Assistante au Musée de l'Homme, Paris
Presses Universitaires de France. 1955. 83 pages.
Fin avril-début mai, les hommes se mettent à préparer les champs. Chez les Coniagui, il y a deux sortes de champs: les uns se trouvent à I'intérieur du territoire du village, où sont cultivés des arachides et du mil il y règne une stricte rotation des cultures ; les autres se trouvent loin du village, sur des terrains de brousse récemment défrichés, qui seront abandonnés après avoir été épuisés par quelques années de culture extensive : là sont cultivés le plus souvent du mil et du fonio.
La fumure du terrain et la rotation des cultures au village conditionnent les déplacements des cases, caractère original de la culture Coniagui.
Déplacement des cases
Chaque saison sèche, les cases du village se déplacent à l'intérieur du tiers de l'ensemble du territoire appartenant au village. Le terrain ainsi engraissé (par les habitants du village: hommes et animaux) sera semé d'arachides à la saison des pluies suivante Ce même terrain sera ensuite réservé au mil pendant deux ans. Chaque tiers du territoire du village sera ainsi soumis à une rotation triennale des cultures.
Observons par exemple le plan (cf. fig. 3) d'un village Coniagui 1 comprenant 9 familles (I à IX): chacune dispose d'un groupe de cases ou « carré » et cultive une parcelle de terrain sur laquelle sont plantées immédiatement derrière les cases les cultures des femmes: un petit jardin potager (noté sur la fig. 1 : cultures de cases) où l'on trouve des tomates, du gombo et quelques autres plantes à sauce, et un champ d'arachides attenant aux cultures de case. Deux autres champs de mil sont cultivés par les hommes, comme les petits champs de riz qui longent le marigot (1bis est le champ de riz du fils adulte mais encore célibataire du chef de famille I dont le champ de riz est 1).
Une suite de lambeaux de brousse a été soigneusement conservée : c'est le chemin qu'empruntent les troupeaux matin et soir pour aller de la brousse aux cases dans lesquelles ou auprès desquelles ils passent la nuit.
L'ensemble des déplacements des cases d'un village est schématisé à la figure 4 :
En somme, le territoire de chaque village Coniagui est divisé en 3 parties, chacune est occupée pendant un an par les cases qui s'y déplacent peu à peu pendant la saison sèche, pour le fumer entièrement et également. L'hivernage venu, les cases ne bougent plus et les champs sont ensemencés arachides sur le terrain récemment fumé et mil ailleurs. Au bout de trois ans, le cycle terminé recommence.
Contrairement aux légères cases de bambou Coniagui, les cases Bassari sont faites de lourds blocs de latérite ; elles sont fixes, les Bassari ne pratiquent pas les déplacements de cases.
Les Bassari du Sud habitent toute l'année leurs villages fixes: ils font de nombreux kilomètres à la saison des cultures pour aller travailler à leurs champs. Mais chez les Bassari du Nord et du Centre, le village est un groupement de cases utilisées seulement en saison sèche, pour les fêtes. En hivernage temps des cultures les familles vivent disséminées dans leurs champs, chacune disposant d'un groupe de quelques cases.
Rythme des cultures
Pour préparer le terrain, les hommes et les jeunes gens brûlent les herbes dès janvier, puis tranchent à l'aide de coupe-coupe les racines et les branches gênantes, enlèvent les cailloux puis enfin grattent la terre avec une houe petite pioche à lame de fer et à manche court. Les Coniagui savent aussi façonner des buttes allongées avec une houe faite d'un patin de bois bordé de fer, fixé à un manche coudé, appelée baramba 2. Le mil est semé le premier, en mai ou juin, puis en juillet, I'arachide. En août, on sème les doliques et on travaille à désherber les champs de mil, de fonio, de riz, d'arachides; à la fin de ce mois on commence à récolter les premiers épis de mil. En septembre le travail aux champs est moins astreignant: un, puis deux jours de repos sont institués. On récolte en novembre le fonio et les arachides, en décembre le mil et enfin les doliques.
Toutes les dates citées au paragraphe ci-dessus concernent les Coniagui. Les différences climatiques font que les Bassari ne rentrent pas l'arachide avant janvier et ne commencent donc que plus tard à préparer les champs pour la récolte suivante.
Espèces cultivées
Chez les Coniagui on cultive plus d'arachides, et un peu de riz, chez les Bassari plus de doliques et dans le sud du mais. Tous sont habiles à planter dans le même champ différentes espèces ne mûrissant pas en même temps : mil hâtif, mil tardif et doliques par exemple.
Les réserves sont conservées dans des greniers de différents types : greniers collectifs à ciel ouvert des Bassari, greniers fermés sur pilotis en forme de case d'habitation chez les Coniagui et greniers de terre crue en forme de jarres à l'intérieur des cases de femmes Bassari.
Division du travail. Chez les Coniagui comme chez les Bassari chacun travaille pour soi et hommes et femmes disposent librement de leurs réserves personnelles. Mais l'homme marié doit fournir chaque jour à celle de ses femmes chargée ce jour-là de la cuisine le mil nécessaire à la famille.
