Gouverneur du Territoire
Editions guinéennes. Conakry. 1951. 280 p. cartes, illust.
La Guinée française possède d'immenses réserves en minerai de fer sur toute l'étendue de son territoire. Mais nous allons surtout examiner les gisements à proximité de la mer qui sont susceptibles d'être exploités maintenant.
Le gisement de fer de la presqu'île de Kaloum. — Il comprend l'île de Tombo et s'étend sur 35 km, de longueur jusqu'au mont Kakoulima et sur 4 à 6 km. de largeur moyenne, constitue l'un des plus importants gisements mondiaux.
La teneur en fer moyenne du minerai positif reconnu est de près de 5 % et le tonnage de ce minerai positif reconnu est de 606.000.000 de tonnes. Quant au minerai probable, son tonnage peut être évalué à 2 milliards de tonnes avec une teneur moyenne de 44 % en fer. Tous ces chiffres, tant de tonnages que de teneurs, se rapportent au minerai sec.
Ce gisement doit être mis en exploitation par la Compagnie Minière de Conakry, il fait l'objet d'une étude particulière au chapitre suivant. Disons seulement que les facilités d'exploitation à ciel ouvert, sa situation exceptionnelle en bordure de la mer et sur la rade de Conakry doivent lui permettre de soutenir la concurrence avec les meilleurs gisements français nord-africains ou étrangers.
2 Le gisement de Yomboiéli. — En 1931, M. Julian, Chef de la Section des Mines de Guinée, avait signalé l'abondance de « latérite » ferrugineuse près du petit village de Yomboiéli, dans le canton de Moussaya, cercle de Forécariah. Le Directeur des Mines remarquait que cette région prolongeait en territoire français les schistes de Marampa en Sierra-Leone, dans lesquels avait été découvert en 1926 un gisement d'hématite.
Le village de Yomboiéli se trouve à 300 mètres de la rivière Kolenté, à 3 km. environ au sud-est du village de Laya. Une piste naguère carrossable, relie Laya à Moussaya, distants de 16 km et la route Moussaya-Forécariah (32 km) est praticable en toute saison. De Forécariah l'on peut se rendre directement à Conakry ou Benty.
Le gisement affleure sous forme d'une colline d'une soixantaine de mètres de surélévation au-dessus d'un petit marigot et a une dizaine d'hectares de superficie.
Dans sa première évaluation, M. Chermette donne comme ordre de grandeur probable de la réserve de minerai de fer : 15 millions de tonnes environ.
Les échantillons recueillis ont tous donné des teneurs en fer contenu supérieures à 50 % et atteignant même 64 %. Ce minerai ne renferme ni chrome, ni nickel, dont la présence dans les minerais de Kaloum a posé des problèmes délicats quant à leur utilisation.
La situation géographique de Yomboiéli est au moins aussi favorable que celle du gisement de Marampa en Sierra Leone où les Anglais ont dû construire un chemin de fer de 80 km et un port (Papel Point).
A Yomboiéli l'exploitation à ciel ouvert semble pouvoir se faire avec des procédés mécaniques à gros rendement. Le transport jusqu'à Benty, distant de 63 km. à vol d'oiseau, pourrait se faire soit par téléférique, soit par voie ferrée. La force motrice nécessaire pourrait être obtenue en aménageant, par une usine au fil de l'eau, la rivière des Grandes-Chutes.
Divers autres gisements de fer ont été découverts en Guinée :
Mais tous ces gisements sont éloignés de la mer et aucune étude détaillée n'a encore été faite.
Le gisement de minerai de fer de Conakry, connu depuis 1904, a été prospecté très complètement entre 1919 et 1921. (Cette prospection, qui a duré près de deux années, a coûté 600.000 dollars or.)
A la suite de cette prospection, une société a été formée la Compagnie Minière de la Guinée Française, qui a obtenu par décret du 25 juin 1939 une concession provisoire, transformée en concession définitive par arrêté général du 26 août 1947.
Cette concession a fait l'objet, le 5 novembre 1948, d'un contrat d'amodiation à la Compagnie Minière de Conakry, constituée elle-même en décembre 1947 pour entreprendre la mise en exploitation du gisement.
La Compagnie Minière de Conakry a été constituée par la Compagnie Française des Mines de Bor et par Coframet S.A. En 1948, y sont entrés comme nouveaux actionnaires, le Bureau Minier de la France d'Outre-Mer et B.I.S.C. (Ore) Ltd., organisme professionnel d'achat de minerais étrangers de la sidérurgie britannique.
Son capital actuel est partagé de la façon suivante :
Compagnie Française des Mines de Bor | 20 % |
Coframet S.A | 20 % |
Bureau Minier de la France d'Outre-Mer | 25 % |
B.I.S.C. (Ore) Ltd | 33 % |
Actions de garantie d'administrateurs et actionnaires | 2 % |
Total
|
100 % |
Son Siège social est à Conakry.
Le gisement est d'origine volcanique : il résulte de la latérisation d'une roche neutre (dunite) et se compose de deux couches : l'une, de minerai dur, qui est au-dessus du niveau du sol et justiciable d'un abattage à l'explosif, l'autre, sous-jacente de minerai tendre, qui s'enfonce au maximum à 30 mètres au-dessous du niveau du sol. Les deux couches sont sensiblement horizontales et leur extension en surface est de l'ordre de 14.000 hectares. La prospection effectuée entre 1919 et 1921, dont les résultats ont été confirmés par la première mission envoyée sur place par la Compagnie Minière de Conakry et dont les travaux se sont poursuivis de novembre 1948 à mai 1949, a démontré des réserves totales supérieures à deux milliards de tonnes, dont vraisemblablement deux cent millions de tonnes de minerai d'une qualité commerciale satisfaisante.
Ce minerai contient environ 50 % de fer, 1,5 de chrome, 0,05 à 0,10 % de nickel et 14 % d'alumine. Sa teneur en impuretés ne permet pas de le classer dans les minerais standard, mais les essais auxquels il a été procédé depuis le mois de juillet en Grande-Bretagne permettent de dire de façon certaine qu'il est toujours utilisable en haut fourneau, à condition de ne le faire entrer que pour 20 ou 25 % dans la composition de la charge.
Des essais industriels avaient été effectués avant la guerre, tant aux Forges de la Providence en Belgique qu'à l'usine de Neunkirchen du Groupe Otto Wulff, en Allemagne. Ces essais avaient démontré qu'un mélange avec de la minette de Lorraine permettait l'emploi du minerai de Conakry jusqu'à 34 % au maximum de la charge totale, sans difficulté sérieuse.
Comme le client le plus important à l'origine de la mise en exploitation du gisement sera la Grande-Bretagne, il est apparu aux fondateurs de cette affaire qu'il était indispensable de recommencer des essais en Angleterre, puisque la charge normale des hauts fourneaux anglais est un mélange de minerais locaux et importés dont aucun n'est semblable à la minette de Lorraine. Ces essais ont été surveillés par la British Iron Steel Research Association, ainsi que par un ingénieur mis spécialement à la disposition de la Compagnie Minière de Conakry par la Chambre Syndicale de la Sidérurgie Française. Ils ont démontré que l'on pouvait employer jusqu'à 37 % de minerai de Conakry en haut fourneau sans inconvénient grave quant à la marche du fourneau, la fusibilité du laitier et l'emploi ultérieur de la fonte en aciérie. De telles conclusions sont très satisfaisantes car, en pratique courante, la proportion de minerai de Conakry employée dans une charge dépassera rarement 25 %.
De par sa nature et sa proximité du port de Conakry (il y a 10 kilomètres du front d'attaque envisagé au port lui-même), le gisement est par ailleurs d'une exploitation facile et justiciable de moyens mécaniques à grand rendement (pelles électriques). La Compagnie procède actuellement à une étude détaillée et critique des différentes méthodes d'exploitation et des meilleurs types d'équipement pour les mettre en pratique.
Cette étude a fait ressortir que l'exploitation de ce gisement ne posait pas de problèmes techniques dont la solution ne fût connue et éprouvée.
Les principaux problèmes que pose la mise en exploitation du gisement sont les suivants :
En revanche, la Compagnie Minière prend à sa charge les installations pour le stockage intermédiaire et le chargement du minerai.
