit |
Barthélémy Boganda | Oubangui-Chari, Non inscrit |
Arabi El Goni | Tchad, Républicains sociaux |
8. Jusque-là, il habitait surtout, lors de ses séjours à Paris, le 3 rue Parmentier, ou encore l'Hôtel d'Angleterre.
9. Ce qui est une erreur : Dossou est la tante de Sékou. Sa mère se prénomme Aminata.
10. La notice biographique qui lui est consacrée figure encore aujourd'hui dans la liste des anciens députés français sur le site de l'Assemblée nationale. On la trouvera en annexe.
11. Dans le gouvemement Guy Mollet (février 1956-juin 1957), Hammadoun Dicko est secrétaire d'Etat à la Présidence du conseil. Dans le cabinet Bourgès-Maunory (juin-novembre 1957), Houphouet-Boigny est ministre d'Etat, Modibo Keita et Hammadoun Dicko sont secrétaires d'Etat. Dans le gouvernement Félix Gaillard (novembre 1957-mai 1958), Houphouët-Boigny est ministre de la Santé publique et de la population, Modibo Keita secrétaire d'Etat à la Présidence du conseil, Hubert Maga secrétaire d'Etat au Travail, David Dicko secrétaire d'Etat à l'Education nationale. Sékou Touré a également failli faire partie de ce gouvernement.
12. Les députés du RDA occupent traditionnellement au Palais-Bourbon le bureau n°49. Bien avant d'etre élu député, Sékou Touré avait déjà eu l'occasion de s'y rendre, par exemple lors de réunions parisiennes du comité de coordination du RDA. C'est en particulier dans ce bureau que furent vivement discutés le désapparentement d'avec le parti communiste, puis l'apparentement avec l'UDSR.
13. Paradoxalement, il y a au sein du groupe commun plus de députés RDA que de députés UDSR. Cest pourquoi Robert Buron dira un jour avec ironie : “C'est un groupuscule où les noirs regardent les blancs se dévorer entre eux”.
14. François Mitterrand, Pierre Mendès-France et André Bettencourt (qui fonda en 1962 une Association parlementaire d'amitié France-Guinée) effectueront plusieurs voyages dans ce pays, à l'invitation de Sékou Touré, notamment pour assister à des assises du PDG. Futur ministre de la coopération, Jean de Lipkowski fera lui aussi plusieurs visites en Guinée.
15. Cité par Charles-Henri Favrod, L'Afrique seule, Paris, Le Seuil, 1961.
16. Article “Le Parlement et l'avenir des Territoires d'Outre-mer”, in La Liberté, 17 avril 1956.
17. Celles-ci avaient été créées par un décret du 4 juillet 1919 signé de Raymond Poincaré. Un projet de réforme adopté par le Grand Conseil de l'AOF en mai 1952 conservait la structure des SIP, mais le commandant de cercle — ou l'administrateur colonial — n'en était plus le président de droit. Par ailleurs, un arrêté du 24 août 1953 avait créé les Sociétés Mutuelles de Production Rurale (SMPR), dont les cadres provenaient souvent des SIP, qui n'avaient cependant pas été supprimées. La mise en place des SMPR se fit progressivement : en 1956, il y en avait 11 pour toute l'AOF, dont 2 en Guinée. Mais il existait encore nombre de SIP, ce qui explique l'intervention de Sékou à l'Assemblée nationale.
18. La liste complète de ses interventions, selon le Journal Officiel, figure en annexe.
19. L'auteur n'a pas trouvé trace de ces trois commissions dans les archives. En revanche, le 25 décembre 1949, Sékou Touré avait été désigné, par 76 voix sur 92 votants, représentant des fonctionaires du cadre secondaire à la commission administrative paritaire de Dakar. Par ailleurs, il a été de décembre 1949 à mars 1950 président (au titre des travailleurs) d'une Commission des réformes administratives qui siégea à Dakar.
20. Cité dans son discours de bienvenue par Gaston Defferre, ministre d'Etat, maire de Marseille, accueillant Sékou Touré dans sa ville le 18 septembre 1982.
21. Georges Chaffard, Les carnets secrets de la décolonisation, tome 2, op. cité).
22. “La corruption et la division ne passeront pas”, L'Ouvrier du 7 octobre 1953.
23. Selon les décomptes mensuels communiqués à l'auteur par le service de la comptabilité de l'Assemblée nationale.
24. Dossier du député Sékou Touré qu'a bien voulu me communiquer la questure de l'Assemblée nationale.
25. Parmi les collègues africains qu'il fréquente, il y a le futur président du Dahomey-Bénin, Derlin Zinsou, que Sékou qualifie de “mon camarade des folles soirées de Paris”.
26. Il semble que lui ait également appartenu l'immeuble de la rue de la Faisanderie qui devint après l'indépendance le siège de la chancellerie de l'ambassade de Guinée, et qu'il aurait revendu — à des conditions favorables pour son pays — au gouvernement guinéen (témoignage à l'auteur de Moussa Keita, commissaire de police, ancien commandant en second du Camp Boiro, Paris, 22 juillet 2003).
27. S'il n'a pas assisté, en octobre 1950, à la création à Paris de l'Association des étudiants guinéens en France (AEGF), il a participé à plusieurs de ses réunions. Les dirigeants de cette très active association ont été Keita Doussouffiana, Charles Diané, Bangoura Lanseni, Djibril Thierno Thiam, Baldé Hassimiou, Barry Rama, Bassirou Barry. En 1958, elle compte 400 membres, dont 182 boursiers.
28. Cet hôtel de 80 chambres avait été acheté par le gouvernement général de l'AOF pour les boursiers du territoire. Il existait en outre la Maison de la France d'Outre-mer (120 chambres) à la Cité universitaire, 47 Boulevard Jourdan, inaugurée en 1951 (et devenue en 1973 la Résidence Lucien Paye), et 220 chambres à la Cité universitaire d'Antony. Le Boulevard Poniatowski passe pour accueillir les militants les plus durs et les plus radicaux, souvent marxistes et révolutionnaires, dont la FEANF contrôle plus ou moins les activités ; aussi l'administration universitaire a-t-elle progressivement de plus en plus négligé l'entretien des locaux et des chambres (information confirmée par Abdou Diouf, ancien président du Sénégal, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, qui comme étudiant a résidé Boulevard Jourdan ; entretien avec l'auteur, Paris, 20 avril2004). Voir aussi Michel Sot, Etudiants africains en France- 1951-2001. Paris, Karthala, 2002 (192 p.)
29. Dissoute par un arrêté du ministre de l'intérieur en date du 5 mai 1980. D'autres étudiants guinéens ont à d'autres dates occupé des fonctions dans le comité exécutif de la fédération, qui avait ses bureaux 6 bis cité Rougemont dans le 9ème arrondissement de Paris : Souleymane Sy Savané, Pierre Comnos, Mady Camara.…
30. Jacques Lacan : “Structure des psychoses paranoïaques”, ORNICAR, Revue du champ freudien, n° 44, printemps 1988.
31. Voir en annexe et au chapitre sur la mort de Sékou Touré. La générale Hélène Bouvard est décédée le 7 mai 2005 à Paris, où elle a longtemps habité 80 rue du Cherche Midi, dans le 6e arrondisement. Née en Russie un 14 juillet, elle n'a jamais voulu dire à l'auteur — ni à bien d'autres — quel était son âge réel.