Aux hommes incombent la culture du mil (chandelle et sorgho) et du riz, aux femmes celle des jardins potagers (jardins de case), de l'arachide et du fonio : comme les femmes doivent toute l'année s'occuper de la cuisine et des enfants, leur vie est dure pendant l'hivernage, saison des cultures. Hommes et femmes travaillent en groupe, s'invitant mutuellement à travailler leurs champs et, dans le cas des hommes, à boire de l'hydromel, par exemple. Les fillettes travaillent aux champs de leurs mères et les garçons pendant l'hivernage s'occupent du bétail, puis, en août, défendent les champs de mil contre les oiseaux et les singes ; installés sur de hauts miradors et armés do cailloux, de lance-pierres, de sifflets et d'arcs sonores, ils effraient les maraudeurs de leurs cris.
Pendant l'hivernage, tous sont aux champs : dans la journée, le village Coniagui n'est souvent gardé que par un ou deux petits garçons qui à la moindre alerte iront prévenir le chef qui comme ses administrés désherbe son mil ou repique son riz.
Des renseignements officiels permettent d'avoir une idée approximative de l'étendue des terrains cultivés et de l'importance des récoltes chez les Coniagui et les Bassari de Guinée. Nous citons ci-dessous :
1. Des chiffres qui nous ont été communiqués par M. Ba, moniteur d'agriculture à Youkounkoun, pour l'année 1945. Ces chiffres concernaient les Coniagui et les Bassari, village par village. Nous les avons groupés par population au tableau ci-dessous (chiffres arrondis) :
Riz | Fonio | Mil | Arachides | Divers 4 | Superficie totale des champs | ||
Coniagui 11.000 hommes 4.800 adultes en bonne santé. |
485 ha. soit 2,9 % des champs 592.000 kg. |
1.200 ha. soit 31,95% des champs 840.000 kg. |
1.200 ha. soit 3,95 % des champs 1.200.000 kg. |
645 ha. soit 17,17% des champs 645.000 kg. |
225 ha. soit 5,99 % des champs |
3.755 ha. | |
Maïs | Dolique 5 | ||||||
Bassari 4.700 hommes 2.100 adultes en bonne santé. |
210 ha. soit 6,29 %des champs 252.000 kg. |
390 ha. soit 11.69 % des champs 273.000 kg. |
1.500 ha. soit 44.97 % des champs 1.500.000 kg. |
715 ha. soit 21,43 % des champs 715.000 kg. |
285 ha. soit 8 54 % des champs | 235 ha. soit 7,04 % des champs | 3.095 ha |
Soit pour :
Et pour
Le rendement à l'hectare étant approximativement :
Quelle valeur accorder à ces chiffres ? Le nombre d'« adultes en bonne santé » est vraisemblablement assez exact puisqu'on sait que 1/4 de la population a moins de 15 ans ; un autre 1/4 peut raisonnablement comprendre les adolescents, les vieillards et les malades. Mais ce nombre d'adultes valides ne doit pas être confondu avec le nombre de travailleurs agricoles. Tous les Coniagui et Bassari valides travaillent aux champs, quel que soit leur âge : les petits garçons par exemple, y accomplissent un travail très utile en défendant les récoltes contre les animaux prédateurs (p. 23).
Il est évidemment difficile de vérifier l'exactitude des superficies et des rendements. Cependant la comparaison des Coniagui et des Bassari en ce qui concerne les superficies ne fait que confirmer ce qui est d'observation courante: la superficie des champs cultivés est plus grande proportionnellement au nombre d'habitants chez les Bassari que chez les Coniagui, à cause de la différence de terrains. Mais nous ne pensons pas, pour cette même raison, que l'on puisse avoir le même rendement à l'hectare en terrain Coniagui ou Bassari.
Les seuls chiffres qui nous surprennent sont ceux des superficies d'arachides. Cette superficie est-elle réellement plus grande chez les Bassari que chez les Coniagui ? Mais il s'agit là seulement d'une impression, nous n'avons pas de donnée personnelle précise à ce sujet.
2° Un rapport de la subdivision pour 1948 évaluait comme suit les superficies cultivées (en hectares) et le rendement moyen à l'hectare par canton :
Coniagui | Bassari-Ndama 6 | |||
Superficie ha. | Rendement kg. | Superficie ha. | Rendement kg. | |
Riz | 308,34 | 1000 | 306 | 1.500 |
Fonio | 1.135,62 | 650 | 574 | 725 |
Mil | 991,37 | 600 | 1.731 | 800 |
Arachides | 727,76 | 1.600 | 313 | 1.300 |
Maïs | 19,37 | 700 | 178 | 1.500 |
Wandza (7) | 72,70 | 600 | 250 | 1.610 ( ?) |
Haricot | 273 | 200 | 156 | 300 |
Coton | | | 130 | 100 |
Tabac | 12 | 100 | | |
Peut-être le rendement d'arachides à l'hectare est-il un peu exagéré, au tableau ci-dessus, mais on voit que dans l'ensemble les chiffres de ce tableau ne sont pas très différents de ceux du tableau précédent.
