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Christophe Chatelot
Guinée : les promesses non tenues du capitaine Camara


Le Monde
29.09.09

L'espoir généré en Guinée par le putsch du jeune capitaine Moussa Dadis Camara (45 ans), le 24 décembre 2008, n'aura pas duré longtemps. Sa prise de pouvoir, au lendemain de la mort de Lansana Conté, avait pourtant été saluée par une grande partie de la société civile guinéenne et les partis politiques, impatients de tourner la page d'un régime vieillissant, miné par la corruption, le népotisme et le narcotrafic.

A la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), Dadis Camara promettait de s'attaquer à tous ces maux. Avec une énergie et une conviction communicative, il jurait de renégocier des contrats miniers bradés à des sociétés étrangères pour le prix de quelques pots-de-vin; d'emprisonner les criminels; de commander l'audit des ministères; de restructurer une armée déliquescente. Et surtout, de rendre rapidement les rênes du pouvoir qu'il n'avait saisi, disait-il, que sous le coup d'une “inspiration divine” et au nom du “sacrifice” pour l'intérêt général.

La transition démocratique promettait d'être courte une fois qu'il aurait fait le ménage. Tout cela a tourné court. Quelques trafiquants ont été emprisonnés dont la notoriété valent apparemment mieux qu'enquête ou procès aux yeux de la junte. Les audits ministériels servent aussi à des règlement politiques contre d'éventuels concurrents électoraux. La plupart des Guinéens n'ont toujours pas accès à l'eau courante, ni l'électricité.

Et l'exercice du pouvoir tourne au grottesque lors de ce que les Guinéens ont surnommé le “Dadis Show”. Durant ces séances télévisées diffusées en direct, Dadis Camara humilie au choix son premier ministre, les avocats ou des hommes d'affaires, voire un ambassadeur européen.

Et puis, Dadis Camara semble avoir pris goût à un pouvoir qu'il ne semble plus pressé de lâcher. Certes le capitaine n'est pas encore officiellement candidat. Mais il ne exclut plus cette possibilité malgré l'opposition d'une part grandissante de la population et d'une communauté internationale embarassée par cet homme au comportement imprévisible.

Depuis la tuerie de lundi à Conakry, plus que jamais, le “Dadis Show” ne fait plus rire.