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Littérature


Tierno Monenembo
Les crapauds-brousse

Editions du Seuil. Paris. 1979. 187 p.


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Chapitre 14

La nuit était passée. De la pluie, il ne restait plus que quelques gouttes çà et là, sur les herbes et sur les arbres.
A travers les interstices du rideau de feuilles et de branches, quelques rayons d'un soleil matinal et blafard. Le sol était encore humide. Mais les rayons de soleil s'enhardissaient ; ils avaient fini par traverser les branches et les feuilles. Ils arrivaient dans la forêt et apportaient un peu de lumière et de chaleur.
Un rayon de soleil prit Râhi, au coeur comme à la tête. Elle se mit à siffloter et à luire du visage.
— Que t'arrive-t-il ? demanda Kandia.
— C'est la faute à …
— A qui ?
— Au soleil.
Puis elle s'adressa au fou qui s'appuyait la tête contre un arbre, sans dormir, le nez largement ouvert au vent :
— N'est-ce pas que c'est à cause du soleil ?
Le fou ne répondit pas.
—C'est pourtant à toi que je parle. N'est-ce pas à cause du soleil ?
Le fou ne répondit toujours pas. Il restait le même, distant et impénétrable, comme s'étant décidément juré de garder sa calebasse à paroles. Un fabuleux trésor.

Juillet 1975-mai 1977

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