3° Toujours d'après un rapport de la subdivision, la traite des arachides a produit, du 15-12-1947 au 31-3-1948 (8) 571.264 kg., chez les Coniagui et 70.721 kg. chez les Bassari. La traite étant soigneusement réglementée et surveillée (le prix de l'arachide est chaque année fixé par I'administration), ces derniers chiffres peuvent être considérés comme approximativement exacts Ils permettent de vérifier l'exactitude des chiffres précédents. Si une année les Coniagui ont vendu environ 600.000 kg. et les Bassari 75.000 kg. d'arachides, il est possible qu'ils en aient récolté l'année suivante, comme le dit le tableau précédent, respectivement 1.091.640 kg. (727 ha. 76 x 1.500 kg.) et 406.900 kg. (313 ha x 1.300) environ, la différence de poids correspondant à la consommation familiale. Celle-ci est plus importante chez les Bassari parce que l'absence de routes interdit encore aux camions des acheteurs de drainer le pays Bassari comme le pays Coniagui 9 et surtout parce que les chiffres du 2e tableau correspondent à la production des Bassari mais aussi à celle des Foula qui vivent sur le même territoire : ceci explique aussi les différences entre les deux tableaux en ce qui concerne les autres cultures : le mil est peu cultivé par les Fula, le fonio et le riz au contraire, beaucoup plus par les Fula que par les Coniagui.
On peut donc conclure que les chiffres cités dans les trois rapporta ci-dessus, bien que ne concordant pas absolument entre eux, permettent vraisemblablement de se faire une idée de la production des Coniagui et Bassari. Les faits les plus caractéristiques nous paraissent être les suivants :
A côté des produits des cultures, l'alimentation comprend ceux de la cueillette, de la chasse, de la pêche, de l'élevage et du commerce.
Cueillette
La cueillette est surtout le fait des femmes et des enfants, cependant à l'occasion à la chasse ou en voyage par exemple les hommes ne se font pas faute de cueillir des fruits sauvages.
Ces fruits très variés ne sont d'ailleurs pas également abondants à toutes les saisons de l'année, c'est à la fin de l'hivernage qu'ils le sont particulièrement. La plupart de ces produits de cueillette sont mangés crus et sans préparation, mais certains entrent cependant dans la composition de différents plats et même parfois dans celle de boissons fermentées. La cueillette des gousses de néré (Parkia biglobosa Benth.) et celle des fruits de Kola cordifolia R. Br. et de Parinari excelsa Sab. sont les seules à être organisées pratiquées en groupe et sur une vaste échelle.
En plus des fruits, Coniagui et Bassari font une grande consommation de feuilles tendres de baobab et de fromager, par exemple, pour faire la sauce qui accompagne la bouillie de céréales. Enfin, le miel sauvage ou récolté dans des ruches est un autre fruit de ramassage qui joue un grand rôle dans l'alimentation.
Coniagui et Bassari naissent chasseurs. Les petits garçons tuent à l'arc des oiseaux, des rats-palmistes et autre menu gibier qu'ils font immédiatement griller et se partagent ; ils chassent souvent avec des chiens. Les hommes vont à la chasse seuls ou en groupe et parfois pour plusieurs jours. Quelques-uns tirent encore à l'arc, mais plus souvent aujourd'hui au fusil. Les pièges sont aussi employés : les enfants prennent les oiseaux à la glu ou avec des lacets d'écorce. On piège le petit gibier qui ne vaut pas une charge de poudre, on attrape les singes avec des pièges à trébuchet et autrefois les Bassari creusaient de grandes fosses qu'ils couvraient de branchages et dans lesquelles ils faisaient tomber les antilopes. La fronde était autrefois une arme de guerre.
Le gibier se fait rare autour des villages, mais en brousse il est encore très varié : oiseaux (perdreaux, calaos, outardes, rapaces, etc.), rongeurs (lièvres, rats ou écureuils), singes, antilopes de nombreuses espèces, phacochères, crocodiles, panthères, hyènes et plus rarement hippopotames, buffles, éléphants, lions, etc. Il est interdit de manger la viande de la hyène ; la mise à mort de cet animal et de certains autres lion, panthère, rapace à pattes rouges, etc. entraîne d'ailleurs un cérémonial compliqué rappelant celui de l'enterrement humain et vaut au chasseur qui a réussi cet exploit le titre de kamara.
La pêche
Le poisson n'est pas une nourriture courante chez les Coniagui ; la pêche est surtout pratiquée par les jeunes gens qui barrent les ruisseaux avec de petits murs de paille et posent des nasses tressées. Les hommes savent aussi pêcher au harpon et empoisonner à la fin de la saison sèche les flaques d'eau qui jalonnent les rivières desséchées avec des cosses de néré ou des rameaux de Adenia lobata Engl.
L'élevage
Il n'y a pas de famille qui n'ait quelques poules. Dès le siècle dernier les Coniagui étaient réputés pour leurs gras chapons, qu'ils vendaient aux comptoirs commerciaux des colonies voisines. Les chèvres sont nombreuses et aussi les moutons, animaux du numba 10 mangé seulement par les hommes. Les Coniagui ont de petits troupeaux de bovins et les Bassari commencent à en avoir aussi 11. En saison sèche, ces animaux paissent librement, en hivernage ils sont surveillés par les jeunes garçons pour qu'ils ne saccagent pas les cultures. Le soir, ils regagnent le village où ils passent la nuit, les boeufs attachés à des pieux et les moutons et les chèvres dans des bergeries. On mange des poules chaque fois qu'on en a envie et qu'on le peut ; les chèvres, les moutons et les boeufs sont le plus souvent immolés à l'occasion de fêtes et surtout de cérémonies funéraires 12. Chèvres et vaches ne sont jamais traitées : les Coniagui ne consomment pas de lait et l'accusent de contenir des taenias.
