Ancien Directeur de l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN) en Guinée
Editions Maritimes et Coloniales. 1953. 95 p.
On ne saurait écrire sur l'agriculture de la Guinée Française sans évoquer en préambule le grave problème partagé d'ailleurs avec tous les autres territoires fédérés de la conservation des sols. Il se pose ici avec plus de force qu'ailleurs : le relief est tourmenté, les chutes de pluie sont brutales, la densité de la population est relativement élevée. Dans le numéro de la Guinée Française du 18 novembre 1950 nous lisons que 60% des sols sont soustraits définitivement à la culture parce que déjà stériles ou susceptibles d'une érosion incontrôlable, 30% encore cultivables à condition qu'ils soient défendus contre la dégradation par des mesures énergiques, 10 % à peine se passent relativement d'aménagements : les plaines littorales, les vallées des grands fleuves et les bas-fonds. Comment, dans ces conditions, satisfaire les besoins du pays 2.300.000 habitants sinon par la pratique de cultures vivrières intensives 1 ? En effet, la culture extensive d'autrefois ne répond plus aux exigences actuelles, l'équilibre maintenu par « les chefs de la terre » entre les jachères et les surfaces cultivées est rompu et le développement économique entraîne des regroupements urbains qui deviennent tributaires de la campagne pour leur ravitaillement.
Toutefois cet aspect de la crise n'est pas encore angoissant en Guinée où il faut combattre avant tout la dégradation progressive du sol, effet des feux de brousse qui facilitent sur les pentes l'action puissamment érosive des torrents. Aussi, pour des raisons techniques et sociales doit-on créer des « réserves forestières de protection », interdire le défrichement sur les pentes trop fortes, maintenir une certaine quantité d'arbres dans les champs cultivés. Il est à souhaiter qu'un appui sérieux soit donné aux Services de l'Agriculture et des Eaux et Forêts pour que ce programme soit rapidement réalisé.
Les principales ressources agricoles de la Guinée se rangent sous deux rubriques :
Certaines cultures d'avenir méritent aussi de retenir l'attention bien qu'elles, n'aient pas dépassé le stade expérimental.
La « vocation rizicole de la Guinée » est aujourd'hui une expression courante. La nature de son sol et les conditions climatiques font en effet de ce Territoire un gros producteur de riz, demain peut-être le grenier à riz de l'A.O.F. Cependant la Guinée n'envisage pas encore cette éventualité, sa production ne suffisant pas actuellement à pourvoir à la consommation locale.
Le riz prend une place de plus en plus grande dans l'alimentation des Guinéens fait constaté d'ailleurs dans d'autres Territoires d'A.O. F. qui cultivent cette céréale depuis longtemps. Les techniques de culture ont été modifiées. Autrefois, seul le riz de montagne était récolté, aux dépens des terres qui se dégradaient sous l'action conjuguée des feux de brousse et de l'érosion. Depuis 1945 les riz de plaine et de marais ont été semés dans les vallées fertiles et les grandes étendues alluvionnaires de la côte.
Des stations expérimentales et de vulgarisation installées à Tolo dans le Fouta et à Bordo en Haute-Guinée permettent d'étudier toutes les conditions d'amélioration :
Les problèmes qui se posent dans la zone littorale sont particuliers. Il importe avant tout d'y éviter l'envahissement des terres par l'eau salée et de créer un système d'irrigation et de chemins de circulation. Un premier essai a été réalisé par l'administration dans le « casier rizicole » 2.000 ha de Monchon (Cercle de Boffa). Un second est entrepris au Koba 750 ha où une station d'expérimentation vient d'être montée. La mise en valeur de l'île de Kabak 1.500 ha dans le Cercle de Forékaria a été menée spontanément par les Mmani, qui sont d'excellents travailleurs. D'autres travaux de même nature ont été exécutés ou se poursuivent dans les plaines avoisinant le littoral, dans la région montagneuse et le Cercle de Siguiri.
Tous ces efforts ont contribué à accroître la production en riz qui s'est élevée en 1950 à 207.000 tonnes 2. Le Service de l'Agriculture, après recensement des terres propices à cette culture estime qu'on pourra porter leur superficie à 100.000 ha. Les possibilités d'aménagement de rizières sont énormes ; il y a tout lieu de penser que, la production augmentera dans les années à venir et que la Guinée pourra ainsi remplacer progressivement l'Indochine défaillante pour l'approvisionnement en riz de la Fédération.
La production de l'Union Française en oléagineux s'est trouvée réduite après la guerre, d'où le développement donné aux oléagineux secondaires comme le palmier à huile (elaeis guineensis) 3. La Guinée possède de vastes palmeraies naturelles tant sur la côte que dans la forêt, où se retrouve l'influence maritime. En 1950, 3.900 et 3.000 ha. ont été recensés respectivement dans les Cercles de Boké et de Boffa.
