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Guinée Française
Géopolitique — Economie — Sociologie


Maurice Houis

Ancien Directeur de l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN) en Guinée

La Guinée Française

Editions Maritimes et Coloniales. 1953. 95 p.


L'Oeuvre sociale

Tous les dénigrements d'origine partisane n'arriveront jamais à discréditer l'oeuvre sociale que la France a entreprise en Guinée. Ni spectaculaire, ni démagogique, elle se fonde sur un respect attentif de la personne humaine et sur le souci constant d'éduquer en qualité l'esprit des Africains. Par surcroît, la connaissance scientifique plus étendue des coutumes et de la mentalité indigènes doit permettre à l'éducateur — et tout Blanc représente à son insu un éducateur — d'orienter l'autochtone ans le désaxer.

La santé publique.

Le problème sanitaire en Guinée, comme partout en Afrique Noire, revêt une ampleur qui n'échappe à personne. Il est encore toujours urgent de mener des campagnes préventives contre les épidémies, de prendre des mesures prophylactiques, de développer l'hygiène. La dernière en date des épidémies est la méningite cérébro-spinale dans le canton de Lola (Cercle de Nzérékoré) en 1951.
Depuis 1950, un vaste programme a été mis sur pied pour améliorer la situation du Service de Santé et de l'Assistance Médicale Indigène (A. M. I.). Il est prévu en 1953 un personnel de 450 infirmiers ou infirmières. Mais c'est surtout dans le domaine des constructions que les efforts ont été poussés. En dehors de Konakry, on compte effectivement

Sont en cours d'achèvement

Ceci vaut pour l'intérieur. Mais d'importants travaux ont été effectués à Konakry même. Il a été aménagé en 1952 à l'hôpital Ballay, un bloc opératoire et un laboratoire. A côté du Dispensaire, un pavillon de puériculture est actuellement édifié. Par ailleurs, à Dixinn, à quelques kilomètres de Konakry, une grande pharmacie d'approvisionnement est en construction, auprès de laquelle est réservé un vaste terrain où doit s'élever le futur hôpital.

A Dalaba, au coeur du Fouta-Dialon et à 1100 m. d'altitude, une station climatique a été aménagée en centre de repos et de convalescence, non seulement pour la Guinée mais aussi pour les Territoires voisins.
Enfin le Service général d'Hygiène et de Prophylaxie a réparti des secteurs de lutte contre la trypanosomiase là où le besoin s'en faisait sentir.

L'enseignement.

Le Service de l'Enseignement est dirigé de Konakry par un Inspecteur d'Académie.
L'Enseignement primaire est le plus important quant à la scolarité et se répartit suivant trois circonscriptions à la tête desquelles se trouve placé un inspecteur primaire :

Cette dernière s'étend à la région forestière qui doit devenir prochainement circonscription avec siège à Macenta.

Compte tenu des créations prévues, la Guinée aura, en 1953 :

En 1952, 17.390 élèves (dont 2.304 filles) ont suivi les écoles publiques contre 15.826 (dont 2.074 filles) en 1951.
Le fonctionnement de ces écoles est assuré par :

La valeur professionnelle du corps enseignant africain s'accroît sans cesse grâce aux inspections répétées, aux stages de perfectionnement, au recrutement devenu plus sévère. Des écoles normales pour les garçons fonctionnent à Kankan, Boké, Popodara (Labé) et une quatrième école s'ouvrira à Kindia en 1953. L'école normale de filles est installée à Konakry.

L'Enseignement secondaire comprend à Konakry le Collège moderne Court (169 élèves dont 27 filles), qui fonctionnera entièrement dans les nouveaux bâtiments de Camayenne en 1953, et le Collège classique (135 élèves dont 16 filles) qui depuis la rentrée 1952, dispense l'enseignement jusqu'en première ; une classe de philosophie est prévue pour 1953.