Le seul élément important de leur nourriture pour lequel Coniagui et Bassari comptent sur le commerce est le sel, acheté aux boutiques européennes en grande quantité 13.
Si le commerce est peu développé en pays Coniagui-Bassari, il ne faut cependant pas en mésestimer l'importance. Les premiers rapports qui aient existé entre Coniagui et Blancs ont eu lieu aux comptoirs de Casamance, au siècle dernier. En 1897, le traité signé par les chefs Coniagui avec l'administrateur Adam était un traité commercial. Actuellement les Coniagui font des centaines de kilomètres pour se procurer les étoffes ou les perles de leur choix.
Par ailleurs, le commerce est une des bases des relations entretenues par les Coniagui, les Bassari et les gens du Badyar, entre eux et avec leurs voisins. Les Coniagui, bons cultivateurs, ont souvent un excédent de récoltes : les Bassari aux terres moins fertiles viennent leur acheter du riz ou du mil lorsque leurs provisions sont épuisées, vers le début de l'hivernage. Il y a ainsi un important commerce de grains vers le mois de juin. Les Bassari vendent aussi de l'huile de palme et du beurre de karité à leurs voisins Fula (ou Coniagui). Tout ceci explique les déplacements continuels que l'on constate dans la région : caravanes de filles Coniagui partant au Badyar échanger des poteries contre des graines, Fula venus troquer chez les Bassari des bandes de coton ou de bétail contre du mil, etc. Ces déplacements, qui influent peut-être sur l'évolution des techniques, jouent un rôle important dans la vie des Coniagui et Bassari.
Ces échanges sont parfois complexes : par exemple, des filles Coniagui vont en bande au Badyar (ces voyages s'appellent « kapela » = pour prendre, pour gagner) vendre des calebasses ou des canaris contre du riz qu'elles iront ensuite porter à « kukas » : la route des caravanes, qui passe vers Kote en pays Bassari au Sénégal. Là, elles échangent ce riz contre de l'argent ou du tissu. Ces filles font d'ailleurs cela plus peut-être pour le plaisir de voyager que pour gagner de l'argent.
L'influence blanche est également liée à des problèmes commerciaux. Si Youkounkoun est resté jusqu'ici isolé, c'est qu'il n'y avait pas dans la région matière à intéresser l'acheteur européen.
Du fait de la guerre 1939-1945, les Coniagui ont eu tendance à porter de préférence leurs produits en Guinée portugaise où ils se vendaient plus cher et où l'on pouvait se procurer facilement des produits contingentés en Guinée française. Avec le retour à la liberté économique et à une plus juste échelle des prix, les transactions se font de nouveau naturellement à Youkounkoun plus proche ; cependant certains produits comme les peaux valent aujourd'hui encore plus cher en pays portugais. Coniagui et Bassari continuent à les y porter.
Aux boutiques, les indigènes utilisent bien entendu la monnaie française, même aux boutiques-frontières portugaises. Mais entre eux, le troc est encore courant, et l'était particulièrement redevenu pendant la guerre, avec la raréfaction des produits.
La traite des arachides, chaque saison sèche, est le grand événement commercial de la région, compliqué par l'individualisme des Coniagui et Bassari. Chaque femme l'arachide est une culture de femme a un champ personnel dont elle vend personnellement la récolte, les profits lui appartenant personnellement : il faut donc peser séparément les quelque 20 ou 30 kg. qui constituent la propriété de chaque femme ou de chaque fille Coniagui ou Bassari, opération qui rend la traite longue et laborieuse.
L'avenir du pays semble être en grande partie lié à des questions économiques. Le rattachement administratif de la région au Sénégal, périodiquement envisagé, aurait l'avantage de la rapprocher d'un pays plus semblable, quant à sa géographie et à ses ressources, que l'humide Guinée ; cela faciliterait les échanges commerciaux mais ferait certainement cesser l'isolement relatif qui a jusqu'ici préservé les moeurs et les traditions des Coniagui et Bassari.
Nous avons essayé de schématiser graphiquement à la figure 5, les principaux échanges commerciaux Coniagui et Bassari, en dehors de ceux importants qui se passent entre Coniagui ou entre Bassari : commerce avec les artisans, cadeaux à la fiancée et à sa famille, cadeaux des jeunes gens à leurs amies, etc.
Le budget de quelques Coniagui en 1948, renseigne sur ces mouvements commerciaux, à l'échelon individuel.
