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Presse écrite


Internet pour tous

La Lance. N° 153 — 8 décembre 1999


.com .net .fr .gn (lisez: dot-com, dot-net point-fr point-gn). Ce sont là les codes dont la fréquence discursive sera la plus élevée en ce bientôt troisième millénaire. Mais où en sommes nous en Guinée pour ne parler que de nous? Nous avons l'un des plus faibles taux de connexion dans la sous-region.
Internet, c'est un moyen de communication, un réseau de communication offrant un certain nombre de services, des échanges d'informations à différents usages. Ceux qui y naviguent déjà, peuvent constater cette diversité de sites. Des plus recommandables aux plus obscènes. Pour ce deuxième cas, Internet représenterait un danger pour l'ordre public. En quoi ? Karl Marx (n'ayons pas peur des auteurs) signifiait que lorsque les idées s'emparent des masses, elles deviennent des forces motrices. C'est-à-dire qu'elles provoquent l'action. Sur Internet, naviguent des textes et des images qui défient le temps et l'espace. D'où l'on peut agir au nom de l'Internet. A ce titre, l'extension d'Internet à un large public dans notre pays où la priorité reste le développement, pose le problème de savoir quelle information atteindre pour accélérer le transfert des idées, disons des technologies pour épauler, propulser le développement. En somme faire d'Internet un service public. Certes, chaque innovation apporte ses difficultés sui generis.
Cependant il n'est pas dit qu'il faille se laisser emporter. Il y a là d'excellentes pistes d'expérience pour faire en sorte que les mass- médias aînés d'Internet mettent un bémol aux ravages de celui-ci. En attendant, tout en promouvant le droit du public à l'information, on peut exercer le droit qu'a l'Etat de protéger les citoyens contre toute forme de manipulation. En cela, l'utilisation de logiciels de filtrage aux frontières de la partie guinéenne du réseau pourrait être intéressante. Cela dit, Internet présente plusieurs avantages. Mais en voulant en faire un service public, le problème de coût se pose. Pour certains, comme l'éducation, Internet ne doit pas être gratuit. Car cela banaliserait ce multimédia, au point de ne susciter qu'un faible engouement à la fin !
Pour nous autres Africains, Internet reste aussi un soutien à la démocratie. Il renforce la citoyenneté en permettant à chacun d'être producteur d'information, en exprimant ses idées pour participer à un débat, fut-il international ou mondial si on préfère. Dans cette position tout en respectant la législation en vigueur, chaque internaute pourra être son propre responsable éditorial. Faut-il préciser à ce niveau qu'Internet, qui apparaît comme un espace de non-droit, relève du juge du lieu où l'infraction aura été commise ? Il s'agira simplement d'adapter à cette nouvelle forme de communication les aspects de la législation qui doivent l'être.
Mais, revenons à la réalité de nos jours et de notre espace continental. Certains chiffres qui peuvent avoir évolué au moment où nous écrivons ces lignes, attestent que l'Afrique et la Guinée paraissent comme des parias de ce nouveau moyen: 26,6% de la population des Etats Unis d'Amérique sont connectés sur Internet. En Asie du sud-est 0,4%, en Afrique Sub-Saharienne 0,2%. Mais avant d'en arriver là, il faut dire que l'Afrique est au stade des préalables, entre autres:

Avec tout cela on peut revenir à la question du départ mais cette fois-ci en termes d'échéance; Quand les Africains en général et les Guinéens en particulier, seront-ils massivement sur Internet? Quand pourront-ils massivement émigrer virtuellement à travers le monde à la quête du savoir pour se développer et franchir pour commencer l'étape des besoins de première nécessité nourriture, logement, habillement? Cela peut paraître étonnant mais cette étape n'est pas encore révolue... Alors servons-nous d'Internet pour franchir des siècles à la vitesse cybernétique. Cela pourra permettre, par voie de connexion, d'augmenter entre autres la production de matière végétales comme l'anacardier, le riz; des infos météo, commerciales, et tant d'autres choses permettant de ne pas être à la traîne par un transfert de technologie pour un meilleur savoir-faire.

Jean Raymond Soumah (CNC)


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