webGuinee/Bibliotheque/Histoire - politique
webAfriqa Custom Search Engine

Lingo Mobile

You won't believe it's not broadband.

Limited Time Offer

VIP Members Save More Money!

Design Services

15% off all Birkenstocks plus FREE shipping

120x600 FREE CARD with Direct Deposit

Get Free Expedited Shipping at BookByte.com

Your HCG is the original provider of the HCG diet

André Lewin
Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.

Paris. L'Harmattan. 2010. Volume VI. 236 pages


Chapitre 67 — 26 avril 1972.
Sékou Touré nomme un premier ministre


       Home      Next

"Un gouvernement à deux têtes n'a jamais été un bon gouvernement", avait affirmé Sékou Touré dans son rapport moral et politique aux Assises du 3ème Congrès du PDG, tenu du 23 au 26 janvier 1958.
Et de fait, depuis le premier gouvernement de la Guinée indépendante formé en octobre 1958 et son élection comme président de la Guinée en janvier 1959, Sékou Touré avait toujours cumulé les fonctions de chef de l'État et de chef de gouvernement, assumant d'ailleurs également pendant le premières années les fonctions de ministre de la défense nationale et de ministre des affaires étrangères, sans parler, bien entendu, de celles qu'il conservait à la tête du Parti. Pendant de nombreuses années, cette situation n'a pas semblé poser de problèmes particuliers, ni institutionnel , ni pratiques.
Lorsque après 1966, Sékou Touré a pendant de longues années cessé de voyager à l'étranger, c'est en général son fidèle lieutenant, Louis Lansana Béavogui, qui le repré entait, par exemple lors des Sommets de l'OUA ou des non alignés. Il continuera d'ailleurs à le faire comme Premier ministre, jusqu'en 1978, lorsque Sékou Touré lui-même recommencera à voyager à travers le monde, intensément.
En janvier 1968, le chef de l'État avait procédé à une innovation institutionnelle intéressante, en regroupant les départements ministériels en domaines. Ceux-ci étaient au nombre de six, plus le domaine de la présidence. Chacun des domaines était confié à un membre du BPN, vétéran du Parti et habitué au fonctionnement de divers départements ministériels. Et chacun des titulaires de domaines, y compris le président, était assisté d'un nombre variable de secrétaires d'État. Le domaine des finances était confié à Saifoulaye Diallo, celui des affaires étrangères à Louis Lansana Béavogui, celui du développement économique à Ismaël Touré, celui du commerce intérieur et extérieur à Nfamara Keita, celui des affaires sociales à Mamouna Touré, et celui de la défense de la Révolution au général Lansana Diané. Il y avait en tout 15 secrétaires d'État, plus quatre ministres-délégués, un pour chacune des régions du pays.
Ce système a bien fonctionné pendant plusieurs années, sans que les ministres titulaire de domaines changent d'attributions. Mais sous eux, il y a eu pas mal de changements au niveau des secrétaires d'État, soit par permutations, soit à la suite de disgrâces ou même d'arrestations.

Ainsi, Keita Fodéba, qui en 1958 était titulaire de l'intérieur et assurait l'intérim de Sékou Touré lorsque celui-ci était en voyage, a été chargé en 1960 de la défense et de la sécurité, s'est vu adjoindre des ecrétaires d'État, est devenu en novembre 1965 ministre de l'économie rurale et de l'artisanat, en janvier 1968 secrétaire d'État à l'agriculture sous le ministre du domaine Ismaël Touré, avant d'être arrêté l'année suivante dans le cadre du "complot des militaires".

Inversement, l'écrivain, dramaturge et chercheur Ibrahim Nénékhali Condetto Camara, qui était secrétaire général adjoint du gouvernement, a été promu secrétaire général en novembre 1965. A ce titre, il assiste à tous les conseils des ministres. Il eut un jour une altercation très vive avec Ismaël Touré sur une décision à l'ordre du jour du conseil, qui exigea un vote sur le point en cause, en rappelant que selon la procédure habituelle, seul les ministres ou secrétaires d'état avaient le droit de voter. Nénékhali Condetto fut obligé de quitter la salle ; mais le lendemain matin, Sékou Touré, qui avait de l'estime pour lui, le fit entrer au gouvernement en le nommant secrétaire d'état à la recherche scientifique et à la documentation, poste qu'il occupera jusqu'à son décès le 2 juillet 1972 ; il est "le seul ministre guinéen à être mort de mort naturelle", dira sarcastiquement son épouse, Bintou Rabi Youla, elle-même nièce de Nabi Youla.

