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Pour Dadis sonne le glas


afrik.com
Lundi 19 octobre 2009

La junte n'a su régler aucun des problèmes social ou économique de la Guinée La junte menée par le capitaine Dadis Camara a révélé son vrai visage : celui d'une bande de militaires assoiffés de pouvoir et dépourvus de toute capacité gestionnaire. Livrée au bon vouloir d'une soldatesque incompétente et ignare, la Guinée traverse une crise sans précédent. Le règne de l'impunité s'est imposé depuis que le défunt chef de l'Etat a poussé le cynisme jusqu'à libérer un homme d'affaires et son associé d'une prison ou il était incarcéré. Pareil déni de justice avait précipité une grève générale, dont l'expression du mécontentement faillit mettre un terme au règne du Général-Président Lansana Conté.

La loyauté des forces de sécurité ignorait le concept de République et était essentiellement tournée vers un vieil homme malade. Volés par leurs généraux et leurs officiers, les soldats n'étaient pas satisfaits des avantages dont ils bénéficiaient et nourrissaient un sourd mécontentement à l'endroit de leur hiérarchie.

Indiscipline, népotisme, corruption, violation des droits de l'homme, pillage de la population à la petite semaine … l'armée est malade depuis plusieurs années d'un cancer qui a gangrené la société guinéenne. Cette dernière, pacifique, se retrouve dépourvue face au déchainement inouï de violence et de barbarie survenu pour interrompre un meeting politique dans un stade.

Le calendrier politique s'est accéléré dès que les civils ont rappelé à la junte ses promesses. Le défi lancé à une figure de l'opposition et le souhait de déplacer la mise en scène politique du CNDD vers l'intérieur du pays ont conduit les dirigeants à tenir un meeting à Labé, deuxième ville du pays.

La crédibilité du régime a été entachée par les manœuvres d'intimidation et de corruption qui ont accompagné la préparation d'une allocution du capitaine Camara dans un stade de province. Rentrée à Conakry, après un bras-de-fer sans vainqueur, la junte a décidé de montrer avec cynisme son refus de progresser vers la transition démocratique.

En arguant de prétextes concernant la sécurité du meeting, elle a dissuadé les opposants de se rassembler le 28 septembre 2009 à Conakry sans parvenir à réduire le courage de leurs partisans. Le pire massacre jamais commis en Guinée, les actes les plus révoltants et indignes ont heurté la conscience d'un pays et de la communauté internationale.

Dadis doit partir

Le temps du départ est arrivé. Les Ministres d'un gouvernement fantôme prennent leurs responsabilités et quittent un navire en déroute. Les enquêtes de la Cour Pénale Internationale débutent et les sanctions d'Etats africains et occidentaux se précisent. Les annonces ostentatoires d'un prétendu contrat signé avec une société Chinoise — à la gouvernance d'entreprise aussi transparente que la junte est respectueuse de ses engagements — sonnent le glas d'une junte qui n'a su régler aucun des problèmes social ou économique de la Guinée.

Le peuple de Guinée exige le départ de la junte. La transition doit suivre son cours. Les conquêtes de nos précédents combats doivent servir notre irrésistible marche pour recouvrer notre indépendance. Radios libres, CENI digne de son nom, structures décentralisées … doivent reléguer aux oubliettes de l'histoire la collusion entre pouvoir civil et forces de sécurité, la non-séparation des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif et le règne d'un parti-Etat s'appropriant l'administration pour son bon plaisir et ses combines lucratives.

Pour ce faire, justice doit être faite aux innocentes victimes de la barbarie d'une soldatesque sans repère ni discipline. Une force d'interposition civile et militaire doit garantir l'installation d'un gouvernement civil de transition. Dotée d'un mandat de 18 mois, elle prémunira un gouvernement d'union nationale de tout risque de coup de force et accompagnera la finalisation des scrutins qui permettront une transition.

Enfin, la nomination d'un envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies doit couronner la solidarité de la communauté internationale. Doté d'une équipe et d'un budget conséquent, il doit apporter sa crédibilité et son sens politique au service d'une transition pacifique et efficiente — dont le succès bénéficiera à la Guinée et à l'Afrique de l'ouest.