Les femmes
Les femmes gagnent de l'argent en vendant leur récolte d'arachides, à quoi les jeunes filles ajoutent parfois le gain de quelques journées de travail pour l'administration. Les arachides vendues par une femme peuvent, par exemple, lui procurer l'argent nécessaire pour acheter, par an: deux pagnes à 250 fr. 14 l'un, 6 paniers de mil pour faire de la bière (achetée à des Bassari contre 200 fr. par panier ou plutôt contre un sac de sel à 225 fr. pour deux paniers) et du sel: environ 1 kg. à 15 fr. toutes les trois semaines. Une femme utilise trois pagnes par an : le plus neuf pour les cérémonies, le moyen pour tous les jours, le plus vieux pour travailler. Elle n'utilise qu'un pagne brodé pour toute sa vie : elle ne le porte que jeune fille et le donne ensuite à ses soeurs cadettes.
Les hommes
Les hommes gagnent de l'argent en vendant une partie de leur récolte de riz ou de tabac dont un bloc de plus d'un kilo (cf. Delacour, p. 143) vaut 500 fr. ou de riz. Si, par exemple, un homme a récolté trois paniers de riz, un est dû à la Société de Prévoyance 15, un second est conservé pour la consommation familiale et le troisième vendu aux Fula qui viennent en pays Coniagui à la fin de la saison sèche, à raison de 6 fr. par petite calebasse et de 10 de ces mesures par Fula (parfois ce riz n'est pas vendu, mais échangé contre des bandes de coton). Le surplus de mil est rarement vendu aux Fula, il est plutôt gardé pour nourrir les enfants et « aider » les parents. Les jeunes gagnent de l'argent au « Service », c'est-a-dire en faisant divers travaux pour l'administration, tels que l'entretien des routes par exemple, et, surtout, en allant on saison sèche passer quelques semaines ou quelques mois en « Gambie » (c'est-à-dire, en réalité, au Sénégal ou en Casamance aussi bien qu'en Gambie anglaise), où ils travaillent l'arachide, récoltent le vin de palme, se louent dans diverses plantations ou, surtout, fabriquent et vendent de grossières nattes de bambou appelées dans la région karta 16, qui servent de palissades.
Chaque homme achète à Youkounkoun l'étoffe nécessaire à un pantalon, environ une fois par an s'il continue à porter chez lui le costume traditionnel : feuilles de rônier tressées et peau d'antilope. Il achète des gourdes de vin de palme (à 25 ou 30 fr. l'une), plusieurs fois par semaine (par exemple deux fois par semaine deux gourdes pendant toute la saison sèche et 4 gourdes les jours de fête).
Un jeune homme peut ramener de « Gambie » de 1.000 à 5.000 fr. en espèces, mais il en a gagné le double et rapporte de nombreux objets. Par exemple, R. d'Uryakan a rapporté de Kaolack, en 1949, 5.000 fr., quatre grands pagnes pour sa mère et trois petits pour ses soeurs, deux boubous pour son père, un pantalon, une couverture et une paire de gros souliers pour lui-même. Un autre a ramené deux pagnes pour sa fiancée, quelques mouchoirs qu'il donnera à ses amies, une culotte, une chemise et un casque pour lui, un boubou 17 ou une couverture et une culotte pour son père, un pagne pour sa mère et une couverture pour son frère. Pour pouvoir payer tout cela, pendant environ deux mois il a fait chaque jour 3 ou 4 karta, vendus 40 fr. pièce en « Gambie », alors qu'à Youkounkoun ils ne valent que 25 ou 30 fr. Un autre encore, revenu le 26 février 1949, est parti deux lunes et a gagné environ 5.000 fr. en faisant chaque jour jusqu'à 4 karta à 40 fr. et un lit à 30 fr. Il a donné à celui qui l'hébergeait deux karta chaque semaine pour sa nourriture et dépensé de plus 250 fr. Il a rapporté 3.000 fr. en espèces et 500 fr. de perles pour son frère, un casque (500 fr.), une chemise (250 fr.), des lunettes (100 fr.), des chaussures blanches (300 fr.) et des chaussettes (100 fr.) pour lui.
Les jeunes hommes peuvent aller une quinzaine de fois dans leur vie en Gambie, par exemple, deux fois lorsqu'ils sont aheker 18, deux fois lorsqu'ils sont falag et une dizaine de fois quand ils sont dyarar : ils cessent d'y aller lorsqu'ils s'estiment trop vieux pour faire ce voyage à pied, qui dure plusieurs jours. Ils partent après les récoltes, au début de la saison sèche, fin décembre par exemple, et reviennent six semaines ou deux ou trois mois plus tard, en février ou mars.
Il nous semble intéressant de noter ici que les Coniagui et les Bassari donnent au service militaire (qu'un petit nombre d'entre eux seulement accomplissent, qu'ils soient engagés ou appelés) un rôle commercial analogue à celui des voyages en « Gambie ». L'ancien militaire rapporte, par exemple, des vêtements pour son père et pour lui-même, parfois une bicyclette, etc.