Le 26 avril 1972, Sékou Touré procède à un remaniement ministériel plus important que d'habitude. Il renonce en effet à ses fonctions de chef de gouvernement en nommant un Premier Ministre, son vieux compagnon Louis Lansana Béavogui. Ce cabinet est fort de 29 ministre et secrétaires d'Etat, et reste divisé en domaines :

Le 9 juin 1972, Alpha Bacar Barry Alpha Oumar Barry et Nfamara Keita permuteront de domaines.

[Erratum. Lire Dr. Alpha Oumar Barry au lieu de Alpha Bacar Barry. Le premier sera élu au Bureau politique national, le second, au Comité central du Parti. — Tierno S. Bah]

Auparavant, divers changements étaient intervenus à la tête du PDG. Ainsi, le comité central sera désormais composé de 25 membres et le Bureau Politique National de six membres seulement (plus le Secrétaire général du Parti, Sékou Touré lui-même).

Saïfoulaye Diallo (considéré comme l'aile gauche du Parti) est éliminé du BPN et à ce moment-là nommé ministre auprès de la Présidence. Parmi les mesures préconisées par le parti :

Le 2 octobre 1972, Sékou annonce qu'entre le 2 et 5 octobre, la monnaie sera échangée à raison d'un franc guinéen (créé il y a douze ans, en mars 1960) contre un sily (lui-même subdivisé en 100 cauris), et qu'après cette date, il faudrait une autorisation présidentielle pour convertir les francs guinéens.

Le 8 octobre, à la radio nationale, Sékou explique que le sily et le cauri étaient des noms en usage avant l'époque coloniale et que le Sily symbolisait la volonté du peuple pour détruire le colonialisme, le néocolonialisme et l'impérialisme.
D'après lui, sept à huit milliards de francs guinéens avaient été frauduleusement introduits dans le pays depuis la Sierra Leone avec la complicité de Libanais, de Syriens et de Guinéens, et que ceux-ci avaient utilisé les opérations de change pour saboter l'économie du pays. Lui-même va diriger directement la Banque centrale parce que son directeur et son vice-directeur ont fait partie de la 5ème colonne ; tous les fraudeurs seront désormais punis de l'échafaud ou du peloton d'exécution.
En 1963, 12 milliards de francs avaient été échangés ; en 1972, ce sont 38 milliards. Sékou Touré affiche sa confiance totale dans le Sily, dont il affirmera à l'auteur qu'il sera un jour aussi fort que le franc suisse, parce que gagé sur les ressources de la Guinée et sur la détermination du peuple ! Pourtant, moins de deux ans après l'introduction de la nouvelle monnaie, l'administration fiscale guinéenne refuse d'être réglée en sylis et préconise le paiement des impôts en nature (animaux, céréales, légumes, etc … ).
Le 1er mars 1973, Radio Conakry affirme que des mercenaires ont quitté le 7 février les îles Canaries où ils étaient entraînés, afin d'aller attaquer la Guinée. Le 2 mars, Madrid dément formellement.

Le 3 mars, Sékou dit que les "étrangers infiltrés" ont été arrêtés à Conakry et qu'une "cinquième colonne" était en train de se reconstituer, notamment parmi les militaires et les étudiants. Le 31 mars, Radio Conakry accuse "deux membres du gouvernement" (ils ne seront jamais plus clairement identifiés 71) d'être les "correspondants autorisés" d'une organisation anti-guinéenne ; il affirme également que des "puissances extérieures" préparent une offensive contre la Guinée et contre la Sierra Leone, et qu'en particulier, les milieux d'exilés guinéens à Dakar et à Abidjan évoquent la date du 5 avril.

Vers la fin d'août, Sékou révélera qu'il devait être assassiné le 11 du même mois, au cours d'une invasion généralisée du territoire guinéen par des "forces étrangères".

