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Presse écrite
La Lance

N° 151 — 10 novembre 1999


De l'électricité dans l'air…


La commission parlementaire mandatée pour enquêter sur la problématique des prix de l'eau, de l'électricité et du téléphone a fini son rapport. Mais il semble être classé secret. Personne ne doit l'auditionner hormis nos honorables députés. A l'occasion de la plénière convoquée le 5 novembre pour l'examen de ce dossier, les députés ont failli en venir aux mains. Il y a eu deux camps qui se sont formés. Certains ont souhaité la plénière. Les membres de ce groupe ont eu à démontrer que ce rapport ne devrait s'adresser en priorité qu'à la population parce que c'est elle qui croule sous le poids des factures exorbitantes. Mais le groupe qui a soutenu le huis clos n'était pas majoritaire. Ceux-ci ont estimé que seuls les députés ont le droit de savoir. Certains sont même allés jusqu'à plaider pour que soit interdite toute publication du contenu de ce document. Mais que cache-t-on en réalité, pour que des esprits s'échauffent à ce point? Mystère. La seule explication donnée est qu'il ne faut pas publier ce rapport avant que l'ensemble des députés ne l'auditionnent pour en extraire ce qui pourrait être gênant. Cette hypothèse a aussitôt été contredite par les membres de la commission qui reconnaissent avoir mis tout le sérieux dans la démarche qui a abouti à la conclusion.
El Hadj Biro Diallo, président de l'Assemblée Nationale, a dû faire recours au vote. Le huis clos a pris le dessus. Les spéculations ont commencé et l'on s'est interrogé sur la fiabilité de ces enquêtes. Des voix, faisant état d'éventuels arrangements à certains niveaux, se sont élevées. D'autres ont même estimé qu'il serait aberrant de confier un travail d'enquête d'une pareille importance à des députés qui ont des arriérés de facture dans les sociétés qu'ils ont mission d'inspecter. Parce qu'il semble qu'ils sont légions nos députés qui ne paient pas correctement leurs factures. Mais tout ça n'est que rumeur. Le fait le plus bizarre cependant est que les copies de ces rapports n'ont été distribuées qu'aux présidents de commission qui étaient chargés de les faire lire (à tour de rôle) aux membres. Pourquoi cette restriction? On a parlé de manque de moyens. Le rapport est volumineux. Le budget du parlement est anémié. Cet argument n'a pas convaincu les députés qui souhaiteraient la transparence dans la gestion de la dite commission.

Abou Bakr