Ces travaux ont été récemment mis au concours. Ils seront adjugés à la fin du mois de décembre 1949.
La Compagnie Minière considère que ses études sont suffisamment avancées pour passer à la phase préparatoire de l'exploitation. A cette fin, elle se prépare à investir une somme de 750 millions de francs C.F.A., à laquelle devra s'ajouter une somme de 2.500.000 livres nécessaires pour la partie des achats d'équipement qu'il sera indispensable d'effectuer en dehors de la zone franc.
Elle envisage, pour cette seconde fraction de son investissement, de demander la cession de dollars Marshall dont elle assurerait le remboursement en obtenant de la Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer, sur le fonds d'investissement, un emprunt à moyen terme. Il faut signaler qu'à l'occasion des augmentations de capital que nécessiteront ces investissements, il est dans l'intention de la Compagnie Minière de Conakry d'offrir une certaine tranche des actions nouvelles au public de Guinée et plus généralement d'Afrique française.
Sur la base de la réglementation actuelle et pour une production de démarrage de 1.200.000 tonnes de minerai marchand par an, la Compagnie Minière de Conakry paierait environ au budget de la Colonie, en impôts et taxes diverses (compte non tenu de la redevance qu'elle aura à payer pour l'utilisation du quai à minerai, redevance dont le taux n'a pas encore été défini) 31.000.000 de francs C.F.A. par an. A cette somme viendrait s'ajouter l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux qui, sur les mêmes bases, peut être estimé à 25.000.000 de francs C.F.A. par an.
Lorsque l'exploitation du gisement atteindra son plein développement avec une production annuelle d'environ trois millions de tonnes par an, les impôts et taxes diverses représenteront pour le budget de la Colonie une recette annuelle environ 84.000.000 de francs C.F.A. et l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux environ 11.000.000 de francs
Enfin, il n'est pas inutile de signaler que la concession prévoit que la Compagnie Minière de Conakry devra payer la Colonie une fraction de ses super-bénéfices, qui a été définie d'une façon explicite dans le décret présidentiel du juin 1939.
La collectivité publique se trouvera ainsi associée aux résultats de l'exploitation du gisement :
La mise en exploitation de ce gisement entraînera l'emploi de 75 européens et d'environ 500 ouvriers locaux. La nature du gisement rendant nécessaire l'utilisation d'un équipement aussi mécanisé que possible, il sera évidemment indispensable d'apporter la plus grande attention au problème de la formation de la main-d'oeuvre locale, la Compagnie Minière de Conakry se propose dès le début de son exploitation, de créer des cours d'apprentissage pour former le plus rapidement possible des spécialistes locaux qui puissent manier les engins modernes qui serviront à l'exploitation du gisement.
Les terrains qui recouvrent le territoire de la Guinée sont en grande partie constitués par des roches primitives ou éruptives qui affleurent en surface. Ces roches soumises à l'action de dissolution et de désagrégation des eaux de pluie particulièrement chaudes et abondantes, puisque nous sommes en zone tropicale, ont donné naissance, par un phénomène d'altération classique, à une croûte de bauxite ou de latérite ferrugineuse selon que la roche primitive est acide ou basique. Le phénomène s'est naturellement produit avec plus de puissance dans les zones que la nature du terrain exposait particulièrement à l'action de ces agents atmosphériques.
Il n'est donc pas étonnant, dans ces conditions, que la bauxite existe en de nombreux endroits en Guinée et sur des étendues considérables. Ces gisements ont toujours l'aspect d'une croûte superficielle parfois recouverte sur quelques mètres de dépôts alluvionnaires de matériaux très récents comme c'est le cas dans les îles du Rio Nunez.
La prospection a, jusqu'à maintenant, porté sur trois zones principales :
C'est d'ailleurs là que réside le caractère exceptionnellement favorable des gisements de bauxite de Guinée : non seulement ils sont constitués en amas de surface entièrement exploitables, en carrières et par gros tonnages, mais ils disposent encore à proximité des sources inépuisables d'énergie hydroélectrique très faciles à capter. L'électrométallurgie de l'aluminium sera donc forcément un jour le complément naturel de nos mines de bauxite.
« Bauxites du Midi » , société Anonyme dont le siège social est à Paris, a été fondée en 1912. Elle s'occupa d'abord de bauxite en France et acheta des gisements dans l'Hérault, puis dans le Var.
Elle a toujours maintenu son activité dans la Métropole et malgré la crise actuelle qui frappe le marché de la bauxite en France ; elle a extrait environ 6.000 tonnes de minerai mensuellement au cours du premier semestre 1949.
Après la première guerre mondiale, « Bauxites du Midi » s'intéressa aux gisements de bauxite situés en Afrique et plus particulièrement à ceux de la Guinée.
Elle possède actuellement dans ce pays deux permis de recherches situés dans la vallée du Cogon, principalement sur la rive gauche de ce fleuve dans le cercle de Boké.
Les travaux d'exploitation ont commencé sur l'île Tamara en 1937 ; ces travaux avaient été précédés d'une campagne de prospection effectuée en 1936-1937. Il fallut d'abord, au lieu-dit Port-Hug, construire un atelier, un magasin, des habitations pour Européens, établir un emplacement de stockage, etc., puis, après exécution des travaux préparatoires indispensables (débarquement de matériel, pose des voies, etc.), les travaux d'extraction purent commencer. Ils furent poussés sans interruption jusqu'en 1940, date à laquelle ils furent arrêtés par suite des difficultés crées par la deuxième guerre mondiale [du moment] : (précarité des relations avec la Métropole, manque de ravitaillement en matériel et fournitures, etc. Il existait à ce moment un stock de minerai de 4.000 tonnes.
Après la guerre, « Bauxites du Midi » décida de reprendre les travaux sur une plus grande échelle; il fallait pour cela, compléter l'équipement, modifier et agrandir les installations existantes, rechercher des débouchés pour le minerai qu'il était impossible d'espérer vendre en France où il n'aurait pu concurrencer la bauxite française.
Quelques-uns de ces travaux sont actuellement en cours; d'autres sont déjà terminés. Tout permet d'espérer que l'année 1950 verra les premiers cargos exporter la bauxite guinéenne vers les usines consommatrices.
Comme on le sait, le mot « bauxite » vient du nom du village des Baux-en-Provence où fut reconnue en 1820, la présence d'une roche riche en alumine. A ce moment, on avait déjà remarqué que la composition de cette roche se rapprochait sensiblement de celle de certains échantillons géologiques ramenés du Fouta par l'explorateur Mollien.
Les gisements de bauxite de Guinée, comme tous ceux de l'Afrique occidentale, se présentent sous un aspect assez différent des gisements rencontrés en Europe et particulièrement en France.
Dans ce dernier pays, la bauxite se rencontre entre des terrains géologiques d'un âge nettement déterminé, généralement entre le jurassique et le crétacé. En Afrique occidentale (et d'une manière générale dans tous les pays tropicaux), les bauxites se sont produites par décomposition latéritique de roches qui peuvent être fort différentes les unes des autres ; c'est ainsi que la bauxite des îles de Loos provient de la latérisation de syénites néphéliniques, tandis que la bauxite de la région de Boké provient de schistes datant de l'ère primaire.
La latérisation n'a pas donné partout les mêmes résultats ; certaines latérites sont riches en alumine, d'autres sont riches en oxyde de fer. On ne peut considérer comme susceptibles d'être un minerai d'aluminium que les latérites dont la teneur en bauxite avoisine ou dépasse 50 % et dont la teneur en silice est aussi faible que possible, D'autre part certains dépôts de latérite semblent avoir été remaniés après leur formation; ils se présentent alors sous forme d'un conglomérat où coexistent, en toutes proportions, des morceaux de latérite alumineuse et des morceaux de latérite ferreuse soudés entre eux par une espèce de ciment constitué par de la latérite ferrugineuse.
La bauxite des îles de Loos provient de la décomposition latéritique des syénites néphéliniques qui forment la base même des îles. Le minerai apparaît soit à nu, soit sous un faible recouvrement de terre végétale. Les teneurs en alumine varient sensiblement d'un point à un autre; d'autre part, en certaines zones, la syénite n'a subi aucune altération et se présente sous sa forme originelle.