Le 7 septembre, il annonce dans un discours que 59 opposant guinéens avaient été arrêtés alor qu'ils franchissaient la frontière avec la Côte d'Ivoire, dévoilant ainsi un nouveau complot contre son régime, qui devait commencer début octobre avec un attentat contre lui-même; il poursuit en accusant directement Houphouët-Boigny d'avoir tout mis en oeuvre pour coopérer avec un régime guinéen fantoche, comme celui que le débarquement manqué du 22 novembre 1970 devait installer au pouvoir à Conakry. En même temps, il affirme que les États-Unis et Senghor cherchent à inciter des ambassadeurs de Guinée à renier le régime guinéen et à s'exiler à l'étranger 72 . Il termine en apostrophant Senghor et Houphouët, qu'il qualifie de "fantoches" et de "traîtres", qui essaient d'empêcher le rétablissement de bonnes relations entre Conakry et Paris.
Lors du Xème Congrès du PDG qui se tient à Conakry les 28 et 29 septembre 1973, on examine — avec pas mal de retard — le projet de Plan quinquennal 1973-1978. Nfaly Sangaré, ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale, est le ministre qui est chargé depuis l'année précédente du plan et de la coopération. Sékou Touré dénonce le caractère superficiel et fantaisiste du projet présenté par Nfaly Sangaré, qui a élaboré un simple catalogue de projets. "Au Xème congrès du PDG, tenu spécialement pour se prononcer sur le 3ème plan quinquennal, le secrétaire général avait été amené à faire une intervention à la tribune pour dénoncer publiquement le caractère supeificiel, voire fantaisiste, du rapport qui avait été présenté par le ministre d'alors" 13 Mais Sékou Touré avait de l'estime et de l'amitié pour Nfaly Sangaré, à qui il continua jusqu'à la fin à manifester sa confiance, même s'il y avait parfois des remontrances ; ainsi, lors de la conclusion en janvier 1976 de l'accord sur le contentieux financier franco-guinéen, où l'auteur fut prié de retourner d'urgence à Conakry pour participer à une discussion au conseil des ministres, Sékou Touré n'étant pas convaincu que la délégation guinéenne dirigée par Nfaly Sangaré avait été assez ferme sur certains points.
Le 2 août [1973] 1963, c'est le démarrage des opérations du complexe de bauxite Sangarédi-Boké-Kamsar, exploité par la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG). Bangoura Karim, ambassadeur de Guinée à Washington de 1963 à 1969, et Mamadou Bah, fonctionnaire de nationalité guinéenne à la Banque Mondiale, ont joint leurs efforts pour faire aboutir cette opération, premier projet minier à démarrer en Guinée depuis Fria. Et le dernier jusqu'à l'heure actuelle.
Pourtant, le 17 janvier 1975, le gouvernement guinéen annonce la création d'une société guinéo-arabe d'aluminium, qui sera chargée de l'exploitation du gisement d'Ayékoyé. Comme beaucoup d'autres, ce projet n'aboutira pas.
La Guinée profite du fait qu'elle possède — après l'Australie — les plus importantes réserves de bauxite (30% du potentiel mondial) pour accueillir à Conakry, du 28 février au 8 mars 1974, la réunion constitutive de l'Association Internationale de la Bauxite (AIB), qui réunit onze des principaux producteurs de ce minerai 74.

Cette nouvelle institution internationale se donne des objectifs qui sont également ceux que défend Sékou Touré depuis toujours : chaque pays a le droit de garder (ou de recouvrer) la propriété de ses ressources naturelles ; les compagnie multinationales ne doivent pas jouer un producteur contre un autre ; afin d'augmenter les revenus miniers, chaque pays doit essayer de ne pas seulement extraire et exporter de la bauxite, mais également de produire de l'alumine, de l'aluminium et des produits aluminiers.

Le 15 janvier 1975, la Guinée impose des taxes à l'exportation supplémentaire pour les minerais, ce qui doit lui rapporter 25 millions de dollars supplémentaires pour la seule année 1975 ; de plus, cette mesure est rétroactive au 1er octobre 1974. En revanche, les produits d'aluminium fabriqués sur place en sont exemptés ; en fait, ceci est une mesure purement théorique et incitative, car aucun produit de ce genre n'est fabriqué sur place.
Quelques jour après la conférence constitutive de l'AIB, l'une des premières réunions internationales à e tenir à Conakry depuis plusieurs années, c'est, à la mi-mars 1974, la visite en Guinée du Secrétaire général de l'ONU, Kurt Waldheim, et ce sont les premiers pas de l'auteur sur le sol guinéen. La normalisation des relations entre Bonn et Conakry intervient en juillet 1974, et la possibilité d'une réelle normalisation entre Paris et Conakry s'esquisse, d'autant que Valéry Giscard d'Estaing, qui veut s'abstraire en ce domaine de l'héritage gaulliste, vient d'accéder à la présidence de la République française.

