La Lance. N° 155 — 8 décembre 1999
Suite à la grève des médécins qui a débuté le lundi 6 décembre, nous avons rencontré le ministre de la Santé, M. Kandjoura Dramé.
La Lance : M. le ministre, les travailleurs de la santé sont encore en grève…
Kandjoura Dramé : Ce matin, nous avons constaté des absences dans les services. Il y a deux choses que je voulais signaler. La première, c'est que depuis juillet, la fédération syndicale de la santé est en discussion avec une commission interministérielle avec l'arbitrage de l'inspection générale du travail au niveau du ministère de la fonction publique. C'est le 12 novembre qu'ils ont écrit au ministre de la fonction publique pour indiquer les problèmes qu'ils avaient avec l'inspection du travail. En fait, la réunion avait avorté. Pour eux, c'était une manifestation du report de l'examen du dossier du statut particulier que revendiquait la fédération. J'ai pris soin d'inviter leur secrétaire générale avec un autre de la fédération. On les a reçus en conseil de cabinet pour en savoir un peu plus, parce qu'ils nous ont remis une copie de la lettre qu'ils avaient adressée au ministre de la fonction publique. Les explications que la secrétaire générale a données n'étaient vraiment pas de nature à rompre une discussion. Je lui ai dit que cela peut arriver. On peut convoquer une réunion à 10h et avoir un empêchement de dernière minute. Mais tant qu'on n'a pas revu l'intéressé, on n'a pas vu les autres, on ne peut pas déjà préjuger, ni indiquer que c'est une fuite en avant. Dans cette lettre, ils indiquaient que s'il n'y a pas quelque chose jusqu'au 5 décembre, le 6 ils vont partir en grève. C'est le seul papier que nous avons reçu.
Qu'est ce qu'ils revendiquent au fond ?
C'est le statut particulier. Il y a bien d'autres choses. Donc le 6 décembre on a constaté des absences dans certaines formations sanitaires. Dieu merci, la majorité des travailleurs quand même a bien compris les explications que le département avait données, également a fait preuve de responsabilité, en tenant compte de la situation que le pays traverse. Egalement des efforts du gouvernement. Il n'y a pas longtemps, on a augmenté les salaires de tous les travailleurs. Ce qu'on a pu constater, c'est que la majorité se trouve au service. A Donka par exemple, il y avait une présence à peu près de 55%. Pour Ignace-Deen, je n'ai pas tout à fait les statistiques. Mais tous les services ont fonctionné. La présence devait être dans le même ordre d'idée. On est rentré en contact avec plusieurs préfectures. A Kindia, il y a quelques perturbations, l'absence était assez remarquée à l'hôpital à 9h. Mais les autorités préfectorales prenaient des dispositions et je suis sûr qu'à l'heure qu'il est, les gens ont dû reprendre le travail. Dans les autres préfectures avec lesquelles on est rentré en contact, que ce soit Kankan ou N'Zérékoré, il n'y avait pas de perturbations, les gens ont travaillé normalement. C'est le point de la situation. Par rapport au dossier lui-même, la fédération travaille avec la commission, donc elle connaît très bien quel est le niveau d'avancement, étant donné qu'ils n'ont pas fini de se mettre d'accord sur les grandes lignes des revendications des travailleurs de la santé, on se demandait pourquoi on peut déclencher un mouvement de grève.
Vous voulez dire qu'il n'y a pas eu de préavis ?
Je n'ai rien reçu, ni de préavis ni d'avis. C'est dans une lettre adressée au ministre de la fonction publique en novembre qu'ils ont dit que s'il n'ont rien, en décembre ils iraient en grève. Ce n'est pas un acte d'avis de grève. Dans un mouvement syndical, il y a des procédures à suivre avec lesquelles on doit travailler. Quoi qu'il en soit, les gens sont de la fonction publique, mais ils sont mis à la disposition du ministère de la santé. Par rapport à la concertation, le secrétaire général du ministère a essayé de joindre la fédération syndicale. C'était le jeudi mais en vain. La secrétaire générale de la fédération un moment, a posé le problème de déplacement. Le secrétaire général lui a envoyé son propre véhicule, pour rechercher les camarades et de venir à la réunion. Il a attendu ici jusqu'à 18h30 il n'a vu personne. Donc, c'est une volonté délibérée de semer des troubles et il n'y a aucune revendication objective dans cette affaire. De toutes les façons, tous ceux qui ne se sont pas présentés alors qu'ils n'ont pas de motif à le faire, ils vont tirer les conséquences de leur acte. Nous ne sommes pas en rupture, de dialogue donc on n'est pas dans une position où le syndicat peut amener des travailleurs à la confrontation, à la grève. En mai et juin, le département a pris soin d'informer largement tous les travailleurs sur la réalité des faits. Parce que ce qu'on constate, c'est la manipulation pure et simple, de l'intimidation.
Qui les manipule selon vous ?
C'est certains syndicalistes, des gens qui sont à la retraite et qui se disent encore représentants des travailleurs de la santé. Je ne peux pas comprendre comment dans une fédération syndicale des travailleurs à la retraite depuis trois ans peuvent se proclamer représentants des travailleurs. Dans la fédération syndicale de la santé sur 15 les 11 sont des retraités. De toutes les façons, nous allons avoir une réunion en fin de journée pour tirer les leçons et faire le point de la situation sur ce qui s'est passé dans les formations sanitaires en réalité, et de la situation des malades…
Propos recueillis par Bamba Bakary Gamalo
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