Paris, Maspéro, Coll. Cahiers libres, 1964. 205 pages
Estimant que la forme spécifique de la colonisation était la forme commerciale, l'aile gauche du Gouvernement guinéen étendit les pouvoirs du C.G.C.E. En juin 1959, cet organisme se vit attribuer le monopole du commerce extérieur des principales marchandises importées de quelque secteur géographico-politique que ce soit : le sucre, la farine, le ciment, la bière, les allumettes et le riz puis toutes les merchandises importées. En pratique toutefois ce monopole n'excluait pas totalement le recours au commerce traditionnel qui pouvait importer par l'intermédiaire du C.G.C.E. un pourcentage variable des marchandises (0 % du riz, 60 % des articles de première nécessité, sucre, farine, bière, ciment, ellumettes, 70 % des autres marchandises). Cette extension de pouvoir fut accompagnée d'un renforcement de l'autonomie de gestion, afin de résoudre l'incompatibiblité entre les règles de la comptabilité publique, le recrutement de la fonction publique et les obligations commerciales du Comptoir. Aussi une circulaire de juillet 1959 pouvait-elle dire :
Sa structure, son fonctionnement, ses règles de gestion et de comptabilité l'apparentent de très près à une grande maison de commerce internationale dont il s'efforcera d'avoir le dynamisme, I'esprit offensif, le sens de la responsabilité et le souci de la rentabilité.
Accessoirement cette réforme eut aussi pour but d'équilibrer
la balance des échanges avec les pays étrangers, par une réduction
sélective des importations de biens de consommation, autres que ceux
de première nécessité, et le recours à des crédits
moyen et long termes pour l 'importation de matériel d'équipement.
La réforme du commerce fut apparemment achevée en avril 1963
par la création d'un Comptoir Guinéen du Commerce Intérieur
(C.G.C.I.). Son rôle s'étendait à la vente en gros,
demi-gros et détail du matériel industriel, des biens de consommation,
des matériaux, etc..., achetés en Guinée, par le Comptoir
lui-même, ou à l'étranger par le C.G.C.E., à
la vente à titre de mandataire et à la consignation de tout
produit, à la représentation de maisons étrangères
en Guinée, à la prospection du marché guinéen
pour l'écoulement des marchandises, au ramassage et au stockage de
tous les produits guinéens en vue de la vente à l'intérieur
ou de la mise à la disposition du Comptoir du Commerce Extérieur,
à la conservation des produits, à leur transport et leur conditionnement,
au service après vente et à la réparation de tout matériel.
A l'instar du C.G.C.E., ce Comptoir du Commerce Intérieur devait
être régi comme une société commerciale, ses
recettes provenant des marges commerciales, des commissions, etc... Il disposerait
de succursales.
Le commerce privé interne n'était pas supprimé. Toutefois
lorsque le comportement professionnel des cormmerçants établis
en Guinée paraitrait au C.G.C.I. de nature à porter directement
ou indirectement préjudice à l'intérêt général,
le Comptoir en ferait part au ministre de l'Economie Nationale et serait
autorisé à proposer des sanctions d'ordre administratif à
l'encontre de ces commercants.
Il ne s'agit donc pas d'un monopole comme en matière de commerce
extérieur, mais simplement du contrôle du commerce de gros.
La complexité même du commerce africain de détail rendait
l'application immédiate de tout monopole impossible. Ce qui était
envisagé, c'était la transformation progressive des structures
commerciales en place.
La création du C.G.C.I. s'accompagna, en effet, de la création
de succursales régionales disposant de magasins de stockage pour
les matières premières, de magasins de gros pour les produits
de consommation et d'ateliers de réparation et de services après
vente pour l'entretien du matériel technique et automobile.
Elle s'accompagna également de la transformation du rôle des
magasins témoins, créés par un décret de mars
1959, dans les villes et les centres économiquement névralgiques,
frontaliers notamment. De régulateurs des prix, ils devinrent légalement
moyens de lutte contre la spéculation.
Enfin, elle devait aboutir à la création de coopératives
villageoises d'approvisionnement et de vente, qui pourraient conclure avec
le C.G.C.I. des contrats de livraison de produits à prix fixés.
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Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.