webGuinée


Deux "responsables" du massacre 28 septembre 2009 restent ministres


AFP — 17/02/2010

En dépit de leur implication dans les violences qui ont émaillé la Guinée en septembre dernier, le commandant Claude Pivi et le lieutenant-colonel Moussa Tiegboro Camara, membres de la junte, ont été reconduits dans leurs fonctions au sein du gouvernement.

Deux proches du pouvoir, des membres de la junte guinéenne pointés du doigt dans le massacre du 28 septembre dernier ont été “confirmés” à leurs postes de ministres au sein du cabinet du président de la transition, selon un décret lu mardi 16 février par les médias d'Etat.

Il s'agit du commandant Claude Pivi et du lieutenant-colonel Moussa Tiegboro Camara.

“Ministre d'Etat chargé de la sécurité présidentielle, commandant Claude Pivi : confirmé”, stipule l'article premier d'un décret lu dans la soirée à la télévision nationale.

“Ministre auprès du président de la République chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et le grand banditisme, lieutenant-colonel Moussa Tiegboro Camara, confirmé”, dit l'article deux.

Ces deux militaires feront donc partie du cabinet du président de la transition, le général Sekouba Konaté, à la tête du pays depuis que le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a fait l'objet d'une tentative d'assassinat le 3 décembre 2009.

Exactions et incursions violentes

Une commission d'enquête internationale avait incriminé la responsabilité du ministre chargé des services spéciaux, Moussa Tiegboro Camara, dans le massacre d'opposants commis le 28 septembre à Conakry (plus de 156 morts et 109 femmes violées). Dirigeant les gendarmes, il était présent sur les lieux du crime et avait été impliqué dans des violences, selon des témoins cités par l'ONU et par des ONG.

La commission d'enquête de l'ONU avait par ailleurs considéré que Claude Pivi dit “Coplan”, ministre de la Sécurité présidentielle, faisait partie des personnes qui “pourraient être considérées comme pénalement responsables” des violences de septembre.

Par ailleurs, de nombreux témoins rencontrés par la presse ont accusé Claude Pivi d'avoir commis des exactions dans la banlieue de Conakry où les “bérets rouges” (garde présidentielle) sous son commandement faisaient des incursions violentes.

Le décret de mardi soir porte nomination d'une vingtaine de membres du cabinet du président de la transition.

Il a été publié au lendemain de la formation d'un gouvernement d'“union nationale” dirigé par un Premier ministre civil, Jean-Marie Doré (issu de l'opposition) et chargé d'organiser une élection présidentielle en juin.