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Lansana Kouyaté
Premier ministre, chef du gouvernement
Discours du 28 mars 2007
Guinéennes et Guinéens, chers compatriotes,
Le 26 février 2007, Monsieur le Président de la République m’a fait l’insigne honneur de me choisir comme Premier ministre, Chef du gouvernement de la République, ayant pour première mission de former un gouvernement de large consensus. Pendant trente jours, j’ai consulté tous les partenaires de terrain auxquels j’ai prêté une oreille attentive.
Aujourd’hui, je suis en mesure de vous dire que, grâce à l’appui de tous, je suis parvenu à composer une équipe gouvernementale que le Président de la République a bien voulu accepter et qui va immédiatement s’atteler aux multiples tâches de redressement de notre pays. J’éprouve en ce moment exceptionnel un sentiment d’honneur et de reconnaissance en m’adressant à vous, lorsque le destin de notre pays se joue suite aux tragiques événements où guinéennes et guinéens ont exprimé non seulement leur angoisse, leur souffrance, leur colère, leur impatience mais aussi leur espoir d’un lendemain meilleur.
Face à vous et avec vous, forces vives de la Nation guinéenne, j’ai la ferme volonté de fixer les repères, montrer la voie et m’efforcer de remettre la Guinée en marche. Tout au long des prochains mois, assuré d’avance de votre soutien, de celui du Chef de l’Etat et de celui de l’ensemble du gouvernement, je consacrerai toute mon énergie et ma ferme volonté de conduire à bonne fin la noble et exaltante mission que m’a confiée Monsieur le Président de la République avec l’approbation exprimée de l’ensemble des populations. C’est le lieu et le moment de rendre une fois de plus grâce à Dieu pour avoir permis à notre pays béni de renouer aujourd’hui avec la paix et la quiétude après avoir connu pendant des semaines les affres d’une explosion sociale sans précédent.
Je m’incline pieusement devant la mémoire des compatriotes de tout âge qui ont perdu leur vie durant ces journées de braise ; leur sang doit servir de semence à notre espérance, en des lendemains apaisés fondés sur la justice. Je n’oublierai pas également les nombreux blessés auxquels j’adresse ici mes sincères souhaits de prompt rétablissement. Je pense aussi à tous ceux qui ont perdu des biens matériels, qu’ils trouvent tous l’expression de notre solidarité. Je ne voudrais pas interpréter ces convictions comme l’expression d’une Guinée contre une autre mais plutôt un mouvement unitaire de l’ensemble de notre population pour la reconquête de son destin.
Chers compatriotes,
Notre premier devoir est de regarder la réalité en face. Cette réalité, c’est le sous-emploi et le chômage qui ont atteint un niveau intolérable. Des familles entières sont fragilisées et craignent pour leur avenir. Les plus jeunes, ceux qui devraient porter les espoirs de notre pays, sont les premiers atteints et vivent ce calvaire avec un sentiment à la fois de frustration, d’injustice et de révolte permanente. La réalité, c’est que la gestion financière et monétaire de l’Etat a été erratique et laxiste, entraînant ainsi une perte de confiance dans la monnaie nationale et une inflation galopante érodant chaque jour davantage le pouvoir d’achat des populations. La gestion opaque des ressources naturelles, la fourniture insuffisante des services sociaux de base : eau, électricité, éducation, services de santé. La corruption et l’impunité représentent une triste image de notre pays, reconnues par tous nos partenaires au développement.
Cette situation catastrophique appelle de notre part, un sursaut national en faveur d’une nouvelle approche fondée sur une rupture radicale d’avec les anciennes pratiques. Face à ce défi que nous avons le devoir collectif de relever, le fil conducteur de mon action, de notre action sera la lettre de mission que monsieur le Président de la République a bien voulu m’adresser. Elle sera rigoureusement respectée à la fois dans son esprit et dans son texte. Les objectifs politiques, économiques et sociaux qui y sont définis, l’exigence d’établir toute la vérité sur la gestion de la Guinée constituent un contrat que mon gouvernement passe avec les guinéens.
Que tout soit d’une urgence extrême dans notre pays, j’en ai absolument conscience. Cependant, parmi tous les objectifs, je fixe les priorités suivantes à mon gouvernement :
Premièrement, la consolidation de l’unité nationale et la préservation de la paix dans notre pays.
Deuxièmement, la promotion d’une justice indépendante, gage de l’Etat de droit.
Troisièmement, le plein emploi de la jeunesse.
Quatrièmement, la restauration de l’autorité de l’Etat,
Cinquièmement, le rétablissement des équilibres macro-économiques en vue de renouer avec nos partenaires au développement qui se trouve être le cinquième pacte.
Sixièmement, la mobilisation des ressources nécessaires au développement des infrastructures et la fourniture des services sociaux de base : eau, électricité, santé, transports.
Septièmement, la promotion du dialogue politique et social, ainsi que l’application des accords avec les partis politiques en vue d’un déroulement correct et transparent du processus électoral.
Huitièmement enfin, la promotion de la bonne gouvernance.
Ainsi, j’ai proposé à Monsieur le Président de la République, un gouvernement restreint de dix neuf membres, composé de femmes et d’hommes que je juge compétents et intègres. Un gouvernement de service public, tout entier dévoué au résultat. Il sera guidé par un principe:la transparence et l’intégrité;un critère:l’efficacité et l’intérêt général;une volonté: la promotion d’un développement participatif et l’instauration d’une véritable démocratie.
Chers compatriotes,
Le travail de renouveau passe inévitablement par la justice et le respect des lois qui régulent la vie en communauté. Il serait illusoire de penser que le changement tant attendu sera possible sans l’effort de chacun des Guinéens à vaincre ses propres faiblesses en vue de donner à tous, le bien-être qui cimentera la cohésion nationale.
La discipline autant que la justice demeure, le socle sur lequel repose l’harmonie de tout peuple voulant conquérir sa prospérité. Cet idéal doit transcender nos angoisses en nous redonnant confiance en nous-mêmes dans la maîtrise de notre destin balbutiant.
Une Nation sans richesses est une nation pauvre, dit-on. Mais sans idéal, elle n’est qu’une pauvre nation. L’unité des guinéens retrouvée dans l’expression de la colère, doit s’amplifier dans l’ardeur au travail pour l’avènement d’une Guinée prospère. C’est pour cette raison que j’ai besoin de vous tous : syndicat, société civile, forces armées nationales, partis politiques, autorités religieuses, je serai sans cesse à l’écoute de vos propositions, de vos suggestions et de vos critiques aussi parce que les défis que nous avons à relever exigent autant de détermination que d’humilité.
Pour terminer, je voudrais dire merci encore une fois à Monsieur le Président de la République qui a bien voulu me déléguer une partie significative de ses pouvoirs, mes sincères remerciements s’adressent aussi au syndicat, à la société civile, aux autorités religieuses, aux partis politiques, aux forces armées nationales et à tout le vaillant peuple de Guinée dont les choix ont conflué vers ma modeste personne avec l’espoir que le changement tant attendu prendra corps et consistance et hissera notre pays dans le concert des Nations qui ont dans l’épreuve conquis la liberté, la justice et le bonheur.
A chaque guinéenne et à chaque guinéen, je voudrais dire ma confiance dans les atouts et les chances et dans le destin de la Guinée. Puisse le gouvernement que j’ai l’honneur de mettre aujourd’hui à votre service vous en donner la preuve.
Que Dieu veille sur la Guinée. Je vous remercie.
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