Le Lynx. N° 370 - 26 avril 1999
Le Président de la chambre de commerce d'industrie et d'artisanat de Guinée (CCIAG), Elhadj Ousmane Baldé dit « Sans loi », a échappé de justesse à un attentat le mercredi 21 avril à 14 h45 aux abords du marché Niger à Kaloum. Une grenade défensive de l'armée qui a dû s'évader d'un magasin, a été lancée dans la grosse Isuzu Trooper MG 1354 A, que conduit Sans Loi.
Certainement avec permis et carte crise La grenade qui n'avait pas été dégoupillée 4x4 n'a pas explosé.de source policière,on indique que la cuiller de cette grenade a été cassée au moment où elle devait être dégoupillée. Ce qui a permis à Sans loi, son chauffeur Ismaėl et El Hadj Taïré Diallo, le chef de cabinet et « conseiller » technique principal d'en sortir indemnes pour continuer de manger à la fourchette. Voilà toute la chance des trois occupants.
Dans la matinée du mercredi 21 avril, Sans Loi avait divers rendez-vous à Kaloum. Il devait, paraît-il, voir successivement les ministres de l'Urbanisme et de l'Habitat, de la Sécurité, des Mines et Géologie.
Quand il a naturellement râté ces rendez-vous, Elhadj Baldé pique tout droit vers la BIG (Banque Islamique de Guinée). Il y entre galamment, son chauffeur range la 4x4 dehors. arrive quelqu'un au niveau de la voiture de Sans Loi qui range sa Camry à côté et demande après le propriétaire de la grosse cylindrée. « Il est à la banque » réplique le chauffeur. Le conducteur attend un peu avant d'être rejoint par un autre, qui arrive à pied.
— « Tu l'as vu? »
— « Pas encore. » Le second disparaît. Le premier rejoint sa voiture. Sort El Hadj Sans Loi suivi de El Hadj Taïré. Les deux turbans s'installent dans l'Izuzu. Côte à côte, sur la banquette-arrière. Taïré à gauche, Sans Loi à droite. Le chauffeur démarre.
C'est au carrefour de l'Immeuble Sall que les sales affaires ont commencé. Le chauffeur de Sans Loi et El Hadj Taïré signalent à Sans Loi que quelqu'un klaxonne derrière. Certainement pour un petit bonjour. Peu avant le carrefour BICIGUI, le conducteur de la Camry arrive à la hauteur de la grosse cylindrée de Sans Loi, effectue un léger dépassement en biaisant, obligeant ainsi le chauffeur de l'Izuzu à s'immobiliser. La Camry effectue une marche-arrière rapide, arrive à la hauteur des passagers de l'Izuzu et refait les signes. El Hadji Taïré baisse la vitre avec la permission de son chef. Juste pour voir quelque chose passer furtivement devant lui. L'objet atterrit sur les genoux de Sans Loi. Qui le renvoie sur le champ. L'objet repasse devant Taïré et atterrit sur la chaussée. El Hadj Sans Loi a pensé à un mauvais sort qu'on venait de lui rejeter. C'était une mauvaise grenade. Les premiers cris sont venus de la rue. « C'est une grenade ! C'est une grenade ! » La panique s'empare des gens qui commencent à courir de partout. La Camry démarre en trombe. Dans l'Izuzu, El Hadj Taïré se redresse juste pour apercevoir la plaque d'immatriculation et… relever le numéro RC 1811 F ainsi que la couleur blanche de la chemise de l'assaillant. Celui-ci roule en direction de Tombo. « Il n'a pas fui, il nous a suivis jusqu'au niveau du siège des sapeurs pompiers à Tombo. Il était habillé en chemise blanche ». Une fois à son bureau, Sans Loi tente d'entrer en contact avec les hommes de loi. Il tombe sur Fodé Sylla, Directeur général de la police. Celui-ci met en branle les vrais dés qui bloquent la circulation. Le soir de ce même mercredi 21 avril, l'assaillant est coincé. Il s'agit du Lieutenant Tibou Seth Camara. Il avait déjà changé de chemise. Sur les raisons de cette tentative de meurtre, la haute hiérarchie policière semble très prudente : « L'enquête est ouverte. Elle suit son cours. Quand nous aurons les éléments vrais, nous vous tiendrons au courant. D'ici là nous n'anticipons rien. Je ne peux pas vous dire s'il (l'agresseur NDLR) est arrêté ou pas. Le moment venu, vous serez avertis. Cent commentaires ! Sans Loi, aussi.
