Permanence nationale dans les années 60, orné de
l'Elephant, sigle du PDG-RDA.
Avant le séminaire de Foulaya et l'usurpation subséquente par Sékou Touré, à partir de 1963, ce fut le siège de la direction collégiale du Parti. Rénové, ce bâtiment est devenu le ministère
de la Jeunesse et des Sports.
Le parti politique dans beaucoup de régions africaines aujourd'hui indépendantes connaît une inflation terriblement grave. En présence d'un membre du parti le peuple se tait, se fait mouton et publie des éloges à l'adresse du gouvernement et du leader. Mais dans la rue, le soir à l'écart du village, au café ou sur le fleuve, il faut entendre cette déception amère du peuple, ce désespoir mais aussi cette colère contenue.
Le parti, au lieu de favoriser l'expression des doléances populaires, au lieu de se donner comme mission fondamentale la libre circulation des idées du peuple vers la direction, forme écran et interdit. Les dirigeants du parti se comportent comme de vulgaires adjudants et rappellent constamment au peuple qu'il faut faire « silence dans les rangs ».
Ce parti qui s'affirmait le serviteur du peuple, qui prétendait travailler à l'épanouissemnet du peuple, dès que le pouvoir colonial lui a remis le pays, se dépêche de renvoyer le peuple dans sa caverne. Sur le plan de l'unité nationale le parti va également multiplier les erreurs.
C'est ainsi que le parti dit national se comporte en parti ethnique. C'est une véritable tribu constituée en parti. Ce parti qui se proclame volontiers national, qui affirme parler au nom du peuple global, secrètement et quelquefois ouvertement organise une authentique dictature ethnique. Nous assistons non plus à une dictature bourgeoise mais à une dictature tribale. Les ministres, les chefs de cabinets, les ambassadeurs, les préfets sont choisis dans l'ethnie du leader, quelquefois même directement dans sa famille. Ces régimes de type familial semblent reprendre les vieilles lois de l'endogamie et on éprouve non de la colère mais de la honte en face de cette bêtise, de cette imposture, de cette misère intellectuelle et spirituelle. Ces chefs de gouvernement sont les véritables traîtres à lAfrique car ils la vendent au plus terrible de ses ennemis : la bêtise.
Cette tribalisation du pouvoir entraîne on s'en doute l'esprit régionaliste, le séparatisme. Les tendances décentralisatrices surgissent et triomphent, la nation se disloque, se démembre.
Le leader qui criait : « Unité africaine » et qui pensait à sa petite famille se réveille un beau jour avec cinq tribus qui elles aussi veulent avoir leurs ambassadeurs et leurs ministres; et toujours irresponsable, toujours inconscient, toujours misérable il dénonce « la trahison ». Frantz Fanon. « Mèsaventures de la conscience nationale » (in Les damnès de la terre. Paris, Maspéro. 1961)
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