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Presse écrite


Des chiffres qui tombent…pour remonter ?

Le Lynx. N° 392 - 27 septembre 1999


Doumbouya…ont été arrêtés le jeudi 23 septembre et conduits à la Maison Centrale de Conakry. Devant quel degré de responsabilité sommes-nous avec ces arrestations? S'agit-il de “la liste A” de l'affaire Friguia. Ou de fonctionnaires obéissants, disciplinés, un tout petit peu gourmands qui ne formeraient que la liste B de la gabegie. Au tribunal, chez tous les juges de Guinée et de l'Avare (en paroles), les choses sont claires : “l'enquête suit son cours ”. On attend de voir si elle tournera court, comme le passé nous en donne de merveilleux exemples ! De ce côté-ci, on attend. De l'autre, on rappelle. Nous avons obtenu grâce à la révélation d'audits, le chiffre de 1063 000 francs guinéens détournés des caisses de Friguia. Les 500 mille autres iront aux Impôts. Les experts des sociétés d'audit ont suivi les traces de l'argent dans ses diverses pérégrinations. Ils se sont rassurés que 463 millions de francs guinéens sont tombés dans les caisses de Getma qui a d'ailleurs tout remboursé; 340 autres millions sont allés à une société du nom de Sicodis; 260 millions se sont retrouvés chez Seguitrat.

Les mérites, mais aussi les limites, de ces audits, c'est d'avoir montré où est tombé l'argent. C'est là que s'est arrêté leur boulot. On a su, et nous l'avons publié, que l'argent est tombé dans ces caisses. Les noms des signataires et des exécutants des opérations ont été étalés au grand public. Et si cet argent était remonté vers d'autres destinations? On aurait alors obligatoirement quelque part, la liste A, les destinataires. Les “détourneurs” connus ne seraient que des intermédiaires. Bien sûr qu'on a pensé à la Commission Hervé Vincent Bangoura pour démêler l'écheveau. Mais où est-il, ce Hervé-là? “Sa villa” 26 de la cité des Nations a été bouclée. Il est venu ramasser son ordinateur pour disparaître. Depuis, plus rien.

Seulement voilà, selon certaines sources dignes de foi, l'opération du milliard de Friguia reposerait sur deux piliers:

Qui auraient agi “sur commande”. Tout serait parti du Ministère des Finances qui était “en train de chercher de l'argent pour le PUP”, pour couvrir les frais des élections de décembre 1998. Le Ministre des Finances, Kasori Fofana, aurait demandé à Mouctar Dicko de trouver le fric. Celui-ci se serait tourné vers Malal Baldé pour lui demander de bien vouloir se tourner à son tour vers les grandes entreprises pour cracher l'argent. Voilà Friguia dans le collimateur. On se serait alors tourné vers Ly Bocar pour faire des acrobaties et sortir ce fric nationaliste des caisses de Friguia. Mais, ce Friguia-là était sous redressement judiciaire. Ly Bocar n'avait pas les mains libres. Il fallait une autorisation du syndic qui dirigeait la boîte à cette époque là. La Direction Nationale des Impôts, qui rédige bien d'habitude, n'aurait pas eu de problèmes majeurs pour surmonter la difficulté. Et on a sorti 1 063 000 FG par les techniques que vous connaissez. On a réparti l'argent dans les propagations que vous connaissez aussi. Il paraît qu'à peine tombé dans les diverses caisses que vous connaissez également, le fric serait remonté pour deux grandes destinations avec quelques petites ramifications.

Selon quelques oreilles indiscrètes qui courent les rues de Conakry, Ly Bocar aurait juré avoir refilé le fric à des travailleurs et entrepreneurs commis à l'agréable tâche de chercher quelques gîtes pour le Ministre des Mines. Ly aurait même une mémoire très fidèle. Il paraît qu'il a l'air de savoir à qui il a donné quoi et où. L'argent aurait été éparpillé dans des chantiers [privés] de Forécariah, de Dabompa, de Lambanyi, à la Cité ministérielle… soi-même. Et que sais-je encore.

Les 463 millions destinés à la hiérarchie du Ministère des mines. Ils auraient servi à accélérer des travaux de construction: électricité, câblerie et pititi et patata, pour M. le Ministre.

Un détail de taille : Le Lynx n'a pas été en mesure de s'arrêter devant le Ministre de l'Economie et des Finances, et celui des Mines et Environnement, pour les prier de bien vouloir dire s'ils avaient entendu parler de trucs de ce genre. Ils sont aux Etats-Unis, avec Fory Coco.

D.S


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