1. perles, vêtements | 2. nattes | 3. peaux | 4. tissus, sel |
5. nourriture | 6. tissus | 7. poteries, calebasses | 8. maïs, riz, bandes de coton, pagnes |
9. arachides | 10. outils, tissus, sel | 11. mil, riz, sel | 12. mil, huile de palme, beurre de karité |
13. bétail, bandes de coton | 14. riz | 15. bandes de coton | 16. services publics, école, dispensaire, etc. |
Si l'on essaye de comparer les formes anciennes et actuelles de l'organisation économique, on peut tenter de définir les tendances des changements économiques. Les échanges commerciaux à l'intérieur du groupe Coniagui-Bassari-Badyar ont dû s'accroître légèrement et se régulariser du fait de la paix régnant aujourd'hui dans le pays et surtout de l'augmentation des besoins, en particulier en tissus : bandes de coton fabriquées par les Fula, Fulakunda et Badyaranké du Ndama et du Badyar, et pagnes teints à l'indigo faits par les Sarankolé du Badyar. Ces tissus dont les Coniagui se vêtent aujourd'hui et dont les Bassari eux-mêmes font un usage grandissant, n'étaient pour ainsi dire pas utilisés par ces populations il y a cinquante ans.
Mais c'est surtout le volume du commerce avec les blancs qui a fortement augmenté ces dernières années dans la région. Dès le siècle dernier, les Coniagui allaient en Casamance échanger des captifs, de l'ivoire, de la cire, des chapons, contre de la poudre, du fer, des fusils, du sel, etc. Le volume de ces échanges commerciaux s'est accru d'une part parce que les besoins des Coniagui et des Bassari se sont accrus, d'autre part parce que les commerçants blancs se sont rapprochés de leurs clients. Il fallait, au siècle dernier, faire à pied plusieurs centaines de kilomètres pour atteindre les factoreries. Aujourd'hui, il y a à Youkounkoun plusieurs boutiques tenues par des Européens ou des Syriens et, au moment de la traite, ces maisons vont acheter l'arachide partout où la route leur permet de faire passer leurs camions, jusque dans certains villages Coniagui ou Bassari fort éloignés des centres.
La denrée la plus importante est aujourd'hui l'arachide, dont la traite transforme pendant la saison sèche, la vie de la région. Il est curieux de remarquer à ce propos que cette arachide, trait d'union entre les financiers et les confiseurs de la métropole et les cultivateurs Coniagui et Bassari, est une culture de femmes. Les femmes sont ainsi la source de la seule grande richesse économique du pays.
Le marché permanent de Youkounkoun est extrêmement pauvre : on y trouve du sel, quelques pagnes, du fil, des aiguilles et des allumettes, à l'occasion des mangues et des oranges ; mais il est important du point de vue social car il attire à Youkounkoun la jeunesse Coniagui désoeuvrée, heureuse d'enfreindre ainsi les ordres des vieux qui trouvent que les garçons ont mieux à faire que rire avec les filles.
Il n'existe ni chez les Coniagui, ni chez les Bassari de castes d'artisans. Cependant, à côté de nombreuses techniques connues de tous les hommes ou de toutes les femmes comme par exemple la construction des cases ou la cuisine, il existe quelques spécialistes: forgerons, vanniers ou potières 19.
Le feu
Ce sont les hommes qui savent faire le feu avec un briquet constitué par un morceau de fer en forme d'anneau ovale, plat et ouvert, un silex et de la bourre de rônier.
Les transports
Les chemins sont tracés par les pieds des passants: hommes, femmes et enfants. Hommes et femmes portent les charges sur la tête; les femmes portent sur le dos leurs jeunes enfants dans une bande de tissu nouée sur la poitrine chez les Coniagui, et dans un sac fixé par des courroies chez les Bassari, le sac étant fait de tissu pendant les premiers mois de la vie de l'enfant, puis de peau d'antilope et enfin de peau de chèvre décorée de perles.
Techniques d'acquisition
Nous avons déjà parlé de la plupart de celles-ci au chapitre des cultures et de l'alimentation. Rappelons seulement que la cueillette est pratiquée par tous, que pêche, chasse et élevage sont le fait des hommes et qu'hommes et femmes se partagent les diverses cultures. Ce sont les femmes qui vont chercher l'eau et aussi la terre dont elles feront de la poterie (notons ici que ce sont généralement parmi les femmes que l'on rencontre des cas de géophagie).
Techniques de fabrication
La poterie est une technique de femmes, le travail de l'écorce est le fait d'hommes et de femmes ; seuls les hommes travaillent le métal et le bois, font de la vannerie et des cordes et fabriquent des outils et des instruments des armes en particulier.
La poterie. Un petit nombre seulement de femmes font de la poterie; elles ne constituent pas une caste et peuvent épouser n'importe quel homme, cependant elles tiennent le plus souvent leurs techniques de leurs mères.
Extraite d'une carrière proche, l'argile est rapportée dans des paniers au village où elle est séchée, puis pilée, puis mouillée. Pour faire un canari, la potière en prend une petite quantité, la malaxe avec de l'eau, puis lui donne la forme d'un cône tronqué en la tapant sur un morceau de vannerie. Posé sur un morceau de calebasse, la petite section en bas, le cône est creusé dans sa face de section la plus large et prend peu à peu forme de canari. L'ébauche terminée est laissée à sécher (il est par exemple 11 heures du matin) jusqu'au soir. A ce moment, le pied est coupé et le canari de nouveau laissé à sécher plusieurs jours, ouverture en bas (au minimum une nuit et deux jours). Toutes ces opérations se font à l'ombre Les poteries ainsi préparées sont cuites le soir au milieu d'un tas de bois et d'écorce, protégé par un paravent. Au matin les poteries (sauf celles qui seront noircies) sont lavées avec de l'eau contenant de l'écorce rouge d'at'iya pilée La potière vérifie à ce moment chaque canari et consolide les fentes survenues à la cuisson avec un mélange de bouse de vache et d'une décoction de certaines écorces. Séchés au soleil, les canaris sont ensuite essuyés à la main.
