Paris, Maspéro, Coll. Cahiers libres, 1964. 205 pages
Le divorce d'avec la France, nous ne le voulons pas et s'il doit être consommé un jour, nous l'avons dit et nous le répétons, ce ne sera pas de notre fait. (Sékou Touré)
La France, c'est-à-dire un pays qui répond volontiers à l'amitié et aux sentiments et qui répond dans un sens opposé, à la malveillance qui pourrait lui être opposée. (Charles de Gaulle)
Dès le 2 octobre 1958, jour de la proclamation de l'Indépendance guinéenne, Sékou Touré adressait au Président de la République Française et au Président du Conseil du Gouvernement un télégramme, ainsi conçu :
Honneur vous informer proclamation deux octobre 1958, République de Guinée par Assemblée Nationale —stop— Gouvernement guinéen constitué ce jour —stop— Etat indépendant et souverain Guinée souhaite établissement relations domaine diplomatique et sur base coopération internationale avec République Française —stop— Vous réaffirme au nom Assemblée Nationale et Gouvernement République de Guinée notre volonté sincère pour sauvegarde et développement amitié et collaboration fraternelle dans l'intérét commun de nos deux peuples.
Ce télégramme n'ayant reçu d'autre réponse qu'un simple accusé de réception personnel de de Gaulle, Sékou Touré en adressa un deuxième dès la proclamation de la Constitution de la Communauté française :
Après promulgation nouvelle Constitution République Française, Gouvernement République Guinée renouvelle termes télégramme deux octobre et attend sa reconnaissance par Gouvernement Français pour engager négociations en vue de libre association nos deux Républiques -stop- Très haute considération.
Cette attitude ne pouvait surprendre quiconque était au courant de la réalité politique et sociale guinéenne. Nul n'aurait dû mettre en doute sa sincérité. Une majorité ne s'était dégagée en faveur du Non au sein du Bureau Politique du P.D.G. qu'en contre-partie de la décision de demander pour la Guinée l'application de l'article 88 de la Constitution de la Communauté qui permettait, aux nations indépendantes, une alliance étroite avec la France. Cette disposition avait été manifestement élaborée pour le Maroc, la Tunisie et les Etats d'lndochine. Les dirigeants guinéens pensaient qu'elle s'appliquerait sans difficultés à la Guinée qui avait acquis son indépendance sans verser le sang d'un seul Français. Il en alla tout autrement. Le caractère gaullien adhérant à celui du peuple français, plus les contradictions du capitalisme expliquent que se soit dégagée en France une majorité en faveur d'une pseudo fermeté à l'égard de la Guinée.
De l'homme de Brezzaville, on s'accordait alors à vanter le libéralisme colonial : les gaullistes dits de gauche par conviction et les dirigeants d'outre-mer par ruse. C'était confondre l'homme politique et le personnage historique patiemment élaboré. C'était oublier qu'en janvier 1944, à Brazzaville, de Gaulle avait déjà fixé un terme précis à sa politique coloniale :
"les fins de l'oeuvre de civilisation accomplie par la France dans les colonies écartent toute idée d'autonomie, toute idée d'évolution hors du bloc français de l'Empire : la création éventuelle, même lointaine, de self-government dans les colonies est à écarter".
Surtout c'était oublier les menaces qu'avait laissé échapper de Gaulle le 25 août 1958 à Conakry en répondant, par cette définition de la France, à un discours auquel dans sa splendide ignorance il ne s'attendait pas :
"Si la Guinée répond Oui c'est que librement d'elle-même, spontanément, elle accepte la Communauté qui lui est proposée et si la France de son côté dit Oui, car il faut aussi qu'elle le dise, alors les Territoires d'Afrique et la métropole pourronf faire ensemble cette oeuvre nouvelle qui sera faite par l'effort des uns et des autres pour le profit des hommes qui les habitent. A cette oeuvre-là, la France ne se refusera pas, j'en suis sûr d'avance, à la condition, bien entendu, qu'elle trouve ailleurs cette sympathie, cet appel qui sont nécessaires à un peuple, quand il a à fournir des efforts, je dirai même des sacrifices, en particulier quand le peuple est la France, c'est-à-dire un pays qui répond volontiers à l'amitié et aux sentiments, et qui répond, dans un sens opposé, à la malveillance qui pourrait lui être opposée."