La production en palmistes a constamment augmenté depuis 1947 pour deux raisons. D'abord de 4 à 7 fr. au producteur, les prix sont passés en 1948 à 8 et 12 fr. C.F.A. pour atteindre en forêt 21 fr. C.F.A. en 1951. Ensuite les moyens d'évacuation se sont améliorés par l'ouverture de la route Nzérékoré-Monrovia 4, alors qu'auparavant les palmistes montaient sur Kankan d'où ils étaient manutentionnés par chemin de fer. L'abaissement du prix de transport a considérablement augmenté les possibilités de vente : 30.000 tonnes ont été produites en 1949 et en 1950, 31.600 tonnes en 1951.
Cette production relève de la cueillette ; elle exige donc peu d'effort. Toutefois les perfectionnements techniques dans deux domaines : par la sélection des espèces et par le concassage mécanique des amandes qui remplace de plus en plus celui effectué depuis toujours à la main 5.
Orangers et citronniers sont nombreux dans le Fouta autour des villages. Les espèces anciennes ont été greffées pour en améliorer le rendement et la qualité. L'exportation de plus en plus importante des fruits se fait vers les pays voisins, les prix de transport restant élevés. L'essence d'orange suit cet essor ; après une baisse sérieuse dû à la concurrence américaine et aussi à l'affaiblissement de qualité, la production remonte. Toutefois, vendue sur la base de 750 fr. C.F.A. le kg. en 1951, elle ne valait plus que 450 fr. C.F.A. en 1952.
Depuis 1947 la production bananière ne cesse de s'accroître. Les exportations passées de 26.000 tonnes en 1947 à 39.000 tonnes en 1949 et 45.600 tonnes en 1950, ont atteint 54.000 tonnes en 1951 6. Ainsi ce commerce, qui avant-guerre occupait la première place dans les exportations guinéennes, après avoir été compromis pendant les hostilités reprend aujourd'hui sa physionomie d'antan.
La culture bananière (3.000 ha exploités) se répartit suivant le triangle Dubréka-Mamou-Benti en tenant compte des possibilités d'évacuation, car il est sillonné de nombreuses routes et traversé par la voie ferrée qui aboutit à Konakry. Benti reçoit maintenant à quai les navires bananiers.
L'administration est intervenue pour standardiser les produits exportés. Le nombre des planteurs augmentant, il a fallu éliminer ceux dont la production irrégulière troublait les prévisions et discréditait la banane guinéenne. D'autre part, les plantations indigènes se sont considérablement développées 15% de la production totale contre 3,5 % avant-guerre fait moins important dans l'évolution sociale de la Guinée. Leurs moyens, dispersés au début, se sont unis grâce à l'institution de coopératives groupées en une Union qui impose des méthodes rationnelles et une discipline commune. Les planteurs indigènes ont reçu du Crédit Agricole un prêt de 10 millions C.F.A. en 1949.
Sur un plan plus général, un arrêté local du 7 août 1948
a augmenté la production, en imposant un recensement permanent des cultures fruitières ; en outre, il institue un certificat de planteur délivré pour toute plantation comportant un hectare d'un seul tenant et fixe de nouvelles règles pour l'attribution d'une marque. De plus l'ex portation est soumise à une réglementation nouvelle, basée sur les prévisions trimestrielles des planteurs. Le calendrier des rotations maritimes peut ainsi être établi à l'avance et le tonnage exporté devient, à peu près constant de septembre à mai.
Malgré ces mesures, les cours ont subi une baisse importante en 1948, le kilog quai-France valant 60 fr. alors que le tarif rémunérateur moyen pour le producteur guinéen était de 80 fr. Le marché français se trouvait alors saturé en produite bananiers de nos Territoires, sa capacité d'absorption étant de 200.000 tonnes tandis que la production réelle de l'Union Française atteignait 250.000 tonnes. Les planteurs pouvant difficilement diminuer leur prix de revient, il importait de régulariser les arrivages sur le marché français dans les limites du tonnage absorbable et d'écouler l'excédent sur l'étranger aux taux fixé par la concurrence internationale. C'est ainsi que des navires bananiers étrangers affrétés par les planteurs exportent une partie de la production sur Hambourg, l'intérêt de ces expéditions n'étant pas tant dans les bénéfices réalisés que dans la possibilité d'empêcher l'effondrement saisonnier des cours sur le marché métropolitain. Toutefois une politique d'ensemble englobant tous nos Territoires d'outre-mer peut seule redonner de façon permanente un caractère nettement bénéficiaire à cette production.