Le 27 décembre 1974, des élections présidentielles et législatives ont lieu en Guinée. Sékou Touré est réélu président par 99,84 % des votants ; il était seul candidat. C'est également une seule liste de candidats qui a été établie par le PDG, pour l'Assemblée législative, qui passe à 150 députés.
Le 14 décembre, Sékou avait annoncé des changements d'ordre constitutionnel : le Congrès National du PDG devient l'organe national suprême, le Conseil National de la Révolution (CNR) l'organe chargé d'élaborer la politique, et l'Assemblée législative le troisième organe législatif.

L'année précédente, en 1973, il avait déjà décidé l'institutionnalisation de la Conférence Économique Nationale.
C'est dans le souci de mettre de nouveau l'accent sur le développement économique sans pour autant mettre en sourdine les options socialistes et révolutionnaires du régime, que Sékou Touré tente de mobiliser de nouveau les militantes et les militants des deux fédérations du Parti de Conakry, en les réunissant le dimanche 16 février 1975 au Palais du Peuple, et en demandant une "profonde épuration" dans la lutte contre le trafic et les trafiquants, dans une "guerre sainte" contre "Cheytane" 75, "qui est et demeure l'ennemi numéro un du Peuple révolutionnaire de Guinée."

Son discours, qualifié de Charte économique, met en effet l'accent sur les actions attendues en particulier à la base dans le cadre de la mise en oeuvre du plan quinquennal. On y retrouve toute sa rhétorique habituelle, avec la certitude que ce qui a été énoncé est déjà compris et assimilé dans les esprits et pratiquement réalisé sur le terrain. On y retrouve également son souci du détail précis, de la comptabilité, des chiffres.

"Depuis les élections présidentielles et législatives du 27 décembre 1974, notre Peuple n'a cessé d'affirmer avec vigueur ses profondes aspirations à une accélération de son mouvement révolutionnaire dont le perfectionnement et les victoires futures sont désormais fonction de l'ampleur et de la rigueur de sa radicalisation.
Dans toutes les régions du pays, au niveau de tous les PRL, de toutes les Sections et de toutes les Fédérations du Parti-Etat de Guinée, il n'existe qu'un seul et même langage, une seule et même volonté exprimée dans une attitude toute de fermeté et d'enthousiasme en vue de l'élargissement constant du rayonnement de la Révolution, de l'élévation continuelle du taux d'efficacité du combat émancipateur du Parti-État.
L'idéologie de la Révolution asseoit la conviction populaire et raffermit de façon encore plus dynamique la volonté du Peuple d'assumer ses responsabilités, toutes ses responsabilités.
C'est pourquoi l'action vigoureuse que les masses populaires ont déclenchée contre les fossoyeurs de l'économie, contre les éléments véreux de l'administration guinéenne, contre les responsables défaitistes et corrompus de certains organismes du Parti, est une action qui doit être amplifiée et ponctuée de rigueur, jusqu'à ce que les ennemis du Peuple, déjà identifiés et démasqués, soient renversés et entraînés par le tourbillon impétueux de la Révolution, contraints à se soumettre à la force invincible du Peuple bâtisseur.

Plus de pitié pour ceux qui donnent le dos à l'honneur et à la grandeur de la Patrie !
Plus de pitié pour ceux qui affament et volent les consommateurs et les usagers !
Plus de pitié pour ceux qui, sans vergogne, pressurent et sucent les travailleurs dans le but évident de les faire renoncer à leur lutte juste et noble au sein du PDG pour plus de bonheur et de bien-être.
Plus de pitié pour ceux qui, aujourd'hui, par leurs actes indignes veulent obscurcir l'horizon de la jeunesse en compromettant dangereusement l'avenir des jeunes, ces jeunes si disponibles et si fermement engagés dans le processus de la lutte de classes déclenchée par le PDG, lutte dans laquelle ils n'ont rien à perdre et tout à gagner !
Plus de pitié pour ceux qui monnaient leurs fonctions dirigeantes et qui, profitant et abusant de la confiance du Peuple, se font cyniquement les complices éhontés des exploiteurs des diviseurs, des traîtres à la Patrie et à la Révolution !
Ils ne sont que des ennemis de classe camouflés en notre sein. Les en extirper et les liquider définitivement est notre devoir sacré.

