La Lance. N° 157 — 22 décembre 1999
Paris. Présence Africaine. 1997
Le grand romancier, retourné en Guinée pour la vivre, la sentir, la contacter après un long exil, et avec la romance socio-apocalyptique qu'on lui connaît, dans une dédramatisation du drame renouvelé, vous entraîne dans les lieux et moments où parfois, mais souvent, ses compatriotes essaient de donner un goût sucré, une allure merveilleuse à une vie quotidienne mélancolique.
Et, comme s'il s'agissait de la conséquence d'un mauvais départ, Sassine situe ces événements le premier jour de travail de la semaine: un lundi, jour au cours duquel il lynxassassinait la société. Toujours dans les débuts conflictuels, un albinos se souvient et tente de noyer dans des relations interdites la marginalisation dont il est victime vis à vis de la société. Relations amoureuses délictueuses, mais délicieuses à son goût.
Toujours prêt à jouer des tours à ses lecteurs, Sassine vous projette au bord de l'apocalypse conjugal pour atterrir dans une tolérance maritale complice. Autant de situations ressuscitant la mémoire d'une peau incomprise par la société : celle d'un albinos. Un homme au croisement de plusieurs malentendus tente d'assumer au milieu d'une humanité peinte dans ses faux-fuyants, ses semblants, sa cruauté, mais aussi ses refuges mielleux que les normes sociales interdisent. Mémoire d'une peau, c'est la remontée dans les ultimes souvenirs d'un homme qui, face aux normes sociales qui l'avaient excluent, s'était trouvé un espace de bonheur, propre à lui.
Albert Roy
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