La culture de l'ananas s'est concentrée autour des centres de Benti et de Ouassou (ananeraies indigènes). Cette production pose des problèmes importants. La pointe de récolte est en juin, époque où les marchés français sont approvisionnés en fruits rouges. D'autre part le transport très délicat nécessite des navires réfrigérés ; de plus, après dix jours de voyage, la saveur de l'ananas (qu'il atteint sur pied à l'inverse de la banane) se maintient mal. Enfin, fruit de luxe, il est vendu en petite quantité et son prix unitaire est toujours élevé. La solution est donc de transformer le fruit sur place (conserves et jus de fruits). L'usine de la C.O.P.R.O.A. (Comptoir des produits africains) près de Konakry offrira une solution avantageuse lorsque la production en ananas aura augmenté. En effet la Guinée n'a produit en 1950 que 1.000 tonnes de fruits, dont 500 ont été exportées et le reste traité sur place. En 1951 les exportations n'ont porté que sur 360 tonnes. Ainsi les fortes récoltes saisonnières ne subsisteront que si elles trouvent à l'usine leur débouché assuré.
La production en café est faible : 1.200 tonnes en 1949, 2.400 tonnes en 1950 et 1951. Le caféier, cultivé autrefois dans le Cercle de Boké, a été introduit en 1947 dans la région forestière dont le terrain s'est révélé très propice 7. Cet arbuste donne lieu à une culture familiale répandue dans de nombreux villages. L'essor que tend à prendre la production caféière depuis 1950 est dû au fait que la vente est redevenue libre dans la Métropole. Son prix s'aligne ainsi sur les cours mondiaux (140/150 fr. C.F.A. le kilo).
Ce n'est pas une culture récente, des essais ayant été réalisés dès avant 1940. Les zones les mieux adaptées sont la Haute-Guinée et la Région Forestière. Des variétés de bonne qualité ont été introduites, telles que Burley et Kentucky qui se sont très bien adaptées ; les prix offerts au producteur sont respectivement de 60 et 65 fr. C. F. A. le kilo. La production guinéenne de tabac a été de 650 tonnes en 1951 (150 tonnes en 1949 et 325 tonnes en 1950).
Deux problèmes délicats se posent dans ce domaine : formation de la main-d'oeuvre et recherche de terrains favorables.
La fermeture des marchés d'Extrême-Orient et la nécessité d'économiser les devises justifient pleinement les essais entrepris dans la région de Macenta, propice par sa pluviométrie et son altitude. Mais si cette culture doit s'étendre, il faudra faire appel à une main-d'oeuvre asiatique, car la population locale est de faible densité et, de plus, inadaptée.
Il a été créé en 1941 à Sérédou (Cercle de Macenta) une station dont le but essentiel est de réaliser des plantations industrielles de quinquina pour répondre aux besoins fédéraux en produits antipaludiques. Afin d'étendre les possibilités actuelles, des essais d'hybridation ont été effectués pour établir les plantations à des altitudes moindres. A partir de 1944, un plan de 5 ans a été instauré prévoyant une plantation de 340 ha partagée entre les espèces Ledgeriana et succirubra. Ce programme à été réalisé et même dépassé.
La région de Labé a été choisie par la Compagnie Africaine des Plantes à Parfums pour tenter de développer l'industrie séricicole. Après des essais concluants sur la culture du mûrier, ceux relatifs à l'acclimatation des vers à soie ont été favorables et les cocons obtenus sont de bonne qualité. L'industrie séricicole peut donc réussir en Guinée car, relevant de la technique de la cueillette, elle s'adapte aisément à la mentalité des Peuls, minutieux de nature. De plus la soie s'étant raréfiée dans le monde et le nombre des éleveurs ayant diminué en France, la production du Territoire pourrait trouver facilement des débouchés.
L'originalité de l'élevage guinéen tient au fait qu'il est essentiellement bovin et concentré au Fouta. Son importance est moindre en pays malinké. Bien que difficile à évaluer, le cheptel du Territoire est estimé à 1 million de bovins et à 200.000 moutons et chèvres. La Guinée n'importe pas de bovins, seuls les placers de Siguiri constituent à certaines époques une zone d'attraction pour les zébus du Soudan.
Le Fouta est le berceau des ndama, race bovine d'une grande rusticité, très résistante à la trypanosomiase, et par suite recherchée en Gold Coast, au Moyen-Congo, et même au Congo Belge.
Les ndama sont aussi très demandés comme bêtes de labour dans le Cercle de Kankan où ils atteignent un prix élevé.