Le programme du Plan quinquennal en cours de réalisation doit occuper partout une place privilégiée dans les préoccupations quotidiennes de chacun et de tous, son exécution complète et efficace postule que toutes les énergies créatrices du Peuple guinéen soient dès à présent concentrées sur ses divers objectifs.
Notre Révolution est parvenue à un point nodal de son développement. Elle change de phase en profondeur, en ampleur, en intensité, en célérité et en qualité, exigeant de chaque cadre une mutation qualitative, une rupture radicale d'avec les comportements antérieurs en vue d'un saut qualitatif.
Le Parti-État de Guinée a engagé le processus de toute une civilisation, processus qui requiert de chaque secteur un bouleversement complet dans les méthodes de travail et un puissant dépassement dans les attitudes.
L'élément essentiel dont la portée est désormais décisive sur le devenir heureux de La nation est et demeure le Pouvoir Révolutionnaire Local (PRL).
C'est pourquoi le Parti démocratique de Guinée résume dans les points ci-après les actions que les organismes dirigeants du Parti-État, que les militants doivent immédiatement réaliser pour insuffler une sève nouvelle au grand corps de la Révolution et permettre au Peuple laborieux de Guinée un bond qualitatif sur le chemin de son progrès historique, de son bonheur socio-humain, lequel accroîtra incontestablement son influence idéologique et pratique dans le concert des nations africaines et dans ses rapports avec les autres Continents et les autres Peuples du monde:

