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Presse écrite
La Lance

N° 117 du 17 mars 1999


Interview de El Hadj Biro Diallo, Président de l'Assemblée Nationale

El Hadj Biro Diallo, Président de l'Assemblée Nationale" Ce serait une insulte au peuple de démissionner parce que j'ai des difficultés".

La Lance : Pourquoi le report de l'ouverture de l'Assemblée nationale?
El Hadj Biro Diallo: C'est parce que le budget n'a pas été déposé à temps.

La session reprend pendant que certains députés sont en prison
Oui ! Nous avons étudié le problème. L'Assemblée nationale va trouver les voies et moyens de faire face à la situation.

La Guinée semble être le pays qui compte le plus de députés détenus sur le continent
Je ne peux pas vous l'affirmer… Je sais ce qui se passe ici. Je ne sais pas ce qui se passe ailleurs.

Dans l'esprit de beaucoup de citoyens, l'hémicycle est actuellement dévalué.
Non ! l'hémicycle n'est pas déprécié par l'opinion nationale. Au contraire nous, nous pensons que l'opinion nationale apprécie parfaitement ce qui se passe ici.

Le PUP connaît en ce moment une crise. Où en êtes-vous justement avec votre différend ?
Moi, je n'ai pas eu de différend avec le PUP. J'ai été attaqué par le secrétaire général du PUP. Je ne considère pas que ce soit le PUP qui soit en cause avec moi. Le PUP ne peut pas avoir un différend avec moi.

M. Somparé n'a pas été tendre avec vous
Je n'ai rien à dire là-dessus. Cela dépend de lui. Je ne sais pas pourquoi il n'a pas été tendre. Moi, cela ne me dit absolument rien !

Selon des observateurs, votre différend avec M. Somparé a porté un sacré coup au PUP lors des présidentielles à Mamou.
Non, le secrétaire général a fait sa déclaration bien avant la présidentielle.

Beaucoup pensent que vous êtes un incompris
Posez la question à ceux qui pensent ainsi.

Vous avez dénoncé la pratique de la torture en Guinée, cela vous a coûté des inimitiés au sein de votre parti. Serez-vous capable de rendre le tablier de président de l'Assemblée nationale, si le malaise persiste ?
Je pense que c'est une question superflue. Si on m'en a voulu à cause des vérités que je n'ai pas inventées, c'est là qu'il y a eu l'incompréhension. J'ai relevé ce que les militaires ont subi comme torture. Qu'ils ont indiqué à la barre, à la justice. En tant que représentant du peuple, j'ai considéré que c'était anormal et qu'il fallait porter cela à la connaissance du chef de l'Etat. Pour lui demander de passer par tous les moyens pour y mettre fin. Je suis-là en tant que président de l'Assemblée nationale, je ne pense pas être aussi irresponsable. Je ne suis pas nommé par décret, j'ai été élu par le peuple. Ce serait faire une insulte au peuple que de rendre le tablier parce que j'ai des difficultés. Les difficultés sont inhérentes à l'action.

Votre sentiment sur la nomination de Me Lamine Sidimé comme premier ministre ?
Je n'ai absolument rien à dire là-dessus…

Pensez-vous qu'en tant que professionnel du droit, la torture va connaître un recul dans notre pays avec lui ?
(Silence méditatif !).

Votre position sur "l'affaire Alpha Condé"?
C'est la même position avec les autres qui sont détenus. Il y a quatre à Kankan. J'ai cherché à prendre contact avec eux à Kankan, j'ai réussi. Je cherche à prendre contact avec Alpha Condé, si je réussis c'est tant mieux. Mais je ferai mon devoir.

Peut-on s'attendre à un réel progrès de l'Etat de droit dans notre pays ?
Vous êtes mieux placé que moi pour le savoir, parce que vous êtes journaliste. Vous êtes dans tous les milieux. Vous constatez ce qui se passe. Ce que vous pensez de l'Etat de droit en Guinée, croise ma pensée…

Il parait qu'à l'occasion de l'ouverture de la session vous avez écrit un discours qui va déranger encore. Alors, on aurait reculé la date d'ouverture pour vous amener à vous taire…
Posez cette question à ceux qui tiennent ce langage. Moi, je ne sais même pas si j'ai écrit un discours ou pas.

Propos recueillispar Benn Pepito