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Presse écrite
La Lance

N° 148 — 20 octobre 1999


Conakry. La grève se poursuivra-t-elle ?


Dans la banlieue de Conakry les élèves n'ont pas repris les cours le 15 octobre. Malgré la déclaration des ministres en charge de l'éducation et les commentaires de "Kibaro" à l'ORTG. Au contraire. Les manifestants exigent la diminution des tarifs de transport augmentés le 7 octobre, suite au rajustement des prix des produits pétroliers à la pompe. Par ce refus de reprendre les cours, les élèves entendaient, dit-on attirer l'attention de l'opinion nationale et internationale sur la mort de deux citoyens dont un des leurs, tués par des forces de l'ordre pendant la manifestation du 11 octobre. Aussi, voulaient-ils manifester devant le chef de l'Etat qui rentrait ce jour d'une mission de l'étranger, en Asie.
Mais les forces de l'ordre, présentes toujours dans les écoles depuis le début des mouvements, se sont déployées pour empêcher tout rassemblement.
Et c'est au lycée Donka que les mouvements ont pris des tournures inquiétantes. Lorsque les hommes en tenues ont débarqué dans la cour en leur faisant humer du gaz lacrymogène, assaisonner de coups de gourdins. C'est le sauve qui peut. Des élèves seront arrêtés et molestés à souhait. A Donka, le bilan de cette descente est élogieux. Des manifestants en particuliers, les filles ont tout abandonné dans les classes (sacs, cahiers, stylos sandwiches...). D'autres élèves se plaignent d'avoir perdu de l'argent et des colliers dans cette pagaille. En réponse, les élèves aussi auraient opéré une descente dans les rues.
Nous les avons vu braver les forces de l'ordre au niveau d'une station service à Dixinn. Quand les forces de sécurité utilisent les gaz lacrymogènes pour disperser la marche, les élèves se servaient de pierres pour répliquer. C'est à peine croyable. Mais cet épisode, nous l'avions vécu à Dixinn. Avant de continuer vers Kenien. Au niveau des passerelles de l'autoroute. Un petit char était stationné-là. Tout autour, des militaires qui cherchaient à manger . A Bonfi, c'était le calme total. Point de marché. Les magasins étaient fermés. Les élèves en tenue scolaires et des militaires se dépassaient tranquillement. On avance vers la routière. Un impressionnant dispositif de sécurité (fourgonnettes, policiers…) Plus loin, au Lycée Matam, point d'élèves. Les pierres jonchaient ça et là. Des policiers et des militaires remplaçaient les élèves. Du rond point Constantin à Madina, ont est frappé par le mouvement d'un petit monde inhabituel. Les magasins étaient fermés. Taxi et minibus "Magbana" se faisaient de plus en plus rare. Au marché Madina coté autoroute, c'est le silence de mort. On pouvait s'offrir le luxe d'un petit sommeil. Avec la bénédiction de la citerne d'eau chaude qui était rangée au beau milieu du carrefour. L'autoroute, c'était un peu la désolation. Plutôt on était désolé. Aucun moyen de transport. Une haie humaine qui attendait. Des élèves et des loubards.
Quand nous allions mettre sous presse, les autorités et les opérateurs économiques venaient de trouver une solution pour ramener les élèves en classe. Il a été demandé aux étudiants et élèves en tenue de payer 100 Francs Guinéens dans les "Magbana". Pour les taxi, rien n'a été arrêté.

Sanou Kerfalla Cissé