Du Pouvoir Révolutionnaire Local

  1. Le PRL doit devenir une véritable entité économique ayant la connaissance parfaite de ses forces sociales de production, de ses moyens de production et du volume de sa production et cela grâce à un recensement précis. Toutes les activités sur son territoire seront strictement exercées sous sa totale responsabilité et son contrôle permanent, c'est-à-dire que tout producteur vendra au service local économique du PRL et non à qui que ce soit d'autre, une partie de sa production et tout consommateur de marchandises d'importation achètera à la boutique du PRL et nulle part ailleurs, tout ce dont il aura besoin.
  2. Les biens collectifs : la terre, les cours d'eau, la flore et la faune, sont placés sous la gestion directe du Pouvoir Révolutionnaire Local qui seul autorisera les individus ou groupes d'individus désireux de les exploiter, à les valoriser à travers un acte de production ou de transformation.
  3. Chaque PRL recevra en échange de la valeur des produits marchands qu'il aura cédés au Pouvoir Révolutionnaire Régional, les marchandises d'importation désirées par lui. Les PRL organiseront leurs rapports d'échange entre eux en ce qui concerne les produits alimentaires et artisanaux.
  4. Chaque PRL devra exécuter sans défaillance les normes de reboisement, de production de miel et de cire.
  5. Chaque PRL rural aura à créer une plantation de canne à sucre dont la superficie globale, exprimée en mètres carrés, sera mesurée par un nombre égal à six fois sa population.
  6. Chaque PRL devra réaliser un four pour la fabrication du gari et du tapioca à partir du manioc. Et le Ministère de l'industrie devra mettre à sa disposition la technologie de cette fabrication.
  7. Chaque PRL réalisera également un potager collectif d'un hectare pour la production de divers condiments et légumes devant couvrir ses besoins et ceux des centres urbains.
  8. Chaque PRL organisera la fabrication du savon, du beurre de karité, d'huile de mana et de coco. La Révolution doit se donner une base matérielle la rendant invincible. C'est pourquoi, dans chaque secteur de développement matériel : industrie, agriculture, élevage, pêche, commerce, transport, etc, doit avoir lieu, et immédiatement, une renonciation radicale aux anciennes méthodes de travail et de comportement et s'instituer une tension révolutionnaire amenant tous les cadres de ces secteurs, à quelque niveau qu'ils appartiennent, à se dépasser pour se hisser au niveau des nouvelles exigences.
  9. De l'Industrie. A partir de maintenant, plus aucune de nos entreprises industrielles de transformation de nos produits végétaux et animaux ne doit se permettre de fonctionner avec une production en deçà de la capacité installée. Toutes les mesures doivent être prises sans délai à cet effet.
  10. De l'Agriculture. Elle constitue la base fondamentale du développement économique. C'est elle qui impulsera et entretiendra le secteur industriel, le secteur commercial, le secteur de transport et le secteur monétaire. Or le développement de l'agriculture exige des producteurs une qualification intellectuelle, technique et technologique appréciable rendant efficace l'utilisation de moyens matériels modernes et, possible, la mise en oeuvre des méthodes culturales scientifiques. C'est pourquoi le département de l'agriculture doit mettre tous les techniciens à la disposition des PRL ruraux pour assister techniquement, et de près, les producteurs. C'est également pourquoi tous les CER de 13ème année doivent être transformés, systématiquement, en écoles de formation de contrôleurs d'agriculture, d'aide-ingénieurs agrotechniciens, qui seront mis à la disposition des PRL pour le fonctionnement rentable des brigades de production mécanisées et des services locaux économiques, et qui, naturellement, fourniront des étudiants à toutes les facultés de nos instituts polytechniques conformément aux besoins de chaque PRL et de la nation.
    Pour une formation conséquente des élèves de 13ème Année, le Ministère de l'Agriculture devra fournir les Ingénieurs Agronomes et Contrôleurs d'Agriculture nécessaires, chargés d'enseigner, cumulativement avec leur fonction d'encadreurs des brigades mécanisées des PRL.
    Ordre est donné à l'Éducation nationale de réduire à un seul profil la formation pré-universitaire : tous les CER des 2ème et 3ème cycles doivent être à profil agro-pastoral à la rare exception de quelques CER urbains où seront les profils Électricité, Mécanique, Maritime, Bâtiment et Bois peuvent être maintenus avec un minimum d'élèves.
    De plus, et dès la rentrée prochaine et jusqu'à la fin du Plan quinquennal, 75 % des places à l'entrée dans nos Instituts polytechniques seront réservées aux futurs hauts cadres de développement rural (agriculture, zootechnie, pêche, eaux et forêts, génie rural). Enfin, chaque région sera désormais appréciée et classée suivant les résultats concrets qu'elle aura obtenus dans la production agricole. Et ces résultats seront mesurés, d'une part par le volume des produits vivriers, le volume des matières premières végétales ou animales nécessaires au fonctionnement de nos usines de transformation, le volume des produits d'exportation et, d'autre part, par les deux ratios agricoles ci-après :
    1. le rapport entre le volume des produits vivriers et la population de la région
    2. le rapport entre la valeur des produits d'exportation et la valeur des marchandises d'importation reçues par la région.
  11. De l'Élevage. Le Gouvernement devra acheter une quantité suffisante de fil de fer barbelé nécessaire à la construction d'un parc collectif à bétail par chaque PRL afin, d'une part, de mettre fin à la divagation des bêtes, d'autre part, de se constituer la base de fabrication de fumières permettant l'enrichissement des terres par des engrais naturels.
    Par ailleurs, chaque région doit interdire toute transaction commerciale privée portant sur les bovins et les produits animaux.
    Les autorités régionales doivent organiser la commercialisation annuelle du bétail vif sur la base du 10ème de leur cheptel en bovins, ovins, caprins, porcins, en vue de la fourniture de bêtes de boucherie aux centres urbains consommateurs.
  12. De la Pêche. Le Gouvernement devra acquérir mille moteurs hors-bord pour l'organisation sur une base scientifique de la pêche maritime et fluviale en vue d'un ravitaillement correct des masses en produits halieutiques.
    Le Ministère de l'élevage et de la pêche devra réaliser l'ensemencement en alevins de tous nos lacs et étangs afin de permettre aux populations riveraines d'y pratiquer la pisciculture.
  13. Du Commerce. Toute hausse illicite de prix sur un article entraîne la saisie de tous les biens et la condamnation de l'auteur à une peine de cinq à quinze ans de prison ferme.
  14. Du Transport. Toute violation des tarifs de transport, tout acte tendant à contrecarrer l'exécution de la nouvelle réglementation par le refus des transporteurs de servir les clients entraîne la confiscation définitive du véhicule et la condamnation de l'auteur de l'infraction à une peine de prison de cinq à dix ans ferme.