Le Non guinéen avait en fait placé de Gaulle dans une impasse : pour sauver la Communauté, il lui fallait écraser la Guinée. Telle était également l'opinion d'Houphouët-Boigny qui déclarait :
"Si la France donnait une préférence à ceux qui ont fait sécession contre ceux qui ont choisi la Communauté, alors la sécession guinéenne ferait tache d'huile."
Cette attitude passionnelle prenait une valeur historique par son identité avec celle du peuple français. Le Français se pense généreux depuis 1789. Mais cette vocation révolutionnaire est actuellement ballotée entre le cartiérisme et le périchonisme. Il ne peut imaginer qu'un être doué de son libre-arbitre puisse refuser les bienfaits qu'il croit dispenser, par exemple cette Communauté qui lui a été présentée comme la quintessence de l'humanisme. En conséquence, seuls les plus bas instincts et surtout les plus occultes influences peuvent expliquer un refus.
Dès le 29 septembre 1958, s'emparant du problème guinéen, la presse française le traitait de manièrè à flatter l'orgueil national, le paternalisme, le racisme latent, la crainte du communisme de son public. A cet égard, les articles du Figaro signés Marin, intitulés La Guinée deviendra-t-elle une démocratie populaire ? sont singulièrement symptomatiques. A la fois paternalistes (Tu sais, patron, le Blanc c'est bon pour le Noir), humoristes et racistes (des personnages se prenant trés au sérieux lisaient sous les flashes des proclamations ampoulées, curieux cocktail de verbalisme oriental et de dialectique marxiste), anti-communistes (derrière Silly, l'éléphant mascotte du P.D.G., pointe le museau de l'ours [soviétique]; c'est un bonnet rouge que M. Sékou Touré a posé sur les cheveux crépus de sa Marianne guinéenne), anti-communistes, teintés de nationalistes (J'ai vu les deux visages du président Sékou Touré: celui —aimable et souriant— de l'homme jeune et simple, trés francisé, ayant l'allure et la carrure d'un sportif dans un complet impeccablement coupé, mais aussi celui —impénétrable— du leader afro-asiatique, majestueusement drapé dans un grand boubou d'honneur chamarré et trahissant, à travers de menaçantes apostrophes anti-colonialistes, sa formation dans les séminaires de l'Est. Il n'est pas souhaitable, de toutes façons que s'abaisse dans ce coin du monde, un nouveau rideau de bambou.)
Ce désir de fermeté, né surtout d'un réflexe émotionnel, tant dans le public que chez le Chef de l'Etat se heurtait aux desiderata du grand capital industriel qui entendait tirer partie du Non guinéen. Dans les jours qui suivirent le référendum, les principaux grands trusts internationaux intéressés félicitaient le Gouvernement guinéen : Péchiney, l'Aluminium Canadian, la Steel Iron Cie déjà en place mais aussi la Republic Steel de Liberia qui supputait les chances d'adjoindre à son exploitation libérienne, celle du Mont Nimba en Guinée. L'Assemblée Générale Extraordinaire de Fria réunie le 3 décembre 1958 décidait une augmentation de capital de 3 à 4 millions de francs C.F.A. Les directeurs des grandes entreprises internationales considéraient les évènements du point de vue du Grand Capital, négligeant toute autre optique. lls affectaient dans leur conversation les théories progressistes, camouflant sous une élégance de bon ton leur irritation.
Par contre les grandes sociétés de commerce et surtout la masse des petits commerçants, des planteurs individuels, à la fois par attitude chauvine et parce qu'ils pressentaient pour eux-mêmes le danger, étaient décidées à ruiner la Guinée et partant à soutenir financièrement les rapatriés. Seule une minorité, animée par le Président de la Chambre de Commerce, tenta une collaboration franche avec le nouveau gouvernement. Cette tentative positive mais modeste ne pouvait compenser ni la peur qui s'emparait de chacun, ni l 'action du Gouvernement Français. Celui-ci, notamment se refusait à accorder la moindre considération aux craintes exprimées par les Français, petits et moyens commerçants ou planteurs. Les chefs d'entreprises réunis à la Chambre de Commerce adressèrent directement à de Gaulle une pétition :
"Justement inquiétés par une situation sans issue pour eux, les signataires demandent au Gouvernement Français quelles seront les dispositions envisagées pour permettre leur retour en France et leur réinstallation. Venus s'établir en Guinée française et donc sous pavillon français, ils se trouvent indépendamment de leur volonté abandonnés subitement en territoire étranger. Ils s'étonnent du désintéressement du Gouvernement pour les éléments qui ont fait le pays (ex-Guinée Française) et réclament une solution rapide et équitable."