Le bétail est sensible à deux maladies bien connues, le charbon bactéridien (damol) et le charbon symptomatique (sogolo), mais les vaccinations périodiques les annulent pratiquement. Les cas de péripneumonie sont fréquents dans le Cercle de Kankan. La trypanosomiase se trouve partout mais on empêche l'infection en faisant passer les animaux dans des bains détiqueurs. Enfin la peste bovine, si répandue en A.O.F., est exceptionnelle en Guinée et se limite le plus souvent aux régions frontières. Toutefois elle est apparue dans le Labé en 1949.
La valeur du cheptel guinéen tient dans sa forte densité, non dans sa qualité, forcément inférieure, puisqu'il vit dans un milieu pauvre, carencé, et dans des conditions primitives : d'où le difficile problème de son amélioration. On se heurte aussi pour le résoudre à la mentalité des Peuls, essentiellement conservateurs, pour lesquels le troupeau représente un capital sinon une monnaie ; ajoutons qu'un sentiment inconsciemment religieux pousse les éleveurs à considérer leurs bêtes comme plus ou moins sacrées :
un vrai Peul se refuse à les tuer.
Aussi ce troupeau est-il, à bien des égards pour la Guinée, une richesse latente et quasi infructueuse. Les améliorations recherchées portent sur les conditions de vie du bétail qu'il importe de mieux nourrir, et sur la race elle-même. Un buf n'atteint au Fouta son plein développement qu'à 6-7 ans au lieu de 4 ans dans les régions plus favorisées. Il n'y a pas d'étables, pas de fourrage. Les animaux doivent se nourrir seuls dans la brousse. En saison sèche ils vont de pâturage en pâturage, ruinant le sol ; la fatigue résultant de ce nomadisme rend leur chair médiocre, le poids est faible (200 à 250 kg.), le rendement en lait des vaches infime (2 litres par jour en moyenne). Aussi s'efforce-t-on de développer la culture de plantes fourragères avec le kikuyu 8, espèce très agressive et qui pousse en tout terrain, ainsi que de créer des prairies artificielles irriguées par de petits barrages de retenue, solution coûteuse mais plus rapide.
Sélection et croisement concourent également à améliorer la race. On procède de plus en lus à la castration des animaux déficients pour conserver les meilleurs types bons géniteurs, adaptés en outre au milieu. Malheureusement ils sont en trop petit nombre. Les Sociétés Indigènes de Prévoyance organisent des saillies par étalons sélectionnés réunis dans des dépôts de monte, mais ces mesures impliquent un sens social de l'éleveur que ce dernier est seulement en voie d'acquérir. Quant aux croisements, les essais les plus concluants sont ceux qui font intervenir la race tarentaise croisée aux ndama. Toutefois il est difficile d'adapter au milieu les métis qui se satisfont mal des dures conditions de vie locale 9.
L'élevage des bovins néanmoins constitue déjà une ressource appréciable la boucherie accapare environ 100.000 bêtes par an qui deviendra une richesse le jour où sera organisée une chaîne du froid à partir de Mamou, centre de rassemblement d'où les animaux abattus descendraient par wagons frigorifiques sur Konakry. Là, repris dans des chambres froides, ils attendraient la consommation largement assurée par les habitants du chef-lieu et par les bateaux, pouvant aussi s'étendre aux pays voisins.
Notes
1. Les cultures traditionnelles : fonio, maïs, taros, kola, ne constituent aujourd'hui qu'un appoint dans la consommation indigène. Bien qu'elles ne pèsent pas dans la balance commerciale, elles occupent une place importante dans la production agricole :
2. Pour les produits vivriers non commercialisés, les chiffres sont très approximatifs étant donnés sans contrôle efficace.
3. L'elaeis produit des régimes de noix de palme dont le péricarpe donne l'huile de palme et la graine, extraite du noyau, l'huile de palmiste.
4. Elle a permis d'écouler en 1952 sur le Libéria 15.000 tonnes de palmistes et aussi du riz en provenance du Cercle de Nzérékoré.
5. Le travail journalier d'une ouvrière expérimentée ne fournit que 4 à 5 kg. d'amandes alors qu'un concasseur débite par heure 800 kg noix, soit de 100 à 250 kg. d'amandes.
6. On estime la production bananière actuelle à 60.000 tonnes, la valeur de la tonne de régimes avoisinant 15.000 fr. C.F.A.
7. En 1952, 800 tonnes de café en provenance du Cercle de Macenta ont été écoulées sur le Libéria par la route Nzérékoré-Monrovia.
8. D'après Dalziel, Sarcocephalus esculentus Afz.
9. Le Service de l'Elevage en Guinée avec l'aide des chefs de circonscription, des chefs de canton et des sociétés indigènes de prévoyance porte efficacement ses efforts tant sur la lutte contre les maladies infectieuses (Centres vaccinogènes dans les Cercles d'élevage) que sur l'amélioration de la race (2 fermes d'expérimentation dans le Fouta) et du milieu où elle vit.
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