L'Enseignement technique est donné dans quatre établissements :

A Labé et à Kankan doivent s'ouvrir prochainement de nouveaux centres, ainsi qu'un autre à Kankan réservé aux jeunes filles.
Malgré l'intérêt qui s'attache à la diffusion de l'enseignement technique, d'une si grande importance sociale pour l'Africain, il faut reconnaître que les résultats obtenus ne sont pas en rapport avec la valeur des maîtres ni avec les moyens mis en oeuvre. Les bons techniciens ne représentent malheureusement trop souvent que des cas individuels et il n'est pas rare de voir un élève, à la fin de sa scolarité, postuler une place de commis d'administration. Mais il faut reconnaître qu'une fois sorti du centre d'apprentissage l'élève n'est pas toujours sérieusement suivi par son employeur ni vraiment intéressé au travail de l'entreprise.

Quant aux populations de brousse, elles sont en général illettrées. C'est à leur intention qu'ont été tentées des expériences d'éducation de base sous la direction de l'inspecteur primaire, surtout dans le Labé.

Le développement des sports a pris en Guinée depuis quelques années un magnifique essor qui doit être signalé et que l'en ne saurait trop louer. L'Africain aime les compétitions et s'y donne loyalement, de tout coeur. Le foot-ball vient largement en tête, puis le basket-ball. L'athlétisme a peu d'adeptes, mais le cyclisme, la boxe et le volley-ball attirent déjà de nombreux sportifs.

La Recherche scientifique.

L'intérêt de la Guinée sur le plan scientifique est immense : sciences humaines et naturelles se partagent les investigations déjà nombreuses, et pourtant infimes en regard du travail qui reste à faire.

L'Institut Français d'Afrique Noire (I. F. A. N.) y possède depuis 1945 un Centre que les directeurs successifs ont aménagé, malgré des moyens réduits :

Depuis 1951 seulement, les crédits nécessaires ont été attribués au Centre, auxtravaux duquel l'administration a prêté son bienveillant appui. Les locaux lépreux qui avaient abrité autrefois côte à côte les malades du lazaret et le personnel de l'I. F. A. N. disparaissent devant un bâtiment de trois étages où les chercheurs trouveront des laboratoires et une bibliothèque modernes, ainsi que de précieuses collections 2.
D'autres organismes inscrivent leurs activités dans l'ordre scientifique, notamment l'Institut Pasteur de Kindia (Pastoria) dont les laboratoires fournissent des sérums et qui possède en outre une singerie, et l'Institut des fruits et agrumes coloniaux (IFAC) dont les études expérimentales servent avec profit la culture guinéenne.

Les Missions.

Les Missions catholiques se sont installées en Guinée dès la venue des Blancs. Leur influence reste peu efficiente auprès musulmans. Elles sont surtout établies chez les peuples que nous avons rattachés aux minorités ethniques, mais elles ont aussi des catéchumènes Sosso et Malinké.
Deux congrégations les représentent :

Les premiers occupent le Vicariat apostolique de Konakry et la Préfecture de Kankan créée en 1951. Leurs Missions sont installées en divers points du territoire où, selon les besoins du pays et leurs ressources, elles ont ouvert des écoles et des dispensaires ; à Konakry, un orphelinat est dirigé par les Sœurs de Cluny. Leur action est inséparable de la belle figure de Mgr Lerouge qui, arrivé en Guinée en 1902, est resté fidèlement à son poste jusqu'à son ultime départ, peu avant Sa mort, le 3 juillet 1950. Comme couronnement de son œuvre, il a fait élever à Konakry une magnifique cathédrale, témoignage indélébile de sa présence. Les Pères Blancs se sont réservés le Vicariat apostolique de Nzérékoré. Leur apostolat s'étend surtout en Guinée forestière où ils ont ouvert des écoles, un centre d'apprentissage et un dispensaire.

Les Missions protestantes

Elles sont représentées par l'Eglise anglicane (îles de Los), l'Eglise réformée luthérienne qui s'adresse en général aux originaires de Sierra Leone, et la Christian Missionary Alliance, d'influence américaine, dont le centre principal est à Kankan et qui dispose de moyens financiers supérieurs à ceux des deux autres sectes.

Notes
1. La Société Bauxites du Midi a construit et équipé un hôpital qui assure les soins à son personnel comme aux habitants des villages de Kassa (îles de Los).
2. Les études scientifiques portant sur la Guinée sont déjà nombreuses. Parmi les plus importantes, nous citerons celles de

Enfin on doit les premiers travaux d'anthropologie et de psychologie expérimentale au Lt-Colonel Pales et à son équipe.


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