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Presse écrite


Henri Bédié. — Le chemin de l'exil

La Lance. N° 158 — 29 décembre 1999


La crise politique, sociale et économique qui a secoué la Côte d'Ivoire ces quatre derniers mois a occasionné pour la première fois de son histoire l'arrivée des militaires au pouvoir. Et entraîné le départ du Président Bédié. Depuis le 24 décembre, la Côte d'Ivoire est dirigée par le Général Robert Gueï, ancien chef d'Etat major de l'armée, démis de ses fonctions en 1995. A la tête d'un comité de salut national, le Général Gueï a annoncé plusieurs mesures.

Mais dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 malgré le couvre-feu, les pillards civils et des soldats incontrôlés ont saccagé des boutiques dans certains quartiers d'Abidjan. Pour remédier à cette situation frisant le chaos, la consigne était claire: la fermeté !
Les patrouilles se multiplient a Abidjan. Les suspects sont interpellés. Le Général Robert Gueï, qui continuait de négocier au téléphone avec les autorités françaises le départ rapide du Président Bédié, n'y pas allé par quatre chemins.
— “Vous avez un service de renseignement extrêmement développé. Vous pouvez vous informer en ville, les gens ne sont pas contents. Pourquoi, Bédié n'est-il pas encore parti du pays ? Lui, il peut partir, mais ses ministres vont rester ici. Ça, c'est clair'.
Parlant des opposants au régime de Bédié, le Général Gueï déclare:
— “Nous allons balayer la maison. Mais cette maison, quand elle sera propre, ce sont eux qui vont s'installer. Donc, il faudrait déjà qu'ils soient associés. Ils seront largement associés'.
Côté réactions, l'ONU, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le Canada appellent au respect de la constitution. Le Sénégal a condamné le coup d'Etat, le Nigeria et l'Afrique du Sud réclament le retour au pouvoir du président Henri Konan Bédié.
La France a décidé d'envoyer des renforts militaires en Côte d'Ivoire pour, dit-elle, sécuriser ses ressortissants. Ce que Robert Gueï a catégoriquement refusé. Le Général affirme haut et fort qu'il veut rétablir l'autorité de l'Etat et instaurer une démocratie réelle. Désormais à la tête d'un Comité de salut public de 10 militaires, le Général entend prendre contact avec les opposants et constituer rapidement un gouvernement de large ouverture.
Le FPI, l'une des principales formations politiques de la Côte d'Ivoire s'est félicité du fait que le nouveau pouvoir ait annoncé son intention de créer les conditions nécessaires d'une vraie démocratie en vue d'organiser des élections libres et transparentes. Et d'engager des actes concrets pour la constitution d'un gouvernement de large consensus. Idem pour le RDR, par la voix de son porte parole par intérim. M. Abdou Touré, qui s'est félicité également du fait que la prise du pouvoir par le Comité national de salut public se soit opérée sans effusion du sang, de la libération des membres de sa direction et de nombreux militants qui avaient été, dit-il, arrêtés et emprisonnés arbitrairement. Même le bureau politique du PDCI-RDA (parti du président déchu) a publié un communiqué abondant dans le même sens que le FPI et le RDR.
C'est finalement le 26 décembre vers 11h, que Henri Konan Bédié, en compagnie de son épouse et de ses enfants a quitté la Côte d'Ivoire pour le Togo. Une page de l'histoire de ce pays est tournée. C'est ça aussi l'Afrique "des pleurer-rire".
Aux dernières nouvelles, l'ex-Président ivoirien, provisoirement installé dans une suite de l'hôtel du 2 février de Lomé, s'est envolé le lundi 27 décembre pour Abuja, pour un entretien avec le chef de l'Etat nigérian.

Sanou Kerfalla Cissé


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