Les îles de Loos, au point de vue de l'exploitant minier, présentent donc trois variétés de terrains : les endroits généralement les plus hauts, où la syénite a subsisté, les endroits où la latérite est alumineuse. Un puits de recherche creusé dans la latérite rencontre toujours, à une profondeur plus ou moins grande, la syénite au dépend de laquelle cette latérite s'est formée. La latérite des îles de Loos se présente donc comme une couche d'épaisseur variable recouvrant la syénite qui constitue le soubassement des îles.
Entre la latérite et la syénite existe souvent une couche claire, onctueuse au toucher, dont la composition chimique présente quelques analogies avec celle du kaolin (silicate d'alumine).
De la façon dont se présente la bauxite des îles de Loos, la méthode d'exploitation se déduit facilement : après reconnaissance par sondages poussés jusqu'à la roche mère de l'épaisseur de la couche de latérite et détermination de sa qualité par analyse des échantillons prélevés systématiquement au cours de ces sondages, on reconnaît les zones où la teneur en alumine est satisfaisante. Ces zones sont alors débarrassées de la terre végétale qui les recouvre (travail fait avec un bulldozer). L'extraction proprement dite peut alors commencer ; elle se fait à ciel ouvert et si l'épaisseur de la bauxite est importante, par gradins ; le minerai est abattu par explosifs et les wagonnets ou camions de transport sont chargés à la pelle mécanique.
Ce procédé d'exploitation est très simple en principe ; il ne subit quelques modifications de détail que suivant les conditions particulières de chaque chantier. Il exige, pour ne pas donner de mécompte, une connaissance préalable du gisement aussi poussée que possible. Les sondages de reconnaissance sont donc répartis suivant les sommets d'un quadrillage assez serré.
Il y a lieu de noter que c'est par une méthode absolument analogue que sont exploités les gisements de bauxite de Guyane anglaise et hollandaise.
Le minerai abattu pourrait être renvoyé brut aux usines consommatrices et c'est ce qui aura lieu pour les premiers chargements; mais une partie importante des impuretés contenues dans le minerai peut être éliminée par lavage. C'est dans ce but qu'une usine d'enrichissement de minerai est prévue à Kassa. Elle n'est pas encore montée, mais une partie des matériaux destinés à sa construction est déjà sur place, le reste doit parvenir prochainement.
Si l'extraction proprement dite du minerai ne semble pas soulever de nombreuses difficultés, un problème plus délicat se pose pour la mise à bord. Il a fallu construire un wharf à Tamara ; au début, cet ouvrage construit en matériaux trop petits se désagrégeait sous l'action de la nier; lorsqu'on put disposer d'engins mécaniques puissants, le wharf existant fut complété et renforcé au moyen de gros enrochements. Ce wharf ne doit servir qu'au chargement des chalands, ceux-ci iront transporter le minerai au cargo mouillé entre les deux îles de Loos.
Pour le chargement du minerai provenant de l'usine de Kassa, un wharf beaucoup plus important est prévu ; les cargos pourront y accoster et la mise à bord aura lieu par moyens mécaniques.
C'est dans cette île que seront réalisées les installations les plus importantes, puisque non seulement on doit y exploiter le minerai qui s'y trouve, mais encore on doit y construire l'usine d'enrichissement.
Toutes ces constructions seront placées sur la pointe sud de l'île. Les travaux d'extraction de la bauxite nécessiteront la construction d'un magasin de 1 m. sur 4 pour le petit outillage et les matières consommables, d'une poudrière qui sera édifiée suivant les prescriptions du service des mines et l'établissement de 4 km. de route destinés à réunir à l'usine les chantiers d'extraction du minerai.
Quant à l'usine, elle sera située dans la partie centrale de vers la pointe du Mât; elle est destinée au broyage-séchage et lavage du minerai.
Le broyeur actionné par un moteur électrique doit être placé dans une construction en béton armé de 21 m. sur 9.
Le séchage du minerai doit être effectué dans un four cylindrique rotatif long de 60 m. et de 3 m, de diamètre, reposant sur galets. Trois constructions en béton de 13 m. sur 9 serviront d'appui au four : l'un recevra le minerai en provenance du chantier, l'autre contiendra le moteur électrique destiné à assurer la rotation du four, le dernier renfermera les trémies et le point de départ des bandes transporteuses qui emporteront le produit séché vers les silos de stockage. Le chauffage sera assuré par des brûleurs à huile lourde.
Un certain nombre de bâtiments doivent être construits à proximité de l'usine : atelier de réparation, forge, atelier de charpente et menuiserie. La force motrice sera produite par une centrale électrique pouvant fournir 1.800 kw., cette centrale sera alimentée par trois groupes générateurs diesel ; ces générateurs, ainsi que le poste transformation, seront contenus dans un bâtiment en béton 25 m. sur 15.
Des réservoirs sont prévus pour le stockage des carburants, une citerne pour recueillir les eaux de pluie et une station de pompage destinée à alimenter une installation permettant de distiller l'eau de mer.
Le minerai séché sera stocké pendant la saison des pluies dans les silos groupés dans un bâtiment de 90 m. sur 35 et pouvant contenir 50.000 tonnes; pour la saison sèche, il est prévu un emplacement de stockage à l'air libre pouvant contenir 100.000 tonnes.
Le minerai provenant des silos de stockage sera dirigé vers le wharf de chargement par bandes transporteuses. Le wharf prévu sera construit en enrochements ; il aura une plate-forme de 15 m. de large et une longueur de 250 m., il sera suivi d'une estacade de 100 m. de long.
A la condition que les approvisionnements et le matériel puissent arriver régulièrement en temps voulu, les travaux d'installation dans l'île de Kassa dureront deux ans ou deux ans et demi.
Le minerai des îles de Loos, comme celui de la région de Boké, présente au point de vue chimique une notable différence avec la bauxite française et d'une façon générale la bauxite européenne.
Tandis que le minerai rencontré en Europe contient l'alumine sous forme de monohydrate, celui de Guinée la contient sous forme de trihydrate : Al2-O3-3H2O.
C'est ce qui explique la forte teneur en eau de composition rencontrée dans la bauxite de Guinée. Les impuretés sont la silice, l'oxyde de fer et l'oxyde de titane ; ce sont les mêmes que l'on trouve dans les bauxites européennes. Il est à remarquer que les bauxites de Guyane qui alimentent les usines canadiennes sont également des trihydrates et que pendant la dernière guerre certaines usines anglaises ont été alimentées en bauxite provenant de Gold Coast qui est aussi un trihydrate. Le traitement des bauxites de Guinée ne présentera donc aucun problème nouveau.
Au point de vue physique, la bauxite de Guinée a l'aspect d'une roche rouge ou rose, renfermant parfois des particules blanches. Comme il a été déjà signalé, certains dépôts de latérite, qui ont été remaniés, sont très hétérogènes.
Financement et organisation administrative.
Il n'est possible de réaliser des travaux de l'ampleur de ceux qui sont signalés ci-dessus qu'à la condition d'avoir la certitude de trouver des débouchés importants et réguliers au minerai extrait.
Le Canada, un des principaux pays producteur d'alumine renferme pas de gisement de bauxite et il est obligé importer tout le minerai traité dans ses usines
Un contrat est intervenu entre « Bauxites du Midi » et la société Canadienne « Aluminium Laboratories Limited » .
Par ce contrat la Société Canadienne avance à « Bauxites du Midi » les fonds et le matériel nécessaires à l'équipement des gisements de Guinée, elle s'engage en outre à mettre à la disposition des « Bauxites du Midi » les techniciens nécessaires au montage de l'usine d'enrichissement de Kassa. « Bauxites du Midi » s'acquittera de sa dette en fournissant du minerai aux acheteurs canadiens qui se sont engagés à racheter, une partie de vente sera laissée à « Aluminium Laboratories Limited » pour éteindre progressivement la dette de « Bauxites du Midi » . Ce contrat n'est pas encore entré en vigueur, car il a été soumis à l'approbation de l'Administration française ; celle-ci a demandé quelques modifications de détail qui ne changent que fort peu les grandes lignes de la convention projetée.