Barry Ibrahima Sory
L'agresseur d'El Hadj Baldé semble être un homme connu dans certains milieux. A la CCIAG, les commentaires allaient bon train après l'attentat manqué:
« Dès le matin, un monsieur était là, à la recherche du président de la chambre. Lorsque nous avons compris qu'il proférait des menaces nous l'avons empêché d'entrer. Il s'appelle Tibou Seth Camara militaire et lieutenant de l'armée. Il suait à grosses gouttes ».
Barry Ibrahima Sory
Le 21 avril les vendeurs du marché Niger ont été paniqués.
Qui a jeté la bombe en ce lieu? Personne ne le sait. La découverte du colis encombrant a coïncidé avec le passage d'une Isuzu Trooper immatriculée MG 1354 A. Et, les mauvaises langues ont vite conclu que les poseurs de la grenade seraient les gens qui étaient à bord de la Toyota. Mais il s'est trouvé que les occupants de la voiture n'étaient autres que Ousmane Baldé « Sans loi », son chauffeur Ismaïla et Tayiré Diallo son chef de cabinet. Alors, la thèse change : c'est « Sans Loi » qui a été visé : Heureusement que la grenade n'a pas explosé du fait que, la cuillère a lâché… Toujours est-il que, les petits vendeurs se trouvant au bord de la chaussée ont été terrorisés « Nous avons eu très peur parce que, si la grenade avait éclaté, il y aurait eu beaucoup de dégâts et même des pertes en vie humaine», témoigne la jeune dame qui vend de la friperie près du trottoir où l'explosif a été trouvé. Un autre jeune se trouvant près du labo photo d'ajouter « dès qu'ils ont crié fuyez, fuyez, il y a une grenade sur la route, chacun s'est sauvé ». Il a fallu l'intervention de la police routière de Kaloum pour venir enlever la « bombe » sur la route. Mais pour se saisir de l'engin il y a eu beaucoup de tours et contours effectués par le policier pour se rassurer que la bombe ne va pas exploser. Constatant que la cuiller n'a pas lâché, le flic de la routière s'en est saisi pour filer directement vers la Maison Centrale. Avec la découverte de cet engin en plein marché du Niger, tout porte à croire que la pratique d'attentats commence à entrer dans nos moeurs. La dernière fois, c'est le centre culturel américain de Conakry qui a été visé par les poseurs de bombe. A cela, s'ajoute l'insécurité galopante…
Le Bah Zooka
Après la découverte d'une bombe au centre culturel américain le 12 avril, c'est au tour du marché Niger à Kaloum d'être la cible des bandits, le 21 avril dernier. Il y a eu plus de peur que de mal. Dame Fatou Sylla, vendeuse de friperie explique « c'est deux messieurs qui sont venus à bord d'une voiture Isuzu Trooper de couleur verte métallisée. L'un deux est descendu pour aller vers le labo. Pendant ce temps, l'autre faisait des manoeuvres. Il remonte encore dans la voiture, puis ils se retirent en trombe. C'est ainsi, mon jeune frère Moussa m'a dit, regarde il a posé quelque chose. Avant de savoir c'était quoi, ils étaient déjà parti. C'est ainsi que j'ai crié et demandé d'aller chercher les policiers. Un policier a pris la grenade et est parti avec ». Le policier, c'était M. François Toiro de la sécurité routière de Kaloum. Il explique comment il a ramassé la grenade là-bas. « De la routière, j'ai vu les gens crier: Il y a une grenade là-bas…. C'est ainsi que j'ai garé la moto, je me suis rapproché, et bien regardé. J'ai vu le ressort. Si le ressort n'était pas là-bas, ça allait éclater. Je me suis courbé, j'ai envoyé mon pied pour la toucher, après le commissaire de Kaloum m'a autorisé de prendre. J'ai pris, nous sommes allés voir le chef de sûreté. Celui-ci nous a demandé d'aller déposer chez le commissaire central…»
La grenade jetée par les bandits était de type défensif et portait le numéro 37. Selon d'autres témoins, la voiture qui transportait les malfrats avait une plaque rouge, vitre fumée.
A l'analyse de la bombe déposée au centre culturel américain et la grenade jetée au marché Niger, on peut bien se demander que veulent les bandits. Sont-ils des professionnels ou des « apprentis », pour simplement créer la panique? De toute évidence ce genre de banditisme est inédit en Guinée. A la limite, on pourrait bien s'interroger sur la provenance de ces explosifs. Puisqu'à notre connaissance, il n'y a pas d'unité de fabrique de ces engins chez nous. Et puis, cet acte intervient, 72 h seulement après la conférence de presse du ministre de la Sécurité qui avait mentionné l'existence de caméra de surveillance à certains carrefours de la ville. En tout cas, on attend le film de cet événement. Pour savoir qui est derrière cette histoire.
Sanou Kerfalla Cissé
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