Or de Gaulle leur répondit que la France n'avait aucune décision à prendre tant qu'aucun bien, ni aucune personne n'auraient été dûment menacés.
Placé au pied du mur par le vote guinéen, le Gouvernement français obligé de sévir pour colmater la brèche que la Guinée avait ouverte dans la Communauté mais dépourvu de plan d'action saisit la première perche que lui offrirent les évènements: le rappel des fonctionnaires. Ce rappel fut favorisé par un mouvement de repli né spontanément dans les sphères administratives françaises. Cela commença par la volatilisation du Gouverneur. Puis dès le lendemain du référendum, les fonctionnaires, notamment les administrateurs, qui se croyaient joués alors que seule leur naïveté était en cause, furent la proie d'un prurit de vengeance. La déformation professionnelle aidant, ils s'imaginèrent que leur départ causerait la perte de toute l'administration, signerait l'arrêt de mort de la Guinée. Aussi les ministres africains virent-il déferler sur leur bureau les démissions de la plupart de leurs collaborateurs européens qui, la veille encore, sûrs de la réponse affirmative au référendum, les assurait sans risque, pensaient-il, de leur total dévouement à la République de Guinée.
Une des premières tâches du Chef de la Mission Française en Guinée, Monsieur Huré, arrivé à Conakry le 23 octobre 1958, fut d'organiser cet exode sur un grand pied. D'une part, il s'agissait de donner à cette fuite l'importance de principe qu'aux yeux du Gouvernement français elle devait revêtir. D'autre part, il fallait l'étendre au-delà des fonctionnaires, aux contractuels et auxiliaires français employés par l'administration de Guinée. C'est ainsi que pour attirer les candidatures à la désertion, la Mission Française imputa sur le Trésor métropolitain la charge du paiement des indemnités de préavis, de congés payés, de licenciement et des voyages de retour. Cette décision fit l'objet d'instructions du Haut-Commissaire, qui furent largement diffusées chez les contractuels et qui leur garantissaient le paiement des plus larges indemnités.
C'est ainsi d'autre part que fut distribué à tous les intéressés un modèle de lettre destinée à mettre le bon droit du côté des démissionnaires et à rendre implicitement la Guinée responsable de leur départ.
En outre, chacun avait été dûment prévenu que le passage d'un nouveau contrat avec la Guinée entrainerait la suppression de toutes les indemnités auxquelles il avait droit. Pour plus de sécurité, ces indemnités étaient payées non sur place mais en Métropole, par la paierie du domicile.
En un mois l'administration guinéenne se vit ainsi privée de tous les techniciens métropolitains y compris les médecins, les infirmières, les responsables de la sécurité aérienne dont le départ, s'il avait le sens que voulait lui donner le Gouvernement Français, aurait mis en danger la vie des Guinéens et celle des Français du secteur privé demeurés sur place.
De toute cette politique, Sékou Touré devait dire devant l'Assemblee Nationale :
"Nous avons tous vu par ailleurs les circulaires adressées à chaque agent du cadre de l'Etat Français et tous nous en connaissons les termes par coeur. Eh bien, nous saurons prendre acte de tout cela et nous engager dans la voie qui sauvegardera notre dignité et nos intérêts."
Grisés par l 'importance qui leur était soudain conférée, les fonctionnaires et auxiliaires français, même les plus humbles scribouillards se lancèrent avec passion dans le sabotage et l'espionnage. L'ère de Francis Coplan était ouverte. Chacun se prit soudain pour un héros de série noire. Les dactylos tapèrent une pelure supplémentaire de la note la plus anodine, qu'elles adressaient à la Mission Française. Les fonctionnaires de responsabilité déménagèrent les archives. Ce patriotisme exacerbé s'exerça parfois dans le sens fort regrettable du vol caractérisé de mobilier administratif et du non-paiement d'impôts dûs antérieurement à l'lndépendance. Sekou Touré fut ainsi amené à s'installer dans un palais dont même les prises de courant avaient été enlevées. La petite histoire conte que venu à Accra en novembre 1958, il exprima son étonnement admiratif à N'Krumah, en écrasant une cigarette dans un cendrier marqué aux armes de l'administration britannique du Commonwealth.