Les travaux doivent être menés sous la direction d'un ingénieur français.
Actuellement, pour mener à bien ses travaux en Afrique, les « Bauxites » ont organisé trois sections :
Une section « exploitation » qui travaille actuellement à Tamara;
Une section « installation et constructions » chargée du montage de l'usine qui travaille à l'île Kassa;
Une section « prospection et recherche » qui travaille dans la région de Boké
Travaux de recherche dans la région de Boké
Par arrêté daté du 24 juillet 1948, vingt permis de recherche ont été accordés aux « Bauxites du Midi » . Ces permis, conformément à la réglementation minière, sont constitués par des carrés de 5 km de côté. Ils sont situés dans la vallée du Cogon, principalement dans le cercle du Boké; quelques-uns sont situés dans le cercle de Gaoual ou dans le cercle de Kindia (subdivision de Télimélé).
La zone recouverte par les permis avait déjà été reconnue précédemment. Les travaux de reconnaissance avaient fait ressortir que les plateaux sans végétation nommés en langue indigène « bowés » , qui sont très nombreux dans cette région, sont constitués par une cuirasse de latérite ferreuse ou alumineuse d'une épaisseur importante. Quelques puits de recherche avaient même été forés. Cependant, si on était certain de la présence de bauxite dans cette région, il restait bien des renseignements à recueillir pour avoir des idées précises sur la répartition de la bauxite et son tonnage.
Les permis de recherche avaient été accordés en juillet ; il fallait prévoir une première campagne de recherche de novembre 1948 à juillet 1949. Il est impossible, en effet, de poursuivre les travaux pendant la saison des pluies, d'une part parce que les fortes pluies empêchent le prélèvement correct des échantillons des sondages, d'autre part parce que les rivières gonflées risquent de couper les communications
L'or est connu en Guinée depuis des siècles. Il provient à peu près exclusivement de la région de Siguiri où les orpailleurs indigènes continuent à exploiter avec les mêmes méthodes ancestrales les gisements alluvionnaires qui leur sont réservés.
Le bassin de Siguiri, dont nous donnons plus loin une description détaillée, produit environ 3 tonnes par an. 100.000 mineurs environ s'y affairent sur les placers pendant la saison sèche.
L'exploitation européenne est représentée par la Compagnie Falémé-Gambie qui exploite par dragage les sables aurifères du Tinkisso.
Qu'il s'agisse des orpailleurs indigènes ou de la Falémé-Gambie, ces exploitations ne traitent que des alluvions et des elluvions. Or, le vrai problème est de remonter aux gisements filoniens dont cet or est originaire. C'est là que réside sans aucun doute l'avenir de la Guinée comme producteur d'or.
Les recherches ont principalement porté, depuis une dizaine d'années, sur la formation birrinienne supérieure de la chaîne de Niandan-Banié dans les cercles de Kankan et de Kouroussa. Ces travaux, dont il sera question plus loin, ont permis de déceler plusieurs systèmes filoniens, présentant de très nombreuses analogies avec ceux de la Gold Coast. Si les travaux de reconnaissance des filons donnent des résultats aussi encourageants, la Guinée disposera dans cette région d'un important gisement filonien qui pourra être exploité avec des méthodes modernes à grand rendement. D'autres indices filoniens ont été reconnus soit au Nord-Ouest des placers de Siguiri, soit encore dans le massif montagneux de la Sierra Ferré. Il est certain qu'une grande partie des formations géologiques de notre territoire doivent contenir d'intéressants filons.
De la même manière l'or alluvionnaire et elluvionnaire existe un peu partout. C'est ainsi que de récentes découvertes d'or, dans le cours inférieur de la rivière Cavally, ont incité plusieurs orpailleurs indigènes à en prospecter le cours supérieur et ses affluents sur le versant nord-est du mont Nimba dans le cercle de N'Zérékoré. Des résultats intéressants ont dès maintenant été acquis.
Depuis deux ans une mission de géologues, sous la direction du géologue principal Chermette, effectue pour le compte du Gouvernement général, la prospection de la chaîne montagneuse du Niandan-Banié.
Cette chaîne, longue de 150 km., borde à l'Ouest le bassin aurifère de Siguiri; elle est divisée en deux tronçons par le Niger. C'est entre Kouroussa et Labé, sur la partie méridionale où les communications et le ravitaillement sont les plus faciles, que la première étude a été entreprise, dans le niveau géologique appelé Birinion supérieur; c'est dans ce niveau, en effet, que les Anglais ont découvert les riches gisements d'or de manganèse et de diamants des montagnes de la Gold Coast, dont cette chaîne n'est que le prolongement.
Les premières découvertes sont extrêmement encourageantes : trois systèmes filoniens d'or, dont un très important, s'étendent sur 25 kilomètres; de très beaux quartz à mispickel au Nord du Tinkisso; enfin, des gisements de bauxites, du type classique des hautes pénéplaines latéritiques entre Kouroussa et le Tinkisso.
La mission de recherche poursuit ses travaux avec vigueur; l'avancement fut très lent au début avec les moyen rudimentaires employés. Pourvue aujourd'hui d'un matériel ultra-moderne, groupes de compresseurs avec marteaux perforateurs, excavatrices, laveuses mécaniques, reliée au monde civilisé par une route spéciale qui monte pour elle jusqu'à Soubako, on peut compter qu'elle achèvera rapidement la reconnaissance complète de ce système filonien qui présente de nombreuses analogies avec ceux qui ont fait la fortune de la Gold Coast.
Dès maintenant, on peut assurer que la Guinée possède un premier gisement d'or filonien plein de promesses.
L'or est exploité dans le Cercle de Siguiri depuis plusieurs siècles. Le centre historique de l'industrie aurifère de la Guinée française semble avoir été situé dans la région au Nord et au Nord-Ouest de Siguiri.
Il n'est pas exagéré de dire qu'au cours des dernières années la région de Siguiri était l'un des principaux centres de richesse de l'A.O.F. par le rendement de l'orpaillage indigène et par le développement des activités diverses, subordonnées à l'industrie aurifère.
A l'heure actuelle, l'exploitation de l'or est entièrement entre les mains indigènes. Les droits coutumiers, détenus par eux, ont été reconnus et maintenus par l'Administration.
Les placers en exploitation (anciens et actuels) couvrent presque toute l'étendue du Cercle de Siguiri, ainsi que les Cercles limitrophes de la Guinée et du Soudan.
Le Cercle de Siguiri compte, seul, 12 à 15.000 mineurs de profession, auxquels il faut ajouter 100.000 étrangers au minimum. Ces étrangers sont originaires des régions voisines et même lointaines (Ségou-Soudan, Odienné, Côte d'Ivoire, etc.). Ils travaillent à Siguiri pour pouvoir plus tard
Ces orpailleurs retournent dans leur pays dès que 14 saison des travaux de culture commence.
L'essor industriel important que le cercle de Siguiri prit à partir de l'année 1930, n'a pas été dû à une découverte de nouveaux gisements ou l'amélioration de l'outillage indigène, mais tout simplement au changement des conditions économiques et sociales qui ont poussé les indigènes à exploiter.
Cet essor apparaît dans les statistiques de production aurifère du Cercle de Siguiri au cours de ces dernières années :
Année | Quantité en kg. |
1929 | 82 |
1930 | 351 |
1931 | 950 |
1932 | 1.287 |
1933 | 1.473 |
1934 | 1.932 |
1935 | 2.987 |
1936 | 3.110 |
1937 | 3.115 |
1938 | 2.515 |
1940 | 3.381 |
1941-1945 | arrêt officiel des placers pendant la deuxième guerre mondiale |
1946 | 137 |
1947 | 230 |
1948 |
433 — vendus au marché officiel pour la période du 1er janvier au 31 août 1948
2.738 — vendus au marché non officiel. |
Le poids de l'or extrait réellement en 1948 des placers indique que la production aurifère de Siguiri reste sensiblement la même que celle des années 1935 à 1940. Elle semble se stabiliser aux environs de 3.000 kg./an.
La forte différence entre la production réelle de 1948 et le poids de l'or acheté sous contrôle de l'administration locale est dû à l'écart entre le prix du gramme d'or au tarif officiel et celui pratiqué au marché noir.
