Ancien Directeur de l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN) en Guinée
Editions Maritimes et Coloniales. 1953. 95 p.
Un Syndicat d'Initiative et un Conseil Supérieur du Tourisme ont été institués en octobre 1950. Cette double création s'imposait car le système routier et les transports par chemin de fer se sont améliorés au cours des dernières années, permettant aux touristes d'effectuer en quelques jours de longs circuits. La Guinée Française est certainement le pays le plus pittoresque de l'A.O.F. et aussi le plus favorable au tourisme, bien qu'il faille encore parfois s'armer de courage et d'un solide esprit sportif. Mais n'est-ce pas là l'un des attraits les plus passionnants des voyages africains ?
La route de Tambakounda à Man, qui pendant 1.500 km. traverse le Territoire, est l'axe touristique principal. Elle quitte la plaine monotone du Sénégal pour s'enfoncer dans le Fouta montagneux où, par une série de voies en corniche, elle rejoint Labé, près avoir laissé au carrefour de Sériba la bretelle de Gaoual. Puis elle atteint Pita, à proximité des chutes du Kinkon, Dalaba, grand centre de repos de l'A.O.F., et Mamou, point de concentration économique des produits du Fouta. A partir de Mamou le relief heurté disparaît peu à peu et après Dabola, voisin des chutes du Tinkisso, commence la plaine de Haute-Guinée, couverte d'une brousse arbustive parfois assez dense. De là, le voyageur pressé de joindre la forêt, peut se diriger sur Farana, pays des Kouranko, puis sur Kissidougou où commence le mystère, celui des hommes et de la nature. Après arrêt au marché bruyant et coloré de Yendé-Milimou, il parvient à Guékédou, Macenta et Nzérékoré, où la montagne et la forêt dense s'allient dans un chaos écrasant ; il faut atteindre les hauteurs de Sérédou pour émerger à la lumière et dominer ce lourd et frémissant domaine.
Mais au départ de Dabola, il est possible de continuer vers l'Est par Kouroussa jusqu'à Kankan, grande ville commerciale et religieuse sur le Milo puis de descendre, cap sur le Sud, jusqu'à la forêt par Kérouané, ancienne résidence de Samori. A partir du carrefour de Konsankoro s'offrent deux directions : l'une par Macenta, l'autre par Beyla, Boola et Nzérékoré. La Côte d'Ivoire est proche, la route de Lola et de Nzo y conduit, longeant les contreforts déjà élevés du mont Nimba, point culminant de l'A.O.F.
Konakry et ses environs immédiats représentent à eux seuls un centre touristique homogène pour les passagers comme pour les habitants. Quiconque y arrive par air ou par mer prend contact avec l'archipel des îles de Los (déformation de ilhas dos idolos), soit qu'il survole ses pinces de crabe, soit qu'il le contourne avant d'entrer au port.
Konakry, bâti sur l'île de Tombo 1 qu'une digue relie à la presqu'île du Kaloum, a gardé et gardera sans doute longtemps encore son cachet de vieille cité coloniale : petites villas aux larges vérandas au milieu des bosquets touffus de la végétation exotique, s'espaçant le long d'avenues plantées de manguiers et de cocotiers. L'ensemble répond à l'image des Iles lointaines et respire un air de la Case de l'oncle Tom. A 15 km. de la ville commence la brousse que domine le massif du Kakoulima, dont l'ascension est le premier devoir touristique des Konakriens. Plus loin, au carrefour des routes de Kindia (route coloniale no. 1) et de Forékaria, s'étale le bourg de Coyah, au pied du mont Balan, port de trafic pour le sel et les colas, halte de transporteurs, lieu de commerce intense voulu par le voisinage de nombreux planteurs.
Un circuit très intéressant et nullement monotone est celui qui va de Konakry à Forékaria, chef-lieu du Moréa ; au retour, il emprunte la route du Benna qui longe sur la gauche une chaîne de falaises abruptes, parfois terrifiantes, d'où, pendant l'hivernage, se déversent de multiples cascades et que les hommes préhistoriques ont dû habiter (grotte de la Santa). Il permet de voir après Kindia les chutes de la Kitima, réserve d'eau de Konakry, et celles du Balandi, dont la route suit le torrent encaissé pendant plusieurs kilomètres.
Enfin, à ceux que leurs obligations ou la curiosité conduiront vers les lointains comptoirs lointains, dans le temps qui florissaient à l'époque des Rivières du Sud : Taboria, Boffa, Boké, Victoria, nous recommandons de pousser jusqu'au Cap Verga où viennent mourir les collines du Kolisoko, et, beaucoup plus loin, après deux jours de vedette au milieu de marigots et d'îlots de mangrove que les cartes n'ont pas encore bien retenus, jusqu'à l'archipel des Iles Tristão, pays de refuge des Nalou.
Si la beauté et l'attrait des lieux comblent réellement le touriste, de son côté le chasseur se trouve en Guinée en présence d'une faune abondante et variée. Il est aussi loisible de l'observer et, avec un peu de chance et de connaissances techniques, de la photographier, ce qui procure toutes les émotions de la chasse, sans le regret de tuer. Eléphants qui selon les saisons font la navette de la Guinée Portugaise à la Sierra Leone, hippopotames, buffles, crocodiles, panthères, antilopes de toutes espèces..., il est impossible de tout énumérer. A l'esprit fatigué par un trop long parcours, il reste toujours pendant la halte une ressource : écouter des histoires de chasse où chacun, laissant aller l'imagination, aime broder et allonger sans fin la longueur des serpents ou celle des cornes de buffle et raconter sérieusement des histoires de panthères noires celles qu'on voit toujours la nuit.
Les règlements de chasse applicables à la Guinée sont ceux de toute l'A.O.F 2. Rappelons simplement qu'il existe plusieurs sortes de permis : permis de petite et moyenne chasse, permis spéciaux de passagers et permis de grande chasse. Leur attribution est subordonnée à l'autorisation de détention d'armes délivrée par le gouverneur du Territoire 3.
Notes
1. Le drapeau tricolore y fut hissé pour la première fois le 8 mai 1887.
2. Nous renvoyons pour plus amples informations au livre de MM. Dekeyser et Villiers. Les animaux protégés de l'Afrique Noire (I.F.A.N. Dakar, 1951).
3. Les touristes, chasseurs et aussi tous les nouveaux arrivants en Guinée trouveront dans L'Ouest Africain Français, par le Gouverneur Spitz, déjà cité, des conseils pratiques concernant la réglementation administrative, la chasse, les questions d'hygiène, les précautions contre le climat, etc…
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