Inquiétée par cette assimilation abusive du petit gangstérisme individuel et du patriotisme, la Mission Française ne décerna plus de billets d'avion qu'aux fonctionnaires pourvus d'un récépissé de l'administration des finances guinéennes, d'autant plus que la Présidence du Conseil Guincen avait chargé la police et la douane de vérifier le paiement des impôts.
Cet exode fut chansonné 1 par le peuple guinéen. Il implanta parmi les dirigeants, une maladie difficilement curable, l'espionnite qui ne fit que croitre avec l'arrivée plus ou moins discrète de représentants des services français de renseignements. Ceux-ci élaborèrent des plans dépourvus de tout sérieux allant du soulèvement du Fouta-Djalon à l'installation d'une base militaire française aux Iles de Loos. Ces îles, les lles au Trésor de Stevenson, qui bloquent le port de Conakry et qui renferment de très riches mines de bauxite, n'avaient été rattachées au Territoire français de la Guinée qu'en 1904 en échange d'un droit de pêche à Terre-Neuve accordé à la Grande-Bretagne. Il n'en fallait pas plus à certains néophites en droit international pour prétendre que les conséquences du Non ne s'appliquaient pas à cette fraction de la Guinée. Le problème fut étudié par les bureaux français compétents.
D'autre part, partant de l'opposition qui existait au Fouta, les services secrets, aidés des anciens indicateurs qui tournaient autour du camp fédéral de parachutistes de Dalaba, organisèrent un réseau clandestin intitulé Comité de Salut Public groupant notamment des notables et d'anciens militaires renvoyés dès le lendemain du référendum par l'armée française.
Des bruits fantaisistes couraient sur les buts de ce Comité. Sa fin essentielle néanmoins admise par tous était l'organisation d'un soulèvement de masse. En outre un indicateur de police signalait au commissariat central de Conakry (note no. 9-7/CPS 2 du 8 octobre 1958) qu'une délégation serait partie du Fouta pour se rendre à Paris où elle se proposait de solliciter du Générsl de Gaulle, le rattachement du Fouta au Territoire du Sénégal.
De tels renseignements arrivaient quotidiennement sur le bureau de Sékou Touré et sur celui du Ministre de l'Intérieur Keita Fodéba.
Les mesquines réactions quotidiennes des petits blancs accrurent cette espionnite. Dans les restaurants, dans les bars autour d'une consommation, l'employé de commerce, le chef de travaux critiquaient plus ou moins spirituellement mais toujours à haute voix les actions du gouvernement, le dernier discours de Sékou Touré. En faisant leurs courses, les ménagères européennes se prenaient de querelles avec les boys, crépaient quelques chignons indigènes.
Pris entre son désir sérieux d'accord avec la France et l'irritation née de l'attitude des Français, le Gouvernement de Sékou Touré agit de deux manières contradictoires.
Sur le plan de la vie quotidienne, dans les contacts avec les métropolitains, il se montra, dès le départ, tâtillon et soupçonneux. Systématiquement, on fouilla une partie des voyageurs, les bagages furent visités. En application stricte des règlements, ils furent même confisqués parfois. Les douaniers se défoulaient de plus d'un demi-siècle de brimade coloniale. Certains Français furent retenus, de quelques heures à quelques jours, en prison. Le Directeur de l'Enregistrement qui, un soir, romantiquement immergeait des papiers personnels au bout de la jetée du port de Conakry, fut arrèté, gardé une nuit au commissariat sous l'inculpation de vol de documents administratifs. Les brigades de vigilance du Parti voyaient déjà en chaque Blanc un espion.
D'autres furent expulsés. Le premier important en date fut le directeur du seul quotidien de Guinée, GuinéeMatin, de la chaine Breteuil qui possédait la plupart des quotidiens de l'ex-A.O.F. En cette occasion, le Gouvernement éprouva le besoin par un communiqué largement répandu de se justifier et de marquer la différence entre une mesure de simple police et le respect des principes fondamentaux de liberté.