La région forestière est extrêmement riche en minerais de toutes sortes. C'est une sorte de Katanga guinéen — à peine prospecté. On y rencontre en particulier, en dehors d'amas de fer magnétique considérable, de l'or, du manganèse, du graphite, de la sillimanite, du diamant. Seuls ces derniers gisements sont exploités par la Soguinex (Société guinéenne de Recherches et d'exploitations minières), Société franco-britannique qui extrait le diamant des mines de Fénària, Peredou et Bouro.
Il s'agit d'un gisement encore mal connu mais paraissant fort intéressant et qui comporte une forte proportion de pierres de joaillerie.
Les deux premières mines se trouvent sur les territoires des Cercles de Kissidougou et Beyla, la troisième sur le territoire de Macenta. Toutes, trois sont situées dans une zone montagneuse à brousse arbustive et semi-désertique.
L'extraction commencée en 1935 a régulièrement augmentée jusqu'à la guerre. Après le ralentissement dû aux hostilités, elle avait brillamment repris au point d'atteindre 80.000 carats en 1945. Elle était ensuite tombée au chiffre de 50.000 carats environ toutes ces dernières années, par suite des difficultés a recruter la main-d'oeuvre au moment où la hausse des palmistes et lés réformes politiques faisaient le plus sentir leurs effets.
La situation à cet égard s'est récemment améliorée. La production escomptée sera de 65,000 carats en 1949, Mais la solution demeure dans une mécanisation plus poussée des travaux de recherche et d'extraction, l'entreprise possédant en revanche des installations mécaniques très modernes pour le lavage et le classement.
Le gisement est certainement très vaste ; les travaux de prospection ne font que commencer. Il est certain que la production pourrait très facilement dépasser 100.000 carats de pierres de belle qualité.
Il convient de signaler que la Soguinex ne jouit actuellement que d'un permis de recherche, accordé depuis de nombreuses années déjà, et qui a été proposé pour tenir compte des difficultés qu'a rencontrées l'entreprise au cours des années de guerre.
Le Fouta Djallon a été dénommé à juste titre le « Château d'eau de l'Afrique occidentale » . Effectivement, le Niger, le Sénégal, la Gambie et les rivières côtières de la Guinée prennent naissance dans ce massif. La Guinée est donc le noeud de ce vaste réseau hydrographique dont il est primordial de connaître la valeur au point de vue hydro-électrique au moment où le territoire prend un essor industriel.
Les facteurs qui conditionnent l'énergie hydraulique sont la hauteur de chute et le débit des cours d'eau, c'est-à-dire le relief et l'hydrologie.
Il est certain que le relief du Fouta est un élément favorable à l'équipement de chutes d'eau. En effet, ce massif est un immense plateau d'où les rivières descendent par une série de gradins plus ou moins élevés séparés par des biefs. Ces gradins constituent fréquemment des chutes naturelles faciles à équiper et les biefs se prêtent dans de nombreux cas à l'aménagement de réservoirs qui permettront de régulariser le régime de la rivière et de pallier les insuffisances de la saison sèche. En bordure des plateaux, les biefs sont courts et les gradins très accusés, condition favorable à l'aménagement de hautes chutes. Au fur et à mesure que l'on se rapproche de la mer, les gradins deviennent plus rares et moins élevés mais, par contre les biefs sont très longs et il sera, dans de nombreux cas, possible d'établir des usines-barrages avec d'immenses réservoirs d'accumulation.
Par contre, le régime hydraulique, malgré les fortes précipitations de l'hivernage, est peu favorable. D'une part, l'évaporation est intense et plus de 70 % des pluies retournent dans l'atmosphère. (En France, la perte, en moyenne, n'est que de 50 %.) D'autre part, la répartition des débits, au cours de l'année, est très irrégulière, car la longueur de la saison sèche jointe au fait de la pauvreté de la végétation des hauts plateaux de la nature du sol et de l'absence de lacs naturels font que l'écoulement des pluies est presque immédiat.
Si on compare le Konkouré aux chutes de Kaléta et le Rhône à Génissiat, on constate que leurs bassins versant son du même ordre de grandeur : 11.000 km2 pour le Konkouré, 10.000 pour le Rhône. La quantité d'eau qui tombe sur le bassin du Rhône est inférieure à celle qui tombe sur le bassin du Konkouré ; cependant, à cause de l'évaporation, il passe à Génissiat sensiblement plus d'eau qu'à Kaléta : 12 milliards de mètres cubes contre 9 milliards. Mais où la différence est la plus marquée — et c'est ce qui montre la situation difficile des rivières de Guinée — c'est dans la répartition de ses débits au cours de l'année: le débit minimum du Konkouré tombe à moins de 10 m3 à 1 ms/seconde en saison sèche; celui du Rhône reste supérieur à 130 m3. Ce dernier bénéficie d'une rétention nivale et glaciaire importante et du réservoir-tampon formé par le lac Léman. Par contre, les crues du Konkouré sont nettement plus importantes que celles du Rhône.
Cette situation défavorable pourra être rétablie en aménageant des réservoirs de régularisation à l'amont des chutes d'eau. Ces ouvrages de régularisation seront d'autant plus nécessaires que le régime des pluies est identique sur l'ensemble du territoire, alors que dans la Métropole on bénéficie de régimes différents d'une région à l'autre et que ces régimes se complètent grâce au réseau d'interconnexion.
Le problème pressant de l'alimentation en énergie de la région de Conakry a dirigé la prospection des ressources hydroélectriques sur le bassin du Konkouré. Cette prospection, réalisée au cours de l'année 1948, a permis d'inventorier les chutes d'eau qui se présentent dans les conditions économiques les plus favorables et d'établir un plan général d'équipement de ce fleuve.
Ce plan comporterait l'équipement de sept usines dont la puissance totale serait de 350.000 kw. pour une productibilité annuelle de quatre milliards de francs d'investissement. Les plus importantes de ces usines seraient sur le Konkouré même, les chutes de Sangoya entre Kindia et Mamou, de Kaléta à 140 km. au nord de Conakry, les usines barrages de Kinidia à l'amont de Kaléta et de Koba au confluent du Badi ou du Konkouré. Sur le Kokoulo, affluent du Konkouré, la chute de Kerbadama avec ses 35 m. de hauteur totale est l'une des plus intéressantes de l'ensemble.
Ces chiffres sont évidemment sans rapport avec les besoins actuels du pays qui se chiffrent par quelques milliers de kw., mais il était nécessaire de prévoir, dès maintenant, un plan d'ensemble de façon que les prochaines réalisations n'hypothèquent l'avenir. Avec l'expérience acquise dans la Métropole et en mettant à profit l'avantage de travailler dans un pays neuf, il sera possible ainsi d'éviter l'« écrémage » des cours d'eau tel qu'il s'est pratiqué en France il y a quelque trente ans, en équipant incomplètement des chutes sans prévoir le développement ultérieur.
Il faut souligner aussi que l'intérêt de ce plan est général et dépasse le problème électrique. L'Agriculture trouvera son intérêt dans la régularisation apportée aux cours d'eau par les barrages et, dans certains cas, ces barrages créeront des plans d'eau navigables en toutes saisons qui permettront de desservir des régions susceptibles de créer sur le Badi et le Konkouré une voie navigable de 100 km de longueur en contact à une de ses extrémités avec le chemin de fer.
Enfin, la nécessité de ce plan apparaît et il est nécessaire qu'il soit connu dans ses grandes lignes pour éviter que des constructions, des exploitations industrielles ou agricoles ne viennent s'installer dans des zones qui offrent toute probabilité d'être un jour submergées et qu'on puisse en tenir compte dans le tracé des routes nouvelles et dans l'implantation des ouvrages d'art.
Dans l'immédiat, il s'agit d'aménager une chute de 8 à 10.000 kw. qui doit permettre de satisfaire à la demande d'énergie pendant une dizaine d'années et qui soit susceptible d'extension ultérieure.
Dans ce but, plusieurs projets dont les études s'achèvent, vont être confrontés. Il sera décidé entre ces projets beaucoup moins en considération du prix de revient de l'énergie qu'en fonction de la situation géographique par rapport aux centres de consommation et des possibilités d'extension.
