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Ballets Africains


Kanté Facély
co-fondateur, avec Keita Fodéba des Ballets Africains

L'Art africain en deuil
Kanté Facély n'est plus

Une perte cruelle vient de frapper la République de Guinée en la personne d'un de ses pionniers de l'Art africain, notre camarade Kanté Facély, qui revenait de mission en Tchécoslovaquie par l'avion régulier Prague-Conakry, qui s'est écrasé à Casablanca dans la nuit du 11 au 12 juillet dernier.

Horoya. 1ère année. N° 36. Samedi 22 juillet, 1961. Page 2

Obituaire

Par Keita Fodéba

C'est en 1944 à Saint-Louis du Sénégal où j'étais instituteur, que j'ai connu Kanté Facély. Un soir, au cours d'une promenade avec des amis sur le Pont N'Dar Toute, j'ai rencontré un joueur de guitare solitaire qui était encore à ses débuts et qui s'exerçait sur des airs guinéens que je connaissais. C'était Kanté Facély... vit nous avons fraternisé pour devenir des amis qui se retrouvaient tous les soirs dans mon petit logement de la rue Blaise Dumont pour jouer des airs de chez nous, des airs de Guinée. Ensemble nous créâmes d'abord un orchestre "Sud Jazz", qui regroupait tous les musiciens originaires des pays africains du Sud. Cet orchestre, dont Facély était le principal animateur, avait pour but de faire connaitre au Sénégal les immenses ressources de la musique folklorique des pays du Sud, depuis la Casamance jusqu'au Cameroun. Plus tard, nous devions créer toujours ensemble, avec la collaboration de la Jeunesse St-Louisienne, une troupe artistique dénommée le "Progrès". Et c'est grâce aux immenses possibilités artistiques de Facély que j'ai pu, à ce moment-là, écrire "Minuit" et une peu plus tard "Aube Africaine" dont la musique a été inspirée et exécutée par lui.

En 1948, c'est avec beaucoup de peine que je quittais mon frère Facély pour la France. A Paris je devais retrouver des amis d'E.P.S, Touré Ismaël, Conté Saidou, et Diop Alassane, qui m'aidèrent à faire venir Facély en France pour créer ensemble une troupe qui devait devenir les Ballets Africains dont le Comité directeur était, dès le début, composé de Facély, Touré Ismaël, Conté Saidou, Aw Amadou, l'actuel ministre des T.P. du Mali et de moi-même. C'est ainsi que dix durant Kanté Facély a été l'âme des Ballets Africains dont il était le directeur artistique.

Facély n'était pas seulement pour moi un collaborateur, c'était un ami désintéressé et un frère. Sa contribution à l'Art africain est immense quand on sait qu'il a été le premier à graver sur disque un riche répertoire de chants africains magnifiant en un moment où cela était difficile , les grandeurs du passé africain et incarnant par conséquent les plus digne sentiments patriotiques.

L'Art africain perd donc en Kanté Facély un de ses pionniers et personnellement je me dois de lui rendre hommage sincère et ému en précisant que tout ce que j'ai pu faire sur le plan artistique, je le dois à lui, à lui mon frère Kanté Facély.


Déclaration du président Sékou Touré

Le président de la République a tenu à lui rendre l'hommage suivant :

« Le Bureau politique national et le Gouvernement de la République adressent à la famille et aux amis du défunt leurs condoléances émus.
Kanté Facély est né en 1922 à Kissidougou où il avait suivi les cours de l'Ecole primaire jusqu'au cours moyen. En 1944, à Saint-Louis du Sénégal, il avait fait la connaissance de notre ami Keita Fodéba avec qui il devait créer plus tard les Ballets Africains dont il devait rester le guide artistique plus de dix années durant.

Les premières créations de Facély dans le cadre des Ballets Africains furent les premières à chanter le terroir, à glorifier l'amour patriotique, en célébrant les grandeurs du passé africain à travers une musique folklorique rénovée par son prodigieux talent.

Musicien conscient de la valeur hautement contributive de l'Art à l'évolution africaine, Kanté Facély s'y était adonné corps et âme pour faire, d'abord des Ballets Africains de Keita Fodéba, ensuite des nationaux de la République, de véritables ambassadeurs de la Culture africaine.

En notre nom personnel et au nom du peule guinéen tout entier nous rendons hommage à sa mémoire de Patriote africain et d'artiste universel. »

Horoya. 1ère année. N° 36. Samedi 22 juillet, 1961. Page 2


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