Du 19 au 29 octobre, une équipe de presse multimédia a parcouru certaines localités de la Guinée Forestière, pour évaluer la situation des enfants et des femmes dans cette région. Cette mission a eu lieu grâce à un appui de l'UNICEF (le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance).
C'est Kissidougou qui a été la première étape de la mission. Dans cette préfecture où vivent 223.865 personnes, les femmes constituent 51% de la population, et les enfants 26%. Elles s'occupent principalement du petit commerce, de l'agriculture, du maraîchage. Mais l'afflux massif des réfugiés a considérablement porté atteinte à leurs revenus, dégradant ainsi les conditions de vie des enfants. Le taux de mortalité infantile est très élevé (136 pour mille), avec une natalité de 45 pour mille. Le paludisme, des parasitoses aiguës et des infections pulmonaires déciment la couche juvénile. Côté scolarité, l'inégalité entre filles et garçons est criante. Les filles ne sont que 8652 parmi les 24.249 élèves du primaire. Les garçons occupent 5027 places au secondaire contre 862 filles. Malgré les actions des ONG et du gouvernement, les parents refusent encore d'envoyer les filles à l'école. Ces jeunes filles s'occupent des travaux ménagers et du petit commerce dans les rues de Kissidougou. Mais c'est surtout dans les camps des réfugiés que la situation des femmes et des enfants reste déplorable. Dans le camp de Massakoundou, sis à 9km de Kissidougou où vivent 21.728 personnes, les femmes restent confrontées à un manque de financement pour faire fonctionner leurs groupements. Les parents n'arrivent pas à payer les tenues et les fournitures pour envoyer leurs enfants dans l'école du camp.
A Guéckédou, plusieurs ONG oeuvrant en faveur des femmes et des enfants. La situation de ces couches vulnérables de la population est moins dramatique. Cependant, là également la pauvreté frappe femmes et personnes âgées. Curieusement, à Guéckédou, c'est la population locale et non les réfugiés qui reste frappée par une malnutrition aiguë. En tous cas, le centre de nutrition thérapeutique aménagé par “Action contre la faim” enregistre la présence de plus de Guinéens que de réfugiés. Parce que la population déplacée bénéficie de l'aide des ONG tout en partageant les vivres de la population locale qui ne bénéficie de rien. En milieu rural, les enfants autochtones sont aussi exploités par certains parents dans les champs et ce, malgré les actions de Plan-Guinée, “Enfants pour enfants” et autres ONGs oeuvrant pour l'enfance. Beaucoup de jeunes filles contractent des grossesses au cours de leur cycle scolaire. C'est ce qui explique une forte déperdition scolaire, côté filles.
Les jeunes de Macenta souffrent énormément d'un manque criard d'infrastructures et de lieux de loisirs. Pour pallier ce déficit, ils ont malgré tout, développé des activités sportives, culturelles tout en se branchant sur certaines chaînes de télévisions internationales. Les réfugiés qui vivent à Macenta (52.000 recensés par le HCR), pour la plupart des Libériens, semblent abandonnés à eux-mêmes. N'ayant pas pu être rapatriés dans leurs pays d'origine à cause de la fermeture de la frontière guinéo-liberienne, ils ne bénéficient plus d'aucune assistance. Ces femmes et enfants du camp de Daro (10km de Macenta) souffrent énormément. De telle sorte que les femmes louent leurs services dans les familles en ville, à raison de 100FG par jour . Il arrive que des personnes mal intentionnées refusent même de payer ces 100FG. Les jeunes filles se livrent à la prostitution pour une bouchée de pain.
Les zones rurales de Yomou et Lola sont caractérisées par une exploitation abusive des femmes et des enfants dans les champs. Ce sont les braves femmes de ces localités qui effectuent l'essentiel des opérations de labour. Elles soutiennent jusqu'à hauteur de 90% les ménages. Les jeunes filles sont surtout utilisées comme berceuses au moment où les mères effectuent les travaux champêtres.
Au niveau de la commune urbaine de N'Zérékoré les jeunes et les femmes sont associés en plusieurs groupements. C'est le cas notamment de “Jalililah” qui regroupe des femmes s'occupant des maraîcheuses, des balayeuses, teinturières, peintres… Dans l'ensemble, les femmes de la région forestière, dont le revenu a considérablement baissé à cause de l'afflux massif des réfugiés, attendent un coup de pouce du gouvernement et des ONG pour améliorer les conditions de vie des enfants.
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