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Presse écrite


Bonne gouvernance

Le Lynx. N° 363 - 8 mars 1999


“L'impérialisme trouvera son tombeau en Guinée”, avait souvent averti le Responsable Suprême de la Révolution.

Avant d'aller, hélas, mourir lui-même sur une table d'opération impérialiste, à Cleveland, Ohio, en terre Yankee. Quant à savoir si l'impérialisme a déjà été enterré quelque part dans le monde, allez vous en enquérir auprès des Soviets! Ils vous le diront. Si notre pays n'a pu inhumer l'impérialisme , il peut se consoler d'être devenu le cimetière de maintes bonnes oeuvres.

Depuis plus d'un an et demi, nous croyions être sortis durablement de l'obscurité, à Conakry. Même nos rues étaient désormais scintillantes et nos mouflets, espiègles, s'y folâtraient gaiement, la nuit. Dans nos masures, voire nos coquettes villas, on commençait déjà à oublier les bougies et les lampes tempêtes. Le ronronnement des groupes électrogènes étaient devenus rare dans les quartiers qui auraient dû être huppés, n'eussent été leurs rues lépreuses et misérables. Nous avions tout bêtement oublié que notre Guinée-vampire happe toujours les bonnes choses. Et qu'elle aurait fini par avaler le courant de la Sogel. Maintenant, c'est chose faite, en banlieue, du moins.

Pauvre Sogel ! Sommes-nous revenus à la case départ, avec les “tours”? Il paraît que ce sera tout juste pour une petite vingtaine de jours. Mais n'est-ce pas de cette façon que d'autres petits progrès se sont peu à peu étiolés pour s'éteindre définitivement? La Sogetrac est de ces cas là. Ce fleuron du secteur des transports a vu le jour à Conakry, à la fin des années 80. Quelque cinq ans plus tard, il s'était déjà complètement fané et depuis, sa déliquescence a été totale.

Mais comme le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres, la guerre du Liberia a jeté dans les rues de Conakry les Magbanas (transports communs priv&eacutes;). Qui ont rendu moins pénible la disparition précoce de la Sogetrac.

Mais avant la Sogetrac, il y avait eu la longue agonie du chemin de fer Conakry-Niger dont l'extinction a été fatale à la Haute Guinée qui en vivait. Même le souvenir de nos nombreux compatriotes morts sur les chantiers de cette voie ne nous a pas poussés dans un sursaut de patriotisme pour éviter à notre chemin de fer la mise en bière.

Des nombreuses unités industrielles de l'époque de la Révolution ont disparu les unes après les autres. Il faut reconnaître que ce phénomène avait bien commencé avant les privatisations.

s'empilent dans les gouffres de la gabegie.
Il n'y a d'ailleurs pas que les choses matérielles qui retournent à l'état du néant aussitôt qu'elles ont pris corps.
Où est donc aujourd'hui « l'Homme Nouveau » que le Grand Syli et sa Révolution multiforme prétendaient créer?
Un homme probe, vertueux, frugal à la fibre patriotique sensible. En principe, tous les quadragénaires et quinquagénaires qui, de surcroît, nous gouvernent aujourd'hui, devraient être ces « Hommes Nouveaux ».
Mais le sont-ils? Rien n'est moins sûr. Là aussi, le tombeau s'est ouvert et a happé « l'Homme Nouveau » qui n'a pu servir d'archétype à personne. Au contraire, il y a eu la génération spontanée d'une autre catégorie « d'Hommes Nouveaux », âpres au gain, prévaricateurs, au patriotisme volage. Et dont bon nombre se révèlent comme des fossoyeurs de notre économie anémiée.

Le goût de la perfection a foutu le camp au profit de la tendance à la désinvolture. Un tombeau est passé par là ! Le PMU n'a même pas eu deux ans avant de rejoindre son tombeau. On pourrait encore énumérer quelques joyaux qui ont fait long feu, tels que

Que de tombeaux alors ! Si seulement c'étaient nos vices et autres tares qu'on y enterrait !

Kayoko Doré


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