La Lance. N° 158 — 29 décembre 1999
Le procès des présumés auteurs du scandale financier de la compagnie Friguia a débuté le 22 décembre au Tribunal de Première Instance de Conakry I. C'est Madame Paulette Kouroumah qui préside ces assises qui ont enregistré la présence du public, des avocats des parties (civile et défense) et de M. Saïkou Yaya Baldé, représentant le ministère public.
Ce procès a pour but de faire la lumière sur la destination des 1 563 000 000 francs guinéens qui ont disparu entre la Friguia et la Direction Nationale des Impôts. Les principaux accusés sont :
Pour la journée du 22 décembre, c'est M. Malal Baldé qui a comparu pour répondre des faits qualifiés de "détournement de deniers publics avec faux et usages de faux" retenus contre lui et les membres du groupe.
L'accusé a commencé par affirmer ne pas reconnaître les délits qui lui sont reprochés. Sur les faits, M. Malal affirme que tout a commencé lorsque son chef hiérarchique, M. Dicko l'a convoqué un jour dans son bureau pour lui faire part de certaines pressions qui s'exerçaient sur lui.
"Une autorité fait pression sur moi afin que je trouve des sous pour le financement des activités d'un parti politique. Il faut que tu essaies de localiser une ligne de crédit pour nous".
Il précise même que ce parti dont les activités sont à financer n'est autre que le PUP, le parti au pouvoir. Sur place, M. Malal aurait fait savoir à son chef qu'aucune ligne de crédit n'est disponible pour faire face à de tels cas. Mais, quelque mois après, le besoin se faisait toujours sentir. C'est ainsi que Malal, après investigations, aurait fait savoir à M. Dicko que Friguia doit des arriérés de plus d'un milliard à la Direction Nationale des Impôts. Après les démarches, c'est M. Malal qui serait parti encaisser deux chèques à Friguia. Un premier de 600 millions et un second de 463 millions. Le chèque de 600 millions a été affecté à deux sociétés écrans : La SICODIS a empoché 360 millions, la SOGUITRAT 240 millions. Le montant de 463 millions est resté à Friguia. Pourquoi ? M. Dicko a reconnu à la barre que ce montant servait à intéresser la haute hiérarchie de Friguia. Sur le même montant de 1 063 000 000 de francs, il semble que le ministre Kassory Fofana a reçu 200 millions par l'entremise de son chauffeur, qui était venu prendre la somme. Et il est resté, selon M. Dicko, la somme de 150 millions de francs guinéens qu'il reconnaît avoir gardé à son niveau. De cette somme, il aurait pris l'initiative de dépenser 40 millions pour le fonctionnement de la Direction des Impôts, 10 millions comme cadeaux aux deux sociétés-écrans. M. Dicko affirme avoir partagé les 100 millions restants, avec ses deux collaborateurs, M. M. Malal et M. Sako. Lors de son passage à la barre, M. Dicko n'a pas nié avoir ordonné à Malal de localiser cette ligne de crédit. A la question de savoir pourquoi il a donné cet ordre, il répond:
C'est mon ministre M. Kassory qui m'avait dit de chercher de l'argent pour le financement d'un congrès que le PUP s'apprêtait à organiser. C'est en ayant analysé la portée de la demande que j'ai accepté d'obéir.
Accusé d'avoir délivré de fausses quittances, Baba Sako s'est aussi défendu :
"Lorsque mon chef, Malal Baldé, m'a dit que c'est le PUP qui a besoin d'argent, je ne pouvais pas discuter. Sinon, je n'ai pas l'habitude de délivrer de quittance sans avoir enregistré le chèque. Mais dans ce cas précis, j'étais très petit dans le maillon. Je ne pouvais qu'obéir."
A la demande de certains avocats, le tribunal a opté pour la confrontation. Les accusés, M. Malal et M. Sako ont nié avoir bénéficié du moindre sous dans l'affaire :
"Des 100 millions, nous n'avons perçu aucun sou contrairement à ce que fait croire M. Dicko".
Au moment on vous lisez ces lignes, les assises devraient se poursuivre par l'audition de M. Bocar Ly l'ex-secrétaire général de Friguia.
Abou Bakr
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