  15. De la Monnaie. Tout acte de dévalorisation de la monnaie, toute introduction de fausse monnaie est passible de la peine capitale.
  16. Toute transaction avec les devises étrangères dont la source serait une Ambassade étrangère ou un Expert étranger, entraîne la fermeture immédiate de l'Ambassade ou la condamnation de l'expert étranger. Le complice guinéen encourra une peine de cinq à quinze ans de prison ferme.
  17. Du travail. Toutes les grandes actions industrielles, tous les grands travaux d'aménagement du territoire, devront être exécutés par les travailleurs du Service civique afin d'éviter le désordre social pouvant résulter des embauches et des licenciements anarchiques.
  18. Le respect rigoureux des horaires de travail reste un impératif de la Révolution. La présence au travail pendant tout le temps nécessaire n'est pas suffisante ; il faut que le temps de travail soit effectivement, efficacement et pleinement rempli d'actions positives.
  19. Des cadres de la Révolution. La ligne à suive étant ainsi définie, s'appuyant sur une idéologie qui s'approfondit sans cesse dans l'action et par l'action, la trame fortement structurée de l'organisation étant ainsi mise en place, les tâches à accomplir étant déterminées et décidées, alors la fidélité rigoureuse et active des cadres au Peuple et à l'orientation de son Parti, le travail de chaque cadre au poste qui lui est assigné et son comportement en toute circonstance à l'égard des ennemis de la Révolution, deviennent des éléments fondamentaux du succès de la Révolution dans la phase décisive que nous abordons. La combativité des masses en dépend. Et c'est pourquoi, nous devons nous occuper du problème des hommes, du problème des cadres de la Révolution, d'une façon particulière. Il n'est pas vrai que les trafiquants, les accapareurs des biens du Peuple, auraient continué à prospérer si des cadres véreux n'avaient partie liée avec eux. Il n'est pas vrai que nous n'aurions pas déjà surmonté la plupart de nos difficultés économiques si, et à divers niveaux, des cadres traîtres à la Révolution ne sabotaient consciemment le travail de la Révolution.
    Il est nécessaire que nous détruisions tous les obstacles à la Révolution et cela dès maintenant. Il est nécessaire que désormais nous mesurions la fidélité à la Révolution de chaque cadre par la quantité et la qualité du travail de ce cadre dans la construction des bases politiques et matérielles de la Révolution, singulièrement dans l'édification de l'économie nationale, toute basée sur le développement du Pouvoir Révolutionnaire Local.
    Nous devons briser les ennemis du Peuple en conduisant avec une rigueur extrême et une lucidité aiguë la nécessaire lutte de classes. Et aujourd'hui, les plus grands ennemis du Peuple et de sa Révolution sont les trafiquants, les affameurs du Peuple, les accapareurs, les cadres corrompus et corrupteurs associés ou complices des trafiquants, éléments corrosifs traîtreusement camouflés dans l'appareil dirigeant du Parti-État.
    La Révolution doit assainir la situation par la liquidation du trafic et des trafiquants et épurer ses appareils par la liquidation des cadres pivots du trafic et alliés des trafiquants.
  20. Le bureau du PRL sur le territoire duquel il y aurait un fait de hausse illicite de prix ou une manoeuvre de dissimulation de produits marchands ou d'opposition à la correcte application des mesures prises dans le domaine économique et du transport, et qui, informé, n'aurait pas immédiatement réprimé ces actes délictueux, et redressé la situation dans l'intérêt du Peuple, sera aussitôt dissout et ses membres seront rendus inéligibles pour une période de trois ans.
    Les comités directeurs et les bureaux fédéraux ont charge d'assurer la rigoureuse et correcte application de la présente prescription.
  21. Le comité directeur d'une Section sur le territoire de laquelle il y aurait eu les mêmes actes et qui en aurait été informé sans les réprimer et sans que la situation ait été immédiatement redressée, sera aussitôt dissout et ses membres, devenus inéligibles pour une période de cinq ans, seront en outre poursuivis en justice comme complices actifs de criminels, ennemis du Peuple et de sa Révolution.
    Les bureaux fédéraux ont charge d'assurer la rigoureuse et correcte application de la présente prescription.
  22. Le bureau fédéral de la Fédération sur le territoire de laquelle des actes et des manoeuvres similaires auraient eu lieu, qui en aurait été informé sans que l'ordre révolutionnaire ait été aussitôt rétabli et les criminels sévèrement châtiés, sera immédiatement dissout, et ses membres, devenus définitivement inéligibles, seront arrêtés et jugés comme complices actifs de criminels, ennemis du Peuple et de sa Révolution.
  23. L'état et les fonctions de cadre du Parti-Etat restent incompatibles avec l'exercice direct ou indirect, par parents ou acolytes interposés, de toutes activités lucratives commerciales. En conséquence, les cadres se trouvant dans ce cas doivent, avant la fin de ce mois de février 1975, abandonner ces activités ou se démettre. Les cadres du Parti-État doivent choisir entre la Révolution et la démission, sinon ce sont la révocation et la prison ferme qui les attendent.
  24. Par ailleurs, tous les points de la Loi-Cadre du 8 Novembre 1964 et de la Loi-Cadre du 8 Novembre 1968 non encore épuisés restent en vigueur et doivent faire l'objet d'une étude minutieuse et d'une application rigoureuse par tous les organismes du Parti-État.
    Ainsi la vérification des biens des citoyens en général et des cadres dirigeants en particulier reste une exigence pour imposer le respect de la morale révolutionnaire à tous et à chacun. En particulier, et s'agissant des cadres dirigeants du Parti-État, Ministres, Gouverneurs de région, Officiers supérieurs, Directeurs des sociétés et des entreprises d'État, Chefs de services et cadres élus des organismes du Parti, toute malversation, tout acte d'escroquerie, toute complicité avec un groupe d'exploiteurs du Peuple, toute complicité avec l'étranger, entraînera la peine capitale et la confiscation de tous les biens de l'auteur.
    Chaque assemblée générale de PRL doit être en majeure partie consacrée aux problèmes de la production, production végétale et animale, et à la lutte contre le trafic et les trafiquants.
    Toutes les organisations de masse : jeunes, femmes, travailleurs, doivent se mobiliser pour participer avec énergie à cette puissante lutte devenue guerre de classes. Elles doivent dégager les voies et moyens permettant à leur action d'avoir la plus grande efficacité.
    Chaque vendredi, et dans chaque mosquée, les imams doivent appeler la malédiction sur les trafiquants, les affameurs du Peuple, les accapareurs qui sont tous des adeptes de "Cheytane", et la bénédiction sur les amis du Peuple, sur tous ceux qui travaillent pour La Révolution. Le même appel est lancé aux églises chrétiennes et protestantes de Guinée. Telles sont les directives du Parti-État de Guinée. Ces directives restent en vigueur jusqu 'à la fin du Plan quinquennal, lequel doit, par sa correcte exécution, ouvrir une phase encore plus grandiose à la Révolution.

