Académie des Sciences d'Outre-Mer. Paris. 1984. 380 p.
Un homme avait défriché un champ pour sa femme qui venait d'accoucher d'une fille. Elle était seule à travailler son champ, aussi devait-elle laisser le bébé a terre enveloppé dans un boubou. Le soir, rentrée à la case, elle accusait son mari de ne pas lui fournir d'aide.
La mère de cette femme était très vieille, elle répétait souvent à sa fille de bien l'entretenir, car une fois morte elle lui apporterait du bonheur. Un jour elle mourut et son âme entra dans le corps d'un singe.
Après les funérailles la femme retourna aux champs et comme à l'accoutumé déposa le bébé sur le sol. Soudain un singe saute et prend le bébé sur ses genoux jusqu'au soir. Trois jours de suite le même fait se répéta. Au soir du troisième la femme insulta son mari lui reprochant de ne pas savoir lui trouver d'aide : il faut que ce soit un singe qui vienne à mon secours, dit-elle. Le mari répliqua :
— Tais-toi, demain je t'enverrai le chasseur pour tuer le singe.
Ce dernier caché tout près avait entendu ces paroles : furieux il se dit en lui-même : « je leur fais du bien, je suis leur mère et ils veulent me tuer. C'est leur fille qu'ils tueront » .
Le lendemain les chasseurs partent encercler le champ de riz et se dissimulent. Ils voient le singe sauter à terre prendre l'enfant dans ses bras. Ils bandent alors leur arc, mais le singe se sert de l'enfant comme d'un bouclier et c'est lui qui est tué. Il jette le cadavre et s'enfonce dans la forêt en criant :
— Vous m'avez rendu le mal pour le bien, que le mal retombe sur vous.
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