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3ème république
Crise des 2 et 3 février 1996


Le Général Lansana Conté, Chef de l'Etat
s'explique sur les évènements des 2 et 3 février 1996 à Conakry.

1ère édition, Présidence de la République
Conakry, 25 février 1996


Deuxième appel du Président de la République

Peuple de Guinée,

Depuis ce matin, la ville de Conakry, dans ses rues, a été le théâtre de déplacements de troupes militaires.

Ces troupes réclament l'augmentation de salaire. Je les ai reçues au Palais des Nations à deux reprises.

D'abord une délégation, qui m'a dit le point de leurs revendications. L'essentiel de ces points est l'augmentation des salaires des soldats. Le deuxième point était le problème de ravitaillement des soldats. Il y a d'autres points qui suivent. Mais sur les deux points essentiels, j'ai donné mon engagement ferme d'étudier favorablement leurs revendications pour leur donner satisfaction.

Un deuxième groupe s'est rendu au Palais des Nations. Ce groupe a été reçu. Il a fait les mêmes revendications et j'ai fait les mêmes promesses. Ceux-ci donc se sont retournés dans leurs camps.

Ce que nous venons de constater, c'est que moi je crois que certains soldats sont de bonne foi. Par contre, il y a des officiers, sous-offîciers qui manipulent certains soldats sans leur avouer exactement ce qu'ils veulent. Je viens d'être informé, et je suis sûr de ce qu'on me dit, qu'il y en a qui veulent perturber la situation dans le pays en prenant par la force le pouvoir.

Je ne vous parlerai pas de démocratie, je vous dirai seulement qu'en tant que responsables, en tant que soldats, défenseurs de la liberté dans le pays, il n'est pas recommandé à nos soldats d'agir de la sorte.

Maintenant je demande à ces soldats qui revendiquent les salaires : si c'est vrai que vous ne revendiquez que l'augmentation des salaires et le ravitaillement de vos familles, c'est un problème qui va étre réglé avant lundi.

En ce qui concerne le ravitaillement, les dispositions sont prises pour que tous les camps soient ravitaillés demain.

En ce qui concerne les salaires, je suis entrain d'étudier pour que dès lundi j'annonce ce qui sera fait pour les soldats.

Mais en dessous, commeje vous l'ai dit tout à l'heure, vous avez des gens qui vous manipulent et quiveulent prendre le pouvoir. Ceux-ci ne veulent pas entendre parler de négociations entre vous et moi. Ils veulent coûte que coûte prendre le pouvoir. Sinon, pourquoi, un soldat qui réclame son salaire se mettrait à tirer dans la ville, tuer des civils, vos frères, vos mères, vos fils et vos frères qui sont dans le quartier ?

Un char vient de tirer dans un quartier paisible, le quartier de Coronthier. Comment un soldat qui réclame l'augmentation de son salaire peut-il aller tirer des civils ? Vous devez savoir que ce n'est pas seulement les soldats qui veulent l'augmentation de leur salaire qui sont dans les rues.

Alors, les soldats qui réclament le salaire, je vous demande de rentrer dans les camps. Je vous ai promis ; je vais réaliser ; ne mélangez pas les choses. Rentrez dans les camps et attendez les décisions.

Maintenant ceux veulent prendre le pouvoir coûte que coûte, laissez ceux-ci agir. Mais ne vous mêlez pas à eux. Je suis là pour vous ; je suis prêt à étudier tout ce que vous me dites ; mais vous êtes minés. Si vous ne faites pas attention, on va agir en votre nom, alors que vous n'êtes rien dans ce qui se passe actuellement dans la ville. Je vous ai promis que je viendrai [au Camp Alpha Yaya Diallo] et que je prendrai des dispositions avant de venir. Vous serez satisfaits dans la mesure des possibilités de l'Etat, car je suis contre que vous soyez lésés ; mais laissez vos autorités régler vos problèmes.

Alors je répète encore : tous les soldats qui sont sortis dans la rue pour réclamer l'augmentation de salaires doivent immédiatement retourner dans les camps.

Maintenant s'il y a des soldats ou des gradés qui veulent prendre le pouvoir, alors il vaut mieux qu'ils restent seuls dans la rue ; qu'on ne confonde pas ceux qui demandent l'augmentation des salaires et ceux quiveulent prendre le pouvoir.

Tout à l'heure, à Coronthie, ceux qui sont mécontents de la réponse que j'ai donnée ont tiré dans le quartier et ont tué huit (8) civils, qui sont maintenant à la morgue de l'Hopital Ignace Deen. Alors, si votre réclamation de salaires correspond à cela, alors ce n'est plus une réclamation de salaires ; c'est une guerre que vous voulez provoquer dans la ville. Et j'évite les tueries en Guinée surtout à Conakry où les gens doivent étre libres de se promener. C'est nous qui avons donné la liberté au Peuple de Guinée. Ce que sous avons fait déjà est très grand ; il ne faut pas que quelques mauvais soldats viennent maintenant gâter tout que nous avons fait. Nous devons continuer à servir notre Peuple. Et pour servir notre Peuple, ce n'est pas en tirant sur les gens en tirant sur n'importe quoi.

Alors je demande : tous les soldats que je connais, tous les soldats guinéens que je connais qui me demandent à moi de leur faire face pour l'augmentation de leurs salaires, je leur demande d'entrer aux camps. Si vous m'entendez, si vous m'avez suivi, que vous soyez dans les rues ou dans les maisons ou aux camps, déposez vos armes, restez tranquilles ; vos problèmes seront réglés au plus tard lundi. Si vous avez besoin de me voir, n'ayez aucune crainte. Venez au Palais ; on vous laissera rentrer, nous causons et vous retournez informer vos camarades. Et nous continuons à nous battre pour la liberté des Guinéens.

Peuple de Guinée, avec vos soldats, vos fils qui ont demandé l'augmentation de leur salaire, je suis d'accord. Mais vous avez parmi eux les gens qui veulent mettre le Peuple contre le Gouvernement. Sinon, un soldat qui réclame l'augmentation de son salaire n'a rien àvoir avec les Ministres; il n'a rien àvoir avecles quartiers. C'est dans les camps que ça doit se passer. Et du camp ça vient chez moi à la Présidence. Nous réglons le problème et personne ne s'en plaint et tout le monde est content.

Soldats réclamant l'augmentation de salaires, détachez-vous de ceux qui veulent prendre le pouvoir en Guinée ; sinon vous serez mal jugés, vous serez pris dans le même panier qu'eux et le Peuple va vous condamner.

Pour le moment, c'est ce que j'ai à dire et j'espère que vous m'avez entendu et que vous allez respecter ce que j'ai dit.

Merci.


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