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3ème république
Crise des 2 et 3 février 1996


Le Général Lansana Conté, Chef de l'Etat
s'explique sur les évènements des 2 et 3 février 1996 à Conakry.

1ère édition, Présidence de la République
Conakry, 25 février 1996


Camp Almamy Samori Touré
Rencontre du Président de la République avec les militaires, le 4 février l996,

Soldats guinéens, mon premier mot pour vous est de vous dire merci. Si je vous dis merci, c'est au nom du Peuple de Guinée. Le Peuple de Guinée que vous avez toujours défendu ; le Peuple de Guinée que vous avez toujours respecté. Ce peuple vous restera reconnaissant. Je ne dirai pas ici vos hauts faits de guerre non seulement pour la Guinée, mais pour l'Afrique. Cest inutile de répéter parce que le monde entier le sait ; les évènements qui se sont passés ces jours-ci ont été provoqués par l'énervement des soldats. Sinon, vous n'êtes pas habitués à ça. Vous avez toujours été des soldats respectueux. Mais je vais vous dire ce qui est plus important que tout : vous avez respecté les promesses que vous avez tenues au Peuple de Guinée le 3 avril 1984. C'est vous qui respectez ces promesses maintenant et non nous les officiers.

Je voudrais vous rappelez que nous avons fait, le 3 avril 1984, des communiqués qui ont été lus à l'intention du Peuple de Guinée et à l'intention de tous les Peuples du monde. Ces communiqués sont encore dans les archives ; je vous en prie, demandez ces communiqués ; lisez-les, vous avez beaucoup d'intellectuels parmi vous ; qu'ils vous expliquent le contenu. Je vais vous dire que ce sont ces communiqués qui ont été lus au nom de l'Armée, que j'ai toujours essayé de respecter. C'est pour cela, depuis 1984 jusqu'aujourd'hui, chaque fois que le moment arrive, on fait une partie de ce qu'on a promis. C'est pourquoi le Peuple nous a respecté et nous a cru, surtout. Et le Peuple a confiance en nous. Donc si aujourd'hui vous les soldats, les gens pensaient que vous voulez me tuer, nous sommes partis ensemble au Camp Alpha Yaya, nous sommes revenus ensemble au Camp Samory et vous avez dit - et mme si vous ne l'avez pas dit - vous avez fait en sorte que les promesses que vous avez données au Peuple de Guinée de mettre les institutions démocratiques en place et de les respecter soient réalisées ; c'est ce que vous avez prouvé hier au Peuple de Guinée.

Je sais que certains pensaient que les soldats l'ont fait pour renverser le Gouvernement [Protestation des soldats]. Moi je sais que vous l'avez fait pour réclamer vos droits. Et vos droits sont énumérés par vous ici [ le Président de la République montre le documentJ. J'ai le papier dans 1a rnain. Je n'ai rien oublié. Je vous dis donc au nom du Peuple de Guinée qui m'a placé ici avec vous pour faire ce qu'il faut pour le Peuple dont vous faites partie, je prends l'engagement que vos revendications seront respectees et appliquees. Il n'y a rien dans vos revendications qui ne soient pas faisable ; tout est faisable. Je vais travailler d'arrache-pied avec les éléments que je vais choisir pour revoir le barême des soldats guinéens.

Que ceux qui ont pris des objets, s'ils connaissent Dieu, ils n'ont quà emmener ces objets où ils les ont pris. Ça nous fera honneur, ça fera honneur à l'Armée. Ce n'est pas l'individu qui compte ; moi qui vous parle, je ne suis rien. Mais le corps ne doit pas être sali. Il faut protéger le corps et pour cela il faut que les populations sachent que ce que nous avons fait est une erreur que nous avons commise et que nous voulons réparer en ce qui concerne les pillages. Je vous en prie, en tant que soldat et aux soldats, faites ce que je viens de vous demander ; rattraper les choses volées ; ce qui peut étre rendu, on va le rendre, ce qui ne peut pas être rendu, on demandera aux gens qui ont perdu de nous pardonner.

Mais il faut d'abord faire le maximum de nous mêmes pour que les gens ne se découragent pas de nous. Parce que sans Peuple, nous ne sommes rien. Nous, nous sommes sortis du Peuple. Nous sommes tous en tenue kaki aujourd'hui, en tenue treillis, mais n'oubliez pas que nous sommes tous venus d'un village, nés dans un chiffon. Alors il faut respecter la population. On a pris certaines choses chez certains qui sont plus pauvres que nous, ça c'est malheureux : il faut l'éviter.

Je vous demande donc de retourner chacun dans son unité ; le salaire du mois de janvier, il faut le prendre ; je vous le demande ; c'est en fin février que vos salaires seront augmentés. Maintenant les états sont arrivés ; l'argent est à notre disposition ; sacrifions-nous et prenons le comme ça. Je vous le demande.

En tant que Ministre de la Défense, je serai toujours avec vous pour savoir ce qu'il faut et faire ce que je peux faire.


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