Prêt pour La Révolution !
Ahmed Seku Ture

Notes
71 . On ne peut s'empecher cependant de penser notamment à Diallo Telli.
72 . Selon un communiqué du Regroupement des Guinéens de l'Extérieur (RGE) publié à Paris le 8 octobre 1973, sept ambassadeurs de Guinée, parmi lesquels ceux accrédités à Washington et à New York,auraient ainsi rejoint l'opposition. Cette information était en tous cas inexacte pour ce dernier, Abdoulaye Touré, qui devint quelque temps aprè ministre du commerce extérieur (1976), puis du domaine des échanges ( 1976) et enfin en 1979 ministre des affaires étrangère et de la coopération.
73. Intervention de Sékou Touré devant le conseil des ministres pour la préparation du plan 1981-1985, cité dans "Horoya", du 28/29 septembre 1980.
74. En dehors de la Guinée et de l'Australie, sont membres de l'AIB la Guyana, la Jamaïque, la Sierra Leone, le Surinam et la Yougoslavie, rejoints plus tard par la République dominicaine, le Ghana, Haïti et l'Indonésie. Le siège de I'AIB est installé à Kingston (Jamaïque). Le second secrétaire général de l'AIB sera le ministre guinéen des travaux publics, Mohamed Lamine Touré.
75. On sait que le mot arabe Cheytane désigne Satan, le diable.

       Home      Next

[ Home | Etat | Pays | Société | Bibliothèque | IGRD | Search | BlogGuinée ]


Contact :info@webguine.site
webGuinée, Camp Boiro Memorial, webAfriqa © 1997-2013 Afriq Access & Tierno S. Bah. All rights reserved.
Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.