Certaines poteries sont noircies après la cuisson, par exemple les pipes, mises pour cela au milieu d'un feu de feuilles de néré. Pour noircir les canaris on les recouvre de branches sèches de mpusela 20 qu'on enflamme avec des braises. Noir, le canari est poli avec des feuilles de mpusela vertes puis enfin mis à refroidir.
Les potières Coniagui fabriquent différentes formes de canaris : pots ovoïdes qui servent de récipients à bière, poteries à trous pour faire cuire les céréales à la vapeur, marmites de cuisine, petites marmites à sauce, grands pots sphéroïdes à col éversé où l'on conserve l'eau dans les cases, vases pour chercher l'eau au puits ou à la rivière, grands bols semi-sphéroïdes imitant la forme d'une demi-calebasse (y compris sa queue qui sert de poignée), etc. Les potières Coniagui produisent des canaris fins, rouges ou noirs, dont l'élégance est réputée dans la région. Les potières Bassari sont moins habiles, leurs canaris sont plus épais (la nourriture y cuit moins vite) mais plus solides.
Le travail de l'écorce d'Antiaris africana Engl. fournissait aux Coniagui et aux Bassari, jusqu'à une époque récente, les seuls tissus dont ils disposaient. Aujourd'hui encore, les hommes s'en font des « masques » de société secrète (cagoules, ceintures et jupes en particulier,) et les femmes des coussins de portage sur la tête et des garnitures périodiques. On voit encore des hommes Bassari porter de courtes chemises faites de ce tissu d'écorce battue.
La forge et tout ce qui concerne le travail du métal, y compris la bijouterie de cuivre ou d'aluminium, est le fait d'hommes. Autrefois (cf. Rançon) Coniagui et Bassari savaient extraire le fer de minerais indigènes. Aujourd'hui, ils achètent le métal : fer, barrettes d'aluminium, etc., aux Européens, et se contentent de le transformer en objets divers. Les forgerons ne constituent pas une caste, ne se recrutent pas dans un groupe spécial, peuvent épouser qui ils veulent. Ils sont souvent forgerons de père en fils, mais pas nécessairement et un garçon dont le père n'est pas forgeron peut le devenir en entrant comme apprenti chez un forgeron. Les forgerons ne jouissent pas d'un statut spécial: ils ne sont ni honorés ni méprisés. Cependant, à côté de leurs travaux techniques, les forgerons sont souvent des magiciens qui rendent un culte aux génies de la forge auxquels sont en particulier confiés certains enfants qu'ils doivent protéger contre certaines maladies. Il y a moins d'un forgeron par village Coniagui ou Bassari.
Le travail du bois et tout ce qui peut s'en rapprocher: découpage de calebasses, gravure de calebasses ou de tabatières, de bambou, est fait par les hommes. Tous le font à l'occasion, mais certains sont particulièrement habiles. Tous savent faire un arc et préparer des flèches: l'arc Coniagui et Bassari est particulièrement intéressant parce qu'il est fait entièrement de bambou: « bois » et a corde » (le bois, à section triangulaire, a des encoches terminales dissymétriques et opposées: externe à l'extrémité supérieure, interne à l'extrémité inférieure ; ces encoches servent de support à la corde faite d'une lame de bambou enroulée deux ou trois fois autour du bois et fixée par auto-blocage).
De même, si tous les hommes savent préparer de la ficelle, tresser des colliers de paille, des étuis péniens et de grossières nattes, certains sont réputés pour l'élégance de leurs vanneries. Les vanniers Bassari sont probablement plus habiles que les Coniagui : ils savent tresser des fourreaux de sabre ou de petits paniers à conserver les semences que l'on ne voit pas chez les Coniagui. La matière première la plus employée est le bambou fendu, qui sert à fabriquer les nattes qui constituent le mur de la case Coniagui et les lits, I'armature des toits, etc. Avec les feuilles de rônier, Coniagui et Bassari tressent finement leurs étuis péniens et décorent les toits de case, les masques, etc., avec le chaume de diverses graminées ils font les épais paillassons intérieurs des cases Coniagui, des ruches, des colliers, etc. Les techniques de corderie, de tressage et de vannerie sont variées: tressage en spirale de section circulaire autour de moelle de mil pour les colliers en tige de mil (onyerli coniagui), ficelle à deux (ou trois) torons tordus en Z à épissure en boucle à une extrémité et poche en forme de fuseau faite de plusieurs rangs de ficelle passés entre les torons de la corde et maintenus par trois traverses de ficelles pour les frondes, tresse à deux faces tissée en diagonale à 13 brins pour les colliers d'herbes hyerena (Coniagui), ficelles de raphia à deux torons en Z pour les ceintures-couvre-fesses des jeunes garçons Coniagui, tressage en spirale sur lame de bambou pour certaines ceintures, tresse creuse à 4 brins pour les étuis péniens en « croisé » chez les Bassari et « toile » chez les Coniagui, etc.