Dans une telle conjoncture, la réaction de Sékou Touré ne se fit pas attendre et s'exprima dans un discours parfois menaçant :
"Surveillez dans les quartiers, dans les villages, dans les bureaux et dans les chantiers, tous ceux que vous considérerez comme ennemis de la Nation, tous ceux que vous considérerez comme malhonnêtes, informez-nous quel que soit le nombre de leurs diplômes, ou leur technicité, nous démontrerons qu'ils ne sont pas indispensables au pays...
"Hommes et femmes, jeunes et vieux du P.D.G., vous aurez à surveiller chacun, à commencer par le Président Sékou Touré, vous surveillerez tout le monde, dans les moindres agissements, dans la moindre attitude, publique comme privée. Tous ceux que vous pourrez considérer comme susceptibles de faire honte à la Guinée et à l'Afrique, dénoncez-les...
"Nous vous prévenons que nous sommes au courant de tout ce qui se fait et cela étonne certains. Nous l'avons déjà dit, il y a des années, rien ne se fera en Guinée sans que nous le sachions. La supériorité technique peut nous battre mais nous ne serons jamais surpris, qu'on soit au courant de cela. Les organisations secrètes qui cherchent des membres dans le Gouvernement, dans le Parti, parmi les fonctionnatres, chez les militaires, eh bien, elles perdent leur temps ! Soyez persuadés que ceux qui désireront, ceux qui choisiront un autre chemin que le chemin de l'honneur, eh bien, nous les considérerons comme la punaise, et comme telle, nous saurons leur réserver le sort qui leur convient...
"Et c'est ,pourquoi, lorsque vous verrez des mesures sévères s'abattre sur tel ou tel, ne posez pas d'autres questions, sachez seulement que celui-ci a trahi ta confiance du peuple, qu'il a trabi la Guinée... Avec les pleins pouvoirs donnés au Gouvernernent, nous avons les moyens de réduire les contre-révolutionnaires de ce pays. Ces moyens, quelle que soit leur rigueur extrême, nous les emploierons sans aucune hésitation, sans aucun regret, chaque fois que l'intérêt supérieur de la Nation le nécessitera."
Dans la pratique, cela aboutit à la création de brigades volontaires qui sillonnaient les villes la nuit, et à l'interdiction de prendre films ou photos, ce qui amena plus d'un photographe amateur dans les postes de police.
Parallèlement, le Gouvernement multipliait les mesures symboliques, faisant déboulonner les statues des anciens gouverneurs qui étaient sensées embellir la ville et faisant badigeonner la stèle des Anciens Combattants avant d'en modifier le texte qui devait devenir La Guinée aux victimes du colonialisme.
Tous ces menus faits amenèrent le 10 janvier 1959 à un incident entre la troupe guineenne et quelques Français. Les faits étaient en soi peu importants et se limitaient à des prises de mains entre les gardes guinéens et des Africains employés par les militaires français.
Le Haut-Commissariat Général de Dakar crut devoir en faire l'objet d'un communiqué, qui fut publié dans la presse française sous des titres rocambolesques, tel celui du Figaro: "Sérieux incidents à Conakry. La police guinéenne occupe de force et fait évacuer des bureaux administratifs français."
A la suite de ce communiqué, le Secrétaire d'Etat guinéen chargé de l'information fit paraitre, au nom du Gouvernement guinéen, une mise au point dont il assura lui-même la dilfusion, après que l'A.P.P. l'eût tronquée dans l'émission destinée à l'outre-mer. L'affaire s'arrêta après cette guerre des ondes.
1 . Jeunesse R.D.A de Forecariah : Départ des Français :
"Sékou Touré, ainsi donc les Français sont partis
Sans dire adieu ! Quelle honte
Ainsi donc les Français
qui nous quittent
Sans même dire au revoir
Quelle honte par Allah !
Les Français sont partis sans dire adieu!"
Jeunesse R.D.A. de Dubréka :
Adieu, Européens
et sans rancune
Moi, je ne suis point fâché,
Adieu et chacun chez soi
Sans Histoire
Au revoir pourvu que vous ne nous dérangiez plus
Qu'il vous suive, celui qui vous croit indispensable !
Présence Africaine, no. déc.-janv. l960.
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