Les installations projetées sont les suivantes :
Il faut souhaiter que la construction de cette première usine donnera l'impulsion nécessaire au développement industriel de la Guinée et permettra de passer à des réalisations plus importantes dans le cadre du plan qui vient d'être exposé. Les autres cours d'eau de la Guinée possèdent des richesses analogues; une prochaine campagne de prospection permettra de les chiffrer et on peut admettre que l'équipement total de la Guinée pourrait atteindre ce qu'était l'équipement hydro-électrique de la Métropole en 1939. Il est bien certain que ces ressources hydroélectriques, immenses par rapport à la population, permettent de regarder avec confiance l'avenir économique de ce pays.
Jusqu'à maintenant, la Guinée était considérée comme un pays agricole dont les productions variées s'équilibraient
heureusement, ce qui permettait de subvenir largement à la nourriture de ses habitants et d'exporter quelques produits riches par lesquels elle payait ses importations.
Telle a été et reste aujourd'hui encore jusqu'à ce jour l'activité traditionnelle de cet heureux territoire, avec ses troupeaux de N'Dama et ses lougans de riz pour sa consommation intérieure et, pour l'exportation, ses plantations de bananes et d'agrumes, ses peuplements de palmiers à huile et d'autres productions secondaires, telles que le miel, l'essence d'orange et l'indigo.
Or, s'il s'agit aujourd'hui pour la Guinée de sortir de ce tranquille équilibre pour se développer matériellement et socialement et jouer dans l'essor de l'Afrique nouvelle le rôle auquel elle peut prétendre, grâce à ses richesses naturelles et aux qualités de sa population.
La Guinée a été en effet très richement dotée par la nature, le plus richement doté probablement de tous les territoires d'A.O.F., mais, telle Cendrillon, elle a été jusqu'à maintenant éclipsée par ses soeurs dans tout ce premier âge de la vie coloniale africaine marqué essentiellement par l'activité dite de traite, et où toute idée d'équipement et d'industrie était, à priori, exclue.
Dans la nouvelle époque où nous sommes entrés depuis 1940, et qui sera marquée pour l'Afrique plus rapidement qu'on ne le pense par sa promotion au rang de super-puissance économique, la Guinée s'aperçoit brusquement qu'elle dispose d'inestimables ressources, c'est-à-dire Ce toutes celles qui sont nécessaires pour assurer des conditions exceptionnelles à un développement industriel dans les domaines les plus variés.
Tout d'abord, elle possède cette source irremplaçable de toute activité moderne qui s'appelle l'énergie. Le Château d'eau de l'A.O.F. est en Guinée même, dans le massif éburnéo-guinéen qui couvre les deux tiers de son territoire. Rivières toutes jeunes encore dont le cours est fait de sauts et de rapides, où il n'y a qu'à choisir entre les chutes à aménager. A titre d'exemple, une seule de ces rivières, la Konkouré, qui est loin d'être la plus puissante, mais dont l'aménagement hydroélectrique vient d'être étudié, en raison de sa proximité de Conakry, est capable de fournir une puissance de 350.000 kwa., représentant annuellement 4 milliards de kwh., pour un investissement de 15 milliards. Ce n'est qu'un exemple entre beaucoup d'autres, et les bassins déjà prospectés du Niandan et du Tinkisso sont capables de fournir une puissance au moins équivalente. L'énergie électrique est donc déjà à nos portes en quantités illimitées, pour toutes les installations industrielles les plus gigantesques de la Guinée de l'avenir.
Mais ces richesses auraient été prodiguées en vain par la nature si celles-ci n'en n'avaient pas également ménagé l'emploi massif dans le sous-sol même du territoire de la Guinée. Et c'est là la chance inespérée de la Guinée. Les entrailles du sous-sol guinéen recèlent des minerais de toute nature, en amas considérables et dont les plus importants exigent justement, pour être traités, de grosses quantités d'énergie électrique. En laissant de côté l'or et le diamant, et d'autres minéraux encore dont la Guinée est très largement pourvue mais qui ne sont pour elle que la source d'une activité purement minière, nous avons les minerais de fer et de bauxite en amas prodigieusement abondants à proximité, ou à côté même des chutes d'eau qui offrent sur place la possibilité d'une industrie électro-métallurgique ou d'installation pour l'enrichissement des minerais dont les perspectives de production et le prix de revient sont exceptionnellement favorables.
Qu'il suffise de citer en exemple le cas typique de Dabola où, sur les flancs d'une vallée qui livre déjà passage à la route et au chemin de fer, il y a d'un côté un gisement de bauxite et de l'autre une chute d'eau, tous deux aux caractéristiques exceptionnelles et permettant d'installer ainsi sans aucun frais, de transport une magnifique usine d'aluminium.
Et nous ne nous étendrons pas sur d'autres possibilités du même ordre, mais moins connues du public, tels que les minéraux si rares du groupe de la silimanite qui sont avec l'énergie électrique à la base même de l'industrie des produits réfractaires.
A côté de cette industrie lourde dont toutes les conditions sont réunies pour qu'elle prospère, il y a la gamme des industries complémentaires de l'activité agricole: industrie du froid pour exploiter rationnellement la production en viande, et demain en poisson, industries fruitières pour les agrumes et les fruits tropicaux, raffineries d'huile, savonneries pour les corps gras, fabriques de féculents pour les cultures rizicoles, enfin industries mécaniques d'entretien pour le montage et la réparation du matériel agricole et minier.
A ces facteurs d'essor économique qui sont incontestables et prometteurs, s'ajoutent les facteurs humains non moins encourageants. Si elle le veut bien, la Guinée aura la possibilité de disposer, à mesure de son développement, de toutes les catégories de travailleurs qualifiés de techniciens et de dirigeants sans lesquels les plus beaux dons de la nature ne sauraient porter leur fruit.
Sa population appartient en effet à une race physiquement saine, relativement nombreuse, normalement alimentée, et en cours d'évolution rapide. Abordé dès maintenant avec tout le sérieux qui s'impose, le problème de la formation professionnelle, grâce à cette matière humaine de base, d'excellente qualité, peut être résolu en temps utile pour fournir le
personnel qualifié au rythme même où se développera l'équipement industriel.
Bien entendu, il faudra à cette population l'aide qualifiée de ses frères de la Métropole. Il n'y a pas lieu de penser qu'elle leur manquera, si l'on en juge d'après la transformation de plus en plus marquée du peuplement européen de la Guinée qui comporte aujourd'hui une part croissante de jeunes techniciens.
Un dernier facteur, non moins important et nécessaire, paraît, comme le précédent, ne pas devoir manquer à mesuré des besoins. Il s'agit des capitaux sans lesquels il né pourrait y avoir ni machines ni techniciens.
Or, nous constatons aujourd'hui que le flux des capitaux provenant de la vieille Europe, après s'être déversé sur l'Afrique du Nord toute proche et particulièrement sur le Maroc, tend de plus en plus à descendre vers le Sud et que la Guinée semble depuis quelques temps les attirer à son tour. En même temps la Métropole ne néglige pas l'équipement public du territoire, de sorte que les investissements publics semblent devoir se faire au même rythme que les investissements privés.
Tel paraît être le tableau prometteur des perspectives de développement industriel de la Guinée. Tout semble réuni pour que ces possibilités se transforment demain en réalités, à la condition toutefois que la Guinée, comme l'Afrique française, soit certaine de jouir d'un climat de confiance réciproque entre tous ceux qui sont appelés à participer à son développement. L'avenir qui s'offre est trop beau pour que l'on ne puisse pas espérer que tous se consacrent dans l'enthousiasme à cette oeuvre.
Laissant de côté les industries lourdes minières et métallurgiques qui posent des problèmes spéciaux, nous nous préoccupons ici des industries dont la création immédiate est la plus indispensable de la Guinée. Il s'agit essentiellement des industries de transformation dont l'ampleur est d'ailleurs citée par la possibilité de consommation du pays même et, dans un certain cas, par les besoins des pays voisins.