Outils, instruments, pièges, armes de chasse ou de guerre, sont faits par les hommes. Là aussi il peut y avoir des spécialistes.
Les produits des artisans, spécialistes ou professionnels, sont plus souvent échangés que vendus. Les forgerons, par exemple, sont le plus souvent payés en céréales : leurs travaux les empêchent de cultiver un champ.
Techniques de consommation
La préparation de la nourriture incombe aux femmes. Cependant les hommes cuisent eux-mêmes le poisson dont beaucoup de femmes ne veulent pas manger, ainsi que les viandes interdites aux femmes. Les hommes savent d'ailleurs faire la cuisine et la font lorsqu'ils sont sans femmes, en brousse en voyage ou à la chasse par exemple.
Ce sont les femmes qui préparent le tabac qui sera chiqué (par les hommes) ou fumé (dans une pipe, le plus souvent par les femmes).
Ce sont les hommes qui construisent les habitations et font le mobilier (il s'agit de travail du bois), sauf les lits, bancs et paravents de terre crue construits par les femmes Bassari dans leurs cases (il s'agit là de poterie).
Vêtements et parures sont préparés par les hommes et les femmes.
Nous avons résumé et groupé, figure 6 ci-dessus, les renseignements concernant la division sexuelle du travail selon les techniques.
Le sens artistique des Coniagui et des Bassari se manifeste dans un grand nombre de techniques danse, musique, costume, décoration d'objets usuels, etc. On peut citer, en particulier, certaines vanneries qui montrent de l'habileté technique mais aussi du goût: décoration de toits de cases de jeunes gens chez les Coniagui, fourreaux de sabre tressés chez les Bassari, étuis péniens, bracelets de paille, etc. Les tabatières de bambou gravées des Coniagui sont réputées : certains hommes les décorent de motifs géométriques parfois mêlés à d'intéressantes représentations d'hommes et d'animaux. Danse et musique sont peut-être plus variées chez les Bassari que chez les Coniagui : à côté des tambours à deux peaux de longueurs et de sons différents, les principaux instruments de musique sont des trompes traversières, des flûtes traversières et des sifflets dans les deux populations, des racleurs et des hochets sonnailles faits de calebasse et de sabots d'antilopes chez les Bassari, des vielles, des harpes arquées, des cithares sur bâton et des clarinettes traversières chez les Coniagui.
Notes
1. Il s'agit d'un plan très schématique du village d'Uryakan, pendant la saison des pluies, en 1946. Nous nous réservons de publier plus tard des renseignements plue précis sur l'orientation et la dimension des parcelles des villages Coniagui.
2. Cet instrument, venu du Badyar, est d'importation récente chez les Coniagui. Mais ceux-ci utilisent aussi pour le même usage, et depuis longtemps, une lame de bois fixée dans le prolongement d'un long manche de bambou.
3. Les indigènes de la région parlant français appellent « haricot » la dolique Vigna Catjang et « arachide noire » ou « dolique » diverses variétés de Voandzeia subterranea Thouars (?) ou de Kerstingiella geocarpa Harms (?). Cette confusion se retrouve dans les rapports de la subdivision de Youkountoun (cf. pp. 24 et 26).
4. Maïs, haricot, etc.
5. Cf. note p. 23.
6. Fula et Bassari habitant un même canton sont ici réunis.
7. Voandzeia ? Cf. note p. 23.
8. La traite a été à son maximum cette année-la, du 1er au 15 janvier. Terminée fin avril, elle n'a donné pendant le mois d'avril, qu'une dizaine de tonnes pour l'ensemble de la subdivision, atteignant finalement le chiffre total de 2.097 t. : mais ce chiffre comprend la production du riche canton du Badyar, bien plus importante que celle des cantons Coniagui et Bassari.
9. Ceci change rapidement : depuis 1949, des boutiques se sont ouvertes, par exemple en pays Bassari à Doïdoï.
10. Esprit qui préside aux cérémonies d'initiation, cf. p. 61.
11. Par échange avec les Fula, cf. p. 28.
12. Des animaux ainsi offerts aux puissances surnaturelles, une très petite partie, le plus souvent, est en réalité abandonnée sur l'autel, le reste est mangé par les assistants (cf. p. 73).
13. M. de Lestrange, 1952, c.
14. Ces chiffres, comme tous ceux cités ici, s'entendent en francs C. F. A. (1 franc C.F.A. valant 2 francs métropolitains) de 1949.
15. Instituée par l'administration française, elle avance aux cultivateurs des semences qu'ils doivent ensuite rembourser à la récolte.
16. Terme qui n'est ni Coniagui ni bassari.
17. Terme désignant à travers toute l'A.O.F. un large vêtement flottant.
18. Aheker: non initié, falug : Jeune homme récemment initié , dyarar : jeune adulte, cf. pp. 61 et 63
19. Nous nous sommes inspirée pour la classification des techniques ci-dessous des ouvrages de Mauss (Manuel d'ethnographie, Paris, Payot, 1947) et de Leroi-Gourhan (Evolution et technique, Paris, Albin Michel, L'homme et la matière, 1943 ; Milieu et techniques, 1945).
20. Un gardénia (probablement G. Jovis-tonantis Hiem.).
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Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.