La difficulté majeure de l'installation d'une industrie de transformation dans un pays neuf est certainement l'obligation de créer de toutes pièces toutes les conditions nécessaires à la vie solitaire d'une entreprise isolée. Un industriel qui vient s'établir en Guinée doit prévoir non seulement la construction de son usine, mais aussi la construction des habitations de son personnel, la création de tous les services auxiliaires tels que voirie, service des eaux, électricité, et de tous les ateliers de réparation et d'entretien des bâtiments et du matériel. Or, les mêmes obstacles se dressent devant son voisin distant parfois de quelques centaines de mètres.
Pour obvier à ces difficultés, la seule solution viable parait être de construire non des usines séparées mais des cités industrielles ayant des services communs permettant l'installation d'une nouvelle entreprise dans les mêmes conditions en France. De plus, pour faciliter aux nouveaux arrivants la solution des problèmes de premier établissement dans un pays inconnu pour eux, et dans des conditions tout de même un peu spéciales, il serait bon de prévoir la construction même des bâtiments par les soins de la direction de ces cités. Dans ces conditions, les bâtiments pourraient être mis soit à la disposition dès industriels, sous forme d'une simple location ou d'une location-vente, soit vendus ferme.
Pour donner a une pareille institution son vrai caractère d'utilité publique, il serait désirable qu'elle prenne la forme d'une société d'économie mixte, c'est-à-dire avec participation de la colonie dans la formation de la société aussi bien que dans sa direction. La part de la colonie dans la constitution du capital pourrait être représentée par des apports de terrains ou des travaux d'intérêt général tels que : voirie rail, service des eaux et service sanitaire.
Pour la bonne réussite d'une oeuvre de cette nature, qui est d'intérêt général, il faudrait encore qu'y participent toutes les forces vives du pays; en particulier les collectivités publiques ou privées de la colonie devraient y contribuer pour une part du capital, les autres parts étant fournies par les usagers et tous ceux qui voudraient y investir des capitaux.
En dehors de Conakry, tous les centres de Guinée ont besoin de pareilles cités ; mais, pour le début, il faudrait réaliser la première expérience dans une région pas trop éloignée et jouissant de conditions climatiques favorables à l'installation de techniciens européens, comme par exemple la région de Kindia. Cette région présente d'ailleurs l'intérêt supplémentaire d'être desservie par le rail et la route et d'être en même temps près du chef-lieu et du port.
Il paraît souhaitable qu'au début, en raison des avantages offerts aux entreprises qui s'installeraient dans les cités, seules les industries présentant un intérêt réel pour le pays soient admises parmi les membres. Dans cette première phase, celles qu'il serait souhaitable de voir s'installer en premier lieu seraient : les industries du bâtiment et en particulier la serrurerie et la charpente métallique avec ses compléments :
fabriques de meubles et menuiseries métalliques, les huileries, les savonneries, les peintures et vernis, les tanneries, les matériaux de construction (briques et huiles), ainsi que toutes les industries fabriquant les articles d'usage courant pour la population africaine.
Toutes ces activités seraient sans aucun doute largement rentables. Malgré l'importance de ces projets, on peut considérer qu'ils sont réalisables actuellement, étant donné la masse, des capitaux qui cherchent un emploi en Afrique.
Conakry, port importateur de produits fabriqués et de matières premières d'origine métropolitaine, port exportateur de produits agricoles, et dont le trafic total, tant à l'importation qu'à l'exportation, n'a encore jamais dépassé 20.000 tonnes, est en voie de changer à la fois de caractère et d'importance.
Ce sera, dans quelques années, un grand port minier et un des premiers ports de l'Union Française.
Une situation géographique exceptionnelle: des richesses minières concentrées autour d'une rade naturelle devaient tôt ou tard amener ce développement de Conakry.
Deux facteurs ont participé à son développement en tant que port :
Quant aux ressources minières, elles sont considérables minerai de fer de la presqu'île de Kaloum, à la sortie de Conakry et bauxite des îles de Loos en face de Conakry.
La réserve de minerai de fer est estimée à 2 milliards de tonnes. L'extraction annuelle de 1,2 millions de tonnes est prévue en première étape, de 3 millions en deuxième étape La réserve de bauxite est évaluée à 10 millions de tonnes et une extraction annuelle de 300.000 tonnes est prévue.
L'ensemble de ces exportations minières ne peut évidemment se faire par les installations portuaires actuelles qui comportent seulement trois postes à quai et qui, dès maintenant, en raison de l'augmentation constante du trafic, permettent tout juste de faire face aux besoins présents. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que ce trafic, dès le premier mois de l'année 1949, a atteint le double en tonnage de 1948 et qu'avec l'augmentation des exportations agricoles de la Guinée, particulièrement des bananes et des palmistes, et l'accroissement en flèche de ses importations de biens d'équipement, les quais actuels vont devenir, très prochainement, insuffisants pour le trafic ordinaire. Il est d'ailleurs prévu de les augmenter d'un poste bananier, à l'occasion de la création du quai minier et de prolonger le quai actuel du commerce de deux nouveaux postes dans une seconde étape d'extension.
Des installations indépendantes du port de commerce actuel vont donc être réalisées tant pour le fer que pour la bauxite. Ces installations sont conçues avec la préoccupation de pouvoir réaliser en vingt-quatre heures le chargement de gros navires. Il est, en effet, indispensable que le transport maritime de ces minerais soit assuré par des navires à fort tonnage et à rotation rapide pour obtenir le prix de fret minimum.
L'augmentation du trafic du port de Conakry et la mise en exploitation du gisement de fer de la presqu'île du Kaloum ont rendu nécessaire l'exécution d'importants travaux d'extension. Ils consistent dans :
Le quai minier sera construit au Nord du quai actuel de 310 m. Un intervalle de 150 m. sera laissé entre les deux quais pour permettre l'entrée de la darse limitée par le quai bananier, le quai des caboteurs et le futur quai commercial perpendiculaire au quai minier.
Le deuxième poste à quai pour le commerce sera construit dans le prolongement du quai de 310 m. vers le Sud.
L'emplacement du quai minier a donné lieu à une discussion serrée entre les tenants de deux solutions:
la solution Nord qui, a été finalement adoptée
la solution Sud qui aurait consisté à prolonger le quai de 310 m. de 600 m. vers le Sud, de manière à offrir deux nouveaux postes à quais commerciaux et le quai minier de 300 m.
A la suite d'essais sur modèle réduit, il est apparu que la solution Sud aurait eu pour inconvénient, d'exposer les navires à quai à la houle du Sud. Cette solution avait en outre de très graves inconvénients des deux points de vue de l'exploitation du port et de l'urbanisme. Elle forçait, en effet, la circulation du port minier à croiser la circulation du port commercial (d'où ouvrages coûteux pour éviter les croisements à niveau). En outre, cette solution plaçait le port minier en face des quartiers résidentiels de Conakry et, en particulier, en face du Gouvernement.
La solution Nord, très satisfaisante à ces deux points de vue, offre de plus les mêmes avantages que le port actuel vis-à-vis de la houle du Sud. Par contre, elle nécessite un dragage d'établissement beaucoup plus considérable (1 million 150.000 m3 au lieu de 375.000) et on pouvait craindre des dragages d'entretien plus importants.
Il est toutefois apparu que si les dragages d'entretien seraient importants dans la zone Nord du port, ce serait au bénéfice de la zone Sud, la zone draguée au Nord jouant le rôle de « piège à vase » . Au surplus, les dragages supplémentaires d'entretien ne sauraient dépasser 100.000 m3.
Le quai minier offrira des fonds de (- 11) afin de permettre l'accès des gros cargos. Le chenal et les cercles d'évitage seront dragués à (- 8,5). Les gros cargos miniers pourront arriver à toute heure et pourront partir dès la mi-marée.
Le quai minier sera un quai léger, n'ayant pas à supporter un stockage de minerai. Il sera relié à la terre par un terre-plein étroit ; le minerai stocké sur un élargissement de ce terre-plein y sera amené par chemin de fer à voie normale et lourde, qui reliera directement le port à la mine. Le minerai sera ensuite repris et conduit jusqu'au bateau par un système de transporteurs à courroies à gros débit.
En cas de besoin, le quai minier pourra être prolongé vers le Nord.
Le problème de l'expédition de la bauxite est entièrement différent. Celle-ci, extraite actuellement de l'île de Tamara, sera chargée en rade par l'intermédiaire de chalands. La bauxite sera amenée sur les chalands par des transporteurs portés par un wharf en cours de construction.
Dans les années à venir, la bauxite sera toujours extraite de l'île de Kassa dont le gisement est beaucoup plus important et un port en eau profonde y sera établi. Ce sera un port privé. La construction doit commencer à la fin de la saison des pluies en même temps que celle des installations de la mine.
En retour de ce quai minier sera construit un nouveau quai commercial réservé au trafic bananier et qui sera équipé mécaniquement (hangars, engins de chargement). Il est destiné à remplacer le quai bananier actuel qui se prête mal à cette destination. Le futur quai bananier sera prolongé au fond de la darse par un quai réservé au cabotage.
L'actuel poste aux bananiers sera rendu au trafic du divers.
En deuxième étape, le port de commerce s'agrandira vers le Sud du quai de 310 m. Un premier allongement de 150 m. fournissant un poste à quai supplémentaire est prévu au plan décennal d'équipement.
Des ouvrages sont nécessaires pour protéger les extensions du port contre la houle; la digue de la Prudente sera prolongée de 100 m. vers le Sud et de 200 m. vers le Nord. Elle sera complétée par une digue Nord de 750 m. et, éventuellement, par une troisième digue de 30 m. Ce dispositif a été adopté afin de ne pas modifier le courant qui joue un rôle important dans le maintien des profondeurs.
Enfin, pour pouvoir permettre au courant de « coller » contre le quai minier et pour assurer à ce courant une vitesse suffisante pour empêcher les dépôts de vase, on a prévu un épi partant de la côte orienté Sud-Est Nord-Ouest, long de 900 m. (et dont l'extrémité Nord est située à 1.200 m. dans le prolongement du quai actuel).
La réalisation des projets est prévue de la manière suivante :
La construction des digues a fait l'objet en 1948 d'un marché avec « la Société des Grands Travaux de Marseille » qui a déjà construit la digue de la Prudente et dispose de la carrière de syénite de Kassa. On en est actuellement à la phase des travaux préliminaires.
Le premier abattage en carrière est prévu pour le mois de septembre; les blocs seront mis en place au moyen d'un ponton-mâture de soixante tonnes.
L'achèvement des travaux de digues peut être prévu pour fin 1951.
Construction du quai minier, du quai bananier et du quai de cabotage, dragages, exécution des terre-pleins, font l'objet d'un concours qui sera ouvert très prochainement à Paris et jugé à la fin de l'année. Les travaux pourront commencer au début de l'année prochaine et la durée prévue est de deux ans et demi pour leur achèvement.
La drague « Guinée » , en réparation à l'arsenal de Dakar, pourra être mise à la disposition de l'Entreprise dès que la réfection sera terminée, en principe à la fin du premier semestre 1950.
Il est à noter que le quai minier ne sera pas construit pour le compte de l'Administration. Il le sera pour le compte d'une société d'économie mixte chargée de l'exportation du minerai et qui prendra en charge l'exploitation du quai. Mais l'ensemble des travaux constituant un tout du point de vue technique, fait l'objet d'un seul concours.
Il faut, enfin, ajouter à l'exposé du projet d'ensemble d'extension du port l'indication des travaux accessoires.
Il s'agit surtout de la construction d'une cale de halage de 800 tonnes à construire en commun par la Société des Grands Travaux de Marseille et l'Administration. Elle pourra être utilisée par la drague « Guinée » .
Un parc à hydrocarbures est également prévu à l'emplacement du terrain de sports qui serait déplacé. Les réservoirs seraient reliés par pipe-line.
Précisons qu'il n'est pas question des travaux d'aménagements des terre-pleins existants qui sont déjà en cours ou seront entrepris prochainement.
En conclusion, avec les travaux prévus, l'ensemble portuaire de Conakry se composera donc des éléments suivants :
[Il] qui disposera en première étape de trois postes à quais pour longs courriers et d'un poste bien équipé, et susceptible d'un rendement élevé pour les bananiers. Ceux-ci pourront, d'ailleurs, en cas de besoin, charger également à un poste pour cargos. Les terre-pleins actuels de 100.000 m2 seront complétés par 115.000 m2 de terre-pleins nouveaux;
Le port minier, qui disposera de 300 m. de quai. Les cargos pourront accoster à File de Kassa.
Le port de Conakry pourra ainsi s'adapter au développement économique de la Guinée.
Le port de Benty est le premier des ports secondaires de Guinée et le plus ancien. Il présente un intérêt tout particulier puisque ses premières installations ont été faites par la Marine Nationale Française, il y a plus d'un siècle.
Le port de Benty présente la caractéristique d'être un port en rivière sur l'estuaire maritime de la Méllacorée. Il est accessible en toute saison aux navires de moyen tonnage sans qu'ils soient gênés par une barre ou un courant violent.
L'arrière-pays de Benty est actuellement constitué par une très riche région agricole, principalement productrice de bananes et sera probablement, dans l'avenir, complété par le bassin minier de Yomboéli qui fait actuellement l'objet d'une active prospection. Il faudra prévoir, à ce moment, une ligne de chemin de fer de 60 km., amenant le minerai jusqu'au port.
Le port de Benty, dont l'escale avait été abandonnée par les navires depuis la guerre, va renaître dans quelques jours à la navigation maritime ; le premier bananier y prendra son chargement au début de février. Il est intéressant, à cette occasion, de faire le point de ses installations.
L'unique débarcadère actuel est constitué par un appontement de « rive » de 45 m. de longueur d'accostage. Il comporte un tablier en bois sur pilotis également en bois. Le tablier en cours de réfection sera remis en état pour fin janvier.
Cette installation ne peut évidemment pas convenir pour un trafic important qui exige l'accostage direct des navires, à cette fin, il a été décidé de construire un wharf définitif permettant l'accostage direct à quai des navires bananiers. L'étude des plans est actuellement en cours.
Ce wharf, qui aura une longueur de 75 m., comportera un tablier à la côte de plus de 5 m. et sera établi selon la courbe des fonds de 6 m. à marée basse. Il sera implanté légèrement en aval de l'appontement actuel et il sera relié à celui-ci, ainsi qu'au terre-plein actuel, par une passerelle à claire-voie dont les éléments essentiels seront de même nature que ceux de l'ouvrage d'accostage.
En attendant que ce wharf soit mis en exploitation, l'accostage des navires restera assuré par les Etablissements Jules Burki qui se proposent d'y affecter deux chalands automoteurs. Il est à signaler d'ailleurs que plusieurs planteurs de la région de Benty possèdent des vedettes et des chalands.
Le port de Benty comporte également une installation à terre constituée par un grand hangar analogue à celui du port de Conakry et réservé au stockage des bananes avant l'embarquement ; ce hangar présente l'inconvénient de ne pas être au niveau des terre-pleins du port. Il est donc prévu de construire à bref délai un second hangar qui serait implanté le plus près possible du poste d'accostage pour éviter la manipulation subie actuellement par les régimes de bananes.
Pour le moment, il n'est pas prévu d'appareils mécaniques de chargement des navires bananiers sur le futur wharf du fait que Benty constituera la première escale de ces navires. Dans ces conditions, il sera toujours possible d'embarquer la marchandise par les quatre portes de flanc au lieu de le faire par les panneaux de pont comme cela est nécessaire lorsque le bateau est déjà sérieusement chargé.
Enfin, les accès du port de Benty sont actuellement rééquipés à neuf. Le balisage de la Mellacorée a, en effet, été complètement refait par le navire baliseur « Marius-Moutet » et permet en son état actuel une navigation « sûre » . Le pilotage sur la rivière a été réinstallé et équipé d'un remorqueur en parfait état.
L'exécution de tous les aménagements reviendra à environ 35 millions. Ces crédits ont été inscrits sur le plan décennal du territoire, la première tranche devant être utilisée en 1950 pour les travaux de construction du wharf d'accostage.
[ Home | Etat | Pays | Société | Bibliothèque | IGRD | Search | BlogGuinée ]
Contact :info@webguine.site
webGuinée, Camp Boiro Memorial, webAfriqa © 1997-2013 Afriq Access & Tierno S